vendredi 19 décembre 2025

Bruit Noir et Gwendoline au Trabendo (16/12/25)


Alors là, quelle affiche. Bruit Noir et Gwendoline. Les monstres sacrés d'un spoken word en français aux paroles acérées, tranchantes et intelligentes et leurs fils spirituels. Deux générations réunies, ensemble, autour de la musique cruciale et indispensable de deux groupes qui transforment l'absurdité de notre monde en chansons... pour nous permettre de le supporter. Et rien que pour ça, on ne peut que les remercier.

On avait commencé notre année de concert avec Gwendoline à la Cigale en janvier et on finit donc 2025 avec le même groupe au Trabendo et la présence des immenses Bruit Noir (#1 de notre Top 10 Albums 2023). Une légende succédant à une autre : Pascal Bouaziz après Michel Cloup. Une année à marquer d'une pierre blanche, enfin...


On a beaucoup parlé de Bruit Noir en ces lignes ces dernières années, tout bonnement parce qu'on les adore. Leur musique faite de samples, de synthés planants ou glaçants, de rythmiques percussives et souvent extatiques est un parfait écrin pour les textes sans concession de Pascal Bouaziz. Comme son compère Michel Cloup, le chanteur de Bruit Noir semble lui aussi se poser la question de l'utilité des artistes indé. Est ce que ca vaut la peine? Survivre dans le monde de l'indépendance artistique n'est pas une sinécure, c'est un combat, difficile et soutenu. A quoi bon?

A nous insuffler un espoir, à faire vivre en nous cette étincelle. La beauté du geste artistique c'est certainement celà, tentez de rendre beau ce monde dégueulasse. C'est ça l'utilité des artistes, c'est ça l'utilité de Bruit Noir.


Les chansons de Bruit Noir nous font du bien. Il y a tellement d'humour dans cette noirceur de facade que l'intelligence du propos ne peut que nous élever. Pascal Bouaziz est vraiment indispensable dans notre monde... Un poète, dont on recommande la lecture du dernier recueil de faux haiku, Bavarde aphasie sur chansons trouées.

En concert, Bruit Noir est toujours aussi jouissif. Le succès bien sûr et sa sentence ultime ("on n'a pas eu de public parcequ'on était trop grand pour lui), Coup d'état et son "vieux, vieux, vieux, vieux, vieux", l'Usine et sa saillie glaçante, Artistes et sa ritournelle pop. Et bien sûr le tube ultime "Calme ta joie". C'est grand, c'est beau...


Car ce monde est génial, on enchaine avec la relève : Gwendoline. Signés sur le label incontournable du rock en France, Born Bad, le duo Gwendoline, quatuor en live, a signé l'un des albums de l'année en 2024 : "c'est à moi ça". Il y a une filiation évidente avec Bruit Noir même si les paroles de Gwendoline sont encore plus glauques que celles de leurs ainés. La différence réside peut etre dans l'humour ancré au plus profond de Bruit Noir, moins évident chez Gwendoline. Une question de ressenti...

En tous les cas, pour leurs fans, Gwendoline fait des tubes. Il n'y a qu'à voir la fosse dandeliner et bouger son corps. Chevalier Ricard, le tube décalé, hymne d'une génération. J'en ai rien à foutre. Ils ont clairement le sens du refrain fédérateur que tout le monde chante en choeur. Une sensation pop derrière une noirceur assumée où l'on se demande toujours si on est au 1er ou ou 2nd degré... Car ce monde est génial...

Noir c'est noir, il y a encore de l'espoir...

A lire également Bruit Noir à Petit Bain et au Café de la danse, en tête de notre top Albums 2023, Mendelson en concert et Michel Cloup en Concert et MC et Pascal Bouaziz ensemble sur scène.

lundi 15 décembre 2025

Michel Cloup Trio à Petit Bain (12/12/25)


Cette année, on aura, mine de rien, eu la chance de voir sur scène un paquet de légendes. Bob Dylan, Johnny Marr, Nick Cave, Jeff Tweedy, Morrissey, Matt Johnson, BRMC, Trent Reznor, et donc Michel Cloup vendredi soir à Petit Bain.

En ces lignes, ca ne parait, sincèrement, pas étrange de placer Michel Cloup dans cette catégorie. Au même titre qu'un Pascal Bouaziz, il fait partie de notre panthéon des hérauts du Rock made in France. Des artistes indispensables qui nous aident à avancer, à prendre du recul et tout simplement à vivre...


Ce vendredi, entouré des fidèles Manon Labry (guitares) et Julien Rufié (batterie), Michel Cloup présentait son nouvel album, l'abrasif et percutant Catharsis en pièces détachées. Un nouveau disque fondamental dans la carrière de MC. Après avoir exploré les recoins d'un blues rock expérimental puissant et salvateur dans les années 2010, Michel Cloup continue dans les années 20 ses expérimentations. On pourrait presque dire qu'il vire electro dans le sens où il tire le meilleur de la technologie pour continuer à étendre son horizon, son champ d'action. C'est fascinant.

Et comme toujours, les réflexions, les constats énoncés par Michel Cloup font mouche et nous font réfléchir pendant que nos corps sont aspirés par le groove et l'energie des mélodies. Les presque 21 minutes de Pour Qui? Pour Quoi? sont d'anthologie. Ce long monologue sur l'utilité des artistes et l'interet à suivre cette voie est éloquent. Entre humour et confidences intimes, MC nous emporte, il nous touche, ils nous fait vibrer. Un vrai artiste...


L'authenticité, la spontanéité et la simplicité de Michel Cloup sont sa grande force. Sur scène, on aura droit à quasi exclusivement au dernier album, à part Mon Ambulance et Introspection. Le monument Pour Qui? Pour Quoi? sera scindé en 3 parties. Le son est excellent et la formule en trio fonctionne à merveille. L'ipad aura donné des sueurs froides au maitre de cérémonie, mais tout finira bien. finalement...

Une soirée immense, un artiste tellement important.

A lire également Michel Cloup Trio à Petit Bain en 2022 ou avec Trunks à la Maro et avec Pascal Bouaziz en 2021

jeudi 11 décembre 2025

Black Rebel Motorcycle Club à l'Olympia (9/12/25)


Ils nous avaient manqué ces blousons en cuir limés, cette intensité sombre et prenant aux tripes. Après 6 ans d'absence, Black Rebel Motorcycle Club était enfin de retour en France, à l'Olympia, pour célébrer les 20 ans de leur 3ieme album séminal Howl.

Un disque vraiment à part dans leur discographie. Après deux albums brillants de rock psyché à lourde tendance stoner, les BRMC prennent tout le monde à contre-pied en 2005 avec une galette presque acoustique. Remplie de folk songs, de blues lunaire et de gospel, Howl rendait hommage à l'americana de leurs premiers ébats musicaux, avec comme point de référence les Dylan, Cash ou Springsteen (version Nebraska).


Un album surprenant mais tellement beau et qui mettait en avant le talent de songwriter de Robert Levon Been et Peter Hayes. Ce disque fut pourtant enregistré dans une période compliquée pour le groupe, viré par sa maison de disques après "Take them on, on your own", en conflit avec leur batteur de l'époque, les deux leaders du groupe ont choisi le contrepied, quitte à se saborder eux-mêmes en allant là où personne ne les attendait. Un choix audacieux, une décision salvatrice, tant le résultat, 20 ans plus tard, sonne toujours aussi bien, aussi frais, aussi vivant.

Les Black Rebel n'ont rien sorti de neuf depuis 2018 et leur 7ième LP, Wrong Creatures, et plus tourné depuis 2019 (passage à l'Olympia avec Alice in Chains), célébrer les 20 ans de Howl était l'occasion de partir sur la route et de renouer avec leur public. Entre temps, Robert a écrit une BO et Peter collaboré avec d'autres artistes. 

Pas facile de jouer Howl en concert. Sur un peu plus d'une heure et quart, BRMC jouera l'intégralité du disque, soit 14 chansons en incluant le morceau caché Open Invitation. Ils y ajouteront la face B de l'époque Mercy. Peter démarre le show, seul, avec sa guitare acoustique et son harmonica sur le très beau Devil's Waitin'. C'est émouvant et crépusculaire. Peter passera d'ailleurs la soirée avec sa capuche sur la tête (même si Robert essaiera à la fin de lui enlever en riant de bonne fortune).


Robert et Leah le rejoignent sur le très beau Shuffle your Feet. Le concert est lancé. Les superbes morceaux défilent : Ain't no easy way, Still suspicion holds you tight, Fault Line, Complicated situation. C'est beau, c'est réconfortant même si parfois le son n'est pas très bon sur certains morceaux (trop de medium et de grave à mes oreilles).

On se dit quand même qu'une plus petite salle, comme la Cigale, aurait peut-etre été plus adaptée pour revisiter un disque aussi intimiste. Après pas loin d'une heure et quart, le temps de la célébration se termine avec le crépusculaire The Line. Et sans aucune transition, le groupe joue Red Eyes and Tears et là on change complètement d'ambiance. On retrouve le Black Rebel Motorcycle Club qu'on adore aussi, celui avec ce mur du son et cette énergie viscérale qui nous fascine. 

Et là c'est un déferlement de hits rageurs : Beat the Devil's Tatoo, Berlin, Conscience Killer, Whatever happened to my Rock n Roll. C'est la furie, c'est l'extase dans la salle. Que c'est bon de retrouver nos bikers préférés... La soirée se termine magnifiquement sur Open Invitation...

Une soirée intense.

A lire également BRMC au Trianon, à l'Elysée Montmartre, au Bataclan et en Best Song Ever.

dimanche 30 novembre 2025

R/A/D, Troy Von Balthazar et France de Griessen à Petit Bain (26/11/25)


Une vraie et belle soirée indépendante à Petit Bain, de celles qui réchauffent les coeurs et nous font dire que rien n'est perdu, encore... 

Organisée par le label Prohibited Records des frères Laureau, cette soirée fêtait la sortie du premier album de R/A/D, le nouveau projet de Brisa Roché et de Nicolas Laureau (à ne pas confondre avec Nicolas Leroux, leader d'Overhaed et producteur de Moslyve, dont on a abondamment parlé en ces pages) avec la participation de l'immense Troy Von Balthazar et de France de Griessen.

Prohibited Records vient de fêter ses 30 ans. C'est un véritable exploit en soi, pour un label, et encore plus pour un indé, d'être toujours actif après ces 3 dernières décennies, marquées par des bouleversements sans précédent du marché du disque (mp3, streaming, réseaux sociaux, effondrement des ventes physiques...). 

Les frères Laureau sont toujours ces musiciens hors-pairs, ces passionnés pour qui la musique est plus qu'un métier mais bien un besoin vital. Ils ont su attirer auprès d'eux des artistes et des mélomanes ayant la même vision, le même besoin viscéral de musique. 


Et c'est exactement ce en quoi ressemblait cette soirée : une célébration de la musique dans son coté nécessaire et indispensable à nos vies. France de Griessen ouvrit le bal avec un set acoustique, seule à la guitare. Sa très belle voix et sa sincérité nous auront touché. Et quelle magnifique final, que cette reprise de Daniel Johnston, (don't give up until) True love will find you in the end. Une belle métaphore de la quête des artistes indépendants et de leur public.

On ne peut que reconnaitre qu'on adore Troy Von Balthazar en ces pages. Numéro 1 de notre Top 10 Albums deux fois, en 2010 et 2021 et toujours bien placé les autres années. Le revoir sur scène est toujours un évènement, et c'est toujours différent. Cette fois-ci, Troy, blessé au bras, était aidé de son ami Pédro... un mannequin en plastique. L'ancien chanteur de Chokebore, a décidé de théâtraliser son spectacle et de mettre en scène, de façon assez humoristique, une discussion avec Pédro, censé jouer de la guitare sur les morceaux (en vérité une bande lancée par l'ingé son).


C'est une démarche très courageuse et qui caractérise tellement l'acte indépendant. Faire de son mieux avec peu de moyens et souvent les moyens du bord. En assumant pleinement sa situation et son incapacité à jouer de la guitare (sauf sur 2 morceaux), Troy a réussi à embarquer le public avec lui. Son chant y a gagné en intensité, et l'interaction avec les spectateurs fut renforcée par le dialogue plein de dérision instauré avec Pédro.

Le dernier album de TvB, Aloha Means Goodbye, est tellement rempli de résilience. Troy, très malade, l'enregistrait par petits bouts, lorsque son corps lui laissait un peu de répit. Comme un besoin vital, une bouée de sauvetage à laquelle se raccrocher. Une étincelle à préserver. Ce disque représente tellement cette force vitale que procure la musique que sa présence ce soir embrasse totalement le propose de cette soirée.


On aura droit aux perles du dernier album, Hammertime, Her american, Aloha means goodbye mais aussi deux perles du repertoire de Chokebore : Valentine et Days of Nothing. Une très belle prestation.

En cloture, R/A/D vient présenter son debut album, Outta Sight. Là, on est dans le Zeitgeist de l'indépendance. Un disque expérimental où les deux artistes se lâchent totalement. Sans aucune considération mercantile, sans cible commerciale. Juste l'envie d'aller au plus profond et d'en sortir quelque chose d'authentique, de pure, exempt de corruption.


Nicolas Laureau est un magicien, il sort des sons totalement improbables de sa guitare, tel un peintre impressionniste. Dans ce chaos rêveur, la voix de Brisa Roché est un phare. Alternant spoken word et chant, ses mélodies vocales sont l'aiguillon qui nous permet de faire le voyage, tel un passeur, pour nous emmener sur une autre rive. Un concert de R/A/D c'est une expérience sonore... Un très grand moment.

Un soirée unique.

A lire également : F/lor en concert, Overhead en concert, Troy dans notre Top 2021, 2010 et en concert aux Trois Baudets ou encore Chokebore.

mardi 4 novembre 2025

Wet Leg à l'Olympia (30/10/25)


 Certainement l'un des évènements de cet automne, la venue de Wet Leg à Paris. Et ce n'est pas pour un mais deux Olympia, à guichets fermés. Une sorte de consécration pour les 2 anglaises de l'Isle de Wight, Rhian Teasdale et Hester Chambers.

Elles ont été les figures de proue de tous ces nouveaux groupes venus du Royaume Uni qui ont illuminé notre période post covid. Avec Chaise Longue, fin 2021, elles détenaient le tube pop rock qui alluma la mèche. Dans la foulée en 2022, leur 1er album, enregistré par le magicien Dan Carey, faisait sensation.

Dans le même temps, plein de jeunes groupes enregistrés par l'indispensable Dan Carey cassaient la baraque et remettaient le Rock au gout du jour. On citera les Fontaines D.C., Squid, Black Midi et d'autres groupes qu'on adore mais pass enregistrés par Carey, comme Sorry dont on attend avec impatience le nouvel album pour cette fin de semaine (le 7 novembre).


Après le succès fulgurant de ce 1er album éponyme, Wet Leg revient en 2025 avec Moisturizer et le toujours difficile second album. Tellement de groupes à succès se sont brulés les ailes avec ce second effort. L'inspiration est elle toujours là? Le tourbillon du succès a-t-il fait tourner les têtes? Quand votre passion devient votre métier, comment s'adapter? Comment garder la foi et la spontanéité nécessaire lorsque les questions d'argent se posent? Eternelles questions. Doit-on changer la formule qui a marché ou la faire évoluer?

A cette dernière question, Rhian et Hester ont préféré la seconde option. Elles composent désormais en groupe et non plus en duo. Elles ont intégré les membres de leur groupe de scène à Wet Leg (des amis de l'Isle de Wight) et ont donc composé ensemble les nouveaux morceaux.

Entre temps, Rhian s'est transformée physiquement. Elle est désormais très affutée et tout en muscle. Elle a jeté ses jupes de la 1ere tournée et arbore une tenue sportive et extrêmement sexy. On comprend à l'écoute des paroles qu'elle a trouvé l'amour. Le disque tourne autour de cette passion et ca donne un disque ultra énergique, aux mélodies accrocheuses. On est loin de la pop indé nonchalente du 1er album, on retrouve un groupe de pop rock efficace et sexy.


Et c'est exactement ce que l'on voit sur scène. Le groupe dégage une énergie et une maitrise impressionnante. Hester se cache en fond de scène et joue le plus souvent le dos tourné au public, sauf sur les morceaux où elle assure les choeurs. On sent qu'elle a du mal avec leur succès...

Rhian, quant à elle, est rayonnante. Elle s'est transformée en bête de scène. La métamorphose est impressionnante. Elle dévore la scène et le public. Ses déhanchements sont très explicites, elle se roule par terre, se contorsionne. On sent une personne épanouie et contente de jouer le jeu du spectacle.

Les nouveaux morceaux marchent super bien en live : liquidize, catch these fists, pokemon, Davina Mccall. On oscille entre morceaux hard rock et ballades aériennes. Ca marche bien. Le final Chaise Longue, CPR, Mangetout casse la baraque.

On ressort euphorique et convaincu... Peut etre que le plus dur sera le 3ieme album...

A lire également Wet Leg à la Route du Rock, Fontaines DC au ZenithSorry à Petit Bain et au sommet de notre TOP 2022.


vendredi 24 octobre 2025

Johnny Marr à L'Elysée Montmartre (22/10/25)


Succession de légendes cette semaine à Paris, après Patti Smith rejouant le mythique Horses à l'Olympia la veille, voici que Monsieur Johnny Marr s'accapare l'Elysée Montmartre pour sa 1ere venue à Paris depuis 2019 et sa prestation remarquée à Rock en Seine. 

Autant le dire tout de suite, j'ai une profonde admiration pour Johnny Marr. Pour l'artiste et sa carrière exceptionnelle avec The Smiths, The The, Electronic, The Pretenders, The Talking Heads, Modest Mouse et depuis une quinzaine d'années en solo, mais aussi pour l'homme qui a toujours su mettre son ego de côté pour se mettre au service des autres, suivre son propre chemin et vivre totalement sa passion pour la musique.


Une source d'inspiration infinie... Une icone, une légende que l'on a la chance de voir dans une salle à taille humaine, antre du Rock & Roll depuis des décennies. La carrière solo de Johnny Marr, en tous les cas au seul nom de JM, n'a vraiment commencé qu'il y a une quinzaine d'années et on se demande pourquoi l'artiste a mis tant de temps a enfin prendre le lead vocal. Une question de Karma certainement...

Le show démarre fort avec un morceau du 1er album, Generate! Generate ! qui pose la marque Johnny Marr : groove, mélodie et décontraction avisée. Avant la 1ere reprise des Smiths, Panic... Magique... Johnny réussit la prouesse de faire revivre les trésors des Smiths, en reprenant la mélodie vocale de Morrissey mais en le faisant à sa propre manière, sans vouloir singer l'inimitable chant de Morrissey, impossible. 


Marr incarne The Smiths de la plus belle manière. Les chansons de The Smiths c'était de l'amour, la générosité de Johnny Marr s'y engouffre.

Marr jouera 3 nouvelles chansons : it's time, Spin et Ophelia en rappel. 3 très beaux titres, avec ce talent de mélodiste toujours aussi évident. Cela augure d'un chouette 5ieme album solo l'an prochain (le groupe rentrera en studio à la fin de la tournée européenne dixit son frontman). 

A partir de Hi Hello, le concert bascule dans une autre dimension. "This one is for the one you love, if there is none, it's for yourself", splendide, tout est dit... Please, please, please let me get what i want, magnifique en version acoustique épurée. 


Walk into the sea et son coda envoutant et transcendant où Johnny semble parti, tête en arrière, caressant sa Jaguar, la faisant hurler de bonheur. Big Mouth strikes again et son "Now i know how Johnny Marr felt", splendide... encore... Easy Money, How soon is now, ce chef d'oeuvre sonique qui ne cesse de se bonifier au fil des années, et en final le morceau d'Electronic (son projet avec Bernard Sumner de New Order), getting away with it...

On est en extase, tous ensemble. La communion avec le public est exceptionnelle. En rappel, Johnny reprend le Passenger d'Iggy Pop, de son époque berlinoise avec Bowie. Tout aussi crédible que l'original. Cette soirée dantesque ne pouvait que se terminer par l'hymne smithien, There is a light that never goes out. Réussir à nous faire chanter le refrain, comme si on était dans un stade, et ca marche... Magnifique...

Une soirée magique...

A lire également The Smiths en Best Song Ever et Johnny Marr au Trabendo. ou Morrissey à la salle Pleyel. ou pour la peine The The au Bataclan ou New Order au Zenith.

mercredi 15 octobre 2025

Jehnny Beth à la Maroquinerie (13/10/25)


Serait-ce les prémisses d'un retour inespéré du Rock? Du gros son, de ses décharges d'adrénaline, de rage, d'expression de frustrations profondes, d'un mal être consubstantiel à ces années 20 flippantes et désabusées? Après un 1er effot solo d'obédience electro indus, Jehnny Beth sort un 2ieme album percutant et ravageur aux sons distordus et incisifs des guitares.

Avec son Partner in crime, Johnny Hostile, Jehnny Beth crêve littéralement l'écran sur un You Heartbreaker You d'une radicalité et d'une énergie qui font du bien. On navigue ici entre Nine Inch Nails, Turnstile et Idles. Et en plus le disque est sorti par Fiction Record, le label historique de The Cure, un tampon prestigieux dont il faut être à la hauteur.


Jehnny Beth hurle ici ses tourments, ses peurs, comme si elle tentait de faire sauter tous les verrous des relations humaines par une expérience sonore qui se transforme vite en expérience physique tant le déferlement de rage et de sincérité crue prend au corps.

Et c'est totalement ce que l'on a ressenti à la Maroquinerie lundi soir. Ce fut une expérience physique enivrante. On est vite emporté par la fougue, la puissance et l'intensité d'un groupe en pleine extase sonique. Ca tabasse les corps, ca percute les tympans et ca fait du bien.

Vite embarqués par la force du combo et l'implication pleine et entière de la maitresse de cérémonie, on se donne totalement à cette musique puissante qui, à ce moment là, dans cette salle là, avec ces gens là procure un formidable élan de lacher prise... Salvateur.

L'intégralité de You Heartbreaker You sera joué par le groupe. On retiendra les énormes Broken Rib, No good for people, Obsession ou encore Reality... Il y aurait eu aussi une reprise du Army of Me de Bjork (qu'on avoue ne pas avoir reconnu) et une autre de Quicksand... Une petite heure de déferlement sonore et de joyeux partage...

Une soirée qui fait du bien avec une artiste aux multiples talents dont la générosité nous émeut et nous ravi...

A lire également Jehnny Beth à Rock en Seine.


jeudi 2 octobre 2025

Kruder & Dorfmeister : The K&D Sessions Live au Trianon (1/10/25)


Le retour du duo mythique de remixeurs DJ du début des années 2000,  Peter Kruder et Richard Dorfmeister en 2020 avait été une agréable surprise. Ils ont sorti, à l'époque, un prétendu album perdu des années 90 surlequel ils travaillaient sans finalement parvenir à le sortir... La tournée de reformation qui suivit et passa par le Bataclan fut une totale réussite et une mise à jour indispensable de dub lancinant, de house minimaliste et d'electronica laidback...

La surprise fut encore plus grande avec cette tournée 2025 pour fêter les 25 ans de la compilation de remixes qui fut leur renommée : les intemporelles et mystiques K&D Sessions. Au détour des années 2000, les stars étaient les DJ et les remixeurs et le duo s'est magistralement imposé en proposant des relectures totalement neuves des standards de cette fin de siècle.


Leur technique était assez originale, ils ne gardaient que les pistes vocales de la chanson initiale et recomposaient autour un tout nouveau morceau avec leur sensibilité propre. C'est ce qui donne le caractère unique aux K&D Sessions. C'est un album de Kruder & Dorfmeister, avec leur musique mais en partant de la mélodie vocale et des intentions d'autres artistes... Très casse gueule sur le papier mais une réussite absolue avec une cohérence d'ensemble et une patte K&D perceptible.

Encore aujourd'hui, ce disque sonne neuf, frais et dans l'ère du temps. Ce mélange de hip pop, de dub, de trip hop, de jazz et de bossa nova, ces beats lancinants, ce son chaleureux sont l'elixir contre la négativité ambiante qui prend nos corps et nos coeurs en ces années 20 de plomb...

Avoir la chance d'entendre, en live, pour la 1ere fois, ces K&D Sessions était le rendez vous immanquable de cette rentrée... 


1ere surprise, le concert commence par un morceau interprété par les 2 compères sur le devant de la scène, Peter jouant sur ce qui s'apparente à un petit synthé/sampler et Richard jouant de la guitare... Inattendu comme départ... Et on continue notre enchantement lorsque, à peine cette intermède terminé, 4 musiciens rejoignent la scène... On va vraiment avoir droit à une interprétation live des K&D Sessions : un batteur, un percussionniste, une basse, un synthé et le duo en arrière plan aux manettes mais aussi à la guitare où à la flute traversière pour Richard... Bluffant...

Et ca sonne d'enfer. C'est une véritable prouesse que réussissent les 6 artistes, rendre organique et live un disque conçu avec des boites à rythmes, des samplers et des synthés... La musique est totalement hypnotisante, on se retrouve littéralement transporté aux grandes heures enfumées de l'époque. Chill, laidback mais groovy à souhait.


Peter explique que ca faisait des décennies que le gens leur demandaient quand est ce qu'ils joueraient live ces K&D Sessions et toujours la meme réponse du duo, c'est impossible. Mais il leur fallait juste trouver le bon groupe... et en plus chez eux à Vienne...

On prend un plaisir fou à se déhancher et à vibrer sur ce groove puissant. Les grands moments du show, sont, comme sur le disque le replay du Heroes de Roni Size, le Speechless de Count basic, le Going Under de Rockers Hi-Fi... Et bien sûr, le monumental Timeless de Depeche Mode en rappel, totalement jouissif.

La salle est en feu, on a rarement vu une telle standing ovation au Trianon, c'est furieux et émouvant à la fois. Le groupe prend le micro pour remercier Paris, la ville de l'amour et pour tout l'amour reçu ce soir... Salutations théâtrales et baisser de rideau pour un show inoubliable...

mardi 16 septembre 2025

caroline à Petit Bain (15/9/25)


caroline à Petit Bain. Comment se douter que sous cette sentence d'une apparente banalité se cachait une soirée aussi mémorable qu'étonnante?

caroline est un octuor originaire de Manchester qui vient de sortir son second album, appelé caroline 2 (un nom  d'album qui fait penser tout de suite aux groupes initiateurs du krautrock comme Neu!) qui est un véritable ovni.


Un album pastoral, envoutant et qui sonne tellement neuf (Neu! encore... ✋). On navigue ici entre le 1er album de Grizzly Bear (Yellow House) pour les voix éthérées et en choral, Atlas Sound pour le coté ambient et bricoleur, Godspeed You Black Emporor pour les envolées telluriques et même l'esprit des premiers Arcade Fire avec ce mélange inspiré d'instruments multiples et variés (saxophone, violons, guitares seches, ... 

Mais caroline est unique et dépasse toutes ces références. Leur gestion des silences et de la dynamique d'une chanson est totalement sublime. On passe de moments en apesanteur d'un calme et d'une sincérité confondante à des polyrythmies, arythmies surprenantes jusqu'à un déluge bruitiste saisissant...


On sent que le mixage du disque est vraiment très étudié et que caroline vise une expérience sonore (effets de stéréo, utilisation de l'auto tune à certains moments (alors que personnellement je déteste l'auto tune utilisé sur tout et n'importe quoi dans les musiques urbaines). Un contre exemple parfait que l'utilisation des techniques modernes peut servir le propos et le transcender...

Sur scène, on est surpris de constater une grande maitrise. caroline se rapproche assez du son du disque. Le semblant de chaos que l'on peut ressentir à l'écoute de caroline 2 laisse la place à une parfaite cohérence, à des morceaux superbement structurés qui déroutent nos oreilles formatées à des formules plus évidentes...


C'est vraiment beau. L'émotion est palpable, la cohésion du groupe et son énergie bienveillante et enveloppante est terriblement sensible. Caroline jouera l'intégralité de son 2nd album et chaque chanson est un petit miracle... Song 2, When i get home, Tell me i never knew that, Two riders down, Total Euphoria, tout est sublime.

Le chanteur principal du groupe nous expliquera dans un français impeccable, que la chanson Coldplay Cover (c'est drôle ce nom...) a été enregistrée dans la maison d'un de leur pote à Londres, avec la moitié du groupe jouant une chanson dans le salon et l'autre moitié jouant une chanson différente dans la cuisine et avec un micro passant d'une salle à l'autre... Et ca sonne divinement, c'est fou...

C'est beau de voir des musiciens se foutant des normes, des attentes pour produire une musique qui leur ressemble (et à personne d'autre) et tout ça sans prétention, avec beaucoup d'humilité et de passion...

On sort ébahi, apaisé et conscient d'avoir vécu un moment hors du temps...

Un petit miracle cette soirée... Total Euphoria...

A lire également Atlas Sound, Godspeed, Grizzly Bear, Arcade Fire

vendredi 5 septembre 2025

Matt Berninger à l'Elysée Montmartre (2/9/25)


 C'est toujours intéressant de suivre les projets solo de membres de groupe que l'on suit depuis de longues années et dont on attend avec impatience le prochain disque, censé sauvé nos vies, une nouvelle fois... Ces pas de coté, sont toujours difficiles à négocier pour les artistes et leur public. Trop se rapprocher du groupe originel avec le risque d'en incarner un ersatz sans consistance ou bien s'en éloigner en perdant tout le monde en chemin?

C'est un peu le point médian qu'a emprunté Matt Berninger, le chanteur de The National, avec sa carrière en solo. Son second effort, Get Sunk, sorti en mai, 5 ans après un premier disque remarqué, ne fera pas fuir les fans de The National. On reste ici en terres pop mais le tout semble plus simple, plus naturel et cela convient certainement mieux à la voix de Matt Berninger.


En live avec The National, groupe qu'on adore, il y a toujours des moments où la voix de Matt dérape, il hurle et perd un peu le fil... C'est comme ci, la musique si sophistiquée de The National obligeait son chanteur à des contentions vocales et spirituelles éprouvantes pour etre à la hauteur des compositions du combo. 

Le matériel solo de Berninger est plus direct, plus simple en apparence et permet peut etre à Matt de délivrer des prestations vocales plus spontanées. En tous les cas, à l'Elysée Montmartre, à part sur une deux chansons un peu plus rock, Berninger fut impérial. L'entrée sur scène du groupe au son du Sexy Boy de Air est assez drôle....


La quasi intégralité de Get Sunk sera jouée. On retiendra Frozen Oranges, breaking into acting, Nowhere special et Little by Little, superbe. On aura droit à deux reprises de The National : Gospel (le morceau cloturant le chef d'oeuvre Boxer) et unTerrible Love qui enflamma littéralement la salle, sa batterie virevoltante emportant tout sur son passage. Quelle énergie ressentie, waouh...

Matt est notamment épaulé sur scène par son principal partner in crime dans cette aventure solo : le guitariste Sean O'Brien, co compositeur des trois quarts du nouveau matériel mais également réalisateur du disque.

L'univers solo de Matt est très personnel, il exprime ses doutes, sur lui meme, ses tendances dépressives, son insécurité mais transmet une énergie positive et chaleureuse qui fait chaud au coeur... Et sur scène, le chanteur est toujours aussi magnétique, il prend l'espace et y met une énergie folle...

On aura meme droit en rappel à une version très originale et vraiment chantée du Blue Monday de New Order avec une guitare omni présente... Un vrai régal...

1h30 intense et pleine de classe et de good vibes...

A lire également The National à la salle Pleyel et dans nos Tops 2017 et 2010.


mardi 26 août 2025

Suuns, King Hannah, Fontaines D.C et Queens of the Stone Age à Rock en Seine (24/8/25)


Rock en Seine a toujours été une réjouissance, s'y rendre fin aout chaque année est synonyme de fin d'été et d'une dernière salve de bonheur et de liberté avant de reprendre le collier de la rentrée... Je vais à Rock en Seine depuis 2004 et c'est la 1ere année depuis cette date que j'ai n'ai pas pas pris de pass mais uniquement un billet à la journée... Faute à une programmation surprenante, compte tenu du passé de ce festival, où la Rock se voit cantonner à la dernière des 5 journées du festival. 

Bizarre pour un festival s'appelant Rock en Seine... C'est un peu comme si l'Adn du festival était reniée et par la même son existence et sa raison d'être initiale. Bien sûr, les temps ont changé et la situation en 2025 n'est plus la meme qu'en 2003 où le retour du Rock (voir la série d'articles sur les années 2000) créait le besoin d'un festival francilien indépendant autour de cette musique. 

Si l'ancienne équipe de Rock en Seine (équipe indépendante, non liée à des mastodontes de l'événementiel  rappelons le) a passé la main à M. Pigasse et au géant américain du divertissement AEG, c'est qu'ils sentaient bien le changement structurel en mouvement dans les années 2010, la ringardisation du Rock auprès du jeune public, l'avenement commercial des musiques dites urbaines (rap mainstream) et donc la difficulté de renouveler le public de Rock en Seine.

Si on ajoute à cela l'explosion des cachets des artistes et des coûts d'organisation (énergie, pénurie de mains d'œuvre...) on comprend toutes les difficultés à batir un model de festival pérenne. Depuis 2019, la nouvelle équipe a tenté de changer l'orientation du festival en introduisant plus de rap et d'electro mainstream pour attirer un public plus jeune. En 2025, c'est certainement l'année où ils sont allés le plus loin dans leur processus de changement en réduisant le Rock à guitares à la seule journée de dimanche.

Résultat des courses, une fréquentation en baisse. 32 000 spectateurs en moins en 2025 par rapport à 2024 (148k versus 180k). Dans le détail, 34k le mercredi, 24k le jeudi, 22k le vendredi, 32k le samedi et 36k le dimanche sur une capacité journalière maximum de 40k. On remarque, bien sûr, que la meilleure affluence aura été le dimanche Rock...

On pourra toujours rétorquer que les annulations du jeudi n'ont pas aidé (Asap Rocky et Doechi) mais la vérité est que la seule journée cohérente par rapport à l'Adn du festival était le dimanche...

Il y a quand même eu cette belle journée de Dimanche pour nous rappeler tout l'amour que l'on porte à ce festival, cher à nos coeurs...


King Hannah a la redoutable tâche d'inaugurer la scène de la cascade (maintenant renommée par un sponsor....) à 15h, en plein caniard. Sur cette scène face au soleil une bonne partie de l'après-midi, c'est difficile pour les artistes mais aussi pour les spectateurs. Et pourtant, fidèles à eux-memes, nos chouchous délivrent une belle prestation. La voix d'Hannah nous remplit toujours autant d'émotions et les saillies de guitares de Craig nous transportent loin. la journée commence parfaitement.

On ira faire un tour ensuite au concert de Stereophonics, très pro, très efficace mais un peu lisse pour aller voir l'attraction du jour : les irlandais de Kneecap. Beaucoup de monde autour de la scène du Bosquet, on comprend que la publicité faite au groupe des suites de la polémique sur leur présence, y est pour beaucoup. Rock en Seine a perdu plus de 300 000 euros de subventions en les maintenant au programme et c'est tout à leur honneur d'avoir resisté à la volonté de censure de certains... Le set des irlandais est énergique mais leur fusion rap/electro/rock n'a rien de révolutionnaire...


A l'heure de l'apéro débarquent sur la Grande Scène, la sensation Rock des dernières années : les Fontaines D.C. les numéros 1 de notre Top 2024 triomphent pleinement. Vainqueurs à plate couture du nombre de t shirts siglés dans l'assistance, les D.C. jouent devant une foule conquise d'avance et enflamment Rock en Seine.


On part un peu avant la fin du set pour se placer pour le concert de Suuns. Comme tout le monde est encore devant la Grande Scène on se retrouve au 1er rang et on prend une énorme claque. la musique des montréalais est vraiement étrange, libre et inspirée. Leur mélange d'electro et de Rcok sonne tellement moderne. Leur univers à la fois onirique et terrifiant est totalement fascinant... 


On est en transe pendant l'heure et des poussières d'un show envoutant et bluffant (on vous recommande le replay sur francetv, très bien filmé et au son conforme à ce que l'on a entendu en live). Définitivement l'un des groupes les plus passionnants de l'époque... (A lire aussi le live report de Suuns au Trabendo).


On finit cette belle journée par la tête d'affiche de la soirée: les Queens of the Stone Age. On a tellement de souvenirs mémorables de concerts du groupe de Josh Homme. Rien qu'à Rock en Seine leurs prestations de 2005 et 2010 restent parmi les meilleurs concerts vus à Saint Cloud. Il faut dire que pendant les années 2000, le groupe marchait sur l'eau, sortant 3 chefs d'oeuvre : rated R, Songs for the Deaf et Lullabies to Paralyze. Era Vulgaris qui suivit fut encore de bonne facture mais on avoue que les albums des années 2010 et après nous ont souvent ennuyé.... Leur show de 2025 est un peu à cette image, les vieilles chansons nous enchantent pendant que les plus récentes nous font bailler... Heureusement le Song for the Dead final (avec le sacrifice d'une paire de lunettes dans le feu de l'action) permet un ultime défouloir émotionnel et physique. Tour se que l'on attend de Rock en Seine chaque année en somme...

On part content de la journée mais déçu qu'il n'y ait pas d'autres journées à suivre et pour lesquelles se passionner comme c'était le cas ces 20 dernières années.... Une page se tourne peut etre... la boucle est bouclée?

A lire également Suuns, King Hannah, Fontaines DC. Queens et les Rock en Seine 2024, 2023, 2022


jeudi 21 août 2025

Pulp et Tropical Fuck Storm à la Route du Rock (15/8/25)


Pulp qui se reforme, ressort un album magnifique, le 1er depuis 24 ans et Pulp en tête d'affiche de la Route du Rock, on aurait jamais imaginé il y a 1 an que tout cela puisse se réaliser... 

Et pourtant, la seule date française de l'année pour ce groupe sacré, associé pour l'éternité au mouvement britpop des années 90 (meme si ils étaient plus que cela...). Ils étaient très certainement les rejetons érudits et classieux de la bande, étant plus vieux mais pas plus sages...

Dès l'arrivée sur le site du Fort Saint Père, on sent une certaine effervescence.  C'est la seule date sold out des 3 jours de festival. On entend beaucoup parler anglais autour de nous, les britanniques se sont déplacés en masse pour voir les cultissimes Pulp enfin de retour. Les t shirts Pulp sont partout... L'attente va etre longue jusqu'à 23h30...


Meme si on aura assisté à de sympathiques concerts de Biche, Porridge Radio ou Yard Act, on trépigne d'impatience à l'idée de voir Pulp sur scène (oui c'est la 1ere fois). Et juste avant le concert du combo de Sheffield, l'épiphanie, la claque monumentale : Tropical Fuck Storm.

Originaires de Melbourne, et formés sur les braises de The Drones par le couple Gareth Liddiard et Fiona Kitschin, le quatuor nous prend aux tripes sur scène. Ca semble être un chaos sans nom mais c'est d'une maitrise et d'une intensité remarquable. Il y a tout ce que l'on adore : les mélodies, les voix féminines et les arrangements dissonants improbables qui rendent le tout à la fois lunaire et évident... Fantastique...

Quelle baffe, on est reste ébahi, scotché. On ne cesse de se rapprocher de la scène, attiré par cette présence, cette force, cette émotion... Enorme baffe...


Ce sublime concert nous met dans les meilleures conditions pour le clou du spectacle. Tant bien que mal, on réussit à se frayer un chemin jusqu'au devant de la scène, malgré la foule dejà amassée et impatiente... 

Et ca démarre fort avec deux titres emblématiques de Different Class, le disque de la consécration de 95, avec Sorted for E's and Wizz et surtour Disco 2000. Jarvis Cocker est en grande forme, dès le départ il monte sur les retours en front de scène et y restera une bonne partie du set. Haranguant la foule avec ces déhanchés improbables de Dandy britannique.


Sa grande silhouette dégingandée semble n'avoir pas pris une ride, la chant est affirmé, la fougue toujours aussi intense. 'We don't want no trouble, We just want the right to be different', cette assertion incluse dans le livret de A Different Class semble plus que jamais d'actualité. Pulp est un groupe différent. Leur pop est riche, complexe et portée par le phrasé inimitable de Cocker et ses textes tour à tour incisifs et d'un humour d'une finesse toute britannique...


Les chansons du nouvel opus, Spike Island et Farmers Market sonnent admirablement bien dans l'ensemble. This is Hardcore, magnifique, sa puissance est toujours aussi frappante. Do you remember the First Time embrase la foule comme il se doit avant que Mis-Shapes ne finisse de combler un public ravi et heureux d'etre là... 

Bien sûr Common People fait se déverser des vagues de plaisir sur le Fort Saint Père... Et c'est dejà le temps de A Sunset et de la fin d'un concert épique d'où on ressort avec la banane...

Une soirée d'une classe différente...

A lire également : la Route du Rock 2024, 2023, 2022, 2021...


vendredi 15 août 2025

AC/DC au Stade de France (13/8/25)


 Les groupes capables de réunir plusieurs générations ne sont pas légions. Il leur faut pour celà avoir obtenu un statut de groupe de légende, acquis en voyage au long cours d'une carrière qui s'étend sur plusieurs décennies. Pour survivre à toutes les modes, il faut, soit se réinventer en permanence en absorbant la sève du présent et en représentant le Zeitgeist à la façon d'un Bowie ou d'une Madonna ou bien en incarnant un idéal, une utopie originelle à la manière de gardiens du temple moderne...

C'est cette seconde option qui aura permis aux australiens d'AC/DC de rester au firmament près de 50 ans après leurs débuts. Il n'y a plus que les Rolling Stones, Dylan, pour incarner, comme eux, l'esprit originel d'un mouvement, d'une identité, d'une façon de vivre...


Meme si, ne soyons pas dupes, on parle ici de gros business, avec 2 stades de France remplis en quelques heures, des fans dévoués qui lachent des centaines d'euros pour des places et encore autant en merchandising ou bières sur place. Après tout, entre adultes consentants où est le problème?

La 1ere chose qui saute aux yeux en arrivant au abords du Stade de France est le nombre de spectateurs arborant fièrement un t shirt du groupe. Et quelle phénoménale impression en rentrant dans le stade en voyant cette pluie de lumières clignotantes rouges qui rendent l'atmosphère totalement lunaire ou infernale, c'est selon...

A 20 balles la paire de cornes clignotantes on comprend tout de suite les enjeux financiers et la dévotion des fans d'AC/DC... Si on se prend au jeu, on est assuré de passer une soirée assez incroyable et c'est clairement ce que l'on a fait (on passera sur les relexeions sociologiques qui nous faisaient remarquer que l'assistance était très blanche et pas très bigarrée, on se concentrera sur l'approvisionnement en bière, le vrai enjeu de la soirée...).


AC/DC arrive sur scène, comme prévu à 20h30 pile, et dès les premières notes, il se mit à pleuvoir averse, une bénédiction en cette journée de canicule à 35 degrés. C'est à la fois drôle et heureux d'etre rafraichi par la pluie sur "if you want blood (you've got it). Ca démarre fort et part encore plus loin avec l'immense Back in Black, intemporel, jouissif et puissant...

On est déjà bien. et Shut down in flames nous aspire. Meme si on a l'impression que papie Angus joue l'intro de Thunderstruck au ralenti, les soli nous reconnectent tout de suite à la légende. Hells bells, bien sûr, la cérémonie noire et culte avec cette énorme cloche si symbolique du groupe australien... On en a des frissons...


On est surpris de retrouver Highway to Hell en plein milieu du set et on vivra ce moment de bravoure dans la queue du bar (car il faut bien garder la distance pour etre à la hauteur de la légende). Suit ensuite une pluie de classiques du hard rock qui remplit le stade de bonheur : Shoot to Thrill, Sin city, Dog eat dog, Dirty deeds done dirt cheap, Let there be rock et son solo final à rallonge...

On nage dans l'extase, comme tout le reste du stade. Il n'y a qu'à observer les visages des gens autour de nous, tout le monde est heureux de vivre ce moment de communion, en se disant que c'est peut etre la dernière fois qu'on aura l'occasion de voir AC/DC sur scène en France...

Final dantesque avec TNT et Those about to Rock et ses tirs de canon et pyrotechnies...

Une soirée back to basics qui fait du bien (beaucoup moins la geule de bois du lendemain).

A lire également AC/DC au SDF en 2010,  les Stones à Lyon, Dylan au Grand Rex