mardi 19 août 2014

La Route du Rock 2014 (14&15/8/14)


Ca faisait un moment que l'on voulait venir à la Route du Rock que beaucoup, à raison, présentent comme le festival indé à la programmation ultra pointue qu'il faut absolument suivre… Belle prog pour cette édition 2014 et on avoue que c'est au lendemain du concert de Slowdive à la Grande Halle de la Villette que l'on s'est définitvement décidé à prendre nos billets pour cette année çar il nous fallait revoir Slowdive en plein air, c'était clair!

Dès notre arrivée à Saint Malo on a eu droit à notre baptême avec une tempête qui nous aura trempé d'entrée de jeu… Bienvenue en Breatgne semblait nous dire les éléments… Heureusement pour tous les festivaliers, la pluie ne fit son apparition que pour les 2 premiers concerts (Angel Olsen et The War on Drugs) et nous laissa tranquille tout le reste du festival… Mais avec ce qu'il était tombé auparavant, le site du fort Saint Père s'est transformé en un gigantesque champ de boue… Et pour être honnête on ne comprend pas pourquoi l'organisation n'a pas anticipé ce problème… C'est pas comme ci c'était totalement imprévisible…

Une prog au top, une organisation qui laisse à désirer...

La première journée fut un calvaire pour se déplacer à l'intérieur du festival… Le Lendemain ce fut guère mieux même si du foin avait été placé sur une grosse moitié de la scène principale... On a d'ailleurs failli appeler ce post la Route du Foin 2014! Si tout le site avait équipé de la sorte cette jolie deuxième soirée n'en aurait été que plus réussie… Et dire que la pose du foin aura occasionné une entrée retardée des spectateurs, quelques milliers de personnes s'entassant près des grilles alors que le premier concert débutait…

Tout ceci est bien dommage car ce coté amateur déssert un festival qui a tout pour être excellent : un cadre magique, une programmation indé léchée et qui tape dans le mille, une ambiance bon-enfant et de super concerts…


Real Estate et Thee Oh Sees tiennent leur rang

Revenons donc à l'essentiel et cette série de superbes spectacles… Après un War on Drugs plutôt alléchant dont on aura suivi le show durant les 20 minutes de queue pour chopper des jetons de bière, un Kurt Vile un peu ronflant et en mode automatique, la première baffe du trip vient avec Real Estate et leur pop ensoleillée et pleine de mélodies rêveuses… Ces gars là ont tout compris, des accords cristallins, un peu de reverb, des chansons bien fichues alliant le talent mélodique des Smiths et la non-chalance du rock indé US… Une tuerie.

On peut enfin voir Thee Oh Sees sur scène après quelques dates manquées! La bande à John Dwyer se produit pour l'occasion dans un inhabituel power trio. Le punch, la hargne et les envolées psyché n'en sont que plus primitives et le combo de San Francisco fait honneur à sa réputation de bête de scène: parfait. Pour finir la soirée The Fat White Family et son rock en transe nous fichent une dernière bonne baffe histoire de nous achever (mais on le sera totalement par le slalom dans la boue pour quitter les lieux…)

Slowdive intense et féérique

La seconde journée qui débute sous un soleil radieux est plus qu'attendue. 14000 personnes se seront précipitées en ce jour férié pour le grand retour de Portishead, mais c'est très clairement les revenants Slowdive qui leur voleront la vedette.

En guise d'introduction Ana Calvi confirme tout le bien que l'on avait pensé d'elle après son concert au Trianon. Après un matraquage en règle de Protomartyr arrive enfin sur scène Slowdive. Les cinq musiciens de Reading vont littéralement transporter leur auditoire vers des contrées célestes et illuminées… Leur shoegaze rêveur et éthéré a clairement passé l'épreuve du temps et il n'est que justice qu'il vienne récolter les lauriers oubliés lors de leur première vie sur le label d'Alan McGee (Creation Records 1989-1995). Sur scène, les compos sonnent avec beaucoup plus d'énergie et de profondeur et c'est tout un univers dream pop et psyché qui s'ouvre à nous… Un répertoire principalement issu de leurs premiers EP (Slowdive, Avalyn, She Calls) et de leur immense second album (Souvlaki, When the Sun hits, Alison) qui se termine par cet incroyable reprise de Syd Barrett : Golden Hair… Un concert en tout point parfait et qui nous laissera des frissons pendant un moment: monumental…

Difficile de passer derrière un tel ouragan d'émotions… Portishead réussira cet exploit en nous gratifiant d'un set solide, parfois excellent (Machine Gun, Glory Box, We Carry on) mais tantôt un ton en dessous… Seconde chance à Rock en Seine dans quelques jours...

mardi 12 août 2014

Best Song Ever (épisode 94): Milquetoast par Helmet

Une sortie de 1994 pour ce 94ième épisode: une évidence! Produit et mixé par le producteur aux doigts de fée du rock alternatif du début des années 90 : Monsieur Butch Vig (responsable entre autres du son de "Nevermind" de Nirvana, de "Dirty" de Sonic Youth ou encore de "Siamese Dream" des Smashing Pumpkins) Milquetoast est le morceau emblématique de "Betty", le second album d 'Helmet.

Une version alternative, légèrement plus buitiste et dénommée Milktoast apparaitra sur la Bande Originale du culte "The Crow" (le fils de Bruce Lee, Brandon, trouva la mort par accident lors du tournage du film). Une BO devenue mythique à son tour avec des titres inédits de The Cure (Burn), Rage Against The Machine (Darkness) et des reprises à couper le souffle ("Dead Souls" de Joy Division par Nine Inch Nails ou encore "The Badge" de Poison's ideas par Pantera).

Dans le pur style Helmet, Milquetoast sonne metal avec son riff saccadé, lourd et plombé mais y incorpore différentes influences improbables (jazz, pop). La voix de Page Hamilton apporte une touche presque pop assez saisissante. Les strates de guitares amènent à la fois tension et profondeur de champ et même une touche arty à l'ensemble.  Le pont est un modèle d'envolée sonique où mélodie et distorsion se tirent la bourre dans une chevauchée fantastique jubilatoire...

Grandiose!

A lire également Helmet au Nouveau Casino ou à l'Elysee Montmartre.


vendredi 8 août 2014

Best Song Ever (épisode 93): Instant Street par dEUS


Il fallait bien qu'à un moment ou à un autre nos amis belges soient représentés dans cette saga Best Song Ever... Et qui de mieux que les anversois de dEUS pour assumer pleinement ce rôle de porte-parole? Les "Radiohead belges" de Tom Barman (comme ils auront été affublés par la presse spécialisée à la fin des 90's) et leur sens de l’expérimentation tout azimut sur leur deux brillants premiers disques ("Worst Case Scenario" et "In a Bar under the Sea") peaufinent leur écriture et affermissent leur propos avec l'album suivant "The Ideal Crash".

Mélangeant moments acoustiques, interventions presque électro et de belles plages bruitistes dans l'esprit des débuts, ce 3ième album voit dEUS atteindre une sorte de climax clôturant la première vie du combo (il faudra attendre 6 ans pour voir arriver un successeur, "Pocket Revolution", avec un Tom Barman quasiment seul aux commandes).

En plein milieu du disque se dresse "Instant Street" : la quintessence de la chanson indie rock des années 90! Quelques notes de banjo en guise d'introduction qui amènent une touche lo-fi, presque dissonnante, une guitare acoustique limpide en accord majeurs apportant le coté sucré appuyé par une mélodie vocale douce amère. Quelques notes de synthé saccadées version electro en arrière plan sur le pré-refrain. Un chorus élégiaque et planant... Une perle pop ultime!

Et là, le clou du spectacle! Une arpège de guitare à la limite de la dissonnance entame une petite ritournelle et tout s'emballe... Des strates de guitares saturées s'empilent autour de cette petite boucle mélodique et on part petit à petit dans une 4ième dimension pleine de bruit et de fureur jusqu'à l'extase finale!

Fantastique!

A lire également dEUS au Trianon en 2011 ou encore à Rock en Seine en 2012

A voir ci-dessous une version acoustique assez interessante...

mardi 5 août 2014

Best Song Ever (épisode 92): Together par The Raconteurs

"You want every morning to be just like, the stories that you read but never write"... Ces quelques mots écrits par Brendan Benson, l'acolyte de Jack White au sein de The Raconteurs, résument à merveille la poésie qui s'écoule le long des presque quatre minutes de beauté de Together...

Avec le cinquième album déroutant et incompris des White Stripes (Get behind me Satan), Jack White touche les limites du duo et prend la salutaire décision de se ressourcer au sein d'un groupe élargi. En prenant pour partenaire de jeu le songwriter Brendan Benson, White se libère du poids d'etre la seule source créative du projet. La complémentarité entre les deux hommes est remarquable La subtilité et les nuances de Benson se marient parfaitement à la force brute et enracinée dans le blues de White.

En 2006 sort le premier album de ce super groupe (Broken Boy Soldiers). Le magnifique single inaugural, "Steady as she goes" fourbie de bonnes idées et donne un bel exemple songwriting à 4 mains. Mais c'est avec Together que le duo touche la corde sensible et rafle la mise...

Une mélodie de guitare lascive en guise d'introduction, un wurlitzer tout en rondeur qui rend l'atmosphère souple et élastique. Brendan en voix lead et Jack dans le rôle contre-nature des choeurs poignants. une atmosphère magique, des paroles brillantes! Une Best Song Ever...

A lire également The Raconteurs à Rock en Seine, Jack White à l'Olympia, son rôle dans les années 2000 ou encore The Dead Weather.

vendredi 1 août 2014

Best Song Ever (épisode 91): Endless Blue par The Horrors

Avec leur troisième album, le bien nommé "Skying" sorti en 2011, The Horrors a tutoyé les cimes et est devenu un groupe majeur. Après avoir été aidés par Geoff Barrow de Portishead pour la production de leur second opus (le "Cure meets My Bloody Valentine" Primary Colors) c'est seuls aux commandes que The Horrors enregistrent ce brillant disque.

Touchés par la grâce, les anglais explorent le son analogique de leurs synthés vintage pour apporter chaleur, profondeur et lumière à leur rock tendu sous influence post-punk. "Endless Blue" est l'exemple imparable de cette évolution.

Ca commence avec une basse chaloupée et groovy à mort qui emporte l'esprit de l'auditeur. Les synthés resplendissent, à la limite cuivre de chambre, et amènent une ambiance à la fois mystérieuse et mystique au morceau. On se perd dans ces couches sonores hypnotisantes. Le morceau monte en inensité jusqu'à cette rupture jubilatoire et l'arrivée des guitares tranchantes et venimeuses... Dès lors la chanson bascule dans un autre univers, tendu, racé et rempli d'une énergie débordante...

Une Song fantastique...

A lire également The Horrors en concert à la gaité lyrique et à Rock en Seine 2011 ainsi qu'en bonne place dans nos Best of Albums et Concerts 2011.