mardi 30 mai 2023

Ulrika Spacek et Sylvie à la Maroquinerie (29/5/23)


Soirée du webzine (l'édition papier n'est plus) Gonzai à la Maroquinerie hier soir dont la curation déçoit rarement les amateurs de la chose indé! En ce lundi de Pentecote on a droit à la venue de 2 groupes qu'on avait hate de voir en live : Ulrika Spacek et Sylvie, dans des registres assez différents même si une certaine évocation de la rêvasserie les rapproche...

En introduction, Sylvie noue aura émerveillé. Quel drôle de nom, surtout à nos oreilles de frenchies, pour un groupe néo sixties venu du pays de l'Oncle Sam. Ben Schwab, ancien membre de Drugdealer, est tombé sur des démos enregistrées en 75 par son père. L'écoute de ces morceaux d'obédience sixties aura donné envie au rejeton de former le groupe Sylvie.


On reste ici dans l'ambiance Laurel Canyon avec le soleil, le courant de fraicheur et d'optimisme de l'époque planant sur la Californie. On a tellement besoin de ce genre de good vibes en ces temps remplis de noirceur que l'écoute de Sylvie en concert représenterait presque une bénédiction. C'est moelleux, c'est beau, c'est lent... Ca réchauffe les coeurs...


Viennent ensuite les londoniens d'Ulrika Spacek. Après deux albums assez convaincants en 2016 et 2017, le quintette avait disparu de la circulation et c'est avec un grand bonheur qu'on les a redécouvert avec la sortie de Compact Trauma en mars dernier. Leur rock à guitares planantes et incisives fait mouche. Leurs références sont également les notres. On pense à Deerhunter, à Diiv, à My Bloody Valentine et parfois à Sonic Youth... 

Avec des chansons à tiroir comme The Sheer Drop ou If the Wheels are coming off, the wheels are coming off, Ulrika Spacek montre toute l'étendue de leur talent protéiforme. le combo est capable de nous entrainer en haute voltige dans un espace cotonneux avant de nous faire plonger dans un délire bruitiste et dissonant de plus bel acabit.

En cloture de set, le presque tube No Design et ses claviers envoutants finira en orgie de percussions : une régal...

Très belle soirée de printemps!

A lire également Deerhunter, Diiv, My Bloody Valentine, Sonic Youth


mardi 23 mai 2023

Joe Satriani à l'Olympia (20/5/23)


 On change totalement de registre avec le concert à l'Olympia de Joe Satriani. initialement prévu en juin 2020, le show a été maintes fois repoussé pour se tenir finalement 3 ans plus tard. Satriani vient promouvoir son 18ième album : The Elephants of Mars.

On avait pas vu le maestro sur scène depuis 98 et un concert épique au Zenith de Lille lors de la tournée Crystal Planet (et dans le cadre du début du G3). Enorme fan du maitre dans les années 90, comme tous les guitaristes en herbe de l'époque, on avait pas vraiment suivi ce qu'il avait sorti dans les années 2000. D'où la totale redécouverte en ce samedi de mai 2023...


On ne savait donc pas trop à quoi s'attendre et on y allait plus par nostalgie d'une époque révolue pour voir si une étincelle se produirait encore. Et de manière surprenante ce fut le cas... C'est sûr que de la musique instrumentale à base de soli de guitares ultra techniques ce n'est pas pour toutes les oreilles, mais Satriani a un vrai sens de la mélodie et sa guitare vient remplacer la mélodie vocale pour tisser l'esquisse d'une narration.

On se laisse porter par la force du groupe (duo batterie-basse renforcé par un synthé) et guidé par la gratte de Satch. Certains nouveaux morceaux comme Sahara ou Blue Foot Groovy nous fascinent mais ce sont bien les vieux morceaux qu'on connaissait par coeur qui nous font chavirer. Flying in a Blue Dream et son larsen introductif maitrisé en toute subtilité ou le tonitruant Summer Song nous rappelle tant de souvenirs...


Que dire du magistral Always with me, always with you (dédié à son producteur historique Gerard Drouot) et ses harmoniques divines, de la cavalcade ébouriffante Satch Boogie ou du classique Surfin with the Alien... On part dans un long voyage avec le vieille ami un peu perdu de vue mais qu'on est heureux de retrouver, pour parler du passé mais aussi du présent avec ses 2 derniers disques largement représentés dans la setlist (10 titres).

Au début du second set (on tient là une tendance de fonds ces 2 sets distincts façon concert de jazz avec récemment Yo la Tengo ou Roger Waters) on a droit à un solo de batterie de Kenny Aronoff assez étourdissant. Virtuosité, groove, impact... Un second set parfaitement lancé. Par contre le solo de synthé façon guitare était quelque peu gênant. Cool #9 et Teardrops ressortiront de ce second acte...

Six strings never die...

A lire également en mode 2 sets Yo La Tengo et Roger Waters


 

vendredi 19 mai 2023

Bruce Springsteen à la Défense Arena (15/5/23)


Encore une légende du Rock de passage à Paris et qui plus est, ne passe pas si souvent que cela par la Fance : le BOSS : Bruce Springsteen. Son dernier passage dans la capitale remontait à 2016 avec 2 Bercy. En 2023, le Boss s'offre 2 la Défense Arena, cette immense salle multi usage pas loin du Grand Arche...

Tout a été dit sur Springsteen et à l'occasion de ces 2 concerts parisiens, on aura rarement lu autant de louanges sur les réseaux sociaux et notamment la twittosphère... Les mauvaises langues diront que ce media correspond très bien à l'âge avancé des supporters du Boss...


Il est sûr que dans les travées, les visages sont un peu cabossés par le temps. Mais l'enthousiasme général et la bonhomie sont saisissants. A l'image de Springsteen et son éternel E-Street Band. Ces musiciens jouent ensemble, avec une énergie sans cesse renouvelée, depuis presque 50 ans. Cela force le respect, forcément, mais c'est surtout la façon dont cette petite bande de potes fonctionne qui est magistrale...

Ils sont pourtant plus d'une quinzaine sur scène, jusqu'à 4 guitares, une basse, un batteur, un percussionniste, 2 pianistes, 4 ou 5 chanteuses/chanteurs dans les choeurs et les fameux instruments à vent (4 ou 5 également) si représentatifs du son E-Street Band... Et ca sonne merveilleusement bien, c'est équilibré et ultra puissant... Quelle tannée cela doit etre pour les ingé sons...


On dira quand meme que ca sonne bien si on a la chance d'etre devant dans la fosse Or (hors de prix) car plus on s'éloigne et plus la résonance de cette salle démesurée transforme le son en bouillie sonore...

Sur cette tournée, le boss se contente d'une setlist avec peu de changements d'un soir sur l'autre alors que Springsteen avait l'habitude de chambouler les set lists en prenant des fans requests. D'après les spécialistes springsteeniens on gagne en compacité et en efficacité ce que l'on perd en surprises...

Le debut du concert est incandescent, le groupe alternant avec efficacité oldies comme No Surrender, Prove it all night, Promised Land ou le génial Darkness on the edge of Town avec des nouveautés bien senties commes Ghosts ou Letter to You (qui sera sous titré sur les écrans géants pour que tout le monde puisse comprendre la portée de cette chanson testamentaire).


Kittys' back et son groove très big band s'étirera et permettra à tout le groupe de se mettre en valeur. C'est dans ces moments de liberté et d'improvisation que l'on peut voir toute la qualité et la puissance des ces musiciens. Un régal... L'un des autres grands moments de la soirée sera ce Last Man Standing chanté par le Boss seul en piste, qui explique en préambule qu'il est le dernier survivant de son tout premier groupe...

A 73 ans, le Boss se sait se rapprocher de la fin de l'aventure mais ca ne l'empêche pas de garder cette générosité et cette force rassembleuse qui aura été sa marque de fabrique tout au long de son immense carrière. Lui qui n'a cessé de raconter les histoires des laissés pour compte du rêve américain restera, comme Dylan, un formidable conteur de notre époque...

Le rappel sera, forcément, consacré aux hymnes du Boss. L'enchainement Born in the USA, chanté façon punk, et Born to Run est un délice... Suivront Glory Days et Dancing in the Dark. 

Presque 3 heures de Show, une très belle soirée!

A lire également dans la veine icones : les Stones, Dylan, Roger Waters...

mercredi 10 mai 2023

Roger Waters à Bercy (3/5/23)


 L'ancien bassiste et force créative de Pink Floyd, Roger Waters, était de retour à Paris pour la 1ere fois depuis 2018. A 79 ans, il entame un farewell tour qui nous rappelle que la génération qui a construit la pop et le rock dans les années 60 et 70 arrive au bout du chemin...

Comme pour Morrissey, on a longtemps hésité à aller voir Waters en concert. Lui aussi est devenu au fil des années un personnage assez décrié, flirtant avec les extrêmes pour ne pas dire plus... Etant plus de la team Gilmour/Mason/Wright mais au final sans avoir jamais entendu en live les grands titres du Floyd (meme si on a vu en 2018 Nick Mason et son groupe rejouer de belle manière les premiers morceaux du Floyd époque Syd Barrett), c'était difficile de manquer cette dernière occasion parisienne...


Le concert démarre très fort avec Comfortably Numb et le solo de Gilmour joué à la note près... ca enchaine avec "The happiest days of our lives" et "Another Brick in the Wall" part 2 et part 3... Waouh ca calme tout de suite... Et que dire de "Wish you were here", "Have a Cigar" ou encore "Shine on your Crazy Diamond". Ca aurait dommage de ne jamais les entendre en live...

La scénographie est vraiment impressionnante. La scène est au centre de l'Arena et d'immenses écrans, en forme de mur en croix, surplombent les musiciens et permettent une immersion integrale en son et image. Beaucoup de texte s'affiche sur les écrans, variant des diatribes politiques chères à Waters à des anecdotes de la vie du Floyd qui retracent la carrière du monsieur et notamment ses relations avec son ami Syd Barrett... C'est souvent touchant.


Roger Waters communique beaucoup avec son public et apparait presque comme un personnage sympathique et proche de ses fans... Etonnant... Le 1er set se termine par Sheep avec un mouton gonflable géant qui se balade dans les airs. 

Le second set fera la part belle à Dark Side of the Moon, qui fête ses 50 ans cette année. L'enchaînement Money, Us and Them, Any color you like, Brain Damage et Eclipse est somptueux. Le rappel intimiste en piano voix après un shot de Mescal avec ses musiciens autour du piano conclura de manière intimiste une belle soirée.

On ne mesure pas assez la chance que l'on a actuellement de pouvoir voir les musiciens des années 60/70, en bonne forme transmettre le flambeau et nous rappeler l'esprit originel de défrichement, de découverte, d'espoirs et d'utopies déçues engendrées par ces années d'émancipation post guerre mondiale...

A lire également Dylan, les Stones, Morrissey...