jeudi 6 février 2025

Frank Black au Trianon (4/2/25)


Cela faisait plus de 10 ans que Frank Black n'avait pas fait de tournée en solo en dehors des Pixies. Depuis le retour discographique des lutins en 2013, les Pixies et leur machine à cash étaient devenus le job à plein temps de Charles Thompson alias Black Francis. C'est donc avec surprise et une joie non dissimulée que l'on se rend au Trianon pour un concert en hommage aux 30 ans du second album solo de Frank Black, l'ambitieux "Teenager of the Year".

3 ans après avoir implosé les Pixies, Black Francis prend le nom de Frank Black pour livrer le second chapitre de sa carrière solo. Avec un titre pareil, on pense tout naturellement à un clin d'oeil au "smells like teen spirit" qui renversa la table pour imposer l'indie rock US dans le mainstream, mais non... Charles Thompson aurait reçu, au lycée à la fin des années 80, 50 dollars et une médaille au titre de "Teenager of the Year". Amusant...


Encore soutenu par sa maison de disques, Frank Black a pu passer du temps en studio avec notamment Eric Drew Feldman (ex Pere Ubu qui produit ce 2nd disque après avoir produit le 1er éponyme 2 ans auparavant), le fantastique guitariste Lyle Workman et même son compère des Pixies Joey Santiago par intermittence. Les protagonistes se sont amusés comme des fous et ont enregistré un double LP, soit pas moins de 22 chansons. Chose rendue plus simple avec l'avènement du CD dans les années 90, les limites des 40 minutes du LP vinyle se transformant en 70  minutes de musique sur un Compact Disc, pour le meilleur et pour le pire selon les cas...

Black explore, s'amuse, laisse libre cours à son imagination, amenant synthés, ambiances dub ou country à sa palette punk rock version Pixies. Certainement, Frank Black conclue en 95 sa période dorée (87/95) où tout se qu'il produit devient un classique... La suite de sa carrière (les Catholics, les albums post reformation des Pixies) sera souvent très en dessous de tout ce qui sera sorti pendant ces 9 années dorées.


Revisiter Teenager of the Year est donc une belle idée. Entouré du line up presque originel (avec Feldman et Workman notamment) on sent que Frank Black s'amuse sur scène. Les fans des Pixies seront surpris d'entendre le son de sa voix entre les morceaux (dans un concert des Pixies ni lui ni ses acolytes ne prononcent un mot). Il annonce même le nom de chaque morceau...

Cette tournée est certainement comme une récréation entre potes, entre deux tournées des Pixies et la pression d'un groupe culte redevenu son gagne pain quotidien. Les morceaux sur scène reprennent cette veine fun et décontractée. Le slogan publicitaire de l'époque était flatteur en proclamant qu'il s'agissait du meilleur album que les Pixies n'avaient jamais fait (the best album Pixies never made), mais il y a du vrai dans cette assertion.

La dynamique punk rock des Pixies est toujours sous jacente mais les arrangements sont plus indés, plus sophistiqués et donc un peu moins pop que les gimmicks si évidents (et donc pop dans le beau sens du terme) de Joey Santiago (un grand guitariste trop sous estimé). 


Teenager of the Year regorge de perles qui prennent toute leur essence en live. Le début du show est un récital, punk avec Whatever happened to Pong, rêveur Abstract Plain ou pop rock qui tue avec Calistan. Sans oublier la pop song ultime sous influence Beach Boys  : Headhache (les choeurs dans la seconde partie entourant la voix de tête de Black sont à tomber...), certainement l'une des toutes meilleures chansons écrites par Frank Black... 

Et le filet de perles grossit au fur et à mesure du concert avec Olé Mulholland, Freedom Rock, Two Reelers, Fazer Eyes... On en prend plein les oreilles, l'ambiance est bon enfant dans la salle avec un pogo sympathique devant la scène sur tous les morceaux un peu mordants. Sans surprise la moyenne d'âge est assez élevée, encore plus que pour un concert des Pixies.

Teenager of the Year est donc joué en intégralité et dans l'ordre du disque. Le show se terminera par 3 titres du 1er album de Frank Black (album éponyme) dont le superbe Los Angeles, 1er single solo de l'ancien Pixies, une tuerie en live...

Les vibes sont super bonnes, on passe un excellent moment, trop contents de voir Frank Black au sommet de son art...

A lire également les Pixies rejouant Bossa Nova/Trompe le Monde à L'Olympia. ou encore Frank Black à la Cigale

Aucun commentaire: