Pour le 20ième Rock en Seine, les pionniers du festival inaugural de 2003 étaient de retour : PJ Harvey, le dimanche et Massive Attack en tête d'affiche du samedi. Déjà en 2010 et en 2016, on avait fait les louanges du collectif de Bristol et on était tellement impatient de les retrouver sur la grande scène de Rock en Seine.
Massive Attack a joué un rôle crucial dans les années 90 en réussissant l'amalgame des différentes cultures de la très cosmopolite ville de Bristol. En reprenant l'art du sample popularisé par les pionniers du hip hop et en y mélangeant des influences jamaïquaines (reggae, dub) pop et punk, Massive a lancé les prémisses d'un mouvement, vite baptisé trip hop sur 2 premiers albums exceptionnels (Blue Lines et Protection). Avant de redéfinir le son des 90s avec Mezzanine, en noircissant le très et incorporant de profondes influences post punk.
Si le groupe n'a plus sorti d'album depuis 2010 (2 Eps depuis de 4 et 2 chansons), il est resté actif en live, devenant une référence aussi bien sonique que visuelle. Un concert de Massive Attack reste une expérience profonde et intense... On esquivera tout de suite le sujet polémique de la prise de positon politique (Massive a toujours fait celà depuis la guerre en Irak et on vous conseillera la lecture d'un article de Libération sur le sujet ), pour se consacrer à l'aspect artistique de la prestation.
Depuis leur dernière venue à Paris en 2019 pour célébrer les 21 ans de Mezzanine, dont le son et la noirceur collent toujours aussi bien à l'époque, on ne peut pas dire que la situation globale se soit améliorée... D'où un début de concert plus sombre que d'habitude avec d'entrée un Risingson industriel donnant le ton... la légende Horace Andy viendra apporter un peu de lumière dans ce monde de ténèbres avec un Girl I love you au spleen totalement envoutant...
Comme sur la tournée Mezzanine 21, on a l'immense plaisir de retrouver sur scène la légende Liz Fraser (Cocteau Twins) dont le timbre de voix si angélique nous donne à chaque fois des frissons. Même si son entrée se fait sur le très noir Black Milk, la vulnérabilité et la force à la fois de sa voix stellaire irradient d'une lumière éclatante la mélancolie de la musique...
Autres invités de marque, les écossais de Young Fathers, au sommet de notre année de concerts 2023. Ces autres électrons libres à la créativité et à l'intensité fascinantes ne pouvaient que se comprendre avec 3D et Daddy G, c'est évident. Quel bonheur de voir ces 2 immenses groupes jouer ensemble, sous nos yeux ébahis sur la grande scène de Rock en Seine.
La grande force de ce festival est la sono de la grande scène. la puissance sonore alliée à la précision du son rendent l'expérience de certains concerts totalement fascinante... Et c'est clairement le cas avec Massive Attack, qui apporte un soin tout particulier au mixage des morceaux... De nombreuses fois, les effets donnaient l'impression d'une vraie spatialisation du son. Ajouté à l'effet physique sur nos corps de la puissance du son en façade de la grande scène, et on a l'a une expérience assez singulière...
Elizabeth Fraser revient ensuite sur scène pour un moment élégiaque avec Song to the Siren, une reprise de Tim Buckley... On en a les larmes aux yeux... Très émouvant... La reprise d'Ultravox, RockWrock, donne une impulsion punk au show, qui au final ne détonne pas plus que ça et caractérise assez bien l'éternel état d'esprit frondeur du collectif.
A partir de là, pluie de standards du groupe avec Angel, Safe from Harm, Unfinished Sympathy, Karmacoma et Teardrop... Une fin sonique et toutes guitares hurlantes avec un Group Four extatique...
Une soirée monumentale, qui avait commencé avec des Blonde Redhead magiques et qui se finira avec le DJ Set atomique des 2 Many Dj's...
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