jeudi 11 juillet 2024

LCD Soundsystem au Théâtre Antique de Fourvière (8/7/24)


 Une saison au Théâtre Antique de Fourvière en tout point remarquable avec ce 5ième concert. Après les prestations remarquables, et très différentes, de PJ Harvey, Air, Brad Mehldau et Nile Rodgers, on part avec un enthousiasme non dissimulé à la rencontre de James Murphy et de son LCD Soundsystem.

Lors de son 1er passage à Fourvière en 2005, les new-yorkais n'avaient pas fait le plein. Affront lavé avec un auditorium gallo-romain rempli à craquer. J'ai une affection particulière et un profond respect pour James Murphy qui en tant que boss du label DFA, producteur pour The Rapture ou Arcade Fire, DJ émérite et leader d'un groupe incontournable des années 2000 a durablement marqué de son empreinte le son de la pop musique de ce millénaire...


On avait qualifié d'electro-clash la percée de ces groupes new-yorkais gravitant autour de Murphy, de son acolyte de DFA Tim Goldsworthy (lire en ce sens les années 2000 : épisode 5 : la décennie du Cross-Over). Si le terme a disparu des radars, il explicite bien à lui seul la sensation ressentie à l'écoute en live de LCD Soundsystem : une déflagration mêlant l'enthousiasme de la dance music, l'énergie du Rock et la fureur du punk.

La scène du Théâtre Antique ressemble à un laboratoire de savants fous avec un empilement frénétique d'instruments, de percussions, de machines et de synthés. pas moins de 8 musiciens sur scène et cette volonté de reproduire en live avec des instruments analogiques et acoustiques toute la richesse d'une musique conçue de manière numérique... C'est certainement ce qui donne cette force, cette puissance, cette chaleur au son LCD Soundsystem.

Le groupe arrive sur scène avec la musique de Phil Collins, "one more night", ca fait plutôt sourire... Et ca commence fort avec Us v Them et sa progression constante jusqu'au climax, marque de fabrique du groupe et concept meme de la musique electro avec cet empilement successif de pistes... 


La force de frappe du groupe en live est vraiment monumentale. Dès le départ, les rythmiques électro donnent envie de danser, les synthés modulaires et analogiques rendent le son ultra contemporain. Pat Mahoney à la batterie donne la pulsation et le groove au groupe tandis que Al Doyle à la guitare rend le tout très nerveux avec cette façon très post punk d'étouffer les cordes en grattant un groove imparable...

Fourvière est en feu et se transforme en piste de danse géante. On a rarement vu une telle ambiance. Les classiques, On Repeat, You wanted a hit, Tribulations et le punk movement s'enchainent... On est parti loin...

La version surboostée du mythique et précurseur Losing my edge casse la baraque... Et dire que James Murphy nous avait prévenu au début du show qu'il était malade et qu'il ferait de son mieux... Le rappel est carrément jouissif avec l'enchainement divin Dance yourself Clean, New York i love you et la Best Song Ever All my Friends.

Qu'est ce que ca fait du bien un tel concert. On sort vidé et avec un gros smile sur nos faces... Trop content d'avoir recroisé la route d'un des groupes les plus importants des années 2000...

A lire également LCD Soundsystem au Bataclan et en Best Song Ever avec All my friends

 

mercredi 10 juillet 2024

Nick Mason's Saucerful of Secrets à l'Olympia (4/7/24)


 Ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de voir une légende, encore bien vivante, venir faire revivre en son une période cruciale de l'âge d'or du Rock avec l'authenticité et la véracité de ceux qui ont été les acteurs du moment... Nick Mason, le batteur de Pink Floyd, a eu la bonne idée de former il y a quelques années un groupe autour d'amis musiciens pour rejouer les titres des débuts du Floyd, période Syd Barrett...

Avec son Saucerful of Secrets, genre de all stars band avec à la basse Guy Pratt, au CV imposant (une très courte pige dans The Smiths, bassiste sur scène du Pink Floyd post Roger Waters...) et surtout à la guitare et au chant Gary Kemp (leader du groupe New Wave Spandau Ballet qui a eu son hit avec True dans les 80s). 


Rejouer les morceaux de Syd Barrett en live n'est pas un mince affaire et l'attente est donc forte. Ce sont des morceaux peu joués par Pink Floyd après le retrait du génie cramé et solitaire qu'était Syd Barrett. En quelques mois, le Floyd version Syd aura embrasé et mis en mouvement la face psychédélique du Rock naissant et influencé des centaines de groupes qui suivirent... Que le combo ait pu se réinventer par la suite, et de quelle manière, après l'abandon de son leader reste une prouesse incroyable...

Ca commence très fort avec Astronomy Domine, ce titre introductif du tout 1er album mythique du Floyd, The Piper at the gates of dawn. L'impression est forte, le son est puissant, les guitares aiguisées et virevoltantes. Les voix de Pratt et Kemp se marient parfaitement pour rendre le coté mystérieux et lunaire du morceau et de la voix de Syd....

Ca enchaine avec 2 autres titres légendaires : Arnold Layne et See Emily play. C'est merveilleux d'entendre ces chansons en live. Nick Mason prend souvent la parole et introduit Remember me, une rareté, l'une des toutes premières chansons écrite par Syd Barrett et qui sera jouée avec l'enregistrement de la voix de Syd... Très émouvant...


Le set défile et on prend un immense plaisir à entendre ces immenses morceaux et à voir les lumières et effets psyché, très réussis, venir approfondir l'univers des titres. La 1ere partie se termine par l'immense Set Control for the Heart of the Sun... que c'est beau...

La seconde partie sera vampirisée par une version épique de Echoes (bon ok on s'éloigne de la période Syd Barrett mais on va pas refuser ce plaisir...)... Morceau fabuleux, entendu pour la 1ere fois en live par mes oreilles subjuguées... Une claque monumentale. Cette chanson vous emporte dans un autre monde, c'est un voyage sidéral dont on ne revient pas intact...

Le concert se termine naturellement par A Saucerful of Secrets pour boucler la boucle... On mesure la chance que l'on a en 2024 de croiser la route de ces passeurs qui incarnent encore une époque révolue dont l'audace et les espoirs étaient les moteurs... Ca va nous fait bizarre lorsque toute cette génération ne sera plus des nôtres

A lire également dans la catégorie grands anciens indispensables : Roger Waters à Bercy, Bob Dylan au Grand Rex, Les Stones à Lyon ou Eric Clapton à Bercy...

vendredi 21 juin 2024

Bar Italia à la Cigale (20/6/24)


 La sensation hype de 2023, le trio londonien Bar Italia, était enfin de passage en France pour promouvoir les 2 excellents albums sortis l'année dernière (Tracey Denim et The Twits), l'occasion de vérifier si l'engouement de la blogosphère était vraiment justifié?

On a rarement vu une telle effervescence autour d'un groupe de rock indé. Il faut dire qu'en sortant 2 très bons disques à guitares à 6 mois d'intervalle, le trio a frappé fort. Magic a placé les 2 disques en tête de son top 2023 et les Inrocks ont également plébiscité. Que la presse écrite s'enflamme, rien de neuf mais lorsque Twitter et la blogosphère dégaine également c'est plus intriguant. D'autant plus qu'après plusieurs disques passés inaperçus (sorti sur le très recommandable label de Dean Blunt, World Music), Bar Italia a été signé par le fleuron indé US Matador. Une accélération de carrière...


Hype surgonflée, imposture, sauveurs du rock? Autant d'interrogations superflues qui nous encombrent l'esprit en rentrant dans la fosse d'une Cigale bien garnie mais pas sold-out... La vérité est certainement entre les 2. C'est très clairement réjouissant de découvrir un jeune groupe qui met en avant les guitares avec des mélodies souvent alambiquées, qu'on pourrait nommer typiquement rock indé, canal Velvet Underground, c'est à dire avec une certaine évidence travestie.

A minima la musique de Bar Italia est rafraichissante. Certains pourront la trouver un peu trop arty, un peu trop intellectuelle mais jamais prétentieuse à nos oreilles.  On notera la production très futée de Marta Salogni, une italienne pour le coup qui donne aux 2 disques ce son mystérieux et envoutant... 


Sur scène, Nina Cristante se place au centre, entre ses 2 compères guitaristes et chanteurs Sam Fenton et Jezmi Tarik Fehmi. Si Sam arbore le plus souvent une Stratocaster, son comparse oscillera entre Gbson Les Paul et Fender Jaguar, la guitare du rock expérimental par excellence.

Le set tournera beaucoup autour du dernier LP en date, The Twits, plus rock que Tracey Denim et qui sied bien à la scène. On sera en perpétuel balancement entre morceaux atmosphériques et plus rentre dedans. On sent que le groupe a un peu de mal à se lâcher au début mais se prend au jeu au fur et à mesure.

C'est plutot plaisant, Bar Italia a du potentiel et on suppose qu'une étincelle pourrait provoquer l'embrasement souhaité. On sent une marge de progression au niveau du chant, en prenant un peu plus confiance et en dépassant le coté nonchalant, typiquement rock indé, le combo pourrait surprendre et passer un cap... En explorant un peu plus encore leurs mélodies en choisissant des chemins de traverse, Bar Italia pourrait devenir irrésistible...

De belles promesses à transformer... A lire également dans le registre révélation rock : Malice K


vendredi 14 juin 2024

Matthew Halsall à la Cigale (12/6/24)


Changement d'ambiance complet par rapport à d'habitude avec le concert soyeux de Matthew Halsall à la Cigale. Concert d'obédience jazz oblige, la Cigale est en configuration places assises dans la fosse et on a la chance de se retrouver au 1er rang du balcon, pile en face de la scène.

J'ai découvert Matthew Halsall en 2020 avec l'album Salute to the Sun. Un disque lumineux et apaisant qui en pleine période covid amenait, littéralement, un rayon de soleil dans la pièce à son écoute. C'est à cette époque que Halsall s'est entouré de jeunes musiciens de sa ville de Manchester pour produire une musique élégiaque aux intersections du Jazz, de l'ambient et des musiques électroniques savantes (IDM).

On peut parler de musique spirituelle, tant cette quête semble irrémédiablement poursuivie par l'artiste. Adepte de la méditation transcendantale, grand fan de John Coltrane, Alice Coltrane ou encore Pharoah Sanders, Matthew Halsall essaie de fondre sa musique dans le moment présent et dans sa sérénité pleine consciente.


Sa musique n'est pas passeiste car imprégnée d'ambient et de samples. On y entend lemeilleur des productions Ninja Tune du début du siècle, ou les DJ émerites du label samplaient le jazz pour illuminer leurs beats et blips électroniques. On pense à Mr Scruff, à The Herbaliser ou à The Cinematic Orchestra. Et ce n'est pas un hasard si le groupe reprend en live un morceau de The Cinematic Orchestra...

Sur scène, en plus de Matthew Halsall à la trompette, on a droit à une harpe, un clavier, une batterie, des congas et un saxophone/flute traversière. Le rendu est d'une beauté émouvante. On ressent beaucoup d'apaisement, de compassion et de sérénité à l'écoute en Live de ces morceaux.

On aura droit à 2 sets d'une heure à peu près et donc à l'entracte que l'on ne voit plus que dans les concerts de Jazz. On aura pas vu le temps passé. Un délice de soirée, une dose d'optimisme et de beauté qui fait un bien fou. 

On ressort de la Cigale revigoré, apaisé et avec un sentiment de béatitude tellement précieux. La musique de Matthew Halsall devrait être prescrite par les médecins et remboursée par la sécurité sociale... D'utilité publique...

A lire également dans la veine jazz Erik Truffaz ou The Cinematic Orchestra en Best Song Ever

mardi 28 mai 2024

Eric Clapton à Bercy (27/5/24)


 La légende de la 6 cordes, Eric Clapton, était enfin de retour à Paris après près de 15 ans d'absence. Agé de 79 ans, le maestro n'avait plus fait de tournées depuis un bon moment et c'est avec excitation que l'on se dirige vers l'arena de Bercy pour enfin voir une idole de jeunesse, au moment où on commençait la guitare, il y a déjà bien longtemps...

Avec Jimi Hendrix, Joe Satriani, David Gilmour ou encor Stevie Ray Vaughan, Eric Clapton aura été une référence absolue de ces premières années de découverte du monde fantasmagorique de la 6 cordes... C'était donc indispensable, voire devenu vital de voir en concert God comme le disait les grafs sur les murs de Londres dans les années 60 (Clapton is God).


Bercy est en configuration assise et on n'est pas étonné de retrouver beaucoup de cheveux blancs et de crânes dégarnis, surtout vu le prix affolant des places... Mais bon, quand on aime on ne compte pas. Et c'est quand même une occasion unique, peut etre la dernière, de voir cette légende et ses doigts de fée parcourir avec grâce et insolence les manches de ses mythiques Fender Stratocaster.

La 1ere partie électrique du set verra Clapton jouer sur une Strat aux couleurs de la Palestine dans un superbe costume bleu foncé avec chemise blanche de circonstance. Ca commence de manière incroyable avec Blue Dust qui permet d'entrée au maitre de nous balancer des soli bluesy qui font décoller notre coeur. Oui Clapton est bien là devant nous et oui son jeu de guitare est toujours aussi magique. 

Slowhand enchainera les standards du Blues avec Key to the Highway et le cultissime I'm your hoochie Coochie Man de Muddy Waters avant d'entamer l'intro de Badge de Cream : une beauté intemporelle... On aura bien entendu droit à un set acoustique de 4 chansons qui rappellera tant de bons souvenirs tant on aura été bercé par le célébrissime Unplugged de 92. Nobody knows you where you're down and out et surtout Tears in Heaven nous feront presque verser une petite larme même si une arena comme Bercy se prête mal à l'exercice acoustique (l'écho sur la voix est dans ce contexte assez flagrant...).


La dernière partie électrique fera feu de tout bois, avec notamment les deux immanquables reprises de Robert Johnson (autre légende)  Little Queen of Spades et Crossroad Blues. Ce dernier titre représente certainement à lui seul la dévotion de Clapton au Blues qui aura façonné sa carrière, sa vie jusqu'à ce Bercy. Il faut d'ailleurs voir le fantastique documentaire Nothing but the Blues de Martin Scorsese, tellement éloquent...

Le concert se termine par le tube de JJ Cale Cocaine avant un rappel final avec Before you accuse me, autre classique du Blues (Bo Diddley). Quelle soirée. Le groupe autour du maitre est excellent et chacun a droit à sa part de solo façon boeuf jazz. Voir le maitre enflammer ses Srat avec son jeu si caractéristique et qui a l'air tellement facile fut un bonheur incomparable... Une soirée qu'on aurait aimé interminable...

A lire également Robet Johnson (Crossroad Blues) ou Joe Satriani à l'Olympia.

mercredi 22 mai 2024

Malice K au Hasard Ludique (21/5/24)


 Le Rock renait de ses cendres de manière assez cyclique, se cherchant à chaque fois un nouveau prophète. Après Kurt Cobain au début ds 90s et les Strokes/White Stripes au début du millénaire, on attend toujours le retour du Phénix... 

La vague post covid de groupes à guitares venus du Royaume Uni et gravitant autour du réalisateur Dan Carey (Wet Leg, Fontaines DC, Squid...) pouvait elle rester sans réponse des US? Et si le jeune Malice K annonçait les prémisses de ce renouveau américain? Le passage de son groupe au Hasard Ludique était une occasion de le vérifier...


On a toujours envie de voir ce que l'on croit et c'est certainement une trop grosse pression sur les épaules d'un jeune adulte que de parler de lui en faisant référence à d'illustres artistes dont le passage éclair hante encore nos vies... 

Mais oui, à l'écoute de nombreuses chansons de Malice K, Alex Konschuh de son vrai nom, on ne peut que penser au phrasé et au charme de la voix d'Elliot Smith. pour s'en convaincre il suffit d'écouter son tout dernier single, The Old House, magnifique ballade mélancolique qu'on croirait extraite d'un album posthume de Monsieur Smith... Cette chanson, Malice K la livrera en acoustique à la fin du set, tout comme l'autre bijou Radio, Face B ou AA du 45T imaginaire formé du combo digital sorti le même jour il y a une semaine... 


Le reste du concert, Malice K aura été entouré d'un groupe rôdé, un batteur, deux guitaristes et un bassiste avec une imposante Rickenbacker. C'est vraiment pro à l'américaine, on part en tournée outre Atlantique en évitant le DIY et ses approximations charmantes... Le concert oscille entre ballades ultra efficaces et chansons assez énervées entre rockab sous acide (vraiment intéressant) et punk cradingue ou la voix de Malice K part dans des cris de chats égorgés façon Cobain justement... Mais on enlèvera un peu de pression sur les épaules du groupe en précisant qu'on entend plus la façon d'hurler de The Vines (autre groupe en The de la vague retour du rock au début du millénaire et autre figure de proue, Craig Nicholls, trop hâtivement comparé à Kurt).

Malice K a un vrai charisme et une aura naissante totalement attachante. Le concert fut un régal, un shot d'adrénaline ultra fort mais hyper court... 40 minutes de concert dont le mini set acoustique pour finir... C'est peu mais pouvait-on attendre plus d'un artiste qui n'a sorti à ce jour que deux Eps et quelques singles? Il faudra attendre la fin aout et la sortie de son 1er album, Avanti, sur le prestigieux label new yorkais Jagjaguwar.

A suivre de très près!

A lire également le retour du Rock dans les années 2000 le retour du Rock dans les années 2000 et la nouvelle vague UK Wet LegWet Leg, Fontaines DC...

dimanche 14 avril 2024

The Jesus and Mary Chain à l'Elysée Montmartre (13/4/24)


 Que le printemps parisien est doux, malgré les intempéries.... En l'espace de quelques semaines on a la chance de voir se succéder des monuments ; Les Pixies, Liam Gallagher & John Squire et maintenant les fondateurs de la noisy pop, les immenses The Jesus and Mary Chain...

40 ans de carrière et un tout nouvel album, le 8ième, très inspiré qui donne l'occasion au groupe des frères Reid de reprendre la route et de faire un passage à l'Elysée Montmartre, forcément sold out...

Le show commence fort avec Jamcod, un nouveau brulot ou Jim Reid proclame l'overdose de Mary Chain. Ne t'inquiète pas Jim, on en aura jamais assez de cette noirceur chaude, j'oserai meme dire réconfortante, dont les écossais nous abreuvent depuis leurs débuts...


Le Hit, "Happy when it rains" (véritable profession de foi) suit et exalte la foule. Comme lors des 3 soirs des Pixies à l'Olympia, Head on, que les lutins reprenaient dejà en 91 sur Tompe le monde, 2 ans seulement après la sortie du single par les Mary Chain, donne le ton. La boucle est bouclée.

Très vite, Jim nous dit qu'il lutte un peu au niveau du chant, la faute à un mal de gorge persistant, mais il explique qu'il ne veut pas prendre cela comme excuse. A part sur certains titres, ou on sent qu'il a du mal à pousser, Jim s'en sort plutot bien et assure une prestation honnête en donnant tout ce qu'il a.

Les morceaux du nouvel opus, Glasgow Eyes, enregistré dans le studio de Mogwai, fonctionnent très bien au milieu des classiques du groupe. Chemical Animal et le tube The Eagles and the Beatles font fort impression.


Après un petit creux, le concert redécolle littéralement avec Some Candy Talking et ses montées Tom/Caisse Claire avec le "Talk" lançant la guitare fuzz démoniaque de William... une extase... le noisy In a hole et la pépite Sidewalking enfoncent le clou. Les Mary Chain sont partis et ca déroule... Blues from a Gun asphyxie tout le monde. Venal Joy et I love Rock n roll terminent la mission... Avant le final Just like Honey, morceau mythique...

4 titres en rappel dont les classiques Darklands et Never Understand me...

Une master class du cool et de l'attitude punk... Indémodables et éternels les frères Reid.

A lire également les Mary Chain rejouant leur chef d'oeuvre Psychocandy ou en Best Song Ever ou encore leurs descendance Oasis, Black Rebel Motocycle Club, Primal Scream

jeudi 4 avril 2024

Liam Gallagher et John Squire à la Salle Pleyel (2/4/24)

 

La réunion de 2 légendes n'accouche pas toujours de grands exploits mais la venue à Paris à la salle Pleyel de Liam Gallagher (Oasis) et John Squire (Stone Roses) nous faisait saliver depuis de longues semaines...

On ne présente plus Liam Gallagher qui, après une période de vache maigre avec Beady Eye au début de la décennie précédente, s'est parfaitement relancé avec 3 albums solo de bonne tenue et surtout des prestations live toujours aussi intenses. John Squire, l'un des meilleurs guitaristes du Royaume Uni depuis le 1er album mythique des Stones Roses et son jeu de guitare inventif et ludique à nul autre pareil, aura été bien discret ces dernières années, mis à part la reformation des Roses et 2 singles pas très emballants il faut dire...


Mais le talent ne meurt jamais. Après la pige de Squire à Knebworth en 2022 sur Champagne Supernova lors des 2 soirées de prestige de Liam en solo, les 2 acolytes se sont dits qu'ils feraient bien de la musique ensemble... Inspiré par la voix et la présence animale du benjamin des frères Gallagher, John Squire a écrit 10 chansons, socle d'un album qu'on pourrait qualifier de rock psychédélique...

Après un bon set de Jake Bugg solo acoustique, meme si sa voix nasillarde peut lasser  à la longue, le groupe entre en scène à 21h15. Un batteur, un bassiste et un gars aux synthés en seuls support de la guitare de John et de la voix de Liam permet de bien mettre en valeur nos 2 super héros. Le combo sonne vraiment seventies. La basse est ronde et ondulante, la batterie en roue libre et les synthés chauds et au diapason... Ca laisse de la place à l'inspiration de John qui n'hésite pas à prendre la place et à rallonger les superbes solos de l'album...


Quelle sensation inoubliable de voir de la fosse à gauche Liam, en forme, donnant toute la puissance et la chaleur de sa voix si reconnaissable et à notre droite, John, ses Stratocasters rutilantes et son touché magique qui nous émerveille. On est fasciné par les 2 hommes. A nos oreilles, le mariage est réussi... Il y aura .eu un creux au milieu du show avec les 2 titres les moins convaincants de l'album mais pour le reste on est conquis.

Just another Rainbow, One Day at a time et I'm a wheel, bluesy à souhait avec un solo largement augmenté... un début de concert parfait... Après le creux, John enfourche, une fois n'est pas coutume, une Les Paul et le riff I'm so bored relance la machine que viennent faire exploser Mars to Liverpool et Raise your Hands, leur hymne...

En guise de rappel une charmante reprise du Jumping Jack Flash des Stones et le tour est joué... Une heure de concert, c'est peu mais ils ont joué tout ce qu'ils avaient en stock... Court mais intense... On signe déjà pour voir la suite...

A lire également le retour de Liam celui des Stone Roses et le dernier concert parisien de Noel...

vendredi 29 mars 2024

Pixies à l'Olympia (25&26&27/3/24)


Les Pixies étaient de passage pour un tryptique monumental à l'Olympia et sans hésitation il nous fallait faire l'expérience complète des ces 3 jours consécutifs dans cette enceinte mythique du boulevard des Capucines.

Après avoir célébré les 20 ans de Doolittle en 2009 au Zenith et les 30 ans de Come on Pilgrim/Surfer Rosa à Londres en 2018, les Pixies ont décidé de faire une grand tournée mondiale pour rejouer en intégralité leurs 3ieme et 4ième LP : Bossa Nova (90) et Trompe le Monde (91).

Ces 2 albums un peu mal aimés par les fans, en comparaison des cultissimes et indépassables premiers disques méritaient bien une réhabilitation en bonne et due forme. Après le succès d'estime et critique de Doolittle, Frank Black avait clairement l'intention de sortir, avec Bossa Nova, un disque plus pop et plus à même de propulser son groupe sur la voie du succès. Le succès fut relatif . L'ouverture d'esprit et la diversité de styles abordés sur Bossa Nova rendait l'album plus difficile à appréhender et moins évident, car perçu comme moins cohérent que Surfer Rosa ou Doolittle. 


Trompe le Monde, l'ultime disque des Pixies avant une séparation rendue inévitable de par les tensions au sein du groupe entre Black et Kim Deal, est clairement un album influencé par le Heavy Metal et rempli d'une rage profonde et d'une colère liée aux frustrations d'un avenir qui semblait bouché pour les Pixies... Sorti en même temps que Nevermind en septembre 91, Trompe le Monde n'aura pas le même succès et Frank Black annoncera la fin du groupe à ses acolytes par fax... Classe... Avant que Kurt Cobain ne répéte à l'envi qu'il avait tout piqué aux Pixies, rendant par la même le groupe ultra culte... Il fallut attendre la reformation de 2004 pour que les Pixies profitent enfin d'un succès auquel ils étaient destinés à l'époque...

Pris à part, Bossa Nova et Trompe le Monde sont deux excellents disques, remplis de chansons fortes et iconoclastes que tout groupe à guitares rêverait d'enregistrer... Réétendre ces albums en live dans leur intégralité fut une délectation, presque une redécouverte. 

Ce qui ressort à chaque prestation des Pixies, c'est cette formidable capacité à rendre intacte l'intensité et l'énergie de ces chansons vieilles de plus de 30 ans. La voix de Frank Black n'a pas beaucoup bougé et il réussit encore à exploser en criant comme un chat égorgé... C'est stupéfiant. Le reste du groupe est au diapason et la nouvelle bassiste (Emma Richardson remplace Paz Lenchantin après 10 ans dans le groupe) au timbre de voix là encore proche de celui de Kim Deal, s'est rapidement fondu ans le décor.

On dira sans cesse tout le bien que l'on pense de Joey Santiago, guitariste hors pair dont les arrangements mélodiques donnent le ton et font la marque Pixies (le meilleur exemple est la mélodie de Where is my mind que tout le monde retient en 1er). Le son est tout bonnement excellent, la guitare rythmique de Frank Black, souvent noyée dans le mix, est ici parfaitement audible. Comme à son habitude, le combo enchaine les titres sans s'arrêter. 


La diversité de mood de Bossa Nova rend la 1ere partie du concert envoutante. En live toutes ces chansons sonnent du tonnerre et prennent encore plus de profondeur. Les contrastes sont marqués, l'éclectisme nous ravit et nous emporte. l'enchainement Rock Music, My Velouria, Allison, Is she weird (oui elle est vraiment bizarre cette chanson), Ana, All over the world est chaque soir un pur régal... On passe par tellement d'ambiances différentes, avec une parfaite interprétation des sentiments multiples induits par ces chansons...

Trompe le Monde remet les pendules à l'heure et c'est dans une rage contrôlée mais libératrice que les Pixies envoient les spectateurs au 7ième ciel avec un bon vieux coup de pied dans cul... La rage de Planet of Sounds, Alec Eiffel, the sad punk donne des frissons. Chaque soir, la reprise de Jesus and Mary Chain, Head on est une déflagration qui embrase la salle... U Mass derrière achève tout le monde...

Les rappels seront différents chaque soir malgré la base de départ constituée d'une nouvelle chanson, Vegas Suite, et Waves of Mutilation en version surf rock. Where is my mind et Here comes your Man lundi et mercredi, Nimrod's son, Hey et Caribou le mardi...

Voir les Pixies 3 soirs de suite dans cette salle mythique revient presque à une expérience chamanique avec ses rituels, ses répétitions et ses subtiles variations... L'énergie dégagée par le groupe et rendue par le public nous portera pendant un moment... C'est définitivement le pouvoir de la musique et de son expérience collective en concert.... On touche là au spirituel dans sa plus belle expression...

On redemande déjà...

On allait presque oublier de parler de la première partie, The Pale White, groupe de Newcastle, dont le rock à la fois tendu et psychédélique avec de belles mélodies aura été une très bonne introduction au quatuor magique...

A lire également Doolitlle 20 ans au Zenith ou les Pixies à l'Olympia en 2023... ou en best Song Ever avec Where is my mind...

samedi 9 mars 2024

AIR à l'Olympia (7/3/24)


 Le mythique duo versaillais de la French Touch, AIR, a créé un réèl engouement en annonçant il y a quelques semaines leur réunion pour célébrer les 25 ans de leur 1er album, Moon Safari. Les places pour ce concert à l'Olympia sont parties en quelques minutes... Et il en fut de meme pour la majeure partie des dates de la tournée, dont une vingtaine aux Etats-Unis.

Il faut dire qu'à la fin du siècle dernier, une poignée de groupes electro français ont conquis le monde avec ce mouvement, hétérogène, consacré French Touch et regroupant AIR, Daft Punk, Laurent Garnier, Cassius, Etienne de Crécy ou encore Alex Gopher... La plupart de ces groupes venant de Versailles d'ailleurs...

Avec Moon Safari, AIR se distinguait de ses pairs par un retour au son vintage seventies des synthés (Fender Rhodes, Moog) l'omniprésence d'une basse groovy et de quelques guitares, le tout avec une approche électro touche à tout conférant à l'ensemble un son retro-futuriste qui aujourd'hui encore épate...

 La scénographie est particulièrement soignée avec une sorte de capsule futuriste ressemblant à un vaisseau spatial, prêt à s'envoler pour ce safari lunaire que le public attend avec ferveur. Dans la fosse, on est étonné de voir, en plus des visages fanés par le temps des 1er fans, beaucoup de jeunes gens et surtout beaucoup de femmes.


Le groupe, tout de blanc vétu, monte sur scène en version trio, avec un batteur en plus de Jean-Benoit Dunckel et Nicolas Godin et va jouer en intégralité et dans l'ordre les 10 morceaux de Moon Safari. Et dès le départ, le voyage décolle dans l'hyper-espace avec les titres majeurs que sont La femme d'Argent, Sexy Boy, All I need et Kelly watch the Stars... 4 titres que AIR jouait en rappel pendant leur tournée précédente en 2016/2017....

Pas facile d'enchaîner après ce tumulte initial, mais l'album est tellement cohérent et solide que le reste des morceaux coule de source. Cette musique n'a pas pris une ride et la sensualité qu'elle dégageait à l'époque est toujours aussi présente. C'est assez flagrant et enthousiasmant de voir les good vibes qui se répandent dans le public... En trio, les morceaux prennent une nouvelle dimension. Oscillant entre son de drum electro et batterie acoustique, le batteur impulse une réelle dynamique et du liant avec un jeu assez libre ponctué de quelques fill-in bien sentis. Les voix sont chantées  par JB Dunckel et Nicolas Godin et filtrées par le célèbre vocoder, ce qui renforce le caractère science fiction de leur oeuvre.

Les 5O minutes du set passent à la vitesse grand V et le groupe se retire de scène avant de revenir pour un long rappel Best-of du plus bel effet. 5 titres de Talkie Walkie, dont on fete les 20 ans cette année, seront joués dont les merveilles Cherry Blossom Girl, Run ou Surfin on a Rocket. On aura droit à une belle version instrumentale de Playground Love (issu de la sublime BO de Virgin Suicides, le 1er film de Sofia Coppola).

Rappel final avec le magnifique Alone in Kyoto et le prog rock psyche de Electric Performers...

Une soirée merveilleuse, loin de toute nostalgie tant le son de Moon Safari semble, encore aujourd'hui, hors du temps...

A lire également Air en Best Song Ever ou le rôle de AIR dans les années 2000.


mardi 30 janvier 2024

Erik Truffaz à l'Orangerie de la Botanique (27/1/24)



La magnifique salle de l'Orangerie à la Botanique de Bruxelles accueillait le trompettiste Erik Truffaz et son nouveau quintette. Une soirée qui ne se refuse pas...

Erik Truffaz a toujours été habité d'une farouche volonté de repousser les limites du Jazz, en incorporant d'autres styles musicaux. On se souvient du séminal album, The Dawn, sorti en 98 qui mélait jazz, rythmique drum 'n bass et hip hop dans un esprit aventureux du plus bel effet. L'année suivante, Bending new corners enfonçait le clou et mettait Truffaz aux avant postes d'un son electro jazz qui explosa commercialement aux détours des années 2000 avec des artistes comme Saint Germain ou Bugge Wesseltoft.

En 2023, Erik Truffaz a sorti 2 disques, Clap! et Rollin' qui voient l'artiste et son quintette revisiter à leur sauce quelques standards des musiques de films des années 60 à 80. Les thèmes sont librement réinterprétés et enrichis. Et c'est dans le cadre de la tournée de promotion de ses 2 disques que le groupe se présente à la mythique salle de l'Orangerie.



Le fidèle compagnon de presque 30 ans de Truffaz, l'excellent bassiste Marcello Giuliani est toujours là mais le reste du band est nouveau. L'ambiance dans la salle est détendue. La musique de Truffaz a toujours été très cinématographique dans le sens où les ambiances et les émotions se succèdent avec brio et de manière assez naturelle. C'es presque une évidence de le voir explorer ce genre musical des Bandes Originales de film.

L'omniprésence du Fender Rhodes conjuguée aux saillies bien senties de la guitare nous font penser au groupe de Miles Davis de 1970 au sein duquel officiait Keith Jarrett au meme Fender Rhodes (qu'il détestait et ne pratiquait que sur l'insistance du grand Miles) et John McLaughlin à la gratte. Le tout fut immortalisé sur disque avec les Cellar Door Sessions (indispensable).



Encore une fois le batteur nous fascine, c'est tellement beau de voir jouer un excellent jazz drummer, ca ressemble à une chorégraphie exécutée avec grâce. Le groupe est en osmose et on les sent heureux de se produire dans cette belle salle. On reconnait le thème d'Amicalement Votre, de Belle et Sébastien ou encore un thème du maitre Ennio Morricone... 

Durant le show on passe vraiment par divers états émotionnels mais à chaque fois avec douceur et chaleur. Une soirée exquise!

A lire également le role de l'electro jazz dans les années 2000.

jeudi 18 janvier 2024

Trunks et Michel Cloup à la Maroquinerie (17/1/24)

 Voilà une année 2024 qui commence de la meilleure des manières avec une soirée indé comme on les adore avec une double affiche affolante : Trunks et Michel Cloup. 

Après de longues années d'absence, les rennais de Trunks viennent présenter leur tout nouvel opus, We Dust. Ce collectif, où officie une artiste que l'on adore en ces pages, Laetitia Sheriff à la basse et au chant, est vraiment unique. Leur son est un mélange harmonieux de rock alternatif aux guitares acérées à un savant swing jazz rond et exaltant.


La section rythmique a un groove d'enfer avec une basse ondulante et une batterie jazzy tout en finesse et en expressivité subtile. Le batteur Régis Boulard nous a vraiment scotché, Les guitares oscillent entre apesanteur et tensions schizophrènes. L'apport du saxophone de Daniel Paboeuf apporte une vraie couleur unique à l'ensemble. On se croirait par moments dans un épisode du Twin Peaks de David Lynch. Etrange, surréaliste et réconfortant à la fois...

Le nouveau disque aura été joué dans son intégralité et on aura pas vu passer cette heure avec un groupe dont la grande complicité saute aux yeux... C'est beau... On aimerait les revoir très vite sur scène...


Après ce merveilleux ce concert c'est au tour de Michel Cloup de monter sur scène, en formule trio pour défendre son 1er album sous le nom de Michel Cloup, Backflip au dessus du chaos... On a dejà beaucoup écrit sur Michel Cloup en ces pages où on le considère comme l'une des légendes du rock alternatif en France, au même titre que son comparse Pascal Bouaziz (notre héraut 2023)... 

2 monuments qui s'ignorent comme tels et c'est ce qui fait toute leur force et leur charme... D'ailleurs leur réunion en 2021 pour le projet à la ligne reste encore dans nos mémoires (concert de l'année 2021). A la Maroquinerie hier soir, ce fut une nouvelle fois un régal. Le meilleur du rock indé à guitares combiné à une rythmique inventive à la limite de la dance music (non ce n'est pas un gros mot), c'est imparable... Des textes qui ont un sens et frappent en plein coeur... Monumental encore une fois

Une soirée réjouissante qui nous fait dire que peut etre, 2024 ne sera si mal...

A lire également Michel Cloup à Petit Bain et avec Pascal Bouaziz et Laetitia Sherrif dans notre Top 2020.

samedi 30 décembre 2023

Best of 2023 : le classement MRM des 10 meilleurs concerts


 Rien ne remplacera jamais les sensations procurées par la musique live jouées par des artistes bien humains... Ce sera au moins une place que l'IA ne prendra pas... En 2023, on aura, bien heureusement, eu droit à notre lot de grands moments en concert.

A commencer par les exceptionnels Young Fathers. Chacune des 3 prestations des écossais vues en 2023 à l'Elysée Montmartre, à la Route du Rick et à Rock en Seine furent incroyables... Ils ont une telle générosité sur scène, une telle intensité que leurs shows se transforment en grand messe chamanique...

Le Boss, lui non plus, n'a rien perdu de sa puissance et de sa force rassembleuse. 3 heures de concerts fédérateurs dans une Defense Arena acquise à sa cause et avec un E-Street Band impressionnant.

Les Pixies ont enflammé l'Olympia en plein blocage de la place de la Concorde au moment de la réforme des retraites tandis Cypress Hill a merveilleusement fêté les 30 ans de Black Sunday en débarquant sur la Grande Scène de Rock en Seine au pied levé, en remplacement de Florence and the Machine.

Sorry a défendu de mains de maitre sur la scène de Petit  Bain et à la Route du Rock son opus #1 de notre TOP 2022. Les #1de notre Top albums 2023, Bruit Noir ont plongé Petit Bain dans une réjouissante euphorie languissante tandis que le Pere Noel s'est rappelé à nos vieux souvenirs au Zenith.

Contre toute attente, Morrissey a effectué en retour en grâce à la Salle Pleyel, tandis que les Chemical Brothers ont rappelé à Rock En Seine que leur techno puissante et planante à la fois à peu d'égale. Enfin, Yo la Tengo à la Cigale/Route du Rock et Bdrmm au Point Ephèmère ont défendu une certaine idée de la déferlante guitares chère à nos oreilles.


MRM TOP 10 CONCERTS 2023 :

1. Young Fathers à l'Elysee Montmartre/la Route du Rock/ Rock en Seine

2. Bruce Springsteen à la Defense Arena

3. Pixies à l'Olympia

4. Cypress Hill à Rock en Seine

5. Sorry à Petit Bain/Route du Rock

6. Bruit Noir à Petit Bain

7. Noel Gallagher au Zenith

8. Morrissey à la Salle Pleyel

9. Chemical Brothers à Rock en Seine

10. Yo la Tengo à la Cigale/Route du Rock

10. Bdrmm au Point Ephémère


A lire également le TOP 10 Albums 2023

dimanche 17 décembre 2023

Best of 2023 : le classement MRM des 10 meilleurs albums


L'année 2023 se termine et le temps des bilans ressurgit, comme à chaque fois... Vu le contexte international, on ne peut pas dire qu'on ne soit pas content que cette année touche à sa fin... Guerre en Ukraine qui continue, guerre au proche Orient, massacres, tueries, année la plus chaude (ou presque) depuis des décennies, inflation, montée des extrémismes... 

Et dans ce contexte, heureusement que nous avons la musique pour nous aider, nous soulager, panser nos plaies, nous émerveiller, nous faire réfléchir et faire battre nos coeurs chaque jour... Cette année le trio de tête a été très difficile à départager... 

Mais au final c'est le 3ième album de Bruit Noir, qui, comme une évidence, trone au sommet des notre top 10 2023... IV/III (le III était trop bon ils l'ont gardé pour eux ;-)..) est encore plus radical, plus sombre et plus libéré que son prédécesseur... Pour nous aider à passer l'année, il fallait bien que Pascal Bouaziz et Jean-Michel Pirès se surpassent... Quand je ne vais pas bien, j'écoute Bruit Noir, ca me réconforte... Un disque d'intérêt public...

Les vétérans de Yo La Tengo démontrent une fois de plus qu'il est possible de vieillir en continuant à surprendre et à innover... Entre noise, ambient dub rock et pop, le trio new yorkais réalise une véritable démonstration... Brillant...

Les écossais de Young Fathers sont eux aussi indispensables. Quel talent, quelle audace! Ils sont inclassables et totalement chamaniques... Et quelle claque monumentale en live (on en reparlera avec le TOP Concerts 2023).

Le Père Noel Gallagher, revient des expérimentations lourdingues et sort un beau disque de pop, aux arrangement encore une fois classieux... le leader des Fontaines DC, Grian Chatten, nous prend au dépourvu avec un disque solo de toute beauté, aidé par l'excellent producteur Dan Carey. 

Depeche Mode qui sort un très bon disque, en 2023, plus de quarante ans après Speak and Spell, c'est inespéré.  Après un disque d'obédience Motown, Miles Kane sort cette année un LP de rock pop comme seuls les anglais savent en sortir, c'est réjouissant et hautement addictif en ces temps de crise.

Blonde Redhead nous recouvre, encore une fois, de toute sa classe avec cette injonction irrésistible "Sit down for Dinner". Bdrmm a sorti l'album sonique de l'année, un régal, tandis que Trunks nous a émerveillé avec un disque de rock indé magnifique réalisé de mains de maitre par Thomas Poli... Wilco continue sa route et nous embarque à chaque fois? Blur enfin nous a ému avec un Ballad of Darren empreint de la patine du temps et des pertes qu'elle induit...

MRM TOP 10 ALBUMS 2023:

1. Bruit Noir : IV/III (Ici d'ailleurs)

2. Yo la Tengo : This stupid world (Matador)

3. Young Fathers : Heavy Heavy (Ninja Tune)

4. Noel Gallagher : Council Skies (Sour Mash)

5. Grian Chatten : Chaos for the Fly (Partisan)

6. Depeche Mode : Memento Mori (Mute)

7. Miles Kane : One Man Band (Modern Sky UK)

8. Blonde Redhead : Sit Down for Dinner (Section 1)

9. Bdrmm : I don't know (Rock Action)

10. Trunks : We Dust (II Monstro)

10. Wilco : Cousin (dbpm)

10. Blur : the Ballad of Darren (Parlophone).


Pas loin du TOP 10 : Farrago, En Attendant Ana, Geese, Slowdive, Feist, The Coral...


MRM Best Tracks 2023

Bruit Noir : Calme ta joie

Blur : The Narcissist

Yo La Tengo : Sinatra Drive Breakdown


A lire également le TOP 2022 et le TOP Concerts 2023

lundi 4 décembre 2023

Blonde Redhead à la Cigale (28/11/23)


 


Déjà 6 ans que l'on avait plus de nouvelle de Blonde Redhead. Quelle joie de les revoir sur la scène de la Cigale dans le cadre de la tournée de leur 10ième album "Sit down for Dinner".

Le trio new-yorkais est toujours aussi classe. Son nouvel album est un régal de pop classieuse. Son précédent disque, Barragan, paru en 2014 avait surpris par son dépouillement et son caractère éthéré, Sit Down for Dinner reste dans le prolongement avec une volonté d'épure manifeste même si les arrangements sont plus nombreux et peut être encore plus appropriés.

C'est certainement un album pop dans le sens ou le mélodies sont reines et emportent l'auditeur dans une mélancolie rêveuse du plus bel effet.... Il y a de la simplicité et de la subtilité dans ces chansons.

Le début du set tourne autour de Misery is a Butterfly avec pas moins de 3 titres sur les 4 premiers joués (Falling Man, Doll is Mine, Elephant Woman). Ce départ très sonique, dans la pure veine du Blonde Redhead des années 2000, entre dream pop et psyché envoutant, ravit forcément les nombreux fans présents dans une Cigale sold out depuis des semaines


En cela, le morceau introductif du dernier LP, Snowman, est une parfaite transition entre les 2 époques, suffisamment riche soniquement et épuré en terme de texture sonore pour raccrocher les wagons. Les merveilles Melody Experiment (ce titre résume, littéralement, à lui seul la quête incessante de Blonde Redhead) et surtout Sit Down for Dinner part 1 et part 2 permettent à Kazu Makino de déployer tous les charmes du nouveau Blonde Redhead... Elegance, volupté et réconfort... La grande classe...

Les deux classiques que sont 23 et Spring and by Summer Fall continuent d'embraser la salle avant que Rest of Her Life ne vienne clore de toute beauté un set magnifique... En rappel, Not for Me et Kiss Her, Kiss Her du dernier album viendront fermer le ban, laissant le trio ému sur scène devant les applaudissements reconnaissant d'un public sachant sa chance d'avoir partagé un tel moment de grâce avec ce groupe si précieux.

A lire également Blonde Redhead au Trianon et à Rock en Seine.

mercredi 15 novembre 2023

Noel Gallagher au Zenith (11/11/23)


 Le Commander in Chief n'était plus venu en France depuis 2018, une éternité. Les parisiens furent gâtés cette année là avec 3 dates, 2 Olympia et 1 Lollapalooza pour promouvoir son si décrié 3ième album : Who built the Moon ?

Ce 3ième effort solo partait d'un volonté, louable, de se renouveler et de sortir de sa zone de confort. Conçu en partie à partir de la basse, le disque manquait des mélodies imparables auxquels le sieur Gallagher nous avait habitué au fil des années... On aura largement préféré les 3 EPs, d'obédience dance music qui suivirent juste avant la pandémie.  Les meilleurs titres illuminant d'ailleurs le disque 2 du Best of sorti en 2021 (avec les 2 très bon inédits We're on our Way Now et surtout Flying on the Ground, pop song ultime et aérienne presque Motown dans l'esprit...).


Le nouveau LP, Council Skies, renoue lui avec les guitares et un songwriting plus conventionnel et recèle de pépites mélancoliques comme Dead to the World (piano, guitare, voix, cordes) ou Trying to find a world that's been and gone, chanson post pandémie cathartique... Et bien sûr les singles efficaces comme Easy Now (le décollage du refrain est sublime) ou Council Skies ou Pretty Boy... La fin de l'album est plus anecdotique...

Dans un Zenith bien rempli, les High Flying Birds qui voient le retour auprès du chef de 2 anciens Oasis (Gem Archer et Chris Sharrock) démarrent avec des chansons de Council Skies dans une ambiance qu'on qualifiera de bienveillante à défaut d'un enthousiasme débordant. Pourtant ca déroule, le boss est en voix, les 3 choristes apportent un vrai truc sur certaines chansons. Les singles fonctionnent bien en live : Pretty Boy, Council Skies (même si les arpèges magiques de Johnny Marr  sur disque sont joués par Gem et sont peu audibles) et surtout Easy Now.


Noel jouera ensuite 2 titres de Chasing Yesterday pas parmi les meilleurs avant de finir son set solo avec les claissiques If i had a gun (qui aurait pu etre un single d'Oasis), AKA what a life et son synthé acid house/dance années 90 et le sublime et dépouillé Dead in the Water.

Deux tiers de titres solo et un tiers de chansons d'Oasis... Nombreux sont les fans déçus de ne pas entendre plus du groupe mythique... Le temps a passé et Noel Gallagher, fait le choix de privilégier son passé récent et il a tout a fait raison. Le choix de faces B plutôt que des hits singles d'Oasis est intéressant et risqué... Going Nowhere (face B de Stand by Me), The Masterplan (face B de Wonderwall) et Half the world away (Face B de Whatever) sont devenus des classiques du groupe... Noel va meme plus loin et réarrange la plupart des titres joués. On retiendra notamment cette version épurée et sublime de Live Forever

Il y a certainement aussi la volonté de se démarquer de son frère Liam, qui lui livre depuis 2017 et le début de sa belle carrière solo, des versions plus proches des disques d'Oasis...

Au final, on aura passé un super moment, certainement moins extatique qu'avec son frère mais après tout c'est bien cette différence et cette complémentarité qui faisait la force du duo à l'époque bénie d'Oasis...

A lire également Noel Gallagher au Grand Rex et au Casino de Paris, Liam en concert ou le cas Oasis...

lundi 6 novembre 2023

Bdrmm au Point Ephémère (3/11/23)


 Les jeunes anglais de Bdrmm (prononcé Bedroom) sont venus deféndre au Point Ephémère la sortie de leur excellent second album "I don't know". Le concert dans la petite salle indé parisienne affiche complet depuis juillet, c'est dire l'engouement pour les 4 anglais du nord.

Leur 1er effort sorti en 2020 avait grandement attiré notre attention. Entre Dream pop et Shoegaze, Bedroom (le LP) remettait en lumière une vision sonique de la pop que l'on adore en ces pages. Le nouvel album vient affirmer cette première assertion mais en glissant ça et là des ambiances ambient et electro qui élargissent la palette des sensations provoquées par le combo.

Le changement de label, de Sonic Cathedral à Rock Action, le label des écossais de Mogwai n'y est peut etre pas pour rien... Bdrmm a d'ailleurs accompagné Mogwai en concert l'an dernier et on avait pu donc les découvrir sur la scène de la Salle Pleyel, certainement encore un peu grande pour eux (son mal maitrisé et voix perdues dans le mixage).


Au Point Ephémère, c'est une tout autre histoire. Le son est remarquable, les voix ressortent et renforcent ce coté aérien que les guitares (Joe Wickers, Ryan Smith) soit suivent, soit fracassent dans un déluge de distorsion reverbérée... C'est un régal... Et que dire de la basse de l'émouvant Jordan Smith, qui swingue et ondule à merveille, donnant beaucoup de groove aux morceaux... La batterie de Conor Murray n'est pas en reste dans un style Shoegaze old style approprié.

Des titres comme Alps, Just a bit of Blood ou We Fall apart sont déjà des classiques... Les géniaux Push/Pull, Gush ou encore Happy du 1er album ne sont pas en reste... Quel plaisir de retrouver ce mur du son, ces guitares soniques frondeuses, ces chants éthérés... On part loin et on voudrait que le concert ne s'arrête jamais...

A lire également Ride, My Bloody Valentine, Slowdive, Beach House, Diiv, Deerhunter...

jeudi 26 octobre 2023

Bruit Noir à Petit Bain (25/10/23)


Encore un album pour que dalle, encore un concert pour rien... La Release party du 3ieme album de Bruit Noir à Petit Bain était bien évidement l'évènement de ce début d'automne... 

IV/III, l'album de trop, vraiment? L'album qu'il faut plutot... Nécessaire, vital, indispensable... en ces temps de merde où depuis 3 ans les crises les plus affreuses succèdent aux crises les plus merdiques dans un emballement temporel qui nous replace en permanence au centre de la lessiveuse... Période atroce que seule l'art peut transcender...


Quand je vais moins bien, j'écoute Bruit Noir, ca me réconforte... Ce nouvel opus est au diapason de la période, plus sombre, plus radical, plus surprenant... Pascal Bouaziz dit écrire sans filtre pour Bruit Noir et c'est en cela que ce groupe est précieux... C'est comme si on libérait à son écoute toutes ces idées noires, tordues et parasites, refoulées par notre inconscient perdu dans le dédale des informations macabres, anxiogènes et contradictoires dont il fait l'objet... 

L'expérience Bruit Noir est jubilatoire et expiatoire. Sur des rythmiques alambiquées composées par Jean-Michel Pires et souvent perverties par des nappes de synthé aériennes, les textes de Bouaziz désarçonnent et fascinent... Le Visiteur, sur la tragédie d'un migrant laisse sans voix... D'une humanité désarmante...

Tourette et Calme ta joie sont sans doute les 2 meilleures chansons de l'année, haut la main... 


En live, Bruit Noir joue la quasi intégralité de IV/III (manque à l'appel le morceau le plus punk de la décennie : Tourette et c'est bien dommage, on aurait adoré entendre ce flow jouissif en direct...). L'apport d'un jeu de batterie rudimentaire sur les bandes lancées dans un Petit Bain bien rempli donne une vraie densité au son. Bouaziz se lache au fil des morceaux.

L'apport de la basse de Stéphane Pigneul sur plusieurs morceaux rend le tout presque Joy Divisionesque... Un paquet de dejà classiques seront joués : Paris, Romy, l'usine... Forcément, Calme ta joie nous aura fait vibrer... Et le concert ne pouvait que se terminer par le Succès...

Une soirée d'exception mais faut jamais se réjouir des bons moments, ca dure pas...

A lire également Bruit Noir au Café de la danse et dans notre TOP 10 ou encore Pascal Bouaziz et Michel Cloup ou Mendelson