jeudi 29 décembre 2016

Best of 2016 : le classement MRM des 15 meilleurs concerts


Après le TOP 10 ALBUMS 2016, le classement des plus belles émotions ressenties en concert cette année. Et ce fut tellement intense qu'il fut impossible au final de restreindre la liste à 10 unités, on passe donc à 15. On en avait tellement besoin suite aux événements tragiques de 2015 que vivre une année 2016 aussi réussie dans les salles de spectacles est une bénédiction. La musique live reste une nécessité, un antidote à la morosité, une bouffée d'oxygène indispensable...

Cette année, c'est le concert de Wilco en plein air dans le quartier où j'ai habité à Chicago qui trône au sommet des émotions ressenties en 2016. Un concert at home pour Jeff Tweedy et sa bande. 2 heures de fulgurances avec cette capacité bluffante à passer de la mélodie la plus simple et évidente (Im' trying to break your heart, If i ever was a child) à des passages complexes (Art of Almost), voire bruitistes jubilatoires (Via Chicago, Kidsmoke). Le tout ponctué par un set final de 30 mn acoustique à l'ancienne (les 6 musiciens réunis autour d'un micro central). Phénoménal et inoubliable.

Peter Milton Walsh aura réussi la prouesse de nous bluffer 2 fois à 6 mois d'écart. Après une prestation de haute volée en septembre 2015 à la gaite lyrique (#2 TOP 2015) pour présenter avec un groupe au complet son inespéré nouvel album, il se permet de revenir au Café de la Danse en formation restreinte pour un concert dépouillé revisitant son immense répertoire. Une soirée à l'émotion sincère et réconfortante.

Après un concert moyen au théâtre antique de fourvière en juillet, Franck Black et sa troupe reviennent au Zenith en novembre pour mettre le feu et donner une série de taloches sonores dont ils ont le secret! Revigorant!

Les cultissimes Radiohead nous ont ravi lors de leur 1er soir au Zenith, c'est toujours un immense plaisir de revoir Thom Yorke et consorts. Et le plaisir fut apparement partagé puisqu'ils offrèrent à un public parisien en transe leur hit mondial des débuts honnis, Creep, plus joué depuis un paquet d'années.

La tête d'affiche d'un Rock en Seine 2016 qui en manquait cruellement en comparaison à d'autres festivals emblématiques (primavera pour ne pas le citer) a assuré. Massive Attack reste une vraie attraction live aussi bien au niveau du son, impeccable, que visuellement...

Le groupe de Steve Albini, Shellac, est également un phénomène sur scène. C'est viscéral, cru et d'une intensité rare. Indispensable. La reine PJ Harvey nous aura éblouie sur la scène du Zenith, son album, si mal mixé sur disque, reprend en live toute la rugosité qui lui fait défaut et on redécouvre un beau projet...

En formule trio, Sigur Ros réussit enfin à exprimer tout son talent avec la constance qui lui faisait défaut à nos oreilles jusqu'à présent. J Mascis et Lou Barlow semblent vieillir aussi bien que nos meilleurs crus viticoles. Michel Cloup Duo et Zëro nous auront réaffirmé avec coeur que le Rock made in France est bien vivant et n'a rien à envier aux autres...

Robert Smith, bien que physiquement un peu marqué, n'a rien perdu de sa voix si singulière et revoir The Cure sur scène, même à Bercy, reste une expérience cathartique. La noise jm' en foutiste de Girl Band aura été la révélation live de l'année tandis que Suuns aura confirmé à Primavera être un groupe à part.

Après l'hécatombe de 2016, voir un Paul Mc Cartney rayonnant à Paris aura été une bénédiction. Ce Black Bird seul en scène nous donne encore des frissons rien qu'à y penser. Enfin la fragilité de Daughter sur la scène du Trianon nous aura rappelé pourquoi on les avait placés dans notre TOP 2013.

1. Wilco au Millenium Park de Chicago (21/8/16)
2. The Apartments au Café de la Danse (18/4/16)
3. Pixies au Zenith (23/11/16)
4. Radiohead au Zenith (23/5/16)
5. Massive Attack à Rock en Seine (27/8/16)
6. Shellac à Primavera Barcelone (3/6/16)
7. PJ Harvey au Zenith (21/10/16)
8. Sigur Ros à Primavera Barcelone (4/6/16)
9. Dinosaur Jr à l'Elysée Montmartre (31/10/16)
10. Michel Cloup et ZËRO à la Maroquinerie (1/4/16)
11. The Cure à Bercy (15/11/16)
12. Girl Band au Trabendo (19/11/16)
13. Suuns à Primavera Barcelone (2/6/16)
14. Paul Mc Cartney à Bercy (30/5/16)
15. Daughter au Trianon (17/10/16)

Pas loin du TOP 15 : Brian Jonestown Massacre au Trianon, L7 à Rock en Seine, Ulrika Spacek au Point Ephémère, Algiers à Primavera, Deerhunter à Primavera, At the Drive In au Trianon, Les Insus au Zénith, Troy Von Balthazar au Supersonic...

A lire également le MRM TOP 10 ALBUMS 2016 et les TOP Concerts 2015 et 2014.

samedi 17 décembre 2016

Best of 2016 : le Classement MRM des 10 meilleurs albums


2016 se termine et son hécatombe de légendes avec elle... David Bowie, George Martin, Prince, Leonard Cohen... Tristesse éternelle... Mais par la magie singulière de la musique, ces artistes qui ont tant compté dans nos vies y resteront à jamais. La simple écoute d'un Low ou d'un Dirty Mind suffira à rallumer la flamme et la machine à songes qui nous rappelera l'importance de ces sons enregistrés sur bandes et gravés sur un bout de vinyle noir... Une autre époque dont le lent crépuscule continue...

Après la mise en sommeil officielle du label Mind Riot Music il y a un an, le projet musical qui rythma l'année aura, bien entendu, été Amain Armé et la formidable expérience de l'enregistrement d'un disque sur bandes avec Steve Albini! Incroyable aventure mais c'est une autre histoire... On espère que le disque sortira en vinyle l'an prochain même si on ne sait pas encore de quelle manière... A suivre...

Rentrons tout de suite dans le vif du sujet de cet exercice de style un peu vain mais toujours aussi amusant...

Succédant à Vietcong (dont le nouveau disque sous le nom de Preoccupations nous aura fait beaucoup moins vibré) Burning Alms, Godspeed ou TVB, ce sont les lyonnais (et oui ll fallait bien que ça arrive ;)....) de Zëro qui trônent au sommet de notre année musicale. Avec San Francisco (titre d'album au trait d'humour irrésistible puisque premier LP sans leur second guitariste dont le surnom est Francisco...) Zëro synthétise tout ce que l'on adore dans le rock : une audace et une envie d'aller de l'avant moderniste, une palette de couleurs immense menant du metal à l'ambiant en se terminant en mode free jazz... Et tout ça dans un même disque de maitrise artistique et de plaisir sonore tout à fait emballant!

On les a découvert sur le tard au détour d'une référence dans l'enclypodédie du Rock made in France sur la page consacrée à Moslyve. Magie du net on peut facilement découvrir un groupe et remonter le fil d'Ariane révélant que ces musiciens ont fait partie de 2 autres groupes cultes et centraux de l'histoire du rock français avec Bästard et Deity Guns... Ce 5ième disque de Zëro est notre favori de l'année et 10 mois après sa sortie aucune lassitude à écouter ce tube pop qu'est "Ich ein groupie", le metaleux "Last Bills" ou les apaisant et contemplateurs "Lac Baikal" et "San Francisco".

En seconde position, notre chouchou Troy Von Balthazar (#1 de notre Top 2010 et #3 en 2012) qui a annoncé que "Knights of Something" serait son dernier album. On ose y penser tellement sa pop lofi, élégante et d'une sincérité bouleversante nous soutient presque continuellement au milieu du marasme ambiant. Un artiste rare!!!

Troisième, le surprenant 3ieme disque de Warpaint (#5 en 2010 et #2 en 2014). Presque dansant, ce LP est toujours aussi sensuel et charmeur. Les harmonies vocales sont définitivement leur plus grand atout. Un album qui fait du bien.

Au pied du podium les monstres sacrés d'Oxford : Radiohead. "A Moon Shaped Pool", leur 9ième opus les voit s'aventurer sur les terres d'une pop sophistiquée et orchestrée. Un disque de rupture (celle de Thom Yorke avec sa femme qui influence un bonne partie des textes) dans la continuité (celle d'un certain apaisement intérieur commencé avec "In Rainbows"). Un très beau disque...

Dans le Top 5, le testament d'une légende. A l'écoute de "Black Star", le weekend de sa sortie, on pensait que David Bowie était enfin de retour et qu'il était reparti pour un moment. Ce disque est tellement inspiré, touche à tout et juste que Bowie semblait retrouver les sommets... Quelle choc d'apprendre le lundi matin la disparition de Ziggy Aladin Sane Bowie... Mais quelle sortie, quel clap de fin!!! Digne, inspirant et insaisissable... Le résumé d'une oeuvre singulière et tellement importante.

L'ancien Diabologum, Michel Cloup sort avec "Ici et là bas" un album rageur en mode duo. D'inspiration dylanesque pour les textes, le rock blues incisif du duo aborde des sujets aussi compliqués que l'immigration, les racines, le rapport à l'autre et à la société sans jamais se prendre les pieds dans le tapis. Oui le bon rock français existe!

Les éternels Wilco se paient le luxe d'un second disque en 2 ans. Après le déjanté et divinement bruyant "Star Wars" ils nous reviennent avec une sorte de pop folk acoustique bizarre mais évident... Du grand art!

En huitième position les Pixies. Les revenants de Boston sortent, 20 ans après le vrai bon successeur à "Trompe le Monde" qu'on attendait plus après le décevant "Indie Cindy". On atteint pas les sommets rock Indé indépassables de "Surfer Rosa" (enregistré par Albini) ou "Doolittle" mais la pop racée de "Head Carrier" s'écoute avec un plaisir non dissimulé. Une cure de jouvence.

In extremis, 2 disques sortis en toute fin d'année par nos 2 micro labels Inde préférés (Requiem pour un Twister et le Turc Mécanique) se paient une place dans notre Top 10. 2 ans après un premier disque remarqué, Dead Horse One se classe de nouveau dans notre top 10. Avec "Season of Mist" leurs explorations sonores prennent de l'épaisseur. Ils renouvèlent avec brio le flambeau shoegaze en y ajoutant une lumière singulière : chaude, vacillante et colorée... Une pochette d'album aura rarement mieux refléter le contenu d'un album...

Le Turc Mécanique se paie le luxe de sortir le 3ième disque des anciens (et mythiques) Sloy qui sous le nom de 69 (décidément 2016 année lyonnaise) nous livre un album magique. Tout en apesanteur, ce disque sous influence électronique nous fait rentrer dans un univers dense et intriguant... La belle surprise de ces dernières semaines...

Enfin, Neurosis (encore un disque enregistré par Steve Albini), ne pouvait pas ne pas faire partie de ce classement tant le metal hors norme du groupe de Californie nous aura surpris par sa force et sa subtilité...

Ne sont pas passés très loin du TOP 10 : Sunn O))), Suuns, A Tribe Called Quest, Ulrica Spacek, Metallica, Preoccupations, Simple Eyyes, Mogwai...

MRM TOP 10 ALBUMS 2016

1. Zëro : San Francisco
2. Troy Von Balthazar : Knights of Something
3. Warpaint : Heads Up
4. Radiohead : A Moon Shaped Pool
5. David Bowie : Black Star
6. Michel Cloup Duo : Ici et Là-bas
7. Wilco : Schmilco
8. Pixies : Head Carrier
9. Dead Horse One : Season of Mist
10. 69 : Heroic
10. Neurosis : Fires Within Fires

Allez en bonus on termine avec le MRM TOP 5 Songs 2016:

1. Radiohead : Daydreaming
2. Zëro : Ich ein Groupie
3. Warpaint : New Song
4. Famonty : Shit Time
5. Metallica : Moth into Flame

A suivre le MRM TOP CONCERTS 2016 et à lire les TOPS 2015, 2014, 2013

jeudi 26 mai 2016

Radiohead au Zénith (23 et 24/05/16)


Ca fait plus de 20 ans que ca dure! A chaque fois c'est la même sensation ou presque. La sortie d'un nouvel album de Radiohead provoque une sorte d'excitation frénétique teintée d'une angoissante question existentielle : seront-ils à la hauteur de leur légende? Et à chaque fois les oxfordiens réussissent à nous surprendre et au final à nous passionner comme au premier jour...

Bien entendu, A Moon shaped Pool, 9ième opus du groupe, ne déroge pas à la règle. Pas moins que cette double soirée mythique au Zenith de Paris les 23 et 24 mai 2016! En chanceux titulaires de tickets pour ces deux soirées événements on aura eu la chance de voir Radiohead pour la première fois dans une salle à taille humaine (après 5 Bercy et un Belfort). Pouvoir distinguer les expressions sur les visages des musiciens donne une impression de proximité qui facilite l'abandon dans la musique céleste du combo... Tout simplement.

Les deux soirées débutent de la même manière avec les 5 premiers titres du nouveau disque, enchaînés dans l'ordre. Sans l'apport du London Contemporary Orchestra, des titres comme "Burn the Witch" ou "Decks Dark" prennent une dimension organique et viscérale confondantes par l'entremise des guitares maltraitées par Johnny et Ed... Que dire du magnifique "Daydreaming" interprété dans un silence de cathédrale, quasi religieux... Les fans de Radiohead forment une vraie communauté. Ils sont là pour profiter pleinement de la chance qui leur est offerte de communier avec leurs hérauts!

Le premier soir aura été d'une belle intensité et malgré un petit creux en milieu de concert (une version fade de "No Suprises", un "Separator" ennuyeux et un "Gloaming" sans conviction), les belles surprises n'auront pas manqué d'électriser la salle. Tout d'abord avec l'hymne "My Iron Lung" tout en tension et cavalcades libératrices, un "Paranoid Android" toujours aussi bluffant ou un "Weird Fishes" aux aprèges magiques. Mais c'est bien l'éternel "True love waits", joués pour la 1ere fois en 95 et enfin posé sur disque avec ce LP9, joué en version piano par Thom avec les seules aides de Colin et Johnny, qui transperce les coeurs. Quelle beauté... Avant ce rappel final totalement inattendu, "just for the laugh" comme ricane Thom et le lancement de "Creep", plus joué par le groupe depuis 2009. Quoi qu'on puisse en dire ca reste une grande chanson dont la force tellurique et émotionnelle submergea un Zenith fou de bonheur. On termine avec l'immense "Pyramid Song"! Génial...

Le second soir fut plus constant dans l'effort. Pas de baisse d'intensité mais du coup moins de pics euphorisants si ce n'est ce triptyque inattendu et jouissif de titres rares : Airbag, Talk Show Host, Climbimg up the Walls. Le final, là encore est dantesque avec des versions furieuses de 2+2", "There There" et "Bodysnatchers" qui font monter la température d'un cran... Et cette fois on termine avec un "Karma Police" repris en choeur par un public aux anges...

Radiohead est définitivement le groupe le plus important de ces 20 dernières années...

A lire également : Radiohead à Bercy en 2012 (Soir#1 et #2) en 2008, the King of Limbs, le rôle de Radiohead dans les années 2000,

vendredi 13 mai 2016

Troy Von Balthazar au Supersonic (12/5/16)


Quel plaisir de revoir Troy Von Balthazar, le Héraut des temps modernes colportant la parole des vrais artistes dévouant totalement leur vie à leur art, loin de toutes considérations mercantiles. Son très attendu 4ième LP, Knights of Something, vient de sortir chez Vicious Circle et sa tournée française passait hier soir par le Supersonic à Bastille.

Réaménagée sur les cendres encore chaudes de l'Opa Bastille, le Supersonic est la salle indé qui monte. Un peu biscornu et bizarrement agencé (espace très réduit devant la scène, poteau et escalier tout proche...) le Supersonic propose une prog éclectique mélangeant artistes en développement et valeurs sures indé pour des concerts en accès libre. On avait eu l'occasion d'y voir récemment nos protégés de Chinese Robots  y mettre le feu...

Comme sur sa précédente tournée, Troy se produit désormais seul sur scène, armé de sa télécaster fétiche, d'une guitare folk et de quelques pédales d'effets. Jouer dans une salle où le public n'a pas payé sa place est toujours un exercice délicat... Il y a ceux qui viennent pour le concert, très nombreux dans le cas de Troy, est ceux qui se posent au bar et continuent de parler durant le show... Autant que dans le cadre d'une prestation intimiste ca devient vite une épreuve pour le musicien mais aussi les spectateurs... Je me souviens d'un concert à l'international avec Moslyve où le set était coupé en deux avec une première partie acoustique qui s'est vite transformée en épreuve avec le brouhaha constant en provenance du bar... Pas facile de se concentrer et de se lâcher pleinement dans un tel contexte... La suite du concert en électrique avait sonné comme une victoire lorsque la furie des guitares et de la batterie couvraient enfin le bruit des jacasseurs...

C'est dans ce climat quelque peu austère que Troy et son public ont du se débattre hier soir... Ne se laissant pas désarçonner, Troy a, comme d'habitude, donné tout ce qu'il avait, touchant la grâce par moments. Cette version du tube 'Astrid' avec passage son clair puis son saturé sur le refrain rappelait presque la hargne de Chokebore. 'Touch is meat' et ses paroles si lucides (everything is industry) aura touché les coeurs. Que dire du classique "I block the sunlight out" ou encore de cette reprise de Léonard Cohen... On aura meme droit à une surprenante reprise de Chokebore, "one easy pieces", sans micro, et qui du coup tomba un peu à l'eau avec le bruit constant en provenance du bar ("you're not listening")... Même chose avec le splendide "The Tigers", sans micro, plein d'émotions mais altéré par le manque de respect de certains...

Au final, Troy réussit l'exploit de donner une performance habitée et sans concession... Mais quelle dommage que ce grand artiste n'ait pas la notoriété qu'il mérite tellement et qui devrait l'amener dans des salles où la communion avec son public puisse se faire dans le respect mutuel que ce digne troubadour de notre temps mérite tant...

A lire également Troy Von Balthazar eu Point Ephémère en 2012 et 2010 et à la Machine du Moulin Rouge en 2011 ou encore dans nos Top 2012 et 2010 ou plus récemment avec the Color Bars Experience en 2015...




mardi 19 avril 2016

The Apartments au Café de la Danse (18/4/16)


Peter Milton Walsh est définitivement un artiste à part. Peu de musiciens peuvent se targuer d'avoir un tel magnétisme. Son aura, sa générosité authentique qui vous transperce le coeur auront illuminé une soirée en tout point fabuleuse au Café de la Danse hier soir.

Après une mini-tournée française triomphante en septembre dernier, pour présenter dans un groupe au complet le chef d'oeuvre inespéré "No Song, No Spell, No Madrigal", Peter est de retour avec les 2 musiciens français, Natasha Penot et Antoine Chaperon, en formule trio pour revisiter en acoustique le brillant répertoire de The Apartments.

En formation réduite, guitare acoustique, arpèges lumineux sur Gretsch de circonstance, choeur féminin et synthé curiste, la sauce prend instantanément. Dès leur premier morceau du setlist, on est à deux doigts de fondre en larmes. Cette version de "Swap places" est juste bouleversante, rien de moins. Peter commence fort avec quelques titres du dernier album, si chargé en émotions… Mais loin d'être une célébration de ce disque majestueux et de cette renaissance cathartique, le concert du Café de la Danse s'est vitre transformé en un fabuleux voyage sonique autour de la carrière du groupe.

Tous les titres emblématiques de The Apartments, et on pourrait dire d'un pan entier de la pop indé classieuse et intemporelle, auront été délivrés avec une grâce absolue. De l'inaugural "Sunset Hotel", premier morceau du premier LP, en passant par "Knowing you were loved", "All the time in the world now" ou encore les premiers 45T avec "Nobody like you", Peter nous prend par la main et nous fait vivre avec intensité l'histoire de The Apartments, son histoire, notre histoire…

Lés émotions vécues auront été fortes et tellement diversifiées. Les 3 compères donnent l'impression d'avoir toujours joué ensemble et quand on sait le peu de répétions qu'ils ont pu faire ensemble on en est d'autant plus bluffé… Peter Milton Walsh est magistral : touchant, présent, vivant…

En versions dépouillées, ces chansons gardent leur intensité (le "Goodbye Train" en rappel est un choc tellurique). La preuve que Peter écrit d'immenses chansons qui lui survivront… Une soirée exquise dont  on ressort avec un sourire jusqu'au oreille, touché par la grâce d'un homme assez exceptionnel…

A lire également The Apartments à la Gaité lyrique et haut dans nos classements 2015

samedi 2 avril 2016

Michel Cloup Duo et Zëro à la Maroquinerie (1/4/16)


Soirée exceptionnelle à la Maroquinerie avec les Release Party des nouveaux opus de Michel Cloup Duo et de Zëro, soit la fine fleur du rock vraiment indé en France… Vous l'aurez compris, le blog MRM est un peu en sommeil. Après 7 années de carnet de bord de nos virées nocturnes, la lassitude a gagné et on ne prend désormais la plume que pour faire partager des moments d'exception. Ce fut pleinement le cas hier soir!

10 and d'existence et un 5ieme album au compteur pour les lyonnais de Zëro. Le groupe désormais trio, depuis le départ de François Cuilleron, vient de sortir l'un des meilleurs albums d'obédience rock de l'année avec "San Francisco". Un disque qui démontre l'incroyable palette de sonorités et d'ambiance que maitrise parfaitement le combo. A chaque fois ils visent dans le mille avec la simplicité des gens vraiment doués. "Last bills for ladpance" commence avec une rage mordante avant de nous emmener vers une atmosphère tout en apesanteur. "Ich ein Groupie" sonne comme un tube indé qui, dans un monde normal, serait au sommet des charts, "Lac Baîkal" stupéfait par son duo synthés/mini moog inattendu, jusqu'au titre éponyme en mode free jazz… Monumental…

Eric Aldé, Franck Laurino et Ivan Chiossone ont l'air de mecs tout à fait normaux, alors qu'ils ont fréquenté 3 des meilleurs formations rock made in France (Deity Guns, Bastard et donc Zëro), 3 groupes cultes… Mieux encore, le choix du nom de leur album montre toute l'auto-dérision et le sens de l'humour des lyonnais (album enregistré sans leur pote François, surnommé Fransisco)… Sur scène, la maitrise n'empêche pas la transmission de pleins de sentiments différents durant cette heure de concert incandescent… Un groupe majestueux, tout simplement…

La soirée idyllique se poursuivit avec la performance intense et poignante de Michel Cloup Duo. L'ancien Diabologum mets littéralement ses tripes sur scène. C'est poignant, sincère et allié à une énergie dense focalisée sur le moment présent… On découvre sur scène le nouvel album "Ici et là-bas". La lucidité de "Nous n'arrivons plus à dire nous" nous sidère. La façon qu'à Michel Cloup de se dévoiler de manière très pudique tout en révélant quelque chose de nos vies et nos époques est déconcertante… Il faut avoir beaucoup de courage et de talent pour aborder des sujets aussi compliqués que l'immigration, nos racines, nos vies de citoyen sans tomber dans le pathos ou la leçon de morale… Il réussit cette prouesse avec brio.

Tel un funambule, Michel Cloup semble souvent tomber de son fil mais ne le fait jamais… La encore, comme pour Zëro, la maitrise est absolue. Michel utilise beaucoup de boucles qu'il enregistre et superpose en live. C'est réalisé avec brio et sans que la performance globale soit altérée alors que ça complexifie forcément l'exécution… Testant actuellement la formule duo guitare/batterie avec mon nouveau projet Amain Armé (du son très bientôt) j'ai forcément un grand respect pour ce que j'ai vu hier soir. J'en mesure toute la difficulté…

La grosse heure et demie de concert aura passé à une vitesse incroyable. Quasiment tout le nouvel album sera joué. On sent une évolution vers plus de diversité et  de variété de style abordés mais toujours avec excellence. On retiendra quelques moments de vérité troublants avec "La classe ouvrière s'est enfouie", "Nous n'arrivons plus à dire nous" et des titres plus anciens comme "Notre Silence" ou "J'ai peur de Nous"… La sincérité et la générosité du duo transperce nos âmes… Du rock d'aujourd'hui et du temps présent…

Une soirée inoubliable. A lire également Michel Cloup Duo dans notre top albums 2014 et du coté de Rock made in France les bio de Bastard et Zero.