dimanche 31 mai 2015

RIDE à l'Olympia (27/5/15)


A évènement exceptionnel, réponse exceptionnelle… On avait un peu délaissé, volontairement, le blog MRM ces derniers temps mais la réformation et la venue de RIDE à l'Olympia ne pouvait être passée sous silence… Surtout après une telle prestation et les intenses émotions ressenties ce soir là…

Après les retours sur scène convaincants et inespérés des maitres shoegazing My Bloody Valentine et Slowdive et la tournée Psychocandy des Jesus & Mary Chain l'année dernière, il ne manquait plus que le chainon manquant : les Oxfordiens de RIDE.

Emmenés par deux songwriters hors pairs, Mark Gardener et Andy Bell, le groupe avait créé la sensation au tout début des années 90 avec une poignée de EP remarquables et un premier LP, sorti sur le label d'Alan McGee Creation Records, en tout point parfait. Nowhere était en effet la parfaite synthèse de la pop des Beatles et du mur du son de distorsion, mêlant chaleur et dissonance, amené par Jesus & Mary Chain (Psychocandy) et poussé dans ses retranchements les plus fous par My Bloody Valentine (Loveless)…

Et la presse britannique parlait, bien entendu du groupe d'Oxford comme des nouveaux Beatles, rien de moins… Le mouvement shoegaze, qui dura quelques années (89-94) fut englouti par la britpop mais on aura tort de penser à une vague en balayant une autre. On pourrait même dire que le shoegaze en fut en fait le précurseur… A l'écoute des premiers LP de Blur (Leisure) et Radiohead (Pablo Honey) l'influence du RIDE des débuts est évidente. Si les frères Gallagher ont piqué le son des Mary Chain pour fomenter "Definitely Maybe", ils ont poursuivi le chemin arpenté par RIDE en mélangeant mur du son et mélodie pop mais en y apportant la hargne des Stooges…

RIDE fut donc un acteur central de l'histoire de la guitare au Royaume-Uni et leur retour n'en était que plus attendu… Et très clairement, leurs chansons n'ont pas pris une ride, en tous les cas pour ce qui concerne la première partie de leur discographie de 89 à 92. On a tous oublié les 2 LP sortis après leur second effort (Going Blank Again) presque aussi éblouissant que "Nowhere"… Et c'est fort à propos que ces 2 disques sont presque oubliés du set-list de leur reformation. En délaissant la noisy pop de leur débuts pour un songwriting plus classique et vintage, RIDE avait perdu sa spécificité et donc sa pertinence…

Et à l'Olympia, ca démarre sur les chapeaux de roue avec l'un de leurs titres phares, "Leave them all behind" qui introduit à merveille la soirée magique que l'on va passer. 8 minutes dans un dédale de strates de distorsions ajoutées au fur et à mesure d'un final instrumental totalement envoutant… Waouh… S'en suit l'un des tous premiers titres du groupe, "Like a Daydream", avant le diptyque impérial issu de Nowhere avec les incroyables "Polar Bear" et "Seagull". La noisy pop originelle dans toute sa splendeur. Derrière les futs, Loz Colbert impressionne avec ses descentes de toms jouissives. Le son est impeccable, chaque instrument s'entend de manière distincte et les harmonies vocales de Mark et Andy sont au diapason (et rappellent tout ce qu'ils sont allés chercher du coté des Beatles et des Byrds). 

C'est tout un pan d'histoire qui se rappelle à nos bons souvenirs. Ces chansons restent intemporelles et les Oxfordiens ont la maitrise et l'expérience pour les retranscrire dans toute leur splendeur. On sent un groupe soudé et vraiment au point et les 25 années passées depuis leurs débuts sont rapidement oubliées. Force, impact, présence et engagement. Un set parfait.

Sans surprise on atteint des sommets d'extase avec Dreams Burn Down, Paralyzed et l'hymne Vapour Trail… Et que dire de ce final bruitiste de plusieurs minutes sur Drive Blind… Epoustouflant… Seul bémol, un rappel vite expédié avec un titre seulement, le premier du 1er Ep : Chelsea Girl…

Une magnifique soirée et un souvenir ému pour le label Mind Riot Music tant le son de "Nowhere" aura hanté les sessions d'enregistrement du premier disque de Moslyve,  "Nothing to lose" (premier disque sorti par le label en 2010) et surtout le second, "Slave to modern age" enregistré dans le studio de Nicolas Leroux (Overhead)… Toute une histoire...