lundi 28 février 2011

Band of Horses à la Cigale (26/2/11)

Belle découverte à la Cigale avec ce groupe méconnu en France, pourtant signé sur le mythique label de Seattle Sub Pop. Band of Horses produit un rock sous grande influence pop de très belle facture. Beaucoup d'énergie, de présence et de complicité qui saute aux yeux pour une vraie belle soirée.

Après un premier album sorti en catimini aux US en 2006 et un changement quasi complet de line-up l'année suivante et une relocalisation du groupe de Seattle vers la Caroline du Sud d'où est originaire le chanteur et leader du groupe, Ben Bridwell, Band of Horses sort en 2010 un troisième album qui leur permet tourner dans le monde entier et d'atterir à Rock en Seine fin aout.

L'opus en question, Infinite Arms, est un savant dosage de rock purement américain, voire sudiste, de refrains pop et d'ondes positives. En fin de promo pour Infinite Arms, leur passage parisien à la cigale se fera à guichets fermés devant un public ultra-enthousiaste (c'est tellement rare à Paris...). Plutôt jeunes, les fans se dandinent et sont aux anges, la plupart connaissent les paroles par coeur et n'hésitent pas à le faire savoir.

Un concert réjouissant dans une super ambiance... Et un rappel mémorable avec Evening Kitchen chanté à deux voix (le guitariste et le chanteur) autour d'une guitare acoustique... Un pur moment de beauté et de communion avec le public, j'en ai encore des frissons.

Un bon petit groupe qui permet enfin de lancer cette année de concerts après les déceptions Cold War Kids et PJ Harvey... Merci les gars...

photo : christopher wilson

dimanche 27 février 2011

PJ Harvey à l'Olympia (25/2/11)

La mythique salle de l'Olympia a accueilli la grande PJ Harvey pour deux soirées à guichets fermés depuis des mois. Artiste d'exception, Polly Jean avait marqué les années 90 par son rock racé, épuré et incisif. Pour beaucoup PJ incarnait le meilleur d'un rock indé sans concession et porteur des valeurs mêmes de ce mouvement : l'authenticité, la force vitale et la fureur de vivre...

Polly Jean n'aura eu de cesse de se réinventer et de tenter à chaque album d'apporter quelque chose de différent. Après l'âpreté et l'incandescence de Dry et Rid of me, elle opère un premier tournant avec To bring you my love en 95 et un album aux consonances plus variées et downtempo. Suivront 3 très bons albums alliant pop, rock, fureur et merveilles...

En 2007, PJ Harvey surprend son monde et ses fans avec White Chalk. Un album au piano où la chanteuse change radicalement sa manière de composer et surtout de chanter. Très austère et pas facile d'accès pour les fans de la première heure, le disque ne laisse personne indifférent...

En sortant le 14 février dernier son 8ième album, Polly Jean poursuit dans ce nouveau sillon. Sur ce disque, elle se transforme en storyteller. Après avoir étudié l'histoire de l'Angleterre et de ses guerres, elle compose des textes racontant ces histoires de soldats et de violences millénaires, le tout à la recherche d'un certain humanisme.

Pour ré-équilibrer ces écrits guerriers, PJ aura volontairement composé une musique pastorale aux relents pop et utilisé ses nouvelles facultés vocales hautes perchées pour exprimer ses fables sans affect.

A la manière d'un Thom Yorke qui aura su depuis 10 ans utiliser sa voix comme un véritable instrument, PJ s'ouvre de nouveaux horizons... L'album est plutôt réussi et s'écoute facilement. Il offre une nouvelle facette d'une artiste en perpétuelle évolution. Cette volonté de continuer à explorer de nouvelles voies ne peut être que saluée tellement elle apparait rare de nos jours parmi les musiciens reconnus et établis...

Alors venons en donc à ce passage olympien... La totalité de Let England Shake est interpreté note pour note par PJ et ses trois acolytes (dont les très fidèles Mick Harvey et John Parish). Ceux qui ont découvert PJ avec cet album sont aux anges. Les anciens fans aussi, contents d'être là et de voir Polly Jean en action... Mais après chaque chanson, on se demande à quel moment la belle va laisser tomber son auto-harp pour reprendre sa telecaster et nous balancer quelques-uns des brûlots qui auront jalonné sa carrière... Et on attendra longtemps... Même le jubilatoire Big Exit apparait fade car réinterprété à la sauce Let England Shake... Ca fait du mal de le dire mais on s'ennuie ferme...

On sort forcément déçu, on aura vu qu'une facette de la fantastique PJ Harvey... Quand on sait tout le talent de notre anglaise on a vraiment l'impression d'être passé à côté des sensations qu'on aurait aimées ressentir. On salut la performance du jour et la volonté de se réinventer... mais pas en faisant table rase du passé... Il manquait le coeur de la carrière de PJ. A la différence d'un Thom Yorke, elle n'aura voulu tenter la posture, certes schizophrène, consistant à revisiter toutes les facettes de sa carrière au cours d'un même show... Et c'est ce qui nous laisse sur notre faim...

vendredi 18 février 2011

Radiohead : The King of Limbs ou le petit frère apaisé d'Amnesiac

Ca y'est, le nouvel album est enfin disponible! C'est avec un jour d'avance que Radiohead a autorisé le téléchargement de The King of Limbs pour ceux qui l'avaient déjà pré-commandé et attendaient avec impatience la date du samedi 19 février 2011 pour avoir accès aux précieux Mp3 (ou Wave).

A la première écoute, le disque sonne très électro et il semble que Radiohead ait décidé de reprendre sa quête là où Kid A et Amnesiac l' avaient mené... Un son entre électro, psychédélisme et rock avec une attention portée aux rythmiques destructurées façon Autechre ou autres démiurges du label warp, le tout saupoudré de basses langoureuses et chaleureuses... Surtout dans sa 1ère partie, avant que la fin de l'album ne bascule dans une sorte de folk de l'espace éthéré et rêveur...

On tient donc là le petit frère apaisé d'Amnesiac qui se transforme sur la fin en ange accédant à la félicité... Une envolée bouleversante...

Un album ambitieux et à la première écoute rayonnante... Maintenant le temps fera son oeuvre... Et vous, vous en pensez quoi?

mercredi 16 février 2011

Cold War Kids au Bataclan (15/02/11)

Les enfants de la guerre froide étaient de retour en France pour promouvoir la sortie de leur troisième album : Mine is Yours. Pour l'occasion ils se réapproprient le Bataclan, déjà visité en novembre 2008. Un concert de bonne qualité mais loin des moments homériques de leurs prestations de 2007.

J'avais découvert les Cold War Kids par hasard en février 2007 à la Cigale alors qu'ils assuraient la 1ere partie des New-Yorkais de Clap your Hands Say Yeah (disparus de la circulation depuis...?!). Ce fut un vrai choc! Leur rock épileptique, joyeux et touffu prenait vraiment aux tripes. Des chansons comme Hang me up to Dry ou We used to vacation sonnaient diablement bien et en contrepoint de la musique entendue à l'époque.

Une impression confirmée quelques semaines plus tard pour une tête d'affiche au Trabendo en mai. Un concert intense et urgent, comme si nos vies en dépendaient. A l'époque ils touchaient à l'essence même du Rock et transmettaient ce sentiment si jouissif de vivre un moment particulier... En Août 2007, ils remplaceront même au pied levé Amy Winehouse à Rock en Seine et ils assureront une belle performance sur la grande scène... On se souviendra longtemps de cette reprise possédée du Well, Well, Well de John Lennon.

Même si le premier album du groupe (Robbers & Cowards) était inégal, il contenait de vraies bonnes chansons d'une grande originalité, mélangeant rock, folk, influences gospel, le tout dans des structures alambiquées. Le second (Loyalty to loyalty) décevra un peu mais restera tout de même dans la lignée de son prédécesseur.

Le troisième album était attendu avec impatience et est donc sorti à la mi-janvier 2011. Mine is Yours me laisse quelque peu dubitatif. Il se laisse écouter et dispose de quelques belles mélodies. Un bon album de pop-rock calibré pour le mainstream. Mine is Yours devrait permettre aux Cold War Kids d'élargir sensiblement leur audience et peut-être même de réaliser une véritable percée populaire... Mais pour les fans de la première heure il manque l'originalité des débuts, la fougue et la fureur qui emportaient le quatuor de Los Angeles et insufflaient dans son oeuvre cette énergie vitale et incandescente qui faisait sa singularité...

Le concert du Bataclan aura été à l'image de l'album : sympathique et plaisant... Mais bien en deçà des prestations antérieures du groupe qui retrouva tout de même un peu de cette flamme perdue dans l'interprétation des quelques titres issus du Robbers & Cowards...

Une déception...

samedi 12 février 2011

Best Song Ever (épisode 74): Hard to explain par The Strokes

Ils sont arrivés de nulle part à la fin aout 2001, à une heure où le Rock, le vrai, avait presque disparu des radars. A la fin du siècle dernier, l'avènement mérité de la musique éléctronique avait ringardisé les groupes à guitares. Pour paraphraser James Murphy, il fallait bazarder ses guitares et acheter platines et samplers pour être hype. 4 new-yorkais de bonne famille ne l'entendèrent pas de cette oreille et osèrent balancer un album de rock racé, au son vintage et à l'énergie fulgurante, l'album annonçant la résurrection du Rock dans les années 2000 : Is This it?

Ce chef d'oeuvre concis de pop-rock songs imbibées de post-punk new-yorkais des grandes années du CBGB va exploser les oreilles de millions de gamins qui n'auront qu'une envie en écoutant The Strokes : fonder un groupe de Rock... Dans le sillage des Strokes, des White Stripes et des Libertines de l'autre côté de l'Atlantique, le mouvement renaissait une nouvelle fois de ses cendres. Le Rock est mort, vive le Rock!

Dans la pure tradition Rock, la pochette de l'album (représentant un superbe fessier) sera censurée aux Etats-Unis... Et dans le contexte du 11 septembre, la chanson ridiculisant les policiers new-yorkais (New-York City cops) sera même bannie des ondes et de la version US de l'album...

Parmi les nombreuses perles de quelques minutes qui agrémentent Is This it, Hard to explain est certainement la pierre angulaire de l'album. Un son garage et une énergie folle se dégagent de ce titre mêlant à la fois mélodies pop et guitares acérées sous influence punk, le tout sur un tempo soutenu et diablement entrainant...

Un sommet initiatique...

mercredi 9 février 2011

Best Song Ever (épisode 73): La nuit je mens par Alain Bashung

Au détour d'une fin de siècle, Alain Bashung signe avec Fantaisie Militaire l'un de ses plus beaux et plus ambitieux albums. Acclamé par la critique mais aussi le public, ce disque permet à son auteur d'atteindre des sommets d'orchestration et d'harmonie pour porter la chanson française vers de nouvelles contrées.

La langue français n'a jamais paru si majestueuse, ni si bien swinguer en chanson qu'avec ce trésor de voluptés qu'est Fantaisie Militaire. L'étendard de cet album étalon n'est autre que l'immense single La nuit je mens...

Une guitare sèche enchantée, une voix rêche qui prend l'espace, un piano Rhodes tout en retenu... Puis un déferlement de batterie qui soutient à merveille les envolées lyriques d'une section de cordes qui ne cesse de nous donner des frissons tout au long de cette chevauchée fantastique... Les mots sonnent divinement et font naitre en nous des tas d'images qui se bousculent au rythme effrené des scintillements sonores de l'orchestre.

En 2001, le maitre ira encore plus loin en poussant l'expérimentation post rock, voire post chanson française, le plus loin possible avec l'incroyable et tellement novateur l'imprudence... Un dytpique incontournable...

Une song inoubliable. Un artiste qui a laissé un grand vide en nous quittant...

Un clip superbe à voir sur youtube : http://www.youtube.com/watch?v=eLhz8WELr00