jeudi 26 décembre 2013

Best of 2013 : le classement MRM des 10 meilleurs Concerts


Depuis 2008 que le blog MRM existe, à coté de la saga impossible de la Best Song Ever, on prend un plaisir fou à vous faire partager les émotions ressenties en concert au contact des artistes. Chaque nouvelle année une nouvelle page blanche excitante s'offre à nous. Et comme de coutume lorsqu’arrive la trêve des confiseurs on se surprend à se remémorer ô combien l'année fut riche et intense en sensations...

2013 ne déroge pas à la règle. On a eu la chance de vivre un paquet de grands moments de live intenses et incandescents. Vieux briscards étonnement au top (Pixies, Chokebore), nouvelles pouces au charme renversant (Arthr Béatrice, Daughter), side-projects plus qu'intéressants (Fuzz, Atoms for Peace) et valeurs sûres de la scène underground Made in France (Marvin, Pneu, Electric Electric, Papier Tigre, Angil and the Hiddentracks, Overhead)... On aura tout eu cette année, et même un #1 de notre TOP 10 Albums (Deerhunter) qui a failli ne pas figurer dans le TOP Concerts : un comble...

MRM 10 TOP CONCERTS 2013

1. Pixies à l'Olympia (30/9/13)
2. Arthur Beatrice à la Boule Noire (9/11/13)
3. Daughter au Café de la Danse (19/4/13)
4. Overhead au Nouveau Casino (31/1/13)
5. Villagers à la Maroquinerie (22/2/13)
6. Chokebore au Trabendo (18/11/13)
7. La Colonie de Vacances à la Gaité Lyrique (22/6/13)
8. Fuzz au Point Ephémère (24/9/13)
9. Atoms for Peace au Zénith (6/7/13)
10. Angil and The Hiddentracks à l'OPA Bastille (25/10/13)
10. Deerhunter au Trianon (22/5/13)

Pas loin du tout du TOP 10 : Parquet Courts à la Maroquinerie, Neil Halstead à l'Espace B, Nine Inch Nails à Rock en Seine et Dirty Beaches et F/LOR à la Flêche d'Or, Venera 4 et Seventeen at this time à l'Espace B, JC Satan à la Maroquinerie...

Les Pixies succèdent donc à Troy Von Balthazar au sommet de nos émotions 2013. Si le premier soir à l'Olympia fut vraiment mou du genou, le second fut sismique. Une intensité, une énergie vitale et un don de soi incommensurables... Une baffe énorme qui nous remplit de joie des mois durant...

Sur le podium 2013, on retrouve 2 révélations dont la pop classieuse et charnelle nous aura séduit au plus haut point. A la Boule Noire, Arthur Béatrice réussit le hold-up parfait. Ces dignes successeurs des Paddy McAloon, Morrissey/Marr et consorts devraient nous enivrer en 2014 avec la sortie de leur premier album... Can't wait... La prestation de Daughter au Café de la Danse, quelques jours après la sortie du debut LP, aura été désarmante...

Seul concert de l'année pour Overhead mais quel concert! En puisant dans les 3 albums d'Overhead mais également quelques pépites de son projet solo "Fugitive Kind", Nicolas Leroux aura magnifiquement ressuscité l'indie rock majestueux d'un groupe que l'on chérit toujours... L'un des meilleurs Made in France...

Conor J. O'Brien est un petit génie qui avec Villagers est capable de communiquer sur scène d'intenses et belles émotions. Dans le cadre intimiste de la Maroquinerie ce fut la surprise de l'année... Superbe.

Troy Von Balthazar réussit l'exploit d'être pour la 4ième année consécutive dans notre TOP 10 Concerts. C'est cette fois ci avec son groupe culte Chokebore qu'il s'illustra pour un live "in your face" jouissif...

Et que dire du show de la Colonie de vacances à la Gaité Lyrique. Cela faisait des années que l'on avait pas été bluffé de la sorte. Avec un dispositif unique et original (4 groupes se faisant face dans un carré mettant le public au centre du spectacle) les 4 meilleurs groupes français de noise rock au sens large (Marvin, Pneu, Electric Electric, Papier Tigre) auront survolté la soirée... Enorme!

L’infatigable Ty Segall aura dynamité le Point Ephémère avec son side-project heavy et psychotique Fuzz, le bien nommé. La salle était en fusion ce soir là... Thom Yorke, Flea et Nigel Godrich livrent une electro exigeante et bien barrée et réussissent quand même à embarquer leur public pour un voyage passionnant...

Dans une toute petite salle parisienne, l'OPA Bastille, Angil and the Hiddentracks auront livré l'un de ces prestations inattendues qui restent gravé un moment dans les mémoires... Et on ne veut pas penser que 2014 puisse être leur dernière année...

Enfin, le #1 de notre TOP Albums, Deerhunter, vient clôturer une classement 2013 de haute volée... Puisse 2014 être du même acabit et on serait aux anges...

A lire également le MRM TOP 10 ALBUMS 2013 et les TOP 10 CONCERTS 2012, 2011 et 2010

dimanche 15 décembre 2013

Best of 2013 : le classement MRM des 10 meilleurs albums


Comme un rituel expiatoire, chaque année à la même époque, on semble avoir besoin de se pencher sur l'année écoulée pour tenter d'en synthétiser la quintessence… Marronnier quelque peu ringard, le Top 10 de l'année a au moins l'avantage de s'obliger à mettre en perspective les 12 derniers mois écoulés… Et juste pour ça on trouve l'exercice intéressant…

Si les autres années, il y avait toujours eu un album évident pour se détacher en pole position de notre classement, on avoue que cette année les 5 premiers de notre Top se seront tenus longtemps dans un mouchoir de poche et on aura eu toutes les peines du monde à les départager… Mais il faut bien trancher.

Et l'heureux élu, succédant à Troy Von Balthazar en 2010, The Horrors en 2011 et Godspeed en 2012 est… Deerhunter. Avec un 6ième opus taillé pour ne surtout pas attirer le mainstream à lui, avec un son crade et low-fi, une énergie punk salutaire mais sous-tendus par des mélodies toujours aussi envoutantes, "Monomania" est un grand disque indé qui résonne comme un manifeste.

Sur le podium, Deerhunter est encadré par la révélation UK de l'année : Daughter avec "If you leave". Une pop ciselée, à fleur de peau dont l'émotivité nous aura touché en 2013. En 3ième position, ce sont les français d'Aline qui nous auront ébloui avec leur premier album "Regarde le Ciel". On a tout simplement jamais entendu un album de pop, en français dans le texte, façon british (The Smiths, The Cure des débuts) aussi bien réussi. Respect.

Le Classement MRM des 10 meilleurs albums 2013 :

1. Deerhunter : Monomania
2. Daughter : If you leave
3. Aline : Regarde le Ciel
4. Arctic Monkeys : AM
5. Alexandre Varlet : Alexandre Varlet
6. Thee Oh Sees : Floating Coffin
7. Prefab Sprout : Crimson/Red
8. My Bloody Valentine : mbv
9. Arch Woodmann : Arch Woodmann
10. Seventeen at this time : Tokkoubana
10. Jessica 93 : Who Cares?

Avec AM, les Arctic Monkeys nous offrent une évolution surprenante. Après la synthèse parfaite entre pop british et rock indé US sur leur précédent effort (Suck it and See #3 de notre top 2011), AM lorgne du coté du R&B et réussit la prouesse d'être follement intéressant.

Avec son 5ième album au titre éponyme, Alexandre Varlet nous livre son disque le plus dépouillé. D'une sincérité désarmante et d'une justesse mélodique et textuelle attendrissante, ce disque mixé avec Nicolas Leroux, notre réalisateur préféré, nous aura bercé toute l'année. A chaque moment difficile de l'année on aura aimé se réconforter avec la chaleur humaniste de ce vinyle…

Après des années de stakhanovisme acharné, John Dwyer semble enfin jouir d'une reconnaissance médiatique que ce grand manie-tout de la scène psyché de San Francisco mérite incontestablement. Non content d'avoir aidé les Ty Segall, Mikal Cronin, White Fence et consorts, son groupe Thee Oh Sees fait désormais presque l'unanimité avec ce énième album "Floating Coffin" à l'aura psyché et garage jouissive.

En #7, on place l'inespéré nouvel album de Prefab Sprout : Crimson/Red. Quel plaisir de re-étendre cette voix et ses orfèvreries pop. Paddy Mc Aloon revient avec un très bon disque et on est heureux! 22 ans d'attente pour enfin écouter la suite du culte "Loveless". Un samedi soir de février 2013, l'annonce est tombée et le disque enfin lancé à la face du monde. Avec mbv, Kevin Shields reprend l'histoire exactement là où il l'avait laissée en 1991. Ce nouveau LP de My Bloody Valentine sonne quelque peu anachronique mais qu'importe, cet univers sonore est toujours aussi fascinant.

Un autre album éponyme en #9 avec ce très bel album pop d'Arch Woodmann. Un disque dont la fraicheur et l'entrain nous auront suivi tout au long de l'année. Et pour finir deux opus ex-aequo en 10ième position : le premier album de Seventeen at this time : Tokkoubana qui sonne comme un The Cure inspiré qui aurait compris le mouvement shoegaze à l'aube des nineties; et le premier LP du parisien Jessica 93 qui résonne dans la même mouvance sombre, froide et viscérale.

Une bonne année 2013, un bon cru… Mais plus encore que les années précédentes il aura fallu prendre son bâton de pèlerin pour dénicher les vraies perles, loin d'une presse musicale française qui est de moins en moins intéressante et aide de moins en moins la scène underground...

Cette année on a franchement l'impression que le fossé entre le mainstream, qui vend quelques disques et la scène underground où se débattent pour exister une flopée de projets cruciaux, n'a jamais été aussi grand. En ce sens, 2013 aura été l'année du rebond des ventes nous dit-on, grâce à la réussite marketing éclatante de quelques artistes qui auront bénéficié d'un buzz planétaire énorme et unanime qui nous aura laissé au mieux songeur…

Le parfait exemple aura été le cas Daft Punk. Plan marketing millimétré, calqué sur les grandes années de l'industrie du disque (années 80 et Michael Jackson), production faramineuse sur plus de deux ans dans les meilleurs studio et avec des session-men aux CV imbattables et un plan media orchestré pour vendre du rêve… Avec la même technique : 2 écoutes exclusives en avant-première dans les locaux de la maison de disques pour quelques journalistes influents triés sur le volet… Et après cela, tous sans exception (à part Libé qui a refusé) y seront allés de leur critique dithyrambique… On peut se poser des questions en terme de déontologie… Surtout que l'album, bien produit certes, est très très loin du compte… Comment penser que ceux la même qui avaient contribuer à l'explosion de la scène électronique avec "Homework" et son coté avant-gardiste et sans concession auront pu produire un album si racoleur… Et le pire c'est que ce fut le carton planétaire annoncé…

Que dire de la ultra hype ayant également entouré le 4ième album d'Arcade Fire? Même cause, mêmes effets? Pourtant,  en ces lignes, on est des ultra fans depuis le début et on aura été très déçus au final, l'album manquant d'âme à nos yeux. La spécificité même du groupe, ce coté lyrique et ultra émotionnel aura été perdu en route dans les soubresauts d'un album disco fait pour danser et oublier… en se voilant la face… Mais là encore, la hype et le succès  colossal sont au rendez-vous… Ca nous rend dubitatif…

Du naufrage médiatique en général de la presse spécialisée on ne sauvera des eaux que Magic et la rubrique vinyle d'Eric Delsart dans R&F. A part ça, on préféra les blogs et webzines vraiment indé que sont Dans le Mur du Son, Requiem pour un Twister, The Drone ou Hartzine, sans oublier les agitateurs des Balades Sonores ou à découvrir absolument...

Allez, en bonus, on vous file notre Top 5 EP Vinyles :

1. Angil and the Fucking Hidden Tracks
2. The Declining Winter : Fragment #5
3. Pixies : Ep#1
4. Arthur Beatrice : Carter Ep
5. Venera 4 : Deafhearts

En vrac nos coups de coeur labels : Requiem pour un Twister, Croque Macadam, Monopsone, Without my Hat, Teenage Menopause, Cranes Records, Vicious Circle, Africantape, Le Turc Mécanique, We are Uniques, Captured tracks...

Et ceux qui ne seront pas passés loin du Top 10 : Fuzz, Darkside, Oiseaux-tempête,  Dirty Beaches, VillagersThe Flaming Lips, Atoms for Peace, Suuns, la Femme, Unknown Mortal Orchestra, Old Mountain Station, Primal Scream…  et ceux que l'on aura pas pu classer faute d'objectivité : Chinese Robots, Moslyve, Lys last Stand

A suivre le Top 10 MRM Concerts 2013 et à lire les TOP 10 2010, 2011 et 2012...

mercredi 4 décembre 2013

Dirty Beaches et F/Lor à la Flêche d'Or (3/12/13)


On finit l'année concert 2013 en apothéose avec la doublette de Freaks F/lor et Dirty Beaches à la Flêche d'Or. Une soirée comme on les aime, pleine de surprises avec la découverte de l'électro analogique de F/lor et d'intensité sombre et lunaire avec le génial Dirty Beaches.

On arrive donc au début du set de F/Lor, alias Fabrice Laureau, pourtant pas un inconnu puisqu'il sévit depuis plus de 20 ans dans la sphère indé (Prohibition, NLF3 en tant que bassiste et producteur de Yann Tiersen, Shannon Wright...) mais qu'on décoouvre sur scène avec son projet solo d'obédience electro. Chez MRM on a usé et abusé des disques estampillés Warp (Aphex Twin, Autechre, Boards of Canada, Prefuse 73, Plaid...) donc on ne pouvait que tomber sous le charme de cette musique pleine de sons analogiques, de bleep and beats bizarres mais si chaleureux, d'envolées rêveuses et passionnantes ou de moments de danse et d'abandon jouissifs... On s'est vraiment senti transporté : Génial! Et ca nous rappelle clairement les laborantins du label MRM que sont A Free Soul et Lys last Stand...

Vient ensuite le passionnant Alex Zhang Hungtai,alias Dirty Beaches. Après le chaos industriel du point ephémère l'an dernier, le set commence par un son de basse violent et ultra agressif. La couleur est annoncée d'entrée : Noir avec quelques gribouillages pastel de ci de là... C'est sombre mais totalement envoûtant, voire tribal et transe par moments. Cette musique ne ressemble à rien de connu, Dirty Beaches a son mode d'expression propre et c'est rare de nos jours de pouvoir fédérer un public avec ces éléments là. Respect pour un artiste indé qui défend farouchement son indépendance et vit à la roots pour défendre son art sur les 4 coins du monde. Une démarche d'homme à la recherche de sa vérité. Un bel exemple!

Même si sur disque on est avouera ne pas être toujours complètement convaincu (sauf avec les impeccables sorties de 2013: Drifters/Love is the devil, Hotel, Water Park Ost) sur scène Dirty Beaches est tout simplement phénoménal. Il y a une vraie prise de risques, une réelle énergie vitale mise sur la table et balancée à la face d'un public déconcerté mais souvent conquis...

Deux artistes rares au sens très noble du terme!

A lire également Dirty Beaches au Point Ephémère. Et pour en savoir plus : une passionnante itw du coté de la Gaite Lyrique...

jeudi 21 novembre 2013

Daughter au Trabendo (20/11/13)


Sold-out depuis un mois, ce 3ième passage de Daughter à Paris avait des airs de consécration pour le jeune combo polyglotte. Après le Café de la Danse, puis la scène Pression Live de Rock en Seine, c'est au tour du Trabendo d'accueillir l'une des plus belles révélations de l'année.

Depuis le Café de la Danse et la sortie de leur premier album lumineux (If You leave), le groupe porté par la voix envoûtante d'Elena Tonra a fait bien du chemin. En live, le trio est devenu quatuor avec l'arrivée d'un multi instrumentiste (guitare, basse, clavier). Le son du combo est bien plus ample et riche qu'en avril dernier à Bastille. On sent un groupe rodé et en pleine confiance après une première tournée de plusieurs mois qui les aura mené un peu partout.

Daughter n'hésite plus désormais à accentuer les contrastes en utilisant plus encore la reverbation des guitares et des voix. A ce stade, les influences de Sigur Ros et des Cocteau Twins paraissent beaucoup plus évidentes qu'elle ne se laissaient entendre en avril dernier. Le déferlement tellurique sur certains titres rappelle la force éruptive des islandais.

La salle, bondée, est incroyablement silencieuse entre les morceaux, comme pouvait l'être fut un temps le public de Radiohead (même si il y a toujours des idiots pour discuter et rire pendant les morceaux, merci à eux...). Un silence de cathédrale propice à la communion avec un groupe à qui l'on promet un très grand avenir si sa sincérité et son innocence résistent au Music Biz...

Déjà concepteurs d'une poignée de chansons remarquables (Youth, Home, Winter, Landfill, Smother), Daughter réussit en live à nous embarquer dans son monde rêveur et évanescent. La voix d'Elena fait vibrer les cœurs, c'est indéniable, Igor tisse le parfait écrin pour sublimer la magie prodiguée par sa compagne lorsque Rémi réussit par un jeu de batterie subtil et recherché à enjoliver l'ensemble de belle manière...

La suite discographique est attendu avec ferveur...

A lire également Daughter au Café de la Danse et à Rock en Seine.

mardi 19 novembre 2013

Chokebore au Trabendo (18/11/13)


Voilà un concert que l'on attendait avec impatience. Chokebore fêtant ses 20 ans d'existence au Trabendo avec, à la clé, quasi-exclusivement des titres de leurs deux premiers albums séminaux "Motionless" et "Anything near Water" ca ne pouvait être que grand... Et ce fut Grandiose!

On s'est déjà fait écho en ces pages de notre admiration pour un combo qui aurait mérité une bien plus grande reconnaissance... Mais grâce à l'appui du label français Vicious Circle, avec la ré-édition en vinyles des 2 albums des débuts (et du EP tout neuf "Falls Best" en 2011), Chokebore refait surface tel le Phénix pour redonner vie à un répertoire brûlant et viscéral.

Les influences primaires du groupe sont clairement à chercher du coté de la scène hardcore punk du DC des années 80 et le concert d'hier soir au Trabendo est venu en apporter une preuve éclatante. Si Chokebore excella par la suite dans un Sadcore ralenti à l'explosivité sismique, les débuts du groupe sont plutôt rythmés, débraillés avec des sonorités crades, intenses et métalliques.

Le son des guitares fut énorme hier soir et on resta bluffé par l'intensité de Monsieur Von Balthazar qui réussit à retranscrire toute la force et la percussion des débuts. Certes la voix a plus de mal à jaillir dans les aiguës comme il y a 20 ans mais la manière de retranscrire ces émotions originelles reste sidérante. Le groupe est au diapason de son leader chamanique pour un voyage de haute volée émotionnelle.

De Motionless on retiendra la ferveur de Coat, Cleaner, Shine, sans oublier celle du titre éponyme. Mais ce sont clairement les chansons issues de Anything near water qui embrasent le plus la foule : Thin as clouds (un sommet), Come back Thursday, JJ Slow, Bad Things, Lemonade...

Les baffes se suivent et on finit ce concert étourdi, presque sonné, avec le magnifique Police (issu de "It's a miracle") avant l'ultime salve You are the Sunshine of My life (Black Black) (yes you are indeed). On ne saurait remercier Vicious Circle d'avoir ré-édité ces 2 vinyles introuvables depuis longtemps et on se met à rêver d'un ouvrage similaire pour les 2 sommets de la discographie de Chokebore : "Taste for Bitters" et l'insurpassable "Black Black" (introuvable même en digital légal...)

Un groupe toujours plus indispensable!

A lire également Chokebore à la Machine du Moulin rouge et à la Maroquinerie et en Best Song Ever. Et aussi Troy Von Balthazar en tête de nos TOP 10 2012 et 2010 et en concert.

vendredi 15 novembre 2013

Queens of the Stone Age au Zenith (14/11/13)


Deux Zénith sold-out pour Queens of the Stone Age en 2013. C'est amplement mérité tant Josh Homme et son groupe à formation variable ont œuvré pendant ces 15 ans de carrière. Le 6ième opus, sorti cette année, n'est certes pas le meilleur élément de la discographie du groupe mais il fallait bien qu'ils puissent récolter un jour les fruits d'une carrière impeccable (au moins jusqu'à Lullabies to Paralyze le LP#4).

Si "Like Clokwork" n'a plus la puissance et la fougue des premiers efforts, Queens of The Stone Age reste un combo qui envoie du lourd en live. En faisant la part belle aux anciens morceaux, le début du concert démarre sur les chapeaux de roue et fait rugir l'arène de plaisir. Millionaire, No One Knows et Avon s’enchaînent de manière idyllique... avant que le bateau ne prenne l'eau avec les morceaux les plus récents...

La seconde partie du show sera beaucoup plus convaincante avec l'arrivée des grands titres que sont Little Sister, Better living through Chemistry ou Go with the Flow. Le rappel sera sauvé par l'imparable et final Song for the Dead : insurpassable! Au final, on assiste à un bon concert mais il faut dire que l'on devient exigeant avec un groupe que l'on voit pour la 8ième ou 9ième fois. On se souvient de moments inoubliables à l'Elysée Montmartre dans la canicule de 2003 avec Nick Oliveri et Mark Lanegan sur scène ou encore en 2005 à Rock en Seine et aux Eurockéennes pour des uppercuts d'un impact phénoménal... Plus récemment, on se rappelle qu'en revisitant magistralement leur album fondateur à l'Olympia en 2011, les Queens of the Stone Age avaient réussi à allier la maîtrise accumulée au fil d'une décennie d'intenses tournées et la force des débuts...

On a passé une bonne soirée, mais à la lumière de notre histoire avec ce groupe on reste quand même un peu sur notre faim... Certainement la faute à des compos récentes un peu molles et en dessous des standards épiques et surpuissants de QOTSA. On ne peut que louer la tentative de renouvellement opérée par Josh Homme qui, plutôt que de resservir la même soupe, tente de nouvelles recettes... mais elles sont moins épicées et ont donc plus de mal à emballer les fans des débuts... (en somme l'histoire classique des groupes au succès grandissant...)

A lire également Queens of the Stone Age rejouant intégralement leur premier album à L'Olympia ou encore Bes Song Ever : No One Knows , le rôle de QOTSA dans les années 2000 et bien sûr Kyuss ou encore Them Crooked Vultures...

lundi 11 novembre 2013

Arthur Beatrice, Suuns, Sohn, Sivu, Findlay et Casual Sex au Festival des Inrocks 2013 Cigale / Boule Noire


Cette année encore on aura donc choisi le Festival des Inrocks plutôt que le très hype Pitchfork. Surprenant pour des anciens lecteurs passionnés des Inrocks qui ont définitivement arrêté d'acheter le magazine après son rachat par le patron de la banque d'affaires Lazard (et le drastique changement éditorial qui s'en suivi…No comment…) il y a déjà plusieurs années (2009).

Malgré le peu d'intérêts des pages musicales du canard depuis sa reprise, on a quand même pu constater que le Festival gardait une certaine pertinence en terme de découvertes (2010 avec Warpaint, 2011 avec la Femme, 2012 avec Alt-J). Et le choix judicieux des intimistes Cigale et Boule Noire (quelle bonne idée ce pass 3 jours…) plutôt que le Hall de gare de la Villette, aura fait pencher la balance…

Les révélations Sivu et Sohn

Ca commence vendredi soir pour 3 jours de concerts. Belle entrée en matière à la Boule Noire avec le londonien Sivu (en photo) qui délivre une pop élégante et raffinée qui fait son effet. Aidé par 2 déesses se chargeant des violoncelles, violons, basse et choeurs, le jeune anglais nous berce et nous envoute…. Première belle découverte du weekend, un nom à suivre…. On enchaine avec These New Puritans à la Cigale. On les avait laissés en plein effort post-punk au détour d'un concert à la Maroquinerie et d'un Rock en Seine 2008 et on les retrouve totalement transformés, sans aucune guitare mais avec toute une orchestration derrière eux. On entre dans une sorte de Cathédrale Gothique électrisée… Dépaysant… Arrivent ensuite sur scène les tant attendus Suuns, surprenante tête d'affiche de la soirée. Forcément avec leurs chansons sombres, explorant une esthétique apocalyptique, tendue par le post-rock et l'électro dark, la Cigale est loin de faire le plein (l'étage est même fermé). Pas facile pour l'ingé son de rendre tout le spectre basse, médium des compos du groupe mais après un départ difficile il se sera plutôt bien acquitté de cette tâche. Les montréalais enrobent la soirée d'un sombre et intense halo. En guise de final "Music won't save you" nous assène leur leader… C'est tellement bluffant que l'on serait tenté de les croire… Saisissant!

Le samedi est quant à lui sold-out. On débute comme la veille par une belle baffe d'entrée avec Sohn. Une voix envoutante et pleine de grâce sur une electro puisant à la fois dans la minimale berlinoise que le dubstep londonien (période Burial). Le son du futur? On veut bien le croire… On enchaîne avec soit disant l'événement de la soirée : London Grammar. Les 3 anglais sont sortis de nulle part et ont été portés au pinacle par la critique. Du coup la Cigale est pleine à craquer pour l'occasion… La voix de la chanteuse est certes très belle mais à part ça on avoue ne pas comprendre l'engouement autour du groupe… Au passage on notera que Chris Isaak semble être le pygmalion de la nouvelle génération, après Denai Moore la veille, London Grammar reprend "Wicked Games" et la massacre (mais pas pire que Wu-Lyf…). Jacco Gardner ensuite nous aura aussi beaucoup ennuyé…

Le sommet : Arthur Beatrice

Et voilà qu'en fin de soirée surgit le meilleur concert du Festival Inrocks 2013 avec la prestation géniale de Arthur Beatrice. Il faut dire qu'un groupe qui cite comme influence The Smiths mais surtout nos préférés Prefab Sprout ça ne pouvait que nous intéresser… Cela fait plus d'un an que ce nom revient sans cesse et que les premières vidéos sur youtube nous ont interpellé. Peaufinant depuis leur premier album, Arthur Beatrice sort enfin de sa cachette pour démontrer l'étendue de son immense talent. La voix de la chanteuse est tout simplement renversante d'intensité. Elle nous donne des frissons… Le mélange voix féminine/masculine marche à merveille et on décèle aisément l'influence de l'orfèvre pop Paddy McAloon dans la musique d'Arthur Beatrice… Un concert formidable, un futur grand…

Pas encore remis des émotions de la veille, on arrive à la Cigale pour le début du set de Christine and the Queens auquel on aura pas du tout accroché… Sans musicien sur scène mais avec quelques danseurs pour des chorégraphies un peu surréalistes, on a l'impression d'assister à une sorte de Karaoké géant et gênant.. On n'a pas compris…? On repart vite à la Boule Noire pour Findlay. Belle surprise avec une jeune femme aux allures de Amy Winehouse dans la voix et l'attitude qui emmène un combo rock à l'ancienne tendance bluegrass, rockab. Energisant et entrainant. On change de décor avec Aluna George et son R&B electro à la mode mais plutôt intéressant. On dance, on s'amuse et on repart dans l'ambiance rock de la Boule Noire qui accueille les Ecossais de Casual Sex. C'est du post-punk dansant et percutant, une sorte de Franz Ferdinand sombre et décadent. Belle découverte là aussi… On refait le grand écart à la Cigale pour voir Laura Mvula. C'est beau : stellaire et lumineux. Après un bref chat avec le guitariste de Casual Sex sur le stand Merch, on finit ces 3 jours passionnants avec les frères de  Drenge. Leur duo guitare/batterie est plus efficace lorqu'ils ralentissent le tempo, là on croit voir un combo stoner (on aurait juré avoir entendu un riff de Kyuss au milieu d'un morceau). Parfait pour se terminer…

A lire également les Inrocks 2010 avec Warpaint, 2011 avec Wu-Lyf, 2012 avec Alt-J, Palma Violets...

lundi 28 octobre 2013

Parquet Courts à la Maroquinerie (26/10/13)


Fin de semaine ultra exaltante pour tous les indie rock fans. Après Sebadoh jeudi, Angil and the Hidden Tracks vendredi, voici le samedi venu les petits nouveaux de Parquet Courts qui viennent enflammer la Maroquinerie... Que du bonheur...

Avec une première K7 puis un LP sorti à 500 exemplaires en 2012 sur le propre label du guitariste Andrew Savage et qu'ils réussiront à écouler par le bouche à oreille (en tous les cas c'est que raconte la légende...), les 4 gars originaires du Texas, désormais éxilés à New-York, obtiennent en 2013 une distribution internationale via le label What's your rupture qui ré-édite "Light up Gold"... et tout s'emballe très vite, Route du Rock, Rock en Seine et une première tournée européenne...

Autant le dire tout de suite, on est fan en ces lignes, mais comment en pourrait-il être autrement vu les influences du combo? Avec ces bases punk-rock à l'ancienne et un savant dosage de noisy rock, de larsens, de feedback et de dissonance on est aux anges... Et les images défilent : Sonic Youth en tête pour la dissonance et les larsens répétés, Pavement pour l'attitude slacker et le chant dissonant, et tout un pan du punk rock US pour l'énergie et le coté à fond les ballons sans pause (Ramones bien sûr...).

C'est frais, plein d'entrain et de générosité, les paroles sont pleines d'ironie et de sarcasme et ne manquent vraiment pas d'humour... Tout cela en ferait presque le groupe indie rock du moment!

Un combo à suivre de près...

A lire également Parquet Courts à Rock en Seine et dans le même esprit : Sonic Youth, Pavement, Sebadoh...

samedi 26 octobre 2013

Angil & the Hidden Tracks à l'OPA Bastille (25/10/13)


Le lendemain d'un communiqué lapidaire annonçant la dissolution programmée d'Angil and the Hidden Tracks en 2014 après l'enregistrement d'un ultime album, Mickael Mottet et sa bande se produisaient dans le cadre feutré de l'OPA à Bastille. L'occasion inestimée de re-découvrir en live tout ce que le rock indé made in France va perdre dans quelques mois…

La scène de l'OPA Bastille est plutôt réduite (on y était la semaine dernière pour soutenir nos protégés de Chinese Robots) et on peut difficilement y faire entrer trop de monde mais elle est parfaitement adaptée pour ce genre de concert aérien avec chant, guitare, batterie et instruments à vent (clarinette, trompette, clarinette basse) et à cordes (violon). Ambiance intimiste et détendue pour une soirée à l'image du groupe : décontracté, généreux et qui ne se prend pas la tête…

Après plus de 10 ans d'activisme indé et plusieurs albums au compteur, la pop inventive, sophistiquée et  parsemée d'influences indie rock évidentes d'Angil, va donc terminer son périple… Et on en est vraiment déçu… Et ce n'est pas le magnifique concert d'hier soir qui viendra sécher nos larmes… Bien au contraire…

On ne connait pas les raisons qui ont poussé Mickael Mottet à prendre cette décision mais on imagine une certaine lassitude à lutter inlassablement en France pour faire vivre un certain rock indé de qualité et qui se contrefout des modes, des diktats du marketing, des community managers et autres spécialistes de l'image et du paraitre rock indispensable pour faire le buzz et se vendre…

On parle en connaissance de cause en ces lignes puisqu'avec le label Mind Riot Music, on est quotidiennement confronter à cette problématique de lutte pour faire connaitre nos artistes (Moslyve, Chinese Robots, Lys last Stand…) dans un environnement français frileux et peu enclin à aider la cause rock indé… La scène indé française compte tellement d'immenses talents qui sont obligés de se battre pour continuer que cela deviendrait presque désespérant… On pense bien entendu à Angil mais aussi à Alexandre Varlet ou encore Nicolas Leroux (Overhead) qui dans un monde idéal devraient être tout en haut de l'affiche...

Bref, on pourrait parler de ce sujet pendant des heures donc revenons à ce splendide concert de Angil and the Hidden Tracks hier soir. Après un surprenante prestation introductive de Michael Wookey, petit génie bricolo, artisan d'une pop possédée et envoutante, Angil entre enfin sur scène. Le set débute par l'un des titres du dernier maxi et se poursuit avec plusieurs titres issus des différents albums du groupe. Avec l'enchainement des meilleurs titres du dernier LP en date (Now sorti comme le reste de la collection sur le très beau label We are Unique!) le concert prend une autre dimension où les instruments à cordes et à vents donnent leur pleine mesure.

C'est d'ailleurs ce mélange exquis de rock indé et d'orchestration qui donne sa grande singularité au groupe. Un titre comme "To Progress" aura été l'un des sommets du spectacle, avec les 3 instrumentistes débarquant par l'arrière de la salle en plein milieu du morceau pour lancer une estocade poursuivie au milieu du public… Grosse surprise et énorme sensation…

Superbe soirée, et maintenant on croise les doigts pour pouvoir les revoir une ultime fois sur Paris l'an prochain…

A lire également Angil à la Fabrique Balades Sonores et dans le rayon immenses talents sous-cotés : Alexandre Varlet, Overhead, Arch Woodmann


vendredi 25 octobre 2013

Sebadoh à la Maroquinerie (24/10/13)


Un groupe culte des nineties qui sort de nouveaux titres après avoir fermé le bal à la fin des années 90, ca deviendrait presque banal, sauf que Sebadoh reste une vraie attraction et c'est peu dire que son passage à la Maroquinerie était attendu. Et putain quelle soirée d'indie et punk rock à l'ancienne...

En mal de reconnaissance au sein de Dinosaur Jr, Lou Barlow fonde Sebadoh à la fin des 80's pour laisser tout son talent de songwriter se développer librement. Leader et pourfendeur de l'esthétique Lo-fi, avec Pavement, Sonic Youth et toute la clique Sub-pop, Sebadoh aura toujours joui d'un statut à part. Remis en scène avec la sortie de leur 8ième album, après un hiatus discographique de 14 années, Lou et sa team se portent admirablement bien.

Le titre de l'album sonne comme un manifeste : "Defend Yourself"... Et sur scène, ils font bien plus que celà! Lou Barlow et Jason Loewenstein s'échangent constamment leurs instruments (basse, guitare) ce qui apporte une vraie dynamique, Jason irradiant le set de ses saillies punk rock dissonnantes lorsque Lou se la joue plus mélodique (mais tout est relatif). Le power trio se fait plaisir, ca se voit, et c'est diablement communicatif...

Ces 3 quarantenaires ont encore ce truc sauvage qui caractérise si bien le punk rock ancestral qui aura irrigué les veines de toute la scène indé US des années 90 (Nirvana, Melvins, Soundgarden, Chokebore...). On aura pris une bonne baffe et que ça fait du bien... On tendrait bien l'autre joue...

A lire également Pavement, Chokebore, Nirvana, Melvins, Soundgarden...

mardi 22 octobre 2013

Tindersticks à l'Olympia (21/10/13)


20 ans de carrière ca se fête... Et ca vaut bien un Olympia garni que les francophiles Tindersticks auront éclaboussé de leur classe indéniable hier soir... Et comme on est jamais mieux servi que par soi-même, c'est le groupe lui-même qui assura sa 1ère partie pour un set de 30 minutes tout en douceur et en volupté...

Assis, et le plus souvent muni d'une guitare acoustique, Stuart Staples, résident de la Creuse depuis quelques années, nous berce de sa voix ronde et chaleureuse. Le choix de débuter le concert par un set atmosphérique est judicieux. La grande force de ce combo hors-norme est bien d'asseoir son propre univers, si particulier et riche en nuances...

Leur son est d'une grande délicatesse, les différentes strates d'instruments (piano, synthé, instruments à vents, basse, batterie, guitares) se marient les unes aux autres de manière harmonieuse. Tout en nuance, les chansons s'articulent pour nous faire voyager d'un bout à l'autre du spectre musical autour duquel le groupe papillonne (soul, folk, jazz, rock...)...

Après 20 minutes d'entracte, Les Tindersticks reviennent en scène pour le gros morceau de leur set : des titres plus relevés où ils peuvent exprimer une force plus saisissante encore... On est aux anges et totalement subjugué... Les meilleurs moments auront été  les interprétations de "Show me" et "This Fire of Autumn" du dernier LP et le somptueux City Sickness du tout premier disque : bouleversant.

Une précieuse soirée...!

A lire également Tindersticks dans notre Top albums 2012 avec "The Something Rain"

mardi 1 octobre 2013

Pixies à l'Olympia (29/9/13 & 30/9/13)


Les Pixies enfin de passage dans la mythique salle de l'Olympia, c'était l'un des grands événements de cette rentrée parisienne. Le cultissime combo de Frank Black qui au détour des années 80/90 aura préparé le terrain pour la déferlante de l'underground rock symbolisée par la vague de Seattle (Nirvana en tête de gondole) devait un jour fouler les marches de la prestigieuse Olympia. 10 ans après le retour c'est chose faite pour deux dates ultra sold-out, et cerise sur le gâteau, les bostoniens y ont joué leur premiers morceaux édités depuis près de 22 ans (si on excepte le single digital Bam Thwok de 2004).

On sera ravi de voir tout d'abord en 1ère partie Mother of Two. Que de chemin parcouru pour le side project de Julien Gaulier (Hey Hey My My) qui, il y a moins de deux ans, jouait avec nos protégés de Moslyve à l'International. MOT a plutôt assuré et leur rock d'obédience 90's a bien fonctionné en atteste la réaction enthousiaste du public...

Mais revenons à nos lutins, qui avaient annoncé que cette nouvelle tournée mondiale serait donc l'occasion de jouer leurs nouveaux titres tout récemment édités, ainsi que des titres encore peu joués en live. Alléchant programme! Après les avoir vu exceller au Zénith en 2004, puis à Rock en Seine 2005 avant d'en remettre une sacrée couche pour la tournée célébrant les 20 ans de Doolittle en 2009, on ne pouvait attendre qu'une énorme baffe de ce groupe culte, même amputé de sa charismatique bassiste Kim Deal...

Et forcément, il fallait bien que la déception montre le bout de son nez un soir... Fatalement, on put la ressentir au sortir de la fosse en ce premier concert de dimanche... Et pourtant ça démarrait comme dans un rêve avec le rare "In heaven" (le plus souvent chanté par Kim Deal par le passé) subtilement fondu dans le nouveau titre "Androqueen". Enchaînement parfait avec l'immense "Where is my mind?". Dantesque d'entrée... Puis les choses se gâtèrent... En jouant une majorité de chansons mid-tempo et pour certaines anecdotiques, la sauce ne prenait pas et on sentait le groupe à moitié dedans, en tous les cas à des années lumière de rendre toute la rage et l’énergie sur-lesquelles leur incroyable répertoire s'est construit. Au final ça reste un bon moment mais il manquait cruellement quelque chose. Cette petite étincelle, cette flamme vacillante et insubmersible à la fois...

On revient le lendemain rempli d'espoir pour suivre ce second round de la mezzanine de l'Olympia cette fois ci. Petite crispation avec un début identique à la veille avec In heaven et Andro Queen... Et là, soudainement, Frank Black troqua sa guitare acoustique contre sa telecaster magique pour ne quasiment plus la quitter... Autant dimanche, les Pixies avaient sorti leurs habits de parade avec leurs tubes et leurs balades (Monkey Gone to Heaven, Here comes your man, Wave of mutilation surf rock...) autant hier ils avaient décidé de remporter le combat par KO dès le premier round!

Sans aucune pause, ils enchaînent leurs titres les plus rageurs avec une hargne et une dévotion intacte... The Holiday Song, Nimrod's Son, l’enchaînement infernal Indie Cindy, N°13, Broken Face, Crackity Jones, Isla de Encata... Waouh... Ça déménage et ça n'arrête pas, les uppercuts pleuvent, on en prend plein la face et on adore ça!!!! En privilégiant leurs débuts (Come on Pilgrim, Surfer Rosa, Doolittle) les Pixies retrouvent la flamme et incendient un Olympia lancé à l'assaut du 7ieme cièl...

Deux rappel et une conclusion indispensable : Where is my mind? Elle était au paradis hier soir...

A lire également : Pixies au Zénith (Doolittle 20th Anniversary) et en Best Song Ever... Et pour le fun le Seattle Sound (Nirvana, Soundgarden, Alice in Chains, Pearl Jam,) et même époque les Breeders de Kim Deal...

jeudi 26 septembre 2013

Neil Halstead à L'Espace B (25/9/13)


L'avantage d'habiter à Paris est de pouvoir passer d'une extrême à l'autre en un temps record tant l'offre de concert est importante. Après le bruit et la fureur de la veille au Point Ephémère avec Fuzz, on a la chance de pouvoir voir dès le lendemain le grand Neil Halstead en toute intimité à L'espace B pour un set solo acoustique parfait!

Cette salle excentrée du 19ième est vraiment indispensable dans le paysage musical parisien. Grâce à une prog totalement libre et souvent ambitieuse on peut à la fois y découvrir de jeunes pousses talentueuses mais qui n'ont pas encore assez de suiveurs (ou de fans FB) pour intéresser des salles un peu plus grandes (mais plus par la taille que la qualité de leur prog...) que d'artistes indé reconnus. On en sait quelque chose en ces lignes puisque l'Espace B a déjà accueilli nos protégés Chinese Robots et Moslyve (à découvrir ici www.mindriotmusic.com) ou d'autres combo que l'on suit attentivement (Marvin, Seventeen at this time, Venera 4...).

Hier soir donc, c'est l'un des plus grands songwriters britanniques, n'ayons pas peur de l'affirmer, qui nous fait l'immense honneur de jouer à Paris, 6 ans après sa dernière sortie... Et la salle ne fait pas le plein , ce qui est tout de même un scandale... Même si l'option assis dans une salle où la scène est basse n'aura pas faciliter la communication entre l'artiste et son public, on aura été dévasté dès les premières notes du spectacle.

Seul en scène et jouant principalement des titres de ses opus solo (dont le dernier sublime Palindrome Hunches) et de Mojave 3 (il aurait été forcément compliqué de jouer en acoustique les morceaux shoegaze de son premier groupe cultissime Slowdive), Neil illumine la salle. Ses superbes compositions prennent une ampleur incroyable dans ce dénuement intégral (on notera seulement une superbe reverb donnant du corps à l’ensemble).

Un grand mélodiste qui réussit à communiquer un sentiment de plénitude, de beauté et d'apaisement... On est pas loin du bonheur. Merci Monsieur Halstead!

A lire également Slowdive en Best Song Ever... et dans le même registre dépouillé Ryan Adams ou en terme de talent Paddy McAloon...

mercredi 25 septembre 2013

Fuzz (Ty Segall) au Point Ephémère (24/9/13)


Décidément, l'inspiration de Ty Segall est inaltérable. Après avoir sorti 3 albums l'an dernier, il sort deux opus en l'espace de quelques semaines. Après un disque solo réussi d'obédience folk psyché en août, c'est avec son tout nouveau groupe, Fuzz, que le californien s'apprête à faire saigner nos oreilles avec un album éponyme à sortir le 1er octobre et mis en vente en exclu hier soir au Point Éphémère pour le premier concert parisien du nouveau trio...

Contre toute attente Ty Segall s’assoit derrière les fûts et, tout en nous berçant de sa voix reconnaissable entre mille, laisse le soin à son pote Charles Moothard (Ty Segall band) d'enflammer la salle à la guitare. Le show part à cent à l'heure et nous emporte d'entrée de jeu. Un mélange de Stoner pour le coté psyché et ultra heavy, de Garage pour la furie et le son crade et même de Rock 70's pour la virtuosité (on pense à Led Zep, rien que ça...). Ca déménage, nous hypnotise et nous fait passer un sacré bon moment!

Du rock brut, puissant et cramé... voire même schizophrène (on ne sera pas étonné de voir une reprise du "21st Century Schizoid Man" de King Crimson sur leur dernier 45T). Après son passage au BBmix festival en novembre, on ne peut que constater que Ty Segall s'impose comme l'un des leaders fondamentaux du renouveau d'une certaine esthétique indie rock : brut et psyché... On en redemande...

Cerise sur le gâteau, on aura l'immense honneur de se faire servir ses vinyles par Ty Segall lui même sur le stand merchandising du Point Éphémère. Un sacré souvenir! Indie Spirit Forever!

A lire également, Ty Segall au BBmix festival et dans le même esprit le stakhanoviste Jack White, les bouillants et cultes Melvins et les Stoner en chef Kyuss...

mardi 10 septembre 2013

Money à la Flêche d'Or (9/9/13)


Après la fin de l'été que sonne traditionnellement Rock en Seine, nous voilà repartis pour une nouvelle saison de concerts, que l'on espère de folie, bien entendu. Et on commence par l'évènement hype de la semaine avec la PIAS Nite et la venue à la Flèche d'Or de Braids, Money et les super hype Jagwar Ma, que tous les journaux s'arrachent (donc on n'en parlera pas, ca ne sert à rien de rabâcher...).

Attardons nous les nouveaux venus de la scène de Manchester : MONEY. On entend parler de ce groupe depuis plus d'un an sur la blogosphère et on avait loupé leur passage à l'Espace B en mai dernier. Les journalistes spécialisés, toujours avides de références faciles, les comparaient déjà à WU LYF. On voit bien quelques similitudes lointaines pour le côté grand messe mais c'est tout...

Autant WU LYF proposait une musique physique, viscérale et punk dans l'esprit, autant MONEY se rapproche de la grande tradition mélodique anglaise avec ces arpèges de guitare au son carillonnant (on pense aussi à Villagers ou Arcade Fire pour l'exubérance et la passion). Souvent élégiaques, les compositions des 4 Mancuniens nous font flotter dans un univers romantique, sombrement élégant... Avec un second degré porté en étendard par un leader, typiquement anglais, qui ne se prend pas trop au sérieux et c'est tant mieux.

Jamie Lee, c'est le nom de l'intriguant, démarre le concert incognito dans la fosse, à capella avant de monter sur scène. il n'hésitera pas à ouvrir pendant le concert bouteilles de bières, de vin ou de whiskey (qu'il offrira à un public ravi). Détendu et sûr de son fait, MONEY livre une prestation aérienne et rêveuse, parfaite en cette rentrée qui se refroidit d'un coup.

L'automne arrive et on pourrait bien le passer avec ce premier album de MONEY sorti il y a 15 jours via Bella Union, tout de même. Une promesse à tenir...

A lire également WU LYF (Cigale, Bataclan, Rock en SeineMRM TOP 10 2011)... ou encore Villagers ou Arcade Fire...

lundi 26 août 2013

Rock en Seine 2013 : Un bon crû survitaminé par Nine Inch Nails, System of a Down et Paul Kalkbrenner


Les années se suivent et ne se ressemblent pas... Fort heureusement. Si l'édition des 10 ans avait fortement déçue (voir le live report), Rock en Seine 2013 restera comme une belle année. Pas du niveau des cuvées exceptionnelles de 2005 et 2010, ni même de 2011 mais en bonne position juste derrière...

Les têtes d'affiche ont assuré et fait pulser la grande scène (Paul Kalkbrenner, Nine Inch Nails, System of a Down) tandis que de belles jeunes pousses auront illuminé les scènes annexes : Daughter, Alt-J, Jc Satan, la Femme, Parquet Courts...

Le minimalisme triomphant et rafraichissant de Daughter, Alt-J et Paul Kalkbrenner

C'est sous la chaleur torride de l'été que nous commençons notre pèlerinage annuel Porte de Saint Cloud. 31 degrés au compteur, on se fait rôtir comme des sardines devant la prestation sympathique du jeune rapper de Chicago Chance The Rapper sur la grande scène. Une pression au passage et on part voir Savages sur la scène de la cascade. Les 4 filles se démenèrent pour faire vivre leur cold wave en plein cagnard, mais la sauce prend difficilement dans ce contexte torride et si tôt dans la journée (on aura largement préféré leur show au festival des Inrocks 2012).

Après un sympathique Belle & Sebastian sur la grande scène (leur pop typiquement british made in 90's rappelle de bons souvenirs à certains...) on se rend en direction de la scène Pression Live pour la première baffe de ce Rock en Seine 2013 : Daughter. On s'était déjà enthousiasmé pour leur concert au Café de la Danse en avril et on à pas été déçu par leur seconde venue parisienne. On se demandait comment leur indie pop si intimiste allait passer dans le cadre d'un festival de plein air? Et bien après un début timide, les 4 Daughter (3+1 sur scène) auront retrouvé cette équilibre si parfait qui leur permet de transmettre tant d'émotions avec peu de moyens. La voix d'Elena Tonra nous donne encore des frissons... Un futur grand Groupe...

On zappera la coqueluche des médias, Tame Impala, dont le concert à l'Olympia en juin dernier ne nous aura pas laissé un grand souvenir (on s'est rarement fait aussi chier en concert) pour aller préter une oreille attentive à l'immense Johnny Marr. Bon concert avec quelques reprises des Smiths forcément (dont notre Best Song Ever 52) mais sans la voix de Morrissey...

Ca s'enchaine directement avec Alt-J sur la scène adjacente. Là encore, c'est avec peu d'effet et un minimalisme porté aux nues que le jeune quartette anglais subjugue littéralement le public. Ils seront tout de même passés en quelques mois de la Boule Noire à la scène de la Cascade de Rock en Seine... Sur la grande scène Franz Ferdinand assure le spectacle. C'est calé, précis et la plupart du temps efficace, mais ce sont, de loin, les morceaux du premier album qui passent le mieux... On sent les écossais en perpétuelle quête de cette alchimie improbable des débuts... Une quête certainement vaine...

Petit amusement sympathique avec Kendrick Lamar avant le clou du spectacle de cette première journée : Paul Kalkbrenner sur la grande scène. En 2011, le producteur allemand avait enflammé la scène de la cascade avant de prendre d'assaut le Zénith parisien, et c'est tout naturellement que sa techno minimaliste reflétant à merveille le meilleur de la scène berlinoise des années 2000 devait triompher dans le cadre de la scène principale de Rock en Seine. Une musique électronique d'une grande classe sachant allier décontraction et punch. Parfait pour finir la soirée en beauté!

Un samedi explosif et dévastateur : Nine Incha Nails, Vitalic et la jeune garde française

On perd presque une dizaine de degrés et on se retrouve sous un ciel menaçant pour entamer ce Day 2. Et parfaite entame avec le jeune quatuor français Fi/She/S. Une pop alambiquée et rêveuse qui lance doucement mais surement la journée. Un groupe à suivre. Sur la scène Pression Live, In the Valley Below nous permet de finaliser cette douce entrée du samedi. On s'allonge dans l'herbe, on écoute leur musique planante et on part loin...

Sur la scène de l'Industrie les JC Satan nous réveillent avec leur rock énergique que l'on avait qualifié de "psyché pop métal" lors de leur passage en janvier à la Maroquinerie. Après avoir écumer les petites salles à la sortie de leur 3ieme LP à l'automne (ils ont joué au Kraspek Myzik à Lyon quelques semaines après Moslyve en novembre), les choses ont pas mal bougé pour eux en 2013 (Printemps de Bourges, Nuits Sonores et donc RES) et on en est ravi!

Autre groupe français pour qui 2013 est une année de succès : La Femme. Leur pop en français mélangeant habilement la pop synthétique années 80, le surf rock, et la coldwave, le tout sonnant indéniablement moderne aura marqué les esprits. Et leur set à Rock en Seine devant une foule aux anges confirme leur talent. De l'autre côté du parc, nos chouchous du Black Rebel Motorcycle Club entrent en jeu. Un début de concert assez poussif avant que pour une raison indéterminée leur set prenne une tout autre tournure après la ballade "Lullaby". Cet intermède interstellaire passé et on retrouve la morgue et la hargne BRMC que l'on adore. Cramé et psyché!

Petite pause (il faut bien se restaurer et se préparer pour l'enchainement de la soirée...) et l'on part sur la Grande Scène voir l'évènement Nine Inch Nails. On a beaucoup de respect en ces lignes pour l'intégrité artistique de Trent Reznor et sa capacité à rester authentique après plus de 25 ans de carrière... Le show NIN 2013 est sans surprise : c'est d'une intensité viscérale terrifiante dès les premiers morceaux (certainement pour faire partir les touristes) avant qu'à la nuit tombée, Reznor ne nous amène vers des terrains plus éthérés mais toujours aussi forts... NIN l'archétype de ce que l'on aime dans le Rock : cette énergie vitale si précieuse... Et bien sûr, le show ne pouvait que se terminer sur notre Best Song Ever (épisode 35): Hurt.

La suite est toute aussi puissante avec Vitalic, mais beaucoup plus psyché. Une nouvelle baffe. Et on préfère terminer la soirée avec l'electro ludique et toute en rondeur de Fritz Kalkbrenner que par Phoenix. Une très belle seconde journée, épuisante mais jouissive, qui se termine avec les premières gouttes d'eau...

Un final punchy et chamanique : The Bloody Beetroots, System of a Down et Tricky

Ce dernier jour commence par un crachin continu des plus irritants qui nous aura incité à retarder notre arrivée sur le Parc de Saint Cloud. On commence donc tranquillement par The Computers sur la Grande Scène. Rock d'obédience fifties assez efficace. Le chanteur fait le show et leur reprise des Clash est sympa (Stand by Me).

Mac Miller et son rap sur des beats old school aura ravi l'assistance avant que Is Tropical nous déçoive énormément. Trop pop, pas assez électro, on ne restera pas jusqu'au bout... Direction la scène Pression Live pour un joli concert des américains de Parquet Courts. En mélangeant des influences indé 90's (Pavement, Sonic Youth) et punk, les 4 New-Yorkais d'adoption envoient du lourd et nous font passer un bon moment. Dissonant en diable, comme on aime...

Sur la Grande Scène, l'electro-rock varié et malin des Bloody Beetroots aura triomphé. Sur leur tube, la foule se déchaine et c'est tout le Parc de Saint-Cloud qui saute en cadence. Une belle baffe inattendue... Après avoir écouté une partie du set de Major Lazer que l'on trouvera un peu inégal (les parties plus techno nous plaisent beaucoup quand d'autres passages Dancehall nous irritent...) on part à la rencontre de l'autre mastodonte du weekend après NIN : System of a Down. On ne sera resté que pour quelques titres (dont le démentiel "Prison Song") mais on en aura pris la gueule. Waouh, quelle présence de Serj Tankian, quelle énergie déployée, quel impact...

On part presque à reculons tellement c'était grand pour assister au concert de Tricky. Chamanique, c'est encore une fois le terme qui caractérisera le mieux la prestation du natif de Bristol. Agissant tel un chef d'orchestre avec ses musiciens, en leur indiquant d'un geste à quel moment accélérer, s'arrêter ou reprendre de plus belle, il mène ses chansons au fil de ses envies et de ses désirs. Même si par moment ca peut paraitre un peu longuet, c'est toujours intense et vrillé. On retiendra une étonnante reprise des Breeders, Do you love me, étirée sur près de 10 minutes. Un bel trance pour finir ce Rock en Seine 2013 qui restera un très bon crû. Et comme chaque année, on se dit la même chose : vivement l'année prochaine...

A lire également Rock en Seine, 2008, 2009, 2010, 2011 et 2012.

lundi 19 août 2013

Best Song Ever (épisode 88): Upside Down par The Jesus and Mary Chain


L'archétype de la pierre angulaire immanquable dans notre quête absolue de la Best Song Ever : le strident, dangereux et hallucinant "Upside Down" de The Jesus and Mary Chain.

Il s'agit du tout premier single du groupe, d'abord édité en 45T à 1000 unités seulement, et l'une des toutes premières références du tout nouveau label Creation Records, créé par un écossais débonnaire, Alan McGee. La K7 de démos du groupe avait été remise en main propre à McGee par l'un de ces vieux compagnons de Glasgow, Bobby Gillespie, un proche du groupe (il s'assiéra rapidement derrière les futs du groupe après ce single pour fonder ensuite Primal Scream).

Quel coup de tonnerre, quelle scie à vriller les cerveaux en deux que ce titre totalement déroutant. Rendu quasi inaudible, la mélodie est toalement vampirisée par un larsens de guitare strident omniprésent de la 1ère à la dernière seconde. C'est totalement fou et tellement radical que l'on ne peut qu'applaudir des deux mains sur un blog nommé Mind Riot Music (aussi un label on le rappelle... ;)

29 ans plus tard c'est toujours une tuerie (le 45T est sorti en novembre 1984). La légende veut que non content du mix réalisé par le producteur, c'est Alan McGee lui même qui finalisa le tout et qui poussa le potard jusqu'à 9 pour que le larcens puisse prendre toute son ampleur, sous le regard ahuri du groupe qui se demanda qui était ce savant fou qui leur demandait de leur faire confiance...

Quel suicide commercial auraient pensé la quasi totalité des professionnels. Pas McGee. Et l'histoire lui renda grâce : Plusieurs ré-éditions, 35000 copies vendues et le son du futur et mythique premier album de The Jesus and Mary Chain tout trouvé (Psychocandy reprendra largement la trouvaille du producteur pour donner au monde l'album ultime de Noisy pop).

Plus que cela encore, ce premier succès pour le petit label indé Creation Records, assura une rentrée d'argent non négligeable qui donna les moyens à McGee de lancer pleinement l'aventure (il céda d'ailleurs The Jesus and Mary Chain à WEA au passage). Sans ce pari, ce risque fou, peut etre n'aurions nous jamais entendu les nombreux groupes mythiques qui firent les belles heures de Creation Records quelques années plus tard : Ride, My Bloody Valentine, Primal Scream, Oasis, Slowdive.

Un monument, vraiment.

jeudi 15 août 2013

Angil (sans les Hiddentracks) et Dotsy Dot à la Fabrique Balades Sonores (14/8/13)

Il y a de ces soirées quelques peu inattendues qui ont le charme de l'évidence et de la simplicité. Le showcase de Angil, accompagné puis accompagnant Dotsy Dot, à la Fabrique Balades Sonores aura été de ces instants de grâce qui laissent un souvenir ému.

Pour être honnête, on a découvert tardivement cet activiste de la scène indé et sa venue dans le contexte ultra intimiste d'un Showcase à la Fabrique Balades Sonores (autres activistes frénétiques de la sphère underground) était la parfaite occasion pour s'inviter dans l'univers du Monsieur. Et que ce monde ainsi découvert nous a plu. Ses références au meilleur du rock indé laidback (Pavement), dissonant (Sonic Youth) et inventif (Sebadoh) nous parle forcément en ces pages. Petit côté sentimental supplémentaire puisqu'Angil nous confiera qu'il fait ce soir son dernier concert avec son inséparable guitare Danelectro qui le suit depuis 20 ans et qui va changer de propriétaire au détour du Fort de Saint Malo lors de la route du rock... 

Dans la première partie de son set, Angil aura joué une bonne partie des titres issus de son tout récent EP en date, sorti sur We are Unique Records et financé en partie via Microcultures. 250 exemplaires vinyles 25 cm dont 190 pré-commandés par les internautes. Angil a clairement sa troupe de fans inconditionnels savamment gagnée à la sueur de 10 années d'une carrière indé (on osera le terme underground dans le plus noble sens du terme) remarquable. Un très beau set qui se termine, forcément, par une reprise bien sentie de Pavement (we dance).

La gentillesse et la sympathie distillée par le chanteur et sa facilité à instaurer un lien intimiste et sincère avec son public nous auront ravis. Une superbe soirée. Et que dire de la suite avec le showcase de Dotsy Dot, aidée par Angil à la guitare et aux backing vocals. La surprise fut totale. D'apparence timide et fragile, Dotsy Dot se transforme littéralement dès les première notes. L'intensité mise par la jeune femme sur les deux premiers morceaux d'obédience bluegrass nous mettent une petite claque. On pense à PJ Harvey première époque pour cette force dégagée. Une reprise bluffante de Sonic Youth finit de nous achever (Little Trouble Girl). Même si son set aura paru inégal, les moments où Dotsy Dot lâche prise nous donnent vraiment l'impression qu'un très gros potentiel est là et ne demande qu'à éclore...

Et pour continuer dans le même univers, à lire également quelques posts sur Pavement, Sonic Youth, Troy Von Balthazar ou encore via la scène underground française Arch Woodmann ou Alexandre Varlet...

vendredi 9 août 2013

Best Song Ever (épisode 87) : Souvlaki Space Station par Slowdive


Groupe totalement oublié du mouvement shoegaze, Slowdive avait pourtant pondu en 1993 un fabuleux album rêveur, lancinant et spatial... Hébergé sur Creation Records (quel nez ce McGee...) comme la plupart des groupes importants de ce début de décennie (Ride, Primal Scream, My Bloody Valentine... puis Oasis), Slowdive aura eu le malheur d'arriver à maturité au mauvais moment...

Au moment de la sortie de leur second LP, Souvlaki, en mai 93, le mouvement shoegaze est passé de mode, la faute à la déferlante de Seattle qui aura tout submergé sur son passage. Nirvana s'apprête à sortir "In Utero", Pearl Jam a explosé avec "Ten", Soundgarden avec "Badmotorfinger" tandis que les porte drapeaux britons s'enlisent : Ride perd de sa créativité, les Stone Roses périclitent, My Bloody Valentine se perd déjà dans la réalisation du successeur au mythe "Loveless" (qui ne sortira que 20 ans plus tard, un soir de février 2013...).

Un timing totalement à coté de la plaque, des critiques bercées par la rage et le mal être du grunge qui ne comprend rien à la beauté évanescente de Souvlaki. Et pourtant, durant la totalité du disque, on se sent transporté, quelque part au loin, dans un bel endroit onirique et rempli de songes charmeurs. La voix envoutante et sensuelle de Rachel Goswell n'y est pas pour rien. Les compositions du maitre Neil Halstead sont sublimes. Le son est un délice, et on a même droit à la participation du grand Brian Eno sur deux morceaux...

Le coeur de ce disque est à chercher au détour de la Face B du 33 Tours avec le superbe titre "Souvlaki Space Station". Des mélanges de guitares noisy, réverbérées et pleines d'échos créent une strate sonore lumineuse que la basse vient carresser dans le sens du vent. Rachel apporte la touche aérienne qui vient faire définitivement décoller ce morceau divin...

Le webzine Soundsbetterwithreverb a même récemment classé Souvlaki en seconde position de son TOP 100 shoegaze albums, entre My Bloody Valentine et Ride tout de même... C'est amplement mérité...

A lire également dans le mood Shoegaze : Best Song Ever Ride ou My Bloody Valentine...


jeudi 25 juillet 2013

Arctic Monkeys au Théatre antique de Vienne (22/7/13)


Depuis la sortie en 2006 de leur premier album, les Arctic Monkeys ont accompli bien du chemin à tel point de se hisser au niveau des groupes de pop rock qui comptent. Leur brillante prestation au Théatre antique de Vienne a définitivement conforté cette assertion.

En pleine tournée des festivals avant la parution tant attendue de leur 5ième LP à la rentrée, les 4 lads se sont arretés à Vienne, 2 ans après avoir convaincu la foule lyonnaise aux Nuits de Fourvière. Petite déception, l'arêne ne fait pas le plein mais est tout de même bien garnie. Les Monkeys démarrent en mode atmosphérique avec leur tout nouveau sombre single "Do I Wanna Know" (doit-on s'attendre à une pop noire pour l'album à paraitre? la face B du 45T, "2013", enfonce le clou en ce sens... Wait and see).

En puisant quasimment à part égale dans leurs 4 disques, Alex Turner and co présentent les différentes facettes de leur groupe. Le coté post-punk juvenile des premiers morceaux (Bet you look good, When the sun goes down, Dancing Shoes) est toujous aussi jubilatoire. La pop vintage et habile du dernier opus n'a pas pris une ride (She's Thunderstorms, Suck it an See), les bruyants et venimeux "Crying Lighning", "Old Yellow Bricks" et "Pretty Visitors" font leur effet et fascinent toujours autant.

On retiendra la version semi-acoustique du superbe "Cornestone", le futur hit à tomber "Mad Sounds", le complexe et jubilatoire "R U Mine" et le classique "505" avec l'intervention naturelle de leur pote Miles Kane qui aura d'ailleurs assuré une bonne prestation en première partie malgré une balance plutot cafouilleuse...

Un groupe définitivement essentiel, une belle soirée! Alex Turner, est sans doute l'un des meilleurs songwriter de sa génération. A lire également les Arctic Monkeys au Zénith, à la Cigale, à Fourvière ou encore à Rock en Seine...

mercredi 24 juillet 2013

Keith Jarrett, Gary Peacock et Jack Dejohnette au Théâtre Antique de Fourvière (19/7/13)


C'est toujours un sacré évènement de voir le trio mythique Jarrett / Peacock / Dejohnette en live. Et c'est encore plus monumental dans le cadre de l'ancestral Théâtre Gallo-Romain perché sur la colline de Fourvière à Lyon. Cerise sur le gateau les 3 maestro fêtent leurs 30 ans de vie commune dans le monde du jazz.

5ième passage aux Nuits de Fourvière (et 4ième auquel on a la chance de pouvoir assister après ceux de 2005, 2008 et 2010). Le trio improvise beaucoup et a en cela besoin de se sentir pleinement connecté. Les 3 comparses imposent ainsi de véritables règles aux spectateurs (pas de photo, de bruit ou de nuisance quelconque) qui doivent être présents pour recevoir l'annonce divine...

C'est vrai que ces contraintes paraissent celles d'un autre temps, mais d'un autre côté, l'oubli de soi engendré par la totale immersion dans la musique enchantée du trio vaut bien l'astreinte disciplinaire imposée. Durant toute la 1ère partie du concert, le mot "Magie" n'aura pas été galvaudé. Par je ne sais quel sortilège prodigué, on se retrouve ensorcelé par ces suites de sons élégiaques. On part dans des contrées d'une rare beauté. La sensation de félicité ressentie n'a pas de prix, vraiment.

Que du bonheur. Et on se souviendra longtemps de ce morceau tout en nuance où l'écoute en contre-champ des chants des oiseaux à la tombée du jour rendait l'atmosphère totalement surréaliste. D'une beauté divine.

Après 25 minutes d'entracte, les 3 lascars réapparurent pour une ultime salve de seulement 25 minutes. Quelque chose s'était cassé et le trio n'était plus dans son élément et a certainement préféré arreter les frais. C'est bien dommage et même rageant. On sort un peu énervé mais la seule évocation des sensations ressenties durant le premier acte suffiront à nous rappeler l'excellence de la soirée.

A lire également le trio en concert à Fourvière en 2008 ou dans un registre similaire Patricia Barber et la Best Song Ever Miles Davis.