jeudi 17 novembre 2011

Stephen Malkmus à la Gaîté Lyrique

Après la tournée triomphale de reformation de Pavement en 2010, ses grandes salles combles et un engouement populaire qui faisait plaisir à voir, Stephen Malkmus a retrouvé ses Jicks et leurs tournées plus confidentielles dans des espaces à taille humaine. Et le passage attendu du groupe dans la capitale s’effectua hier soir dans la récente et très agréable Gaité Lyrique et à guichets fermés…

Le dernier album de Malkmus a été produit par l’incontournable Beck (déjà aux manettes du récent et très beau troisième album solo de Thurston Moore des cultes Sonic Youth) et restera incontestablement parmi les grands disques de 2011. Le côté laidback et détaché de Malkmus, sa marque de fabrique légendaire, est magnifié par de superbes mélodies et des envolées de guitares enchanteresses…

Qu’on ne s’y trompe pas, sous des allures de branleur magnifique, Malkmus cache un réel talent de songwriter et de musicien. On a pu vérifier à la Gaité Lyrique, l’étendue du registre guitaristique de l’ex-Pavement. Si son groupe excellait dans l’approximation jubilatoire, Stephen allie désormais vista vocale et instrumentale. Il se paie même le luxe de reprendre magnifiquement le « Hey Joe » version Jimi Hendrix s’il vous plait… Le concert est vraiment ultra-plaisant, le son est bon et l’ambiance bon-enfant. Malkmus prend du plaisir à être là et c’est communicatif… On aura eu droit à presque tous les morceaux du Mirror Traffic et ca réjouit l’assistance. Du rock indé sous haute influence pop propulsé avec classe, conviction et des mélodies imparables.

Du bel ouvrage !

A lire également Best Song Ever Pavement et Pavement au Zénith

jeudi 3 novembre 2011

Ryan Adams au Trianon de Paris et Wu Lyf à la Cigale (02/11/11)

Soirée homérique en ce début novembre avec deux concerts complètement différents mais tout aussi exceptionnels dans leurs genres. Le talentueux songwriter américain Ryan Adams était de passage en solo pour un set intimiste et acoustique au Trianon, tandis que le groupe phénomène du moment Wu Lyf faisait la tête d'affiche du festival des Inrocks à la Cigale...

A l'annonce du concert de Wu Lyf à la Cigale, on aura été nombreux à se précipiter sur les quelques places qu'offre le superbe ancien théâtre parisien de la Cigale. Et quelle incroyable surprise d'apprendre quelques semaines plus tard que Ryan Adams jouerait le même soir à une centaine de mètres au Trianon...

Impossible de louper Ryan et de ne pas revoir la sensation Wu Lyf qui aura enflammé la nouvelle scène de Rock en Seine en aout dernier, un souvenir inoubliable... Donc forcément il fallait prendre un billet pour voir le trop rare sir Adams et espérer pouvoir enchaîner avec les prodiges de Manchester qui étaient programmés à 22h...

Une soirée folle en perspective... Si tout se goupillait bien! 20h30 dans le théâtre du Trianon, Ryan Adams débarque sur scène, perfecto, t-shirt et cheveux en bataille... Seul avec sa guitare folk, Ryan se lance d'entrée dans ses ballades alt country qui vous donnent des frissons. La voix est magnifiquement posée, l'émotion est présente et le public apprécie. Adams, très drôle et à l'humour très fin communique beaucoup avec son public et réussit à instaurer une ambiance fantastique. Entre concert, théâtre et one man show, il réussit une belle performance. Ses relectures acoustiques de son dernier album (le très beau Ashes & Fire), de singles de Gold (Firecracker, New-York) mais aussi de perles de son important répertoire (Two, When wull you come back home) enchantent l'assistance. Un show intimiste et chaleureux, on a presque l'impression de passer une soirée avec un pote talentueux que l'on avait pas revu depuis un moment. Délicieux...

A 22h, alors qu'il n'a même pas entamé le rappel, on est obligé de le quitter sur une double reprise de Whiskeytown, son premier groupe. Direction le coeur lourd vers la Cigale pour le second évènement de la soirée : la prise d'assaut du festival des Inrocks par Wu Lyf. Et là on change complètement de registre tout en restant dans la même veine d'authenticité...

Les 4 jeunes anglais mettent le feu. La fosse a rarement été aussi déchaînée dans cette salle souvent si sage. C'est le délire. Wu Lyf c'est avant tout cette batterie tribale, cette voix d'outre tombe, ce chant gutturale plus hurlé que chanté et cette reverbation de guitare et de synthé qui vous font croire un instant vous retrouver perdu quelque part dans une église païenne non identifiée. En live c'est intense et ca prend aux tripes. Une belle baffe! Et dire que ces gars ont à peine 20 ans, on attendra fébrilement le toujours difficile second album... Que peuvent-ils faire maintenant? Question ultra intéressante...

mardi 1 novembre 2011

Chokebore à la Machine du Moulin Rouge (31/10/11)

Le fantastique combo culte des années 90 nous avait déjà enchanté pour son retour parisien à la maroquinerie en février 2010, après 8 ans d'absence. Son passage hier à la Machine du Moulin Rouge aura totalement enfoncé le clou. Chokebore est de retour et en grande forme!

Devant une salle pleine à craquer et étrangement plutôt jeune (les trentenaires vétérans des shows des nineties du groupe côtoient paisiblement de nombreux jeunes surfant sur leurs belles années...) l'ambiance électrique devient très vite survoltée dès les premières notes du bien nommé Your are the Sunshine of my life. Pop Mod Themes, Smaller Steps et Pacific Sleep Patterns embrasent la fosse où le pogo règne en maître.

Le public est aux anges de retrouver ce groupe underground parfait qui n'aura jamais eu le succès mérité (et par la même n'aura jamais été corrompu par ce dernier). Troy et ses complices prennent un plaisir fou et ça se voit. L'espace d'un concert tous leurs titres magnifiques, sombres, intenses, abyssaux et furieux reprennent tout leur sens.

Chokebore reste un groupe complètement à part. Capable de brûlots incendiaires dévastateurs mais aussi de plongées abyssales dans les abîmes de l'âme humaine, Chokebore ose et assume une émotion à fleur de peau qui ne tolère aucune compromission. Le charisme du grand Troy Von Balthazar est pour beaucoup dans la haute tenue des prestations live du combo, la guitare de Jonathan est aiguisée comme un hache, la batterie de Christian claque de manière presque indécente, la basse de James enrobe le tout d'un rondeur enivrante...

L'attitude du groupe sur et en dehors de la scène est remarquable. Totalement dévoués à la cause musicale, les 4 acolytes vivent complètement déconnectés du business de la musique. Ils n'ont jamais eu le succès et la sécurité financière qu'il peut apporter mais ont toujours su continuer leurs aventures avec les moyens du bord et un désir toujours présent. Un dévouement, un sacerdoce que l'on ne peut que saluer!!!

Un groupe vraiment indispensable et ce n'est pas la sortie de leur nouvel EP Falls Best (disponible en vinyle à leurs concerts) qui nous fera dire le contraire. Après avoir été tout en haut des classements de fin d'année sur ce même blog, Troy Von Balthazar et consorts sont bien partis pour se positionner en bonne position dans celui de 2011...

A lire également, Chokebore à la Maroquinerie, Best Song Ever : Narrow, Troy Von Balthazar au point ephémère et à la Machine du Moulin Rouge et en tête des classements MRM 2010 Live et albums.

Photo : Magali Boyer