vendredi 17 juin 2022

Bed à l'Olympic Café (16/6/22)


C'était certainement l'un des évènements de ces derniers mois : le retour à la scène du groupe rennais Bed! Dans un monde idéal, le projet porté par Benoit Burello aurait eu une renommée internationale tellement méritée.

Dès l'album inaugural, The Newton Plum, sorti en 2001, Bed  signe sa singularité en osant les silences, les chemins de traverse et les atmosphères éthérées. Spacebox, balancé deux ans plus tard en 2003 enfonçait le clou. En 2005, surprise et enchantement avec New Lines qui résonnent encore de milles harmonies lunaires et soniques...


Benoit Burello aura passé les années 2010 à revenir à une simplicité confondante avec 2 EP en solo mais toujours sous le nom de Bed... A l'Olympic Café c'est une formation en trio avec Thierry Chompré à la batterie et le génial Olivier Mellano à la guitare que l'on retrouve, une première depuis 7 ans! Et Oh miracle, la moitié du set sera constitué de nouvelles compositions, qui laissent présager la sortie prochaine d'un nouvel album de Bed en formation groupe!!!


Les 3 musiciens forment un trio d'une remarquable musicalité. Thierry Chompré réussit à caresser sa batterie pour se mettre au diapason du jeu de basse à la fois rond et très technique de Benoit Burello, on est dans un groove presque jazz. On est émerveillé par le jeu aérien et mélodique d'Olivier Mellano, c'est un véritable prodige de l'arpège.


On aura droit à une surprenante reprise de Gil Scott Heron : Lady Day and John Coltrane, ainsi qu'à un morceau composé par Burello en 2008 pour un ciné concert d'un film Ukrainien de l'ère soviétique... La setlist est variée, les atmosphères belles et envoutantes! On a face à nous 3 brillants musiciens en pleine possession de leurs moyens. 

Il émane  une vraie sérénité de ce trio, un mélange d'élégance gracieuse et de maitrise. C'est beau et on aurait tant aimé que le concert dure plus que cette petite heure, arrêtée en plein vol par l'organisation pour laisser la place au groupe suivant... C'était tellement plaisant que personne ne s'était rendu compte que le temps alloué était dépassé...

On espère que ce retour scénique n'est qu'un prémisse !


jeudi 9 juin 2022

The Smile à la Philharmonie et aux nuits de Fourvière (7 et 8/6/22)

Pour être franc, on n'attendait pas grand chose d'un nouveau disque de membres de Radiohead mais contre toute attente le nouveau projet de Thom Yorke et Jonny Greenwood, The Smile, est carrément emballant. Et le doublé Philharmonie/Théatre Antique de Fourvière un pur plaisir...

Grand fans de Radiohead en ces pages (voir la longue liste de posts), on n'avait trouvé le dernier disque en date, A moon shaped Pool un peu chiant à la longue. Cet album manquait de souffle, ce qui peut certainement s'expliquer par la période compliquée que vivait Thom Yorke en privé.

Avec The Smile, il s'agit d'une vraie bouffée de fraicheur assénée en trio avec le support du batteur Tom Skinner, d'influence jazz (notamment batteur de feu Sons of Kemet du génial Shabaka Hutchings). Ce qui frappe le plus c'est la joie retrouvée de Yorke et Greenwood de s'amuser hors des sentiers battus. Leur enthousiasme saute aux yeux et aux oreilles.

Il est vraiment difficile de classer la musique de The Smile dans une catégorie. C'est un vrai mélange d'influences diverses et variées, réappropriées et régurgitées par le trio à l'aune de leurs propres expériences musicales. Ici tout est mélangé dans un maelstrom du meilleur effet (pop, ambient, rock rageur, eletronica, jazz). Une musique ultra moderne en quelque sorte...


Tom Skinner nous épate vraiment à la batterie, son jeu est à la fois complexe (le jazz) et décontracté. Les mouvements sont rapides mais semblent s'effectuer sans effort. Cette plasticité est le socle sur lequel se batit l'édifice The Smile. Il Officie également régulièrement aux sampleurs et aux synthés sur les morceaux les plus éthérés du groupe...

Jonny Greenwood et Thom Yorke montrent tous leurs talents de multi-instrumentistes en changeant d'instrument presque à chaque morceau et parfois pendant un même morceau (guitare, basse, piano, rhodes, synthés, séquenceurs etc...). Greenwood joue différemment en privilégiant les suites de notes aux accords en utilisant un paquet d'effets rendant son jeu très surprenant. Les 2 larrons s'amusent également comme des petits fous à chaque fois qu'ils prennent une basse. Ca swingue, ca pulse et insuffle un groove génial avec Skinner...

The Smile jouera 18 titres dont 4 inédits à la Philharmonie et 17 titres (3 inédits) à Fourvière. La différence résidant dans le nouveau track Friend of a Friend. A la Philharmonie, le coté très impressionnant de la salle donne une certaine solennité au concert alors que l'enceinte gallo romaine, son plein air et l'imminence de la pluie rendent l'atmosphère plus bucolique et peut etre plus adaptée aux fondamentaux du projet?

Yorke et Greenwood n'ont plus rien à prouver et montrent avec The Smile qu'ils ont toujours envie d'explorer et que leur élan artistique n'est toujours pas altéré malgré les années, la gloire. Le feu sacré est toujours là et leur aventure continue... C'est la belle et grande nouvelle!

A lire également Atoms for Peace, Sons of Kemet, Radiohead au Zenith

lundi 6 juin 2022

Beach House à l'Olympia (31/5/22)


 La Dream Pop nous attire toujours autant et à voir l'effervescence dans la salle de l'Olympia pour la venue du duo Beach House, on n'est pas les seuls. Que de chemin parcouru par Victoria Legrand et Alex Scally en presque 20 ans de carrière. Voir l'assistance rempli de jeunes gens modernes démontre que Beach House a encore un bel avenir devant lui, c'est clair...

En sortant un double album, Once Twice Melody, rempli de pépites stellaires, le duo expose sa verve intacte bien qu'il s'agisse de leur, déjà, 8ieme LP. Beach House y explore encore plus profondément ces univers feutrés, rêveurs et comme tout droit sorti du pays des songes. Si le duo de Baltimore avait su patiemment atteindre sa quintessence sonique et mélodique à travers ses 4 premiers disques, culminant avec leur chef d'oeuvre Bloom il y a tout juste 10 ans, il a su larguer les amarres et partit à la découverte de leur monde intérieur féérique et space...


Once Twice Melody est un véritable labyrinthe sonore où l'on adore se perdre. Tout est ici voué à l'ambiance, à l'atmosphère, à la mise en son d'un espace sonique. Une musique intemporelle, presque irréelle... C'est vraiment somptueux...

La setlist pioche dans les 4 derniers disques et s'arrete presque à Bloom (un seul titre de Teen Dream fut chanté, Silver Soul). Comme si le groupe avait définitivement fait le deuil de ses pop songs qui l'avaient révélé au grand public, de Devotion à Teen Dream (Norway, Take Care, Used to be, Turtle Island) en passant même par Bloom (Wild, Irene). C'est assez singulier et plutôt audacieux mais ca fonctionne...


Le destin de Beach House est surprenant, pour preuve le succès incroyable de Space Song (extraite de leur 5ieme album Depression Cherry sorti en 2015), star de Spotify et repris dans plein de videos sur Tik Tok...

Le concert est en tout point parfait, comme dans un rêve. Les lumières, les écrans, le son, la réaction extatique de la foule, tout rend cette expérience belle et surannée... On est durant 1 heure et demi dans un autre monde rêveur, enchanteur et dont on voudrait ne jamais se réveiller. 

A lire également Beach House au Trianon et à la Cigale, en Best Song Ever et dans nos tops!

vendredi 3 juin 2022

The National à la Salle Pleyel (30/5/22)


On continue ce mois de mai concert stratosphérique avec la venue de The National à la Salle Pleyel. 2 ans après leur passage remarquable à l'Olympia, les américains sont de retour sur scène, pour la 1ere fois depuis la pandémie et sans nouvel album à promouvoir.

The National est un groupe incontournable de la scène rock mondiale. Ils ont pondu au moins 2 chefs d'oeuvre avec The Boxer en 2007 ou dix ans plus tard le superbe Sleep well beast en hommage aux années Trump... Et le reste de la discographie est de très bon niveau.

On en rarement déçu sur disque avec The National. Leurs compositions sont toujours d'une grande délicatesse en terme d'arrangement et d'harmonie. Les jumeaux Dessner sont des orfèvres tandis que les jumeaux Devendorf forment une section rythmique inventive et ultra présente. 

Matt Berninger se fond totalement dans cette fratrie peu banale et son chant tout en nuance et subtilité magnifie complètement l'ensemble. Tout sonne à sa place chez The National, c'est d'une beauté saisissante.



Sur scène, The National a le défaut de ses qualités. La richesse harmonique des compositions induit souvent un mixage qui met moins en avant la batterie alors que sur disque, le swing innovant de Bryan Devendrof est un élément primordial (en tous les cas à nos oreilles). Et forcément les subtilités et nuances de la voix de Berninger ont du mal à ressortir dans le contexte d'un concert de Rock dans une grande salle. On le sent souvent à bout de souffle et contraint de forcer sa voix pour essayer d'émerger au milieu du tumulte.

Malgré cela, voir The National en concert reste une expérience intéressante. Le répertoire du groupe est telleemnt bon que vivre ces chansons en live vaut le détour. Les 3 excellents albums sortis entre 2007 et 2014 (Boxer, High Violet, Trouble will find me) se voient octroyer la part du lion avec pas moins de 5 titres chacun! On retiendra les superbes Fake Empire, Mistaken for Strangers, Terrible Love, Bloodbuzz Ohio ou encore Sorrow ou I need my girl.

3 nouvelles chansons auront été jouées (prémices d'un prochain LP), un set de presque 2 heures et le bonheur retrouvé d'un groupe de retour sur la route.

A lire également The National dans notre top 2017 ou 2010