vendredi 29 mars 2024

Pixies à l'Olympia (25&26&27/3/24)


Les Pixies étaient de passage pour un tryptique monumental à l'Olympia et sans hésitation il nous fallait faire l'expérience complète des ces 3 jours consécutifs dans cette enceinte mythique du boulevard des Capucines.

Après avoir célébré les 20 ans de Doolittle en 2009 au Zenith et les 30 ans de Come on Pilgrim/Surfer Rosa à Londres en 2018, les Pixies ont décidé de faire une grand tournée mondiale pour rejouer en intégralité leurs 3ieme et 4ième LP : Bossa Nova (90) et Trompe le Monde (91).

Ces 2 albums un peu mal aimés par les fans, en comparaison des cultissimes et indépassables premiers disques méritaient bien une réhabilitation en bonne et due forme. Après le succès d'estime et critique de Doolittle, Frank Black avait clairement l'intention de sortir, avec Bossa Nova, un disque plus pop et plus à même de propulser son groupe sur la voie du succès. Le succès fut relatif . L'ouverture d'esprit et la diversité de styles abordés sur Bossa Nova rendait l'album plus difficile à appréhender et moins évident, car perçu comme moins cohérent que Surfer Rosa ou Doolittle. 


Trompe le Monde, l'ultime disque des Pixies avant une séparation rendue inévitable de par les tensions au sein du groupe entre Black et Kim Deal, est clairement un album influencé par le Heavy Metal et rempli d'une rage profonde et d'une colère liée aux frustrations d'un avenir qui semblait bouché pour les Pixies... Sorti en même temps que Nevermind en septembre 91, Trompe le Monde n'aura pas le même succès et Frank Black annoncera la fin du groupe à ses acolytes par fax... Classe... Avant que Kurt Cobain ne répéte à l'envi qu'il avait tout piqué aux Pixies, rendant par la même le groupe ultra culte... Il fallut attendre la reformation de 2004 pour que les Pixies profitent enfin d'un succès auquel ils étaient destinés à l'époque...

Pris à part, Bossa Nova et Trompe le Monde sont deux excellents disques, remplis de chansons fortes et iconoclastes que tout groupe à guitares rêverait d'enregistrer... Réétendre ces albums en live dans leur intégralité fut une délectation, presque une redécouverte. 

Ce qui ressort à chaque prestation des Pixies, c'est cette formidable capacité à rendre intacte l'intensité et l'énergie de ces chansons vieilles de plus de 30 ans. La voix de Frank Black n'a pas beaucoup bougé et il réussit encore à exploser en criant comme un chat égorgé... C'est stupéfiant. Le reste du groupe est au diapason et la nouvelle bassiste (Emma Richardson remplace Paz Lenchantin après 10 ans dans le groupe) au timbre de voix là encore proche de celui de Kim Deal, s'est rapidement fondu ans le décor.

On dira sans cesse tout le bien que l'on pense de Joey Santiago, guitariste hors pair dont les arrangements mélodiques donnent le ton et font la marque Pixies (le meilleur exemple est la mélodie de Where is my mind que tout le monde retient en 1er). Le son est tout bonnement excellent, la guitare rythmique de Frank Black, souvent noyée dans le mix, est ici parfaitement audible. Comme à son habitude, le combo enchaine les titres sans s'arrêter. 


La diversité de mood de Bossa Nova rend la 1ere partie du concert envoutante. En live toutes ces chansons sonnent du tonnerre et prennent encore plus de profondeur. Les contrastes sont marqués, l'éclectisme nous ravit et nous emporte. l'enchainement Rock Music, My Velouria, Allison, Is she weird (oui elle est vraiment bizarre cette chanson), Ana, All over the world est chaque soir un pur régal... On passe par tellement d'ambiances différentes, avec une parfaite interprétation des sentiments multiples induits par ces chansons...

Trompe le Monde remet les pendules à l'heure et c'est dans une rage contrôlée mais libératrice que les Pixies envoient les spectateurs au 7ième ciel avec un bon vieux coup de pied dans cul... La rage de Planet of Sounds, Alec Eiffel, the sad punk donne des frissons. Chaque soir, la reprise de Jesus and Mary Chain, Head on est une déflagration qui embrase la salle... U Mass derrière achève tout le monde...

Les rappels seront différents chaque soir malgré la base de départ constituée d'une nouvelle chanson, Vegas Suite, et Waves of Mutilation en version surf rock. Where is my mind et Here comes your Man lundi et mercredi, Nimrod's son, Hey et Caribou le mardi...

Voir les Pixies 3 soirs de suite dans cette salle mythique revient presque à une expérience chamanique avec ses rituels, ses répétitions et ses subtiles variations... L'énergie dégagée par le groupe et rendue par le public nous portera pendant un moment... C'est définitivement le pouvoir de la musique et de son expérience collective en concert.... On touche là au spirituel dans sa plus belle expression...

On redemande déjà...

On allait presque oublier de parler de la première partie, The Pale White, groupe de Newcastle, dont le rock à la fois tendu et psychédélique avec de belles mélodies aura été une très bonne introduction au quatuor magique...

A lire également Doolitlle 20 ans au Zenith ou les Pixies à l'Olympia en 2023... ou en best Song Ever avec Where is my mind...

samedi 9 mars 2024

AIR à l'Olympia (7/3/24)


 Le mythique duo versaillais de la French Touch, AIR, a créé un réèl engouement en annonçant il y a quelques semaines leur réunion pour célébrer les 25 ans de leur 1er album, Moon Safari. Les places pour ce concert à l'Olympia sont parties en quelques minutes... Et il en fut de meme pour la majeure partie des dates de la tournée, dont une vingtaine aux Etats-Unis.

Il faut dire qu'à la fin du siècle dernier, une poignée de groupes electro français ont conquis le monde avec ce mouvement, hétérogène, consacré French Touch et regroupant AIR, Daft Punk, Laurent Garnier, Cassius, Etienne de Crécy ou encore Alex Gopher... La plupart de ces groupes venant de Versailles d'ailleurs...

Avec Moon Safari, AIR se distinguait de ses pairs par un retour au son vintage seventies des synthés (Fender Rhodes, Moog) l'omniprésence d'une basse groovy et de quelques guitares, le tout avec une approche électro touche à tout conférant à l'ensemble un son retro-futuriste qui aujourd'hui encore épate...

 La scénographie est particulièrement soignée avec une sorte de capsule futuriste ressemblant à un vaisseau spatial, prêt à s'envoler pour ce safari lunaire que le public attend avec ferveur. Dans la fosse, on est étonné de voir, en plus des visages fanés par le temps des 1er fans, beaucoup de jeunes gens et surtout beaucoup de femmes.


Le groupe, tout de blanc vétu, monte sur scène en version trio, avec un batteur en plus de Jean-Benoit Dunckel et Nicolas Godin et va jouer en intégralité et dans l'ordre les 10 morceaux de Moon Safari. Et dès le départ, le voyage décolle dans l'hyper-espace avec les titres majeurs que sont La femme d'Argent, Sexy Boy, All I need et Kelly watch the Stars... 4 titres que AIR jouait en rappel pendant leur tournée précédente en 2016/2017....

Pas facile d'enchaîner après ce tumulte initial, mais l'album est tellement cohérent et solide que le reste des morceaux coule de source. Cette musique n'a pas pris une ride et la sensualité qu'elle dégageait à l'époque est toujours aussi présente. C'est assez flagrant et enthousiasmant de voir les good vibes qui se répandent dans le public... En trio, les morceaux prennent une nouvelle dimension. Oscillant entre son de drum electro et batterie acoustique, le batteur impulse une réelle dynamique et du liant avec un jeu assez libre ponctué de quelques fill-in bien sentis. Les voix sont chantées  par JB Dunckel et Nicolas Godin et filtrées par le célèbre vocoder, ce qui renforce le caractère science fiction de leur oeuvre.

Les 5O minutes du set passent à la vitesse grand V et le groupe se retire de scène avant de revenir pour un long rappel Best-of du plus bel effet. 5 titres de Talkie Walkie, dont on fete les 20 ans cette année, seront joués dont les merveilles Cherry Blossom Girl, Run ou Surfin on a Rocket. On aura droit à une belle version instrumentale de Playground Love (issu de la sublime BO de Virgin Suicides, le 1er film de Sofia Coppola).

Rappel final avec le magnifique Alone in Kyoto et le prog rock psyche de Electric Performers...

Une soirée merveilleuse, loin de toute nostalgie tant le son de Moon Safari semble, encore aujourd'hui, hors du temps...

A lire également Air en Best Song Ever ou le rôle de AIR dans les années 2000.