jeudi 21 novembre 2013

Daughter au Trabendo (20/11/13)


Sold-out depuis un mois, ce 3ième passage de Daughter à Paris avait des airs de consécration pour le jeune combo polyglotte. Après le Café de la Danse, puis la scène Pression Live de Rock en Seine, c'est au tour du Trabendo d'accueillir l'une des plus belles révélations de l'année.

Depuis le Café de la Danse et la sortie de leur premier album lumineux (If You leave), le groupe porté par la voix envoûtante d'Elena Tonra a fait bien du chemin. En live, le trio est devenu quatuor avec l'arrivée d'un multi instrumentiste (guitare, basse, clavier). Le son du combo est bien plus ample et riche qu'en avril dernier à Bastille. On sent un groupe rodé et en pleine confiance après une première tournée de plusieurs mois qui les aura mené un peu partout.

Daughter n'hésite plus désormais à accentuer les contrastes en utilisant plus encore la reverbation des guitares et des voix. A ce stade, les influences de Sigur Ros et des Cocteau Twins paraissent beaucoup plus évidentes qu'elle ne se laissaient entendre en avril dernier. Le déferlement tellurique sur certains titres rappelle la force éruptive des islandais.

La salle, bondée, est incroyablement silencieuse entre les morceaux, comme pouvait l'être fut un temps le public de Radiohead (même si il y a toujours des idiots pour discuter et rire pendant les morceaux, merci à eux...). Un silence de cathédrale propice à la communion avec un groupe à qui l'on promet un très grand avenir si sa sincérité et son innocence résistent au Music Biz...

Déjà concepteurs d'une poignée de chansons remarquables (Youth, Home, Winter, Landfill, Smother), Daughter réussit en live à nous embarquer dans son monde rêveur et évanescent. La voix d'Elena fait vibrer les cœurs, c'est indéniable, Igor tisse le parfait écrin pour sublimer la magie prodiguée par sa compagne lorsque Rémi réussit par un jeu de batterie subtil et recherché à enjoliver l'ensemble de belle manière...

La suite discographique est attendu avec ferveur...

A lire également Daughter au Café de la Danse et à Rock en Seine.

mardi 19 novembre 2013

Chokebore au Trabendo (18/11/13)


Voilà un concert que l'on attendait avec impatience. Chokebore fêtant ses 20 ans d'existence au Trabendo avec, à la clé, quasi-exclusivement des titres de leurs deux premiers albums séminaux "Motionless" et "Anything near Water" ca ne pouvait être que grand... Et ce fut Grandiose!

On s'est déjà fait écho en ces pages de notre admiration pour un combo qui aurait mérité une bien plus grande reconnaissance... Mais grâce à l'appui du label français Vicious Circle, avec la ré-édition en vinyles des 2 albums des débuts (et du EP tout neuf "Falls Best" en 2011), Chokebore refait surface tel le Phénix pour redonner vie à un répertoire brûlant et viscéral.

Les influences primaires du groupe sont clairement à chercher du coté de la scène hardcore punk du DC des années 80 et le concert d'hier soir au Trabendo est venu en apporter une preuve éclatante. Si Chokebore excella par la suite dans un Sadcore ralenti à l'explosivité sismique, les débuts du groupe sont plutôt rythmés, débraillés avec des sonorités crades, intenses et métalliques.

Le son des guitares fut énorme hier soir et on resta bluffé par l'intensité de Monsieur Von Balthazar qui réussit à retranscrire toute la force et la percussion des débuts. Certes la voix a plus de mal à jaillir dans les aiguës comme il y a 20 ans mais la manière de retranscrire ces émotions originelles reste sidérante. Le groupe est au diapason de son leader chamanique pour un voyage de haute volée émotionnelle.

De Motionless on retiendra la ferveur de Coat, Cleaner, Shine, sans oublier celle du titre éponyme. Mais ce sont clairement les chansons issues de Anything near water qui embrasent le plus la foule : Thin as clouds (un sommet), Come back Thursday, JJ Slow, Bad Things, Lemonade...

Les baffes se suivent et on finit ce concert étourdi, presque sonné, avec le magnifique Police (issu de "It's a miracle") avant l'ultime salve You are the Sunshine of My life (Black Black) (yes you are indeed). On ne saurait remercier Vicious Circle d'avoir ré-édité ces 2 vinyles introuvables depuis longtemps et on se met à rêver d'un ouvrage similaire pour les 2 sommets de la discographie de Chokebore : "Taste for Bitters" et l'insurpassable "Black Black" (introuvable même en digital légal...)

Un groupe toujours plus indispensable!

A lire également Chokebore à la Machine du Moulin rouge et à la Maroquinerie et en Best Song Ever. Et aussi Troy Von Balthazar en tête de nos TOP 10 2012 et 2010 et en concert.

vendredi 15 novembre 2013

Queens of the Stone Age au Zenith (14/11/13)


Deux Zénith sold-out pour Queens of the Stone Age en 2013. C'est amplement mérité tant Josh Homme et son groupe à formation variable ont œuvré pendant ces 15 ans de carrière. Le 6ième opus, sorti cette année, n'est certes pas le meilleur élément de la discographie du groupe mais il fallait bien qu'ils puissent récolter un jour les fruits d'une carrière impeccable (au moins jusqu'à Lullabies to Paralyze le LP#4).

Si "Like Clokwork" n'a plus la puissance et la fougue des premiers efforts, Queens of The Stone Age reste un combo qui envoie du lourd en live. En faisant la part belle aux anciens morceaux, le début du concert démarre sur les chapeaux de roue et fait rugir l'arène de plaisir. Millionaire, No One Knows et Avon s’enchaînent de manière idyllique... avant que le bateau ne prenne l'eau avec les morceaux les plus récents...

La seconde partie du show sera beaucoup plus convaincante avec l'arrivée des grands titres que sont Little Sister, Better living through Chemistry ou Go with the Flow. Le rappel sera sauvé par l'imparable et final Song for the Dead : insurpassable! Au final, on assiste à un bon concert mais il faut dire que l'on devient exigeant avec un groupe que l'on voit pour la 8ième ou 9ième fois. On se souvient de moments inoubliables à l'Elysée Montmartre dans la canicule de 2003 avec Nick Oliveri et Mark Lanegan sur scène ou encore en 2005 à Rock en Seine et aux Eurockéennes pour des uppercuts d'un impact phénoménal... Plus récemment, on se rappelle qu'en revisitant magistralement leur album fondateur à l'Olympia en 2011, les Queens of the Stone Age avaient réussi à allier la maîtrise accumulée au fil d'une décennie d'intenses tournées et la force des débuts...

On a passé une bonne soirée, mais à la lumière de notre histoire avec ce groupe on reste quand même un peu sur notre faim... Certainement la faute à des compos récentes un peu molles et en dessous des standards épiques et surpuissants de QOTSA. On ne peut que louer la tentative de renouvellement opérée par Josh Homme qui, plutôt que de resservir la même soupe, tente de nouvelles recettes... mais elles sont moins épicées et ont donc plus de mal à emballer les fans des débuts... (en somme l'histoire classique des groupes au succès grandissant...)

A lire également Queens of the Stone Age rejouant intégralement leur premier album à L'Olympia ou encore Bes Song Ever : No One Knows , le rôle de QOTSA dans les années 2000 et bien sûr Kyuss ou encore Them Crooked Vultures...

lundi 11 novembre 2013

Arthur Beatrice, Suuns, Sohn, Sivu, Findlay et Casual Sex au Festival des Inrocks 2013 Cigale / Boule Noire


Cette année encore on aura donc choisi le Festival des Inrocks plutôt que le très hype Pitchfork. Surprenant pour des anciens lecteurs passionnés des Inrocks qui ont définitivement arrêté d'acheter le magazine après son rachat par le patron de la banque d'affaires Lazard (et le drastique changement éditorial qui s'en suivi…No comment…) il y a déjà plusieurs années (2009).

Malgré le peu d'intérêts des pages musicales du canard depuis sa reprise, on a quand même pu constater que le Festival gardait une certaine pertinence en terme de découvertes (2010 avec Warpaint, 2011 avec la Femme, 2012 avec Alt-J). Et le choix judicieux des intimistes Cigale et Boule Noire (quelle bonne idée ce pass 3 jours…) plutôt que le Hall de gare de la Villette, aura fait pencher la balance…

Les révélations Sivu et Sohn

Ca commence vendredi soir pour 3 jours de concerts. Belle entrée en matière à la Boule Noire avec le londonien Sivu (en photo) qui délivre une pop élégante et raffinée qui fait son effet. Aidé par 2 déesses se chargeant des violoncelles, violons, basse et choeurs, le jeune anglais nous berce et nous envoute…. Première belle découverte du weekend, un nom à suivre…. On enchaine avec These New Puritans à la Cigale. On les avait laissés en plein effort post-punk au détour d'un concert à la Maroquinerie et d'un Rock en Seine 2008 et on les retrouve totalement transformés, sans aucune guitare mais avec toute une orchestration derrière eux. On entre dans une sorte de Cathédrale Gothique électrisée… Dépaysant… Arrivent ensuite sur scène les tant attendus Suuns, surprenante tête d'affiche de la soirée. Forcément avec leurs chansons sombres, explorant une esthétique apocalyptique, tendue par le post-rock et l'électro dark, la Cigale est loin de faire le plein (l'étage est même fermé). Pas facile pour l'ingé son de rendre tout le spectre basse, médium des compos du groupe mais après un départ difficile il se sera plutôt bien acquitté de cette tâche. Les montréalais enrobent la soirée d'un sombre et intense halo. En guise de final "Music won't save you" nous assène leur leader… C'est tellement bluffant que l'on serait tenté de les croire… Saisissant!

Le samedi est quant à lui sold-out. On débute comme la veille par une belle baffe d'entrée avec Sohn. Une voix envoutante et pleine de grâce sur une electro puisant à la fois dans la minimale berlinoise que le dubstep londonien (période Burial). Le son du futur? On veut bien le croire… On enchaîne avec soit disant l'événement de la soirée : London Grammar. Les 3 anglais sont sortis de nulle part et ont été portés au pinacle par la critique. Du coup la Cigale est pleine à craquer pour l'occasion… La voix de la chanteuse est certes très belle mais à part ça on avoue ne pas comprendre l'engouement autour du groupe… Au passage on notera que Chris Isaak semble être le pygmalion de la nouvelle génération, après Denai Moore la veille, London Grammar reprend "Wicked Games" et la massacre (mais pas pire que Wu-Lyf…). Jacco Gardner ensuite nous aura aussi beaucoup ennuyé…

Le sommet : Arthur Beatrice

Et voilà qu'en fin de soirée surgit le meilleur concert du Festival Inrocks 2013 avec la prestation géniale de Arthur Beatrice. Il faut dire qu'un groupe qui cite comme influence The Smiths mais surtout nos préférés Prefab Sprout ça ne pouvait que nous intéresser… Cela fait plus d'un an que ce nom revient sans cesse et que les premières vidéos sur youtube nous ont interpellé. Peaufinant depuis leur premier album, Arthur Beatrice sort enfin de sa cachette pour démontrer l'étendue de son immense talent. La voix de la chanteuse est tout simplement renversante d'intensité. Elle nous donne des frissons… Le mélange voix féminine/masculine marche à merveille et on décèle aisément l'influence de l'orfèvre pop Paddy McAloon dans la musique d'Arthur Beatrice… Un concert formidable, un futur grand…

Pas encore remis des émotions de la veille, on arrive à la Cigale pour le début du set de Christine and the Queens auquel on aura pas du tout accroché… Sans musicien sur scène mais avec quelques danseurs pour des chorégraphies un peu surréalistes, on a l'impression d'assister à une sorte de Karaoké géant et gênant.. On n'a pas compris…? On repart vite à la Boule Noire pour Findlay. Belle surprise avec une jeune femme aux allures de Amy Winehouse dans la voix et l'attitude qui emmène un combo rock à l'ancienne tendance bluegrass, rockab. Energisant et entrainant. On change de décor avec Aluna George et son R&B electro à la mode mais plutôt intéressant. On dance, on s'amuse et on repart dans l'ambiance rock de la Boule Noire qui accueille les Ecossais de Casual Sex. C'est du post-punk dansant et percutant, une sorte de Franz Ferdinand sombre et décadent. Belle découverte là aussi… On refait le grand écart à la Cigale pour voir Laura Mvula. C'est beau : stellaire et lumineux. Après un bref chat avec le guitariste de Casual Sex sur le stand Merch, on finit ces 3 jours passionnants avec les frères de  Drenge. Leur duo guitare/batterie est plus efficace lorqu'ils ralentissent le tempo, là on croit voir un combo stoner (on aurait juré avoir entendu un riff de Kyuss au milieu d'un morceau). Parfait pour se terminer…

A lire également les Inrocks 2010 avec Warpaint, 2011 avec Wu-Lyf, 2012 avec Alt-J, Palma Violets...