samedi 29 septembre 2012

Dirty Beaches au Point Ephémère (28/9/12)

Dernière date de la tournée de Dirty Beaches hier soir à Paris dans la chouette salle du Point Ephémère... Et soirée dark et post cold wave à souhait... Joyeux drills et clowns interdits...

On arrive en plein set de Black Mail... On se serait crû en plein Manchester dévasté de la fin des années 70... Ambiance lourde rythmée par les percussions de machines qui donnent le ton... Intéressant... Puis arrive Femminielli, membre du combo live Dirty Beaches, aidé par ses 2 autres acolytes, qui vient nous abreuver un cocktail sonore étonnant... Hypnotique et déconcertant... Il déverse des flots de mots en italien, espagnol et même français sur une musique oscillant entre disco, acid et cold wave... Surprenant et plutôt envoûtant...

Cette soirée épique se terminera par le concert tant attendu de Dirty Beaches. Le leader du projet (on peut parler sur disque de projet solo) Alex Zhang Huntai retrouvera la lumière et son compère Femminielli repassera derrière les machines, pas très loin du guitariste du trio : Shub... On veut bien sûr parler de lumière noire et intense... Si son dernier LP se voulait d'une nouvelle idée du blues moderne : organique, lo-fi mais aux influences soul très présentes, en live on a droit à la dureté des machines qui dessinent une atmosphère urbaine, voire post industrielle un peu glaciale et saisissante... La chaleur citadine de Badlands se transforme en froideur hantée et passionnante...

Une live d'une grande générosité pour conclure une soirée qui aura remué nos sens...

Dans le même ton on vous conseillera de la lecture Joy-divisionesque : Best Song Ever Dead Souls ou encore Peter Hook ou New Order... ou plus récemment Trailer Trash Tracys

vendredi 28 septembre 2012

Breton à la Gaité Lyrique (27/9/12)

Comme son nom l'indique, le groupe Breton était bien chez lui à Paris à la Gaité Lyrique... Le combo electro-dark-rock londonien, baptisé en hommage à l'oeuvre surréaliste d'André Breton aime la cité des lumières et c'est dans un français parfait que son leader, Roman Rappak, l'a exprimé devant une assistance comblée...

Après une première partie convaincante (les parisiens de Sarah W_Papsun qui délivrèrent un math rock survitaminé de bon aloi) Breton rentre en scène et lance tout de suite les hostilités. On Tour pour la sortie de leur premier album, Other's people problems, les anglais vont puiser abondamment dans leur dernier effort sans oublier leur trois premiers EP (palme spéciale à attribuer au robuste Blanket Rule Ep).

Leur mélange intriguant de synthés analogiques, samplers et boites à rythmes alliés à une batterie martiale au son cold wave et à une telecaster 72 custom pleine de reverb rutilante permet à Breton de produire une musique de son temps : urbaine, intense et dansante... Mélancolie, noirceur et pulsions de vie...

Les visuels projetés derrière le groupe permettaient de rentrer de plein pied dans cet univers quelque peu claustrophobe... Le chaos cher aux surréalistes n'est jamais très loin...

Une bonne prestation même si l'énergie de leurs compos n'aura pas toujours été rendue pleinement sur scène...


lundi 24 septembre 2012

Jeff Mills à la Salle Pleyel (23/9/12)

Le temple de la musique classique à Paris accueillait, hier soir, une improbable rencontre au sommet de l'Olympe entre l'Orchestre National d'Ile de France et la légende de la musique électronique de Detroit : Jeff Mills.

Après avoir été un pionnier de la techno avec son comparse Mad Mike et le collectif Underground Resistance à a fin de années 80, Jeff Mills a mené une brillante carrière de DJ qui lui confère une aura toute particulière. Ses DJ sets à 3 platines sont tout bonnement incroyables, sa dextérité, sa vitesse et son sens rythmique et du groove lui permettent de réaliser des prestations mémorables qui restent durablement dans l'inconscient (je me souviens d'un set fantastique au Sonar 2005...).

Mais loin de s'enfermer dans un genre particulier (celui du Djing) Mills a toujours su s'ouvrir à différentes expériences aussi bien multimédia, ciné-concerts qu'avec un orchestre philharmonique (le fameux concert au pont du Gard en 2005). Pour l'occasion, il s'allie avec le chef d'orchestre Christophe Mangou pour jouer avec l'Orchestre National d'Ile de France des chansons spécialement composées pour marier musique électronique et classique...

C'est très difficile d'analyser une telle expérience singulière et pour laquelle on a peu de repères... On parlera donc plus en ces lignes du ressenti et de l'émotion particulière provoquée par cet ensemble surprenant...

La première partie du concert fait la part belle aux orchestrations des musiciens, Jeff Mills n'intervenant qu'avec la mise en place de beats et de rythmiques techno en arrière plan... C'est plaisant, envoûtant et rêveur... mais après 20 minutes on commence à vouloir entendre les deux mondes fusionner et non plus cohabiter... Et c'est exactement ce qu'il va se produire...

La seconde partie du concert est beaucoup plus rythmée, les breakbeats technoides deviennent plus robustes, plus intenses, plus nerveux, l'orchestre se met au diapason et l'ensemble sonore a fière allure... On part dans un voyage captivant à la frontière des mondes (jazz, techno, classique, electronica), sur l'arête des cimes de ces univers...

Spectacle magique dont le sommet sera ce duo incandescent entre la machine et les tambours et les percussions dans un style free jazz-techno épatant...

Bluffant, original et revitalisant... Tout simplement...

Et bonheur ultime, le spectacle est à revoir en intégralité sur le site d'arte live web pendant quelques mois... A découvrir absolument... c'est ICI.

A lire également, entre culture DJ et Village Vanguard : Cinematic Orchestra ou encore le pionnier français Laurent Garnier...

mardi 18 septembre 2012

Graham Coxon au Café de la Danse (17/9/12)


Après le méga concert de Hyde Park avec Blur pour la clôture des JO de Londres, retour à un quotidien beaucoup plus indé pour Graham Coxon avec ce détour dans la petite, mais ô combien chaleureuse, salle parisienne du Café de la Danse...

De passage en France pour la promo de son 8ième album, A+E, le guitariste de Blur nous a offert une très belle prestation. Tour à tour, rock'n'roll traditionnel d'obédience 60's, krautrock hypnotisant et même blues ultime, les 90 minutes de musique auront été assez euphorisantes... Le plaisir et l'intensité sont montées petit à petit durant le show, atteignant même leur apogée sur l'avant dernière chanson qui provoqua un pogo et même du crowd surfing dans le public (c'est assez remarquable dans une salle où la fosse est carrément minuscule...) laissant Graham et ses 5 musiciens totalement incrédules...

On retiendra les passages krautrock en provenance directe du dernier album en date de Coxon. Sur A+E, le songwriter anglais s'amuse à explorer un indie rock déviant et malin qui fait la part belle aux synthés crasseux, aux boites à rythme martiales, aux sons de gratte tordus et distordus et à une basse ronde et très présente (ce LP aura été composé à la basse dixit Coxon)... On retrouve le meilleur de l'artiste qui nous rappelle la belle époque de 13 et de l'album éponyme Blur où Coxon invita le groupe à explorer les versants aventureux de l'indie rock US à la Pavement, Sonic Youth ou encore Dinosaur Jr...

Une excellente soirée et un grand plaisir de voir sur scène ce grand artiste à l'humour pince-rire tellement british ("you're the best audience in the world... per square meter...").

A lire également, Blur aux nuits de fourvière, Best Song Ever : Song 2, ou encore Pavement ou Sonic Youth...

lundi 10 septembre 2012

Best Song Ever (épisode 85) : All Things to All Men par The Cinematic Orchestra

Après le trip-hop de Tricky, nous poursuivons notre chemin avec les alchimistes de Cinematic Orchestra qui produisirent, au début des années 2000, une oeuvre singulière osant l'alliage entre sample, platines et instruments acoustiques sous obédience jazz... Avec "All Things to All Men" l'équilibre trouvé est brillant...

Des entrelacements de cuivres et de cordes formant une mélodie imparable à force d'empilement de couches successives d'instruments avant qu'une batterie au groove jazzy et lascif ne vienne enrober le tout et que le morceau ne décolle juste avant l'arrivée de la voix inaltérable et si chaude de Roots Manuva. 

Le ton est délibérément grave. Un rap à l'ancienne, prêt à éveiller les consciences, à dénoncer les injustices et les faiblesses de l'âme pour inciter à se relever, à se battre et à reprendre en main les rênes de sa destiné... 

Encore un chef d'oeuvre se dressant devant nous, dans cette quête impossible de la Best Song Ever... La rencontre d'érudits électroniciens sous influence jazz cool ou comme le disait Gilles Peterson dans la préface de l'album (Every Day sur le label culte Ninja Tune) : Cinematic Orchestra navigue entre les lignes de la Culture DJ et celle du Village Vanguard.

Cette chanson est d'une beauté confondante...

A voir sur youtube et à ne pas manquer dans la série Ninja Tune : Best Song Ever DJ Food.