lundi 28 décembre 2015

Best of 2015 : Classement MRM de 10 meilleurs Concerts



2015, une année de concerts moins remplie qu'à l'accoutumée (faute à une année difficile au taf et aux événements tragiques de novembre...) mais d'une intensité certaine et salvatrice... Encore une fois, ce sont vraiment ces expériences vécues qui justifient notre attachement sans borne à l'oeuvre musicale... C'est d'autant plus marquant et important que l'année 2015 fut difficile...

On avouera que la lecture dans la très belle revue Audimat de l'article de Drew Daniel (moitié de Matmos qui explique de manière convaincante l'incongruité et l'ineptie des tops de fin d'année) nous a aura presque convaincu de ne pas écrire ce post. Mais la tentation de partager ces quelques lignes et ces émotions ressenties toute l'année aura été plus forte... Et si il y a bien une année où il faut parler des sensations incroyables et indispensables ressenties en concert, c'est bien en cette tragique année 2015...

Cette année c'est Patricia Barber qui trône en tête de notre classement pour dignement succéder à Slowdive! Son concert au mythique club de jazz de Chicago, le Green Mill, le 17 aout dernier fut une merveille du genre. C'est sûr que les retrouvailles de votre dévoué avec la windy city préparèrent le terrain émotionnel à ce grand moment de musique. Comme à son habitude, Patricia et son tout nouveau quartet de jeunes talents, proposa un premier set plutôt classique, avec une prédominance de morceaux en mode jazz vocal où l'artiste attire pleinement la lumière. Le second set fut plus libre et spontané avec de jouissives phases d'improvisation d'un quartet déjà au sommet de son art... Une soirée délicieuse.

On attendait avec un mélange d'impatience et d'inquiétude le concert si particulier de The Apartments à la Gaité Lyrique. Peter Milton Walsh allait-il réussir à retranscrire dignement toute l'émotion si poignante qui émane de l'écoute de "No Spell, No Song, No Madrigal" (Album #2 de notre classement 2015)... Ce fut une perfection de bout en bout... Une soirée rare...

Le retour de Ride à L'Olympia était également fermement attendu et on n'a vraiment pas été déçu. Quelle baffe, et le tout sans prendre une ride, ou presque... Dans la catégorie retour inattendu et tellement jouissif, Blur aura rendu une copie impeccable au Zenith! Viet Cong aura confirmé en live, au point Ephémère, tout le talent qui les a propulsé #1 de notre Top Albums 2015.

Noel Gallagher nous aura donné des frissons au Zenith avec notamment une version laidback de Champagne Supernova à pleurer... Toute la puissance tellurique de Godspeed You Black Emporor se déversa dans le Grand Hall de la Villette pour un set impressionnant.

Le grand habitué de nos classements de fin d'année, Monsieur Troy Von Balthazar, ne loupe pas le coche cette année grâce au magnifique concert donné par The Color Bars Experience à la maison de la Radio (à l'invitation du label Pop de Vincent Théval). Leur ré-interprétation émouvante du dernier album d'Elliott Smith, Figure 8, nous rappelle à quel point Elliott était un artiste à part, et tellement regretté...

La découverte de notre fin d'année 2014, Kori (dans notre Top #5 EP 2014) a réussi la prouesse de nous emballer à l'Espace B en février, pour le premier vrai concert du groupe, puis au Point Ephémère quelques semaines plus tard... on souhaite le meilleur au leader du groupe, Ori di Vincenzo dans sa nouvelle aventure londonienne et on attend avec impatience la suite de ses aventures sous l'alias Kori... Un vrai talent en devenir...

Le meilleur groupe français du moment, J.C. Satan à démontré à la Maro que le trône leur appartient tandis que le shoegaze de No Joy au Pop up du label nous aura fasciné...

1. Patricia Barber au Green Mill, Chicago (17/8/15)
2. The Apartments à la Gaite Lyrique (23/9/15)
3. Ride à L'Olympia (27/5/15)
4. Blur au Zénith (15/6/15)
5. Viet Cong au Point Ephémère (9/2/15)
6. Noel Gallagher au Zenith (12/3/15)
7. Godspeed You Black Emporor au Pitchfork Festival (29/10/15)
8. Color Bars Experience à la Maison de la Radio (2/5/15)
9. Kori au Point Ephémère (20/3/15)
10. J.C. Satan à la Maroquinerie (11/12/15)
10. No Joy au Pop up du Label (3/10/15)

A lire également notre Top 10 Albums 2015, ainsi que les Top Concerts 2014, 2013, 2012, 2011 et 2010.

mercredi 16 décembre 2015

Best of 2015 : Le classement MRM des 10 meilleurs albums



Commencée par Charlie, terminée par un petit problème de santé et entre les deux la perte d'un ami et une tuerie dans une salle de concert… C'est ce que l'on appelle une bonne vieille année de merde… Coté MRM, 2015 aura également vu la fin de l'aventure du label Mind Riot Music, en tous les cas dans sa version lancée en 2010… Après 5 belles années à se battre pour faire exister de beaux projets (les 2 compilations, les disques de Moslyve et Chinese Robots) les caisses sont vides et il est donc temps de sonner la fin de la récréation. La vie du label en tant que producteur d'objet physiques vinyles ou CD est terminée... 2015 morne plaine…

Mais aucune raison de s'apitoyer sur son sort. Nous sommes encore vivants et les bons moments passés doivent rester les aiguillons de notre futur. Les souvenirs de ces expériences partagées ranimeront la flamme et le phénix renaitra de ses cendres, sous une autre forme certainement… Et peut être plus vite que prévu autour du rock dur d'un duo guitare/batterie de 2 anciens du groupe qui fut à l'origine de la naissance du label?… C'est une autre histoire qui s'écrira peut-être, ou pas, en 2016…

Revenons à cette année musicale 2015! Encore plus que d'habitude, la musique aura été cette bouée de sauvetage, cette bouffée d'oxygène qui nous aura fait surmonter ces épreuves difficiles… En cela, 2015 restera une année Zik qui compte, très certainement…

Après Burning Alms, l'année dernière (qui malheureusement est en stand-by jusqu'à nouvel ordre) c'est un groupe canadien de Calgary, Viet Cong, qui décroche la timbale! Ils mélangent tout ce que l'on adore dans le rock indé : des chansons à tiroirs complexes et jouissives passant, dans la même chanson, du post-punk agressif au psychédélisme béat d'un Syd Barrett incorporant des harmonies beach boysiennes, des sons bizarres, des dissonances, une énergie frontale et libératrice… L'album de l'année, digne successeur des Burning Alms, Deerhunter, Godspeed, The Horrors, TVB

Peter Milton Walsh nous aura fait pleurer tout en nous réconfortant tout au long de l'année avec son album inespéré qui nous rappelle que de toute tragédie peut sortir une immense beauté! "No Song, No Spell, No Madrigal" #2.

Sur le podium, l'éternel Noel Gallagher n'a pas perdu son aura de songwriter pop d'exception et rajoute quelques perles à sa belle collection (Dying of the light, Riverman)…

Les vainqueurs du Mercury Prize 2014, Young Fathers, confirment avec un excellent second LP au nom très engagé (White Men are Black Men too) qui mixe à merveille hip-hop innovant, voix pop et énergie rock. Après un album rentre-dedans au son crade (#1 de notre top en 2013), Deerhunter revient avec leur album le plus pop, tout le contraire de Wilco qui sort un disque surprise cet été qui part dans plein de directions alambiquées et surprenantes : une cure de jouvence…

Le joli label indé du Mans, Cranes Records, a eu le nez creux en sortant cette année pour la France, le premier disque vinyle (sorti aux US en 2014) de The Spirit of the Beehive. En 2 écoutes on est tombé amoureux du son shoegaze et atmosphérique du groupe… Une vraie drogue (on se passe Don't en boucle sans aucune lassitude…). Suuns s'associe à Jerusalem in my Heart pour produire un disque barré mélangeant IDM et Krautrock. Bluffant! Kendrick Lamar a mis la planète à genoux et JC Satan démontre enfin sur disque toute l'étendue de leur palette : un must...

MRM TOP 2015 Meilleurs Albums

1. Viet Cong
2. The Apartments : No Song, No Spell , No Madrigal
3. Noel Gallagher : Chasing Yesterday
4. Young Fathers : White Men are Black Men Too
5. Deerhunter : Fading Frontier
6. Wilco : Star Wars
7. The Spirit of the Beehive
8. Sunns + Jerusalem in my Heart
9. Kendrick Lamar : To pimp a butterfly
10. JC Satan

MRM Top 5 Songs

1. The Spirit of the Beehive : Don't
2. Noel Gallagher : The Dying of the Light
3. Deerhunter : Breaker
4. Kurt Vile : Pretty Pimpin
5. The Apartments : Swap Places

A suivre le MRM TOP 10 Concerts 2015 et à lire également les Tops 2014, 2013, 2012, 2011, 2010

jeudi 24 septembre 2015

The Apartments à la Gaité Lyrique (23/9/15)


Une soirée délicate et délicieuse avec The Apartments à la Gaité Lyrique : Inespéré et tellement revivifiant… Découvrir sur scène le mythique disparu Peter Milton Walsh fut à la hauteur de nos espérances… Quelle soirée…

Quand on sait que Monsieur Walsh s'était totalement retiré de la musique depuis la mort de son jeune fils en 1999, l'écoute d'un nouvel album de ce songwriter génial et encore mieux une tournée de promotion du dit album paraissent irréel… Ce qu'il est encore plus c'est l'incroyable émotion tout en retenue et en pudeur qui se dégage du personnage, aussi bien sur disque que sur scène…

"No Song, No Spell, No Madrigal" est totalement tourné autour de cette tragédie qui voit un parent enterrer son enfant. Peter réussit la prouesse de rester touchant, sincère et émouvant sans jamais tomber dans le pathos ou le misérabilisme… Tout en retenue et en finesse, il dépasse et transcende ses douleurs pour nous livrer une véritable oeuvre d'art… Bouleversante et chargée. Troublante et réconfortante à la fois…

Sur scène, l'émotion reste intacte… Sur certains titres, un frisson parcourt notre corps (dès l'intro de basse magique de "No Song, No Spell, No Madrigal", "Twenty One" et cette ode poignante à son fils et à ce que l'avenir n'apportera pas, "Swap Places" et son mantra si éloquent…). C'est beau tout simplement… Tout l'album sera joué dans l'ordre avant que quelques pépites du fabuleux répertoire de l'australien ne viennent égayer la soirée et rappeler à quel point Peter Milton Walsh fut et est un grand musicien…

Mention spéciale à "Mr Somewhere" et le grand "Goodbye Train" qui devra forcément faire l'objet d'un prochain épisode de notre saga Best Song Ever...

lundi 22 juin 2015

"Underground Revolution (part 76)" : Que sont-ils devenus?


Il y a tout juste un an sortait en vinyle la 2nde compilation Mind Riot Music, "Underground Revolution (part 76)". 12 mois après que sont devenus les Burning Alms, Chinese Robots, Teach Kids Manners, Chinese Army, Moslyve, Lys last Stand, A Free Soul ou encore Love Supreme Dissidents...?

Conçue comme un manifeste, cette seconde compilation estampillée Mind Riot Music après l'inaugurale "Time Machine Collection : Volume I" de 2010, se voulait "comme une célébration de l'esprit d'indépendance et du do it yourself de 1976" tentant de "rassembler les groupes à suivre d'un nouveau mouvement qui se dessine" comme le faisait remarquer Eric Delsart dans la rubrique Vinyle de ROCK & FOLK.

"Brut de rock" dixit ROLLING STONE, "Radicalisme de la proposition" pour VILLA SCHWEPPES, "Indomptable, inclassable" pour SONGAZINE, "A l'écart des circuits habituellement fréquentés" pour ALBUMROCK, la compilation MRM a reçu les faveurs de la critique, allant jusqu'à une mise en avant sur les ondes des radios FERAROCK en septembre 2014…



Un an après les (mé)faits, où en sont les groupes participants? Petite revue d'effectif...

BURNING ALMS

Le duo de Birmingham, trio en live, avait enflammé l'Espace B en juin 2014 avec leur rock coup de poing lors de la double Release Party de la compilation. Un tout premier concert sur le continent dont ils ont tiré un joli documentaire (voir ci-dessous). Quelques semaines plus tard ils sortaient leur premier album sur le vénérable label indé UK "Smalltown America". Un très bon accueil outre-manche et quelques concerts fiévreux de plus auront couronné une grande année 2014 pour Burning Alms (#1 TOP 10 albums MRM 2014). Aux dernières nouvelles, le groupe serait en mode pause. Le batteur, Thomas Whitfield en profite au passage pour tenir les fûts derrière False Grails dont les premiers morceaux entendus, sorte de post-punk groovy, nous donnent envie d'en savoir plus très vite. Tom oeuvre également en solo électro sous l'alias Simmple Eyyes



CHINESE ROBOTS

Les vedettes de la compilation, présents avec un tube électrique et excentrique en Face A, et deux titres acoustiques célestes en Face B, ont continué de sillonner leur chemin aventureux avec l'aide du label MRM. En novembre 2014 sortait le 25 cm vinyle (10-inch) "Halo Future", un EP audacieux et brillant qui aurait mérité plus de reconnaissance. En avril dernier, les 5 impétrants mettaient enfin sur disque une vision revue et corrigée en acoustique de leur propre entité : "Memory of the Shapes". Un nouvel essai bluffant. Après une poignée de EP, Chinese Robots va enfin franchir le pas d'un long format et travaille en ce moment sur leur premier album; Ce secret si bien gardé de l'underground parisien aura laissé une trace magnifique sur le label MRM et ne devrait pas tarder à éclater au grand jour…



TEACH KIDS MANNERS

Le jeune trio parisien avait épaté la galerie avec YATAWW, leur titre de pop électronique aérien et presque féérique sur la compilation MRM. Début juillet 2014, ils sortaient en auto-prod leur premier EP via Bandcamp (dispo depuis quelques semaines sur toutes les plateformes digitales) : HTKM. Début 2015 ils ont fait la première partie de Julien Doré sur plusieurs dates de sa tournée, jouant devant plusieurs milliers de personnes... Teach Kids Manners travaille actuellement sur son second EP.



CHINESE ARMY

Le duo parisien continue, pas à pas, son ascension. Signature pour le digital chez Believe, double page dans ROCK & FOLK après que Philippe Manoeuvre soit tombé sous le charme du duo, puis nouvel EP sorti à l'automne. L'armée chinoise n'a pas chômé après la sortie de la compilation. En 2015, toujours pas mal de concerts (dont une première partie des Chameleons à Petit Bain) et un premier album en préparation, celui de la consécration?



MOSLYVE

Le groupe par lequel le label MRM naquit (et périra) a sorti son 3ième et ultime album en avril dernier sous la forme d'un triptyque décliné en 3 disques. Magic, qui supporte le groupe depuis ses débuts discographiques en 2010 a une nouvelle fois salué l'effort et quelques chroniques sur le web, parfois dithyrambiques (ADA, Musiczine, Froggy's Delight), sont venues rendre un dernier hommage au groupe au cœur de l'aventure Mind Riot Music…



Parmi les autres participants, on retiendra que Lys last Stand a mixé le dernier volet du triptyque Moslyve (Faith in the Sound), le plus audacieux (voire le plus fou). Groupe éclaté entre Chicago, Paris et Sydney, Love Supreme Dissidents semble s'être enlisé et on est sans nouvelle de A Free Soul…

Allez on se ré-écoute ce petit moment d'histoire…

mardi 16 juin 2015

Blur au Zénith (15/6/15)


On enchaîne les concerts d'exception depuis quelques semaines et c'est donc avec un réel plaisir que l'on se doit de ré-animer le blog MRM (au moins un temps) pour partager ces instants de bonheur... Après 12 ans d'absence à Paris et un concert à L'Olympia, 6 mois après le Bataclan, pour la tournée "Think Tank" (sans Graham Coxon donc), Blur était en fin de retour dans la capitale.

On avait quitté les porte drapeaux de l'esprit britpop, lors d'un concert mémorable au Théatre Antique de Fourvière en 2009 pour leur reformation surprise (seule date en France de l'époque). Et c'est pour promouvoir la sortie de leur inespéré 8ième LP, The Magic Whip, que Blur fait escale au Zenith de Paris... On ne pouvait manquer cela pour rien au monde...

La foule, compacte, est étrangement assez variée en terme de maturité. Beaucoup de fans de l'époque qui sont proches de la quarantaine mais aussi pas mal de plus jeunes... C'est plutôt rassurant. Et ca démarra sur les chapeaux de roue avec l'un des meilleurs titres du nouvel album : Go Out! Ca pétarade, la guitare de Graham Coxon part dans tous les sens, la basse d'Alex James chaloupe le beat tandis que Damon Albarn harangue déjà la foule et la pousse à lâcher prise... Le son est nickel et le voyage peut commencer...

La moitié du nouvel opus sera joué. On retiendra le troublant "Thought i was a Spacemen" qui instaure une atmosphère céleste et intimiste vraiment bluffante, l'introductif "Lonesome Street" (single de l'année selon Liam Gallagher, qui l'eut cru!) et le punkisant "I broadcast". On sera déçu de ne pas entendre le génial "There are two many of us" mais on sera vite consolé par le reste d'un setlist aux petits oignons.

Damon et sa bande ont l'intelligence de piocher dans chaque époque du groupe et donnent ainsi à entendre la très large palette des émotions et des courants que Blur a réussi, souvent avec brio, à embrasser. L’inaugural Leisure est representé par le baggy "There is no other way", Modern Life is Rubbish par le très David Bowie "For Tomorrow" tandis que c'est évidemment l'album britpop par excellence, Parklife qui se paie la part du lion avec 6 titres joués dont les tubes imparables (Girls & Boys, Parklife, This a Low) et quelques perles oubliées dont "Message in the touble center"...

Bien sûr, nos oreilles d'indie kids, frétilleront au son de "Beetlebum", "Song 2", de l’expérimental et unique "Trimm trab" ou de l’envoûtant "Out of time"... Mais Blur a été tellement pertinent à chaque étape de sa vie musicale que c'est vraiment le concert dans son intégralité que l'on retiendra...

Les anciens branleurs des 90's n'ont rien perdu de leur enthousiasme et de leur don du partage. Ils vieillissent admirablement bien et c'est déjà en soit un sacrée leçon...

A lire également Blur à Fourvière, Graham Coxon au Café de la Danse ou encore Damon Albarn en solo ou avec Gorillaz... Et Blur en Best Song Ever bien sûr...

dimanche 14 juin 2015

Young Fathers à la Maroquinerie (13/6/15)


Excellente prestation hier soir à la Maroquinerie des écossais de Young Fathers, valeur montante et futur immense groupe on n'en a aucun doute!

C'est clairement leur victoire inattendue au prestigieux Mercury Prize britannique en novembre dernier qui nous a appris (et à beaucoup d'autres personnes) l'existence de cet intriguant groupe d'hip-hop expérimental (pouvait-on lire dans les gazettes…).

Et c'est vrai que leur musique est totalement hybride. D'obédience hip-hop old school mélangé à de savantes influences pop, R&B et Soul, "Dead", leur premier album victorieux du Mercury Prize est un OVNI. Leur second LP sorti récemment, "White men are black men too" (quel titre!), prolonge les expérimentations de ces laborantins en intégrant de belles séquences influencées par le rock pour donner un disque remarquable, bluffant de fraicheur et d'inventivité.

On avait donc hâte de découvrir les phénomènes sur scène. On n'a pas été déçu. C'est évidemment le mariage des 3 voix (souvent en harmonie) qui donne ce coté céleste et pop à Young Fathers. La rythmique et les synthés (samplés pour la plupart sur scène) font tantôt penser au hip-hop des 90's au post-punk ou au rock indé…

Le rendu en live est ultra tribal (The Queen is dead, Old Rock N roll) souvent sombre mais avec ces moments de magie et de beauté dans la crasse (War). Ca oscille entre énergie ravageuse (Rain or Shine) et euphorisante (Shame), que ne renieraient pas les punks de la grande époque, et moments d'une beauté céleste avec ces 3 voix mêlant pop, soul (Sirens) et parfois presque du gospel…

En petit bémol, on remarquera que le son n'a pas été toujours à la hauteur de la prestation et on a senti que l'ingé son avait galéré pour bien faire ressortir les voix dans le maelström rythmique (batterie live + sample), mais les réglages furent plus précis au fil du concert. Mais ne nous y trompons pas, Young Fathers c'est l'avenir!!! Et avec un vrai groupe de scène derrière eux, ils vont tout casser...

dimanche 31 mai 2015

RIDE à l'Olympia (27/5/15)


A évènement exceptionnel, réponse exceptionnelle… On avait un peu délaissé, volontairement, le blog MRM ces derniers temps mais la réformation et la venue de RIDE à l'Olympia ne pouvait être passée sous silence… Surtout après une telle prestation et les intenses émotions ressenties ce soir là…

Après les retours sur scène convaincants et inespérés des maitres shoegazing My Bloody Valentine et Slowdive et la tournée Psychocandy des Jesus & Mary Chain l'année dernière, il ne manquait plus que le chainon manquant : les Oxfordiens de RIDE.

Emmenés par deux songwriters hors pairs, Mark Gardener et Andy Bell, le groupe avait créé la sensation au tout début des années 90 avec une poignée de EP remarquables et un premier LP, sorti sur le label d'Alan McGee Creation Records, en tout point parfait. Nowhere était en effet la parfaite synthèse de la pop des Beatles et du mur du son de distorsion, mêlant chaleur et dissonance, amené par Jesus & Mary Chain (Psychocandy) et poussé dans ses retranchements les plus fous par My Bloody Valentine (Loveless)…

Et la presse britannique parlait, bien entendu du groupe d'Oxford comme des nouveaux Beatles, rien de moins… Le mouvement shoegaze, qui dura quelques années (89-94) fut englouti par la britpop mais on aura tort de penser à une vague en balayant une autre. On pourrait même dire que le shoegaze en fut en fait le précurseur… A l'écoute des premiers LP de Blur (Leisure) et Radiohead (Pablo Honey) l'influence du RIDE des débuts est évidente. Si les frères Gallagher ont piqué le son des Mary Chain pour fomenter "Definitely Maybe", ils ont poursuivi le chemin arpenté par RIDE en mélangeant mur du son et mélodie pop mais en y apportant la hargne des Stooges…

RIDE fut donc un acteur central de l'histoire de la guitare au Royaume-Uni et leur retour n'en était que plus attendu… Et très clairement, leurs chansons n'ont pas pris une ride, en tous les cas pour ce qui concerne la première partie de leur discographie de 89 à 92. On a tous oublié les 2 LP sortis après leur second effort (Going Blank Again) presque aussi éblouissant que "Nowhere"… Et c'est fort à propos que ces 2 disques sont presque oubliés du set-list de leur reformation. En délaissant la noisy pop de leur débuts pour un songwriting plus classique et vintage, RIDE avait perdu sa spécificité et donc sa pertinence…

Et à l'Olympia, ca démarre sur les chapeaux de roue avec l'un de leurs titres phares, "Leave them all behind" qui introduit à merveille la soirée magique que l'on va passer. 8 minutes dans un dédale de strates de distorsions ajoutées au fur et à mesure d'un final instrumental totalement envoutant… Waouh… S'en suit l'un des tous premiers titres du groupe, "Like a Daydream", avant le diptyque impérial issu de Nowhere avec les incroyables "Polar Bear" et "Seagull". La noisy pop originelle dans toute sa splendeur. Derrière les futs, Loz Colbert impressionne avec ses descentes de toms jouissives. Le son est impeccable, chaque instrument s'entend de manière distincte et les harmonies vocales de Mark et Andy sont au diapason (et rappellent tout ce qu'ils sont allés chercher du coté des Beatles et des Byrds). 

C'est tout un pan d'histoire qui se rappelle à nos bons souvenirs. Ces chansons restent intemporelles et les Oxfordiens ont la maitrise et l'expérience pour les retranscrire dans toute leur splendeur. On sent un groupe soudé et vraiment au point et les 25 années passées depuis leurs débuts sont rapidement oubliées. Force, impact, présence et engagement. Un set parfait.

Sans surprise on atteint des sommets d'extase avec Dreams Burn Down, Paralyzed et l'hymne Vapour Trail… Et que dire de ce final bruitiste de plusieurs minutes sur Drive Blind… Epoustouflant… Seul bémol, un rappel vite expédié avec un titre seulement, le premier du 1er Ep : Chelsea Girl…

Une magnifique soirée et un souvenir ému pour le label Mind Riot Music tant le son de "Nowhere" aura hanté les sessions d'enregistrement du premier disque de Moslyve,  "Nothing to lose" (premier disque sorti par le label en 2010) et surtout le second, "Slave to modern age" enregistré dans le studio de Nicolas Leroux (Overhead)… Toute une histoire...

mardi 10 février 2015

Viet Cong au Point Ephémère (9/2/15)


Ca faisait bien longtemps que l'on n'avait pas attendu un premier concert avec une telle impatience... La faute à un disque brillant sorti il y a 15 jours par les canadiens de Viet Cong. Premier album (où second EP) éponyme avec tout ce que l'on adore à l'intérieur. Des mélodies accrocheuses mais stylées, du vacarme, du bruit, des moments en apesanteur et des changements de rythmes et d'ambiances totalement déboussolant et jouissif... Première hier soir dans un Point Éphémère rempli à rabord...

Un groupe qui fourmille d'idées et les placent toutes dans leurs chansons. Ca part dans tous les sens mais ca reste d'une cohérence confondante... Une sorte de folie maîtrisée, dark, maniaco dépressive et tellement représentative de nos années digitales...

Viet Cong démarre son set avec les deux morceaux d'ouverture de leur premier EP, Cassette, avec les sautillants et très Clash "Throw it away" et "Unconscious Melody". Un magnifique départ pour attraper le chalan et préparer les déflagrations post-punk et noise du nouveau disque...Avec des titres comme "Silhouettes" ou "Bunker Buster" tout en tension et en circonvolutions, la salle prend feu... Et que dire du Single "Continental Shelf" à la mélodie entêtante et addictive... Du pur Viet Cong...

Un concert assez impressionnant qui s'est terminé par leur morceau de bravoure "Death" étalé sur presque un quart d'heure et construit en tiroir ou plutôt en poupées russes... Un labyrinthe émotionnel rempli de guitares tour à tour flamboyantes et incendiaires... Un must absolu!

On a déjà hâte de les revoir sur scène...

dimanche 8 février 2015

Kori à l'Espace B (6/2/15)


Notre dernier coup de coeur en date (classé dans notre TOP 5 EP 2014), les parisiens de Kori donnaient leur premier concert en formation à 4 dans la salle indé parisienne de référence l'Espace B… Et c'était bien entendu immanquable!

Leur EP, Darkness Visible, sorti l'année dernière, nous avait carrément emballé, et l'impatience était grande de voir enfin Kori sur scène. Alors que ce disque avait été fomenté dans son home studio par Ori, tête pensante du combo, avec le soutien de son pote bassiste Jérémy, Kori est désormais un solide groupe live avec l'apport d'un batteur imposant et métronomique et d'un second guitariste assez précis.

Le début du show est un peu chaotique, on sent le groupe assez stressé… 2 nouvelles chansons sont balancées, plutôt rock et avec du potentiel (la basse groovy mène la danse) mais on a du mal à percevoir la voix et l'impression d'ensemble reste mitigée… Peu à peu le combo se détend et on sent l'alchimie prendre forme…

Après 3/4 titres, Ori débute seul une chanson, que l'on découvre… Et là, grosse décharge, le chanteur se lâche réellement, le reste du groupe le suit et le concert prend tout d'un coup une autre dimension… Une fois la vitesse de croisière atteinte, Kori nous embarque complètement dans son univers singulier aux guitares  lascives et aux arpèges enchanteurs qui apportent une lumière salvatrice et revigorante…

Ce ne sont encore que les débuts du groupe et il y a encore quelques réglages à effectuer mais l'intensité émotionnelle est déjà là! Un groupe à suivre de près!

A découvrir en live au 114 le 17 avril prochain en première partie de Moslyve dans le cadre de la Release Party du 3ième album du groupe… Une soirée immanquable à double titre…

A lire également Kori dans notre TOP EP 2014. Et à écouter ICI.