mardi 30 août 2022

Nick Cave, Arctic Monkeys, Fontaines D.C., Diiv, Jehnny Beth, Yard Act et Trentemoller à Rock en Seine (25/26/27/8/22)


 Enfin! Après 3 ans d'absence on a pu enfin refouler les pelouses du magnifique domaine de Saint-Cloud pour une nouvelle édition de Rock en Seine très attendue. Alors, bien sûr, depuis que François Missonnier et sa bande de potes (Radical prod, Garance) ont vendu leur bébé à M. Pigasse, il n'y a plus de festival Rock indépendant en Ile de France et Rock en Seine (RES) n'est plus le meme depuis 2018...

Avec l'appui du mastodonte AEG (rival mondial de Live Nation), RES a tâtonné 2 ans, avec des résultats de fréquentation mitigée en essayant d'intégrer les musiques dites urbaines (qu'on traduira dans le cas d'espèces en rap mainstream voir variété), la formule à 4 jours de 2022 mise sur 4 têtes d'affiches en exclu pour faire venir le plus grand nombre et une prog d'abord fidèle aux guitares les 2 premiers jours avant de basculer le samedi vers une pop plus mainstream jusqu'au dimanche ou les guitares sont presque absentes et où la maga star mainstream du moment, Stromae, cloture le festival...


Après une prestation pleine d'énergie de la très jeune Gayle en ouverture du festival le jeudi, ce sont les anglais de Yard Act qui font vraiment démarrer RES 2022. Les 4 de Leeds et leur post punk malin aux paroles drôles et incisives ont remporté la mise. Leur leader, James Smith sait comment mettre le public dans sa poche. Ravage sur la petite scène d'Ile de France nous montre que le punk rock n'est pas mort en France tandis que Beabadoobee nous aura fait passer un joli moment avec une pop à guitares 90s sympathique. 


Les Irlandais et les Anglais se sont rués en masse ce jeudi pour voir les Fontaines D.C., qui une semaine après leur set magistral à la Route du Rock ont rappelé tout le bien qu'on pense d'eux même si le son sur la scène de la cascade était un peu brouillon... Quant aux têtes d'affiche, les Arctic Monkeys, ils auront assuré un set maitrisé à défaut de totalement emballant, la faute, peut être à une setlist moins énervé que leur répertoire pré AM pouvait laisser espérer.


Au final, une belle journée Rock mais un chaos organisationnel important avec à partir de 18h30, près d'une demi-heure de queue pour une bière et près de 45 mn pour accéder aux toilettes femmes... 40 000 personnes sur le site de Saint Cloud c'est définitivement trop et ca dégrade l'expérience pour les festivaliers... L'ancienne équipe s'était arrêtée à une jauge max un peu au dessus de 30 000 et c'est déjà beaucoup... La nouvelle direction vise, sans complexe, le profit maximum comme le démontre la polémique sur le Golden Pit (zone réservée sur option payante (plus 20 ou 30 €) ou invitation) sur une large bande devant la grande scène... Là on est clairement dans la négation absolue de ce qu'est un festival Rock avec d'un coté les riches avec une expérience plus belle (emplacement, bar et toilettes réservées) et le reste de la population qui doit se contenter de faire la queue et d'etre loin de la scène ou concassé avec les autres... Odieux!


Le vendredi commence sur les chapeaux de roue avec la prestation tonitruante de Jehnny Beth. En trio et sans aucune guitare, ils réussissent à envoyer un rock rugueux flirtant avec la techno. En hésitant pas à rencontrer le public dans la fosse ou à ses abords, Jenny délivre une prestation intense et charnelle! Superbe début de journée. Dans la foulée Aldous Harding nous charme encore et même si sa pop sophistiquée sied mal aux grands espaces de la Grande Scène. Ensuite, les new yorkais de Diiv font vrombir leur guitares shoegaze, hypnotiques et diablement mélodiques, c'est l'extase... Sans transition ce sont les Liminanas qui prennent possession de la grande scène et émerveillent avec leur rock psyché yéyé ultra efficace.


Petit intermède  instrumental avec Los Bitchos avant la révélation pop indé des hollandais de Klangstof, ca méritera de les revoir... Squid et son math rock impressionnant de maitrise aura fait pulser la scène du Bosquet avant l'arrivée de Nick Cave... Franchement grandiose, tel un chaman ou un prêcheur habité, Nick Cave prend la foule à bras le corps, n'hésitant pas dès l'inaugural "Get Ready for Love" à venir serrer un nombre incalculable de mains ou de poings aux abords de la fosse. Le message est clair, l'australien est là pour embarquer tout le monde dans une communion, une grand messe rock sans retenue... Et ca marche! Monumental! On finira la soirée sur la techno ultra puissante et physique de Trentemoller, une valeur sûre et un défouloir ultime parfait pour terminer cette belle seconde journée.


Alors que les guitares se feront beaucoup plus rares tout au long du samedi, on aura eu la chance de revoir les doués Oracle Sisters, déjà aperçus en 1ere partie de Miles Kane en avril, et leur pop très sixties version Laurel Canyon. Dans la foulée, nos chouchous de Bryan's Magic Tears auront ébloui notre après-midi sous le soleil, même si leur rock évanescent et cramé aurait mérité une petite session nocturne. Sur la scène du Bosquet, November Ultra, que l'on ne connaissait pas nous a soufflé littéralement par l'émotion dégagée par cette jeune femme, seule en scène, drôle, attendrissante et capable de vous filer des frissons.... Un grand moment... De la suite on retiendra que Jamie XX a transformé l'espace de la Grande Scène en piste de danse géante avec sa house aux accents modernes...


On aura snobé le dimanche car vraiment rien ne nous attirait sur cette prog avant tout faite pour attirer le plus grand nombre et loin de l'esprit historique  du festival.


Au global on est content de retrouver Rock en Seine, qui garde ses lettres de noblesse Rock et assimilés sur au moins 2 jours et demi sur 4, ce qui n'est pas rien.... Même si on comprend le désir des organisateurs de renouveler le public en tentant des choses plus mainstream (samedi soir et dimanche), on regrette le gigantisme souhaité (qui dégrade l'expérience de RES) et la volonté de maximiser les profits (prix des places, golden pit et autres options supplémentaires) et certains choix vraiment limite dans le cadre d'un festival Rock (samedi et surtout dimanche).... Espérons que l'expérience Rock en Seine ne sera pas trop dénaturée dans les années à venir et que les nouveaux propriétaires ne vont pas en faire un Disney Land sans aucune aspérité comme le weekend peut le laisser supposer.

A lire également la Route du Rock 2022 et nos revues de Rock en Seine.

dimanche 21 août 2022

King Hannah, Aldous Harding, Wet Leg, Geese et Fontaines D.C. à la Route du Rock (17/18/08/22)


 Retour en configuration traditionnelle à la Route du Rock avec les concerts a Fort Saint-Père. Après une édition 2020 annulée et une édition capsule très réussie en 2021, cette Route du Rock traditionnelle était très attendue. Et pour cette historique 30ième édition, les programmateurs ont su tenir leur réputation en programmant sur les 2 premiers jours tous les groupes excitants du moment et c'est une vraie prouesse dans cette jungle compétitive des festivals d'été. 

Face aux mastodontes Live Nation (lollapalooza) et AEG (Rock en Seine), le festival (réellement) indé malouin se démarque par une recherche de jeunes talents en devenir. Cette année, beaucoup de groupes venant juste de sortir leur 1er album (King Hannah, Wet Leg, Geese, Yard Act) ont dynamité l'édition 2022.

En ouverture, à la Nouvelle Vague le mercredi c'est le duo King Hannah qui nous a totalement bluffé. On croirait voir un mini Portishead en courant alternatif branché sur une prise noise pop... La chanteuse, Hannah Merrick, est totalement envoutante. De sa voix grave et profonde elle dégage une énergie trouble. Sur des tempos lancinants, presque slow core le groupe irradie, avant des envolées noise pop magnifiques insufflées par le compère d'Hannah, Craig Whittle. Superbe groupe.


A la suite de King Hannah, on a eu droit à une performance de l'insaisissable Aldous Harding. Elle a l'air vraiment perchée, à moins que ce ne soit que le reflet de son jeu de composition. C'est comme si, la neo zélandaise jouait un rôle dans une pièce de théâtre qu'elle a elle même écrite sur une musique baroque surprenante et enveloppante... Une artiste définitivement à part.


Le lendemain au Fort Saint Père c'est toute la scène rock indé montante qui est là sous nos yeux ébahis. Prix spécial du jury à Geese, ce groupe de New-York aux accents strokiens plein de fougue et d'énergie. Les jeunots, à peine 20 ans, on mis le feu à la scène des remparts, provoquant un pogo endiablé dans les premiers rangs. On a besoin de ce genre de groupe de jeunes gens modernes qui enthousiasment leur congénères et leurs font découvrir la chose rock... Ils ont deja tout et il ne leur manque que quelques mélodies imparables pour devenir énormes... A suivre...

On aura été déçu par les Black Country New Road qui tentent de survivre au départ de leur chanteur en se répartissant chacun la tache... Malheureusement la magie n'opère plus sans la force évocatrice du chant de leur ancien leader... Les 2 anglaises de Wet Leg auront mis tout le monde d'accord. Elles étaient attendues et ont fait comme elle savent faire : ne pas se prendre la tete et essayer de prendre du bon temps... Et ca marche, la fraicheur pop irrésistible de leur 1er album malin est enthousiasmante sur scène...


Les 4 de Leeds, Yard Act, ont eux aussi mis le feu, grâce au charisme et au partage de leur leader James Smith.... Avant la claque du soir, les Fontaines D.C.... Nos irlandais favoris ont définitivement franchi un cap cette année avec la sortie de leur 3ieme Album Skinty Fia. On les retrouve en tête d'affiche à la Route du Rock. Et il ont tout cassé avec assurance, maîtrise et puissance....

La route du Rock, un festival unique et indispensable...

A lire également la route du Rock 2021 ou 2014... ou encore Fontaines DC à l'Olympia