mardi 31 décembre 2024

Best of 2024 : le classement MRM des meilleurs Concerts


Encore une année super excitante sur le front des concerts. On ne répétera jamais assez, l'expérience live est certainement la dernière possibilité qu'il nous est donné à tous de partager un moment collectif de transcendance. C'est tellement puissant, tellement essentiel, tellement vital...

Et dans ce contexte c'est sans surprise la grand messe païenne de Nick Cave and the Bad Seeds qui nous aura le plus remué cette année. Une expérience quasi spirituelle. Le show Massive Attack à Rock en Seine est à placer dans le même registre... Sur le podium, le couple King Hannah sait atteindre nos petits coeurs dans des ambiances bien plus intimistes...

Slowdive à la Route du Rock a confirmé que son shoegaze réveur et ethéré avait peu d'équivalent et permettait aux spectateurs de s'évader totalement le temps du concert... Remarquable... James Murphy et sa machine à danser, LCD Soundsystem, n'a rien perdu de sa verve et de sa puissance collective.

Les Pixies auront réussi l'exploit de nous emballer 3 soirs de suite avec le meme set, on aurait pu y rester des semaines tellement ce fut intense et glorieux... Indispensables les vieux bostoniens...

Bdrmm, quelques  mois après une prestation remarquée au point Ephémère nous aura fait littéralement décoller. Et que dire du retour de Aur, rejouant Moon Safari en intégralité: du rêve et du bonheur... Tout l'inverse des Mary Chain dont la pop noire est toujours aussi indispensable à nos yeux. Enfin Suuns au Trabendo et les Fontaines D;C. au Zenith complètent le tableau d'une année 2024 Live de haute volée...

Vivement les concerts 2025... 


MRM TOP 10 Concerts 2024

1. Nick Cave and the Bad Seeds à Bercy (17/11/24)

2. Massive Attack à Rock en Seine (24/8/24)

3. King Hannah à la Maroquinerie (12/9/24)

4. Slowdive à la Route du Rock (15/8/24)

5. LCD Soundsystem au Théatre Antique de Fourvière (8/7/24)

6. Pixies à l'Olympia (25/26/27/3/24)

7. Bdrmm à Petit Bain (28/2/24)

8. Air à l'Olympia (7/3/24)

9. Jesus and Mary Chain à l'Elysée Montmartre (13/4/24)

10. Suuns au Trabendo (17/9/24)

10. Fontaines D.C. au Zenith (13/11/24)


A lire également le TOP ALBUMS 2024 et les TOP CONCERTS 2023 et 2022.

dimanche 22 décembre 2024

Best of 2024 : Le classement MRM des 10 meilleurs albums


 Une nouvelle année se termine et le marasme existentiel des années 20 continue son chemin, inexorablement... Dans tout ce chaos, la musique reste notre boussole, notre oasis, notre port altier. Mardi dernier il y avait sur France 5 un documentaire très intéressant sur les interactions entre santé et musique. On y voyait notamment un musicien dont le seul moyen de communiquer avec sa grand-mère atteinte de la maladie d'Alzheimer était de lui jouer des morceaux à la guitare. On voyait alors sa grand-mère revivre, se souvenir des paroles, chanter avec lui en bougeant son corps... Saisissant, vraiment... Les pouvoirs de la musique sont immenses...

Cette année il aura encore été difficile de dresser une liste tant l'actualité musicale fut riche et de qualité. Et c'est finalement les irlandais de Fontaines D.C. qu'on place au sommet. En s'associant à James Ford qui a produit les albums récents de Blur, Beth Gibbons ou Depeche Mode, les DC ont franchi un palier et font désormais une pop assez sophistiquée. les trouvailles au niveau des arrangements, les prises de risque en voix de tête de Grian Chatten et la qualité des compos font de Romance le disque incontournable de 2024.

Nos protégés de King Hannah auront réussi à se réinventer en groupe à guitares incandescentes après un brillant 1er album qui lorgnait du coté du trip hop. La Voix de Hannah  Merrick nous donne des frissons tandis que les parties de guitares de Craig Whittle sont parmi les plus marquantes qu'on ait entendu ces dernières années.

Nick Cave, de retour avec les Bad Seeds nous offre une grande messe païenne avec Wild God. Une disque d'une grande spiritualité. 

Quelle surprise de retrouver The Cure à son sommet, Songs of a Lost World étant le meilleur album du groupe depuis Wish en 1992... En magnifiant les moments tristes de l'existence, Robert Smith ayant perdu récemment ses parents et son frère, le groupe retrouve son essence même. Tellement indispensables...

Mustang continue son chemin pour notre plus grand plaisir, la plume de Jean Felzine étant l'une des plus brillantes et acérées de la "Chanson française" (quel morceau). La pop noire de The Jesus and Mary Chain nous réchauffe toujours le coeur, Belle découverte avec Nilüfer Yanya, récemment signée sur Ninja Tune, sa pop moderne aux accents intimistes nous réconforte et nous emporte.

Les Indiens de Peter Cat Recording Co reviennent avec un disque lumineux et rempli d'une sérénité qui fait un bien fou. En convoquant les Mary Chain, My Bloody Valentine et le meilleur du shoegaze, Sinaive nous offre une Pop Moderne en français qui nous bluffe littéralement... Une belle réussite.

Bryan's Magic Tears nous offre l'album baggy, acid house, qui nous permet de nous évader et de prendre du bon temps. The The revient après 24 ans d'absence et le regard de Matt Johnson est toujours aussi indispensable. Enfin les français d'Alcest fascinent avec leur metal presque spirituel.

MRM TOP 10 ALBUMS 2024

1. Fontaines D.C. : Romance (XL)

2. King Hannah : Big Swimmer (City Slang)

3. Nick Cave & The Bad Seeds : Wild God (Pias)

4. The Cure : Songs of a Lost World (Fiction)

5. Mustang : Megaphenix (Vietnam)

6. The Jesus & Mary Chain : Glasgow Eyes (Fuzz Club)

7. Nilüfer Yanya : My Method Actor (Ninja Tune)

8. Peter Cat Recording Co : Bêta (Muddy Water)

9. Sinaive : Pop Moderne (Anti Matière)

10. Bryan's Magic Tears : Smoke and Mirrors (Born Bad)

10. The The : Ensoulment (Cineola)

10. Alcest : Les chants de l'Aurore (Nuclear Blast)

Il auront été par loin du TOP 10 : The Smile, Matthew Halsall, Kim Gordon, Beth Gibbons, English Teacher, Suuns...

A lire également le MRM TOP 10 Concerts 2024 et les top 2023, ou 2022

mardi 10 décembre 2024

Alcest à l'Olympia (6/12/24)


 Alcest est un groupe totalement singulier dans l'univers metal. Inclassables et assez loin des stéréotypes du genre. Pour leur 1er Olympia, le groupe a livré une prestation envoutante... 

On a découvert Alcest sur le tard en les voyant jouer à la Machine du Moulin Rouge le 7 mars 2020, dernier concert avant de longs mois suite au shutdown lié au covid. A l'époque, leur 6ième album, Spiritual Instinct, les avait définitivement placé dans la catégorie des groupes incontournables de la scène metal...

Elan brisé par la pandémie et la longue attente d'une demie décennie avant la sortie d'un nouveau disque, Les Chants de l'Aurore... Et donc la consécration avec un Olympia sold out et enfin prophète en son pays... Après Gojira, déjà énorme mais encore plus visible depuis leur participation à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 (le tableau révolutionnaire sanglant à la conciergerie a marqué les esprits), Alcest démontre, à son tour, que succès international et Made in France font bon ménage et pas que dans l'electro...


La french touch pour Alcest serait d'amener de l'onirisme (même si le leader, Neige, n'aime pas ce terme et pense que ce n'est pas un monde imaginaire mais une croyance bien réelle) et de la rêverie dans un univers de saturation et de distorsion propres aux guitares aiguisées du metal. C'est une invitation au voyage que nous soumet Alcest. En reprenant les bases du metal (chant guttural, grosse caisse façon mitraillette) tout en puisant dans le shoegaze pour l'évanescence des guitares ou la rêverie de la dream pop, le combo délivre une musique singulière.

Avec ce nouvel opus, le groupe écrit une sorte de BO de film imaginaire et le rendu sur scène n'en est que plus éloquent. Autour d'une lune dont la lumière berce 2 oiseaux qu'on croirait sortis d'une mythologie ancestrale, les lumières sont vives et chaudes (jaune, violet). la scénographie nous plonge dans un univers fait de songes et de rêveries.


La musique nous transporte littéralement entre moments aériens et déflagrations soniques d'une réelle intensité. C'est puissant et beau à la fois. La setlist fait la part belle aux Chants de l'Aurore avec en ouverture et en enfilade Komorebi, l'envol et Améthyste (quartz violet associé au calme et à la sérénité). Spiritual Instinct sera bien représenté avec 3 titres au compteur (Mirroir, protection, sapphire).

En rappel, Alcest terminera la soirée avec son interprétation en son du poème d'Apollinaire "l'Adieu", magnifique récital de fin à la douceur apaisante...

Cette fin d'année semble se faire sous le signe de la spiritualité, et ce de manière assez variée, que ce soit avec Alcest, Nick Cave ou encore Peter Cat Recording Co...Un besoin de transcendance?...


vendredi 6 décembre 2024

Peter Cat Recording Co au Bataclan (3/12/24)


 La magie de la mondialisation c'est de pouvoir voir sur scène à Paris un groupe indien, originaire de New Delhi, qui revisite la musique occidentale avec le prisme de leur propre culture... On avait découvert Peter Cat Recording Co à Rock en Seine en 2019 et on avait été ébloui par tant de fraicheur, de sérénité et juste de good vibes devenues tellement rares...

A tel point que leur second opus, Bismillah, finira en tête de notre TOP 10 2019... C'est donc peu dire qu'on attendait avec impatience leur retour en France. Chose faite ce mardi au Bataclan pour la tournée de leur tout récent disque, le 3ième, nommé Bêta, qui veut dire fils en hindi.


Dans la salle, le public est assez jeune. Pas de traces des vieux rockeurs comme moi que je vois dans la plupart des concerts parisiens. Mais c'est vrai que les styles abordés sont tellement variés. Peter Cat Recording Co semble à l'aise aussi bien dans la soul, le funk, le rock tweedé et même le disco.

C'est vraiment cela qui est le plus surprenant, le plus exaltant. La salle peut se transformer en un instant en piste de danse. C'est de la feel good music et ca fait tellement bien. C'est jamais racoleur, c'est toujours d'une grande sincérité. Leur musique touche directement le coeur... C'est fascinant.

Le leader du groupe, Suryakant Sawhney, a une voix de crooner américain qui sonne totalement hors du temps. Cette voix contribue énormément à tisser le lien avec le public. Elle nous guide dans les méandres, les détours stylistiques empruntés par le groupe. Les musiciens utilisent les instruments classiques du rock (guitares, basse, batterie, synthés) mais n'hésitent pas à y rajouter des instruments et des sonorités indiennes sans que cela ne paraisse superflu ou à coté de la plaque... C'est tellement rafraichissant.


Le concert débute par les trois premiers morceaux de Bêta : Flowers R booming, People never change et Suddenly. Le ton est donné. "People never change, but i will", cela résumé totalement la philosophie du groupe : une approche réaliste mais humaniste, positive et volontariste de la vie.

Quel plaisir de ré-entendre les classiques à nos oreilles que sont Soulless Friends, Heera, Floated by ou encore I'm this. Les visages illuminés des spectateurs ne trompent pas, on passe un moment d'extase collective captivant...

Et tout ceci ne pouvait que se terminer sur le tube disco ultime du groupe : Memory Box, qui avait déjà transformé le parvis de la scène de l'industrie à Rock en Seine en véritable boite de nuit!

Une nouvelle très belle soirée!

A lire également Peter Cat Recording Co à Rock en Seine et dans notre TOP 10 2019.


mardi 3 décembre 2024

Nilüfer Yanya à la Bellevilloise (29/11/24)


En récupérant in extremis une place pour le concert de Nilüfer Yanya à la Bellevilloise, j'ai eu la chance de découvrir une artiste en pleine ascension qui a certainement un bel avenir devant elle.

Dans la salle feutrée du club de la Bellevilloise, la britannique venait défendre son 3ieme album : My Method Actor. La signature récente sur le mythique label Ninja Tune attire forcément notre attention. Paradoxalement, c'est au moment où le songwriting de Nilüfer Yanya devient un peu plus maitrisé et moins expérimental en terme de sonorité qu'elle rejoint l'écurie, souvent avant gardiste, des précieux Ninja Tune.

C'est certainement le résultat de l'association avec le producteur anglais Will Archer, encore plus évidente sur ce 3ième disque. les compositions sont signées du duo, comme la plupart des morceaux du précédent disque, Painless, mais cette fois, Nilüfer, semble s'être dédiée aux parties vocales lors des sessions d'enregistrement. 


Il en résulte un album d'une grande cohérence. L'atmosphère est très intimiste, la chanteuse réussit à nous bercer dans son univers où l'introversion y joue un rôle crucial. On est touché par sa candeur et sa sincérité. Et c'est exactement ce que l'on ressent en la voyant, elle et son groupe, en live.

On sent une artiste d'une grande sensibilité et qui ose dévoiler sa vulnérabilité sur scène. C'est beau, voire même poignant. On est emporté par le flow de son récit. La guitare joue un rôle majeur, lorgnant tantôt vers un folk atmosphérique avec guitare acoustique reverberée, tantôt vers un rock dansant à la sauce grunge pour les distorsions sibyllines. 


Les influences sont perceptibles en filigrane, on pense aux Pixies, à PJ Harvey dont Nilüfer reprendra le Rid of Me en rappel mais également à The Cure des débuts pour l'approche minimaliste (on entend aussi du Daughter). Mais ce n'est jamais un copié collé, d'ailleurs on aura mis du temps avant de reconnaitre la chanson de PJ Harvey. 

Sans vraiment savoir dans quel style de musique on baigne, on passe une soirée très agréable. Nilüfer Yanya fait preuve d'une vraie personnalité à la fois rayonnante et attachante.

Une très belle découverte.

A lire également dans les découvertes de l'année : Malice K.

lundi 18 novembre 2024

Nick Cave and the Bad Seeds à Bercy (17/11/24)


 Point d'orgue de la tournée Wild God, le concert de Nick Cave and the Bad Seeds dans l'arène de Bercy fut, une nouvelle fois,  un moment de rare communion entre un artiste et son public. 

On ne présente plus l'immense Nick Cave. Avec près de 45 ans de carrière, c'est un revenant, une survivant. Il s'est relevé de tout, des excès, de la folie, des amours passionnels qui finissent en déchirement mais surtout des drames personnels. Ces dernières années, il a perdu 2 fils.


Personne ne se remet vraiment de telles tragédies mais la façon dont Nick Cave a tenté de surmonter la douleur en mettant son énergie au service de sa musique force le respect. Avec les Red Hand Files sur son site internet, il a pris le temps de répondre à toutes les questions de ses fans, chacun, incluant Cave, partageant ses traumas intimes, en tentant par leur expression, leur partage, un travail de résilience salutaire et tellement courageux.

La lecture du livre d'entretien de Nick Cave avec Sean O'Hagan, "Foi, Espérance et Carnage" est sur ce point édifiante. Avec honnêteté, transparence et humilité, Cave raconte son désarroi, son désœuvrement et comment il essaie de se reconstruire en poursuivant une forme de spiritualité, dont les racines de la quête sont certainement antérieures à ces drames... C'est beau, souvent émouvant et très inspirant...


Après plusieurs albums en duo avec l'immense Warren Ellis, Nick Cave est revenu cette année avec un album des Bad Seeds :l'excellent Wild God. Le disque d'un survivant, très certainement. Les arrangements de synthés de Warren Ellis apportent une chaleur et une douceur tandis que les choeurs d'inspiration gospel affirment, au diapason, une envolée élégiaque, plaçant ces nouvelles chansons en orbite autour d'un soleil puissant. Ce mur du son dense et à la large profondeur, mixé par les mains expertes du maitre Dave Fridmann (Mercury Rev, Flaming Lips, Mogwai...) nous donne l'impression de rentrer dans une cathédrale.

Dans "Foi, Espérance et Carnage", Nick Cave a cette réflexion très éclairante sur la façon dont il s'est reconstruit après le deuil "je crois au fond que vivre c'est ça, mourir à soi-même et puis renaitre"

Il ajoute quelques phrases plus loin que "l'impulsion religieuse, chez certains d'entre nous (...) engendre 'r) un épanouissement de la personne, la possibilité de grandir et de se déployer en tant qu'être humain au lieu de se contracter".

Cela résume totalement l'expérience d'un concert de Nick Cave and the Bad Seeds. On a l'impression d'assister à une messe païenne, à une célébration autour d'un chaman, d'une impulsion de vie d'une intense authenticité. 


Les chansons de Wild God se prêtent entièrement à cet exercice et on aura droit à la quasi intégralité du disque interprété par Mister Cave et sa troupe. Dès le départ avec Frogs, Wild God et Song of the Lake on se retrouve emporté dans un tourbillon d'émotions d'une rare intensité. C'est beau, ca réchauffe le coeur, ca embarque nos âmes...

Pendant près de 2h30 on va avoir droit à une déferlante de chansons ultra puissantes : O Children, Jubilee Street, From Her to Eternity, Tupelo, Conversion et sa mantra (touched by the spirit touched by the flame)... Cave plaisante beaucoup avec Warren Ellis, on sent cette complicité empreinte d'un profond respect entre les 2 hommes. Ellis s'amusera de la remarque de Cave sur le fait qu'il habite pas loin en précisant en français d'un air amusé qu'il paie ses impôts en France.

On remarquera la présence à la basse de Colin Greenwood de Radiohead. A la fin du set, les 2 titres immuables des setlist de Mister Cave, Red Right Hand et Mercy Seat viendront définitivement raviver la flamme d'une communion aussi belle que mémorable...

Une soirée en tout point magnifique et pour laquelle on ne peut dire que Merci...

A lire également Nick Cave à Rock en Seine

dimanche 17 novembre 2024

Mustang à la Maroquinerie (15/11/24)


Mustang en Release Party à la Maroquinerie pour la sortie de Mégaphénix.

 Le groupe Mustang reste une énigme. Avec Megaphénix, leur 5ième album, le trio ne tenterait-il pas de nous donner quelques clés pour mieux comprendre? "Trop variet ou trop spé" comme le clame Jean Felzine dans le bijou qu'est "La porte au nez", est ce qu'il ne valent pas mieux "que ces barjots qui ont laché la barre" comme proclamé dans le morceau d 'ouverture du disque "je ne suis plus aimé"?

Déjà le 5ième album de Mustang, le temps passe vite, le succès d'estime reste mais le groupe n'a toujours pas l'exposition qu'il mériterait...Groupe iconoclaste, mais indispensable à nos oreilles. Jean Felzine possède l'une des plumes les plus intéressantes dans le bazar de la chanson française... 


La Chanson Française, pièce centrale de Megaphenix, ou comment délivrer des mots acerbes mais justes sur une ritournelle pop parfaite associée à une performance vocale au cordeau. Sur la forme, une berceuse attachante, sur le fond un récit offensif et désabusé... L'essence même de Mustang...

Depuis leur retour discographique post covid, le groupe assume pleinement son statut d'outsider à qui le succès populaire se refuse ostensiblement... Et ca lui va bien.... Cette acceptance libère, sans aucun doute, les mots de Felzine. Il retranscrit avec beaucoup d'humour cette tragédie dans ses chansons, n'hésitant pas à mixer écriture relevée et vulgarité gratuite, comme si il voulait piquer l'auditeur et le sortir de sa zone de confort... ou bien le flatter ou juste le faire rire ou sortir de sa torpeur... une forme de génie...

Sur scène, le trio insuffle une énergie rock à ses morceaux autour du classique power trio. Au son clair chorusé de sa Telecaster, Felzine s'avère etre un guitariste rythmique talentueux. Son acolyte des débuts, Johan Gentile, insuffle toujours un swing biens senti avec sa basse tandis que le nouveau venu à la batterie, Nicolas Musset (aussi réalisateur sur ce disque) amène une pulsation rock indéniable avec une frappe lourde et précise.

Mustang nous joue tout son nouvel album, presque dans l'ordre du disque. C'est peu banal, en général on doit attendre les anniversaires des sorties d'album pour avoir droit à ce genre de procédé... Décidemment, Mustang se joue des codes... Dans une Maroquinerie sold out, Mustang déploie ses ailes et ravit un public en amour avec ces marginaux en quête de respectabilité, à moins que ce soit le contraire...

Une fois Mégaphénix épuisé, le combo enchaine avec "ses vieux machins" et commence par le vraiment drôle et acerbe "fils de machin" aux paroles désopilantes... Du grand art. Mustang a quand meme un répertoire remarquable. avec des titres comme "Pole Emploi Geule de Bois", "les Oiseaux blessés", "le sens des affaires", "salauds de pauvres"... C'est un régal., l'ironie et l'humour, toujours. On ne pent s'empecher d'avoir un petit rictus amusé, presque jouissif à l'écoute des paroles.

Un groupe indispensable.

A lire également Mustang à la Maro en 2021 et dans nos TOP 2021 et 2014.

jeudi 14 novembre 2024

Fontaines D.C. au Zenith (13/11/24)


Le triomphe de Fontaines D.C.

Les irlandais de Fontaines Dublin City sont venus présenter au Zénith de Paris leur 4ième LP, Romance dans une salle pleine à craquer et gonflée à bloc. 4 disques en 5 ans et meme 5 si on compte l'excellent album solo du chanteur, Grian Chatten sorti en 2023 (voir notre top 10 2023). Des musiciens prolifiques et qui n'ont de cesse d'évoluer et de faire progresser leur univers rock vers de nouvelles contrées... 

Si leur 1r LP, Dogrel avait un coté pop punk fédérateur, les 2 immenses disques que sont a Hero's death et Skinty Fia amenaient le combo sur des aspérités psyche et shoegaze à la fois sombre et envoutantes, Romance opère une bascule vers une approche plus pop (ce n'est pas péjoratif en ces pages) tout en gardant leurs bases solides...


Enregistré avec le faiseur de miracle, James Ford (Arctic Monkeys, Depeche Mode, Blur, Beth Gibbons...), Romance voit les D.C. prendre de l'ampleur dans la mise en place de leurs arrangements avec beaucoup de trouvailles surprenantes qui font mouche et surtout une prise de risque salutaire au niveau du chant avec un Grian Chatten s'essayant aux voix de tête... Une réussite...

Exit donc leur producteur historique, le génial Dan Carey et exit aussi leur label indé Partisan Records, welcome XL Records. Un changement de braquet assumé au niveau sonique et business, meme si on parle pas de major, encore...

Romance est bourré de hits potentiels : Starburster et son génial souffle asthmatique sur le refrain, in the modern world entre the Jams et Oasis, Motorcycle boy et ses lignes vocales entêtantes, Sundowner et sa dream pop magistrale ou encore la ritournelle pop finale favourite... Un disque taillé pour les grandes salles...


Et forcément, après le point ephémère en 2019, l'Olympia en 2022, c'est au Zenith que les D.C. viennent récolter les lauriers mérités d'un travail acharné et précieux... La bande son des années 20? A en croire la composition du public on serait tenté de répondre par l'affirmative. les vieux fans de rock sont désormais rejoints par la jeune garde des nouveaux adeptes de la guitare, extirpés de la toute puissance des musiques urbaines qui écrasent tout désormais... C'est un fait, la guitare est redevenu l'outsider et c'est peut etre pas plus mal, ca lui va bien en fait.... Un retour aux sources....

Le début du concert est un peu poussif, le son est un peu lourd et on sent Grian Chatten qui a des difficultés à bien poser le bon timbre de voix... Un peu de rodage et dès la 4ieme chanson, A lucid Dream, le groupe prend son envol... Et c'est parti pour 1h20 d'un rock fédérateur et dévastateur oscillant entre moments en suspens à la noirceur envoutante (Big Shot, A Hero's Death), hymnes de stade (Starbuster, in the modern world, bug) et pop ciselée (Sundowner, Favourite, Big).

Le triomphe de nos hérauts modernes.

A lire également Fontaines D.C. à l'Olympia, à la Route du Rock et à Rock en Seine

vendredi 4 octobre 2024

Ryan Adams au Bataclan (3/10/24)


 Après un 1er retour dans la capitale l'an dernier au Trianon, Ryan Adams remet le couvert pour un set solo acoustique au Bataclan cette fois ci. Mes sentiments sont vraiment ambivalents concernant un artiste que j'ai longtemps considéré comme l'un des plus doué de sa génération...

La décennie 2000 aura été la sienne. Convoquant le folk expressif d'un Dylan sur Heartbreaker (2000) le combinant au classic rock des Stones sur Gold (2001), sortant ensuite son meilleur disque, Demolition, qui n'est pas un album mais une compilation de faces B et de raretés avant de publier son chef d'oeuvre, Love is Hell (2 EPs en 2003 et 2004 combinés sur un même disque par la suite). 

La sortie de Love is Hell est révélatrice des intentions du chanteur. C'es un disque triste mais d'une beauté fascinante. Adams y trouve les mots, les intentions, les atmosphères pour réconforter tout auditeur en quête de chaleur humaine dans un contexte de désillusion et de solitude existentielle... La maison de disques n'ayant pas voulu sortir ce disque dépressif et anti commercial, il leur pond Rock & Roll, un disque à la Strokes sauce Stones, facile d'accès et rempli de mélodies catchy... Et négocie la sortie dans la foulée de Love is Hell en 2 EPs...

En 2005, Ryan Adams sortira 3 disques, assez inégaux, même si Cold Roses reste l'un des LPs favoris des fans ultra. Ensuite, le songwriter américain continuera de sortir de très beaux disques (Easy Tiger, III/IV, Ashes and Fire) avant de tourner un peu en rond dans les années 2010.

Puis vint l'année 2019 et les accusations de manipulations psychologiques envers plusieurs femmes et des promesses de les aider dans leurs carrières dans le but d'avoir des relations sexuelles (Enquête du New York Times), Adams réfutera ces accusations tout en s'excusant pour le mal qu'il aurait pu causer... A partir de ce moment là, la carrière de Ryan Adams aura pris un rude coup et il a été pas mal blacklisté et honni par ses pairs...


Adams a recommencé à tourner, en solo, seulement l'an dernier. il a sorti 4 albums cette année (idem en 2022) tentant de reprendre le fil d'une carrière brisée par ces révélations... Lorsqu'il est apparu sur la scène du Bataclan, je ne l'ai absolument pas reconnu, avec l'annonce d'un speaker "please welcome Ryan Adams" j'ai crû à une blague... C'était comme si Jack Black venait faire sa 1ere partie... Mais non, dès les premières notes de sa voix, c'est bien Ryan qui se tient devant nous...

Quoi qu'on puisse penser de cette affaire, on voit bien aujourd'hui que l'homme a pris cher depuis. Exit le Dandy cool et classieux, place à un caricature du farmer obèse américain... Méconnaissable... La voix, heureusement est toujours là. Chaude, expressive, au timbre si familier à nos oreilles. 

Après avoir enchainé quelques classiques de son répertoire en guitare voix ou piano voix, sans dire un mot à son public, Ryan Adams se détend et commence à interagir avec l'auditoire... Il se révèle attachant, attentif à ce qui se passe autour de lui, notamment lorsqu'il demande une bouteille d'eau pour une fan qui tousse au 1er rang ou lorsqu'il enjoue un spectateur à passer le bras autour de sa petite amie que de filmer avec son smartphone... Il fera une longue diatribe sur Spotify et le fait que le streaming appauvrit les artistes indépendants (il se fera longuement applaudir...).

Adams oscillera entre classiques (oh my sweet Carolina, Everybody Knows, Two, New York, New York, Firecracker) et reprises 60s dont il a le secret (Bob Dylan, The Doors, Velvet Underground...). C'est très plaisant, on passe un bon moment. On se souvient pourquoi on a tant aimé cet artiste, notamment sur l'enchainement Dar Chicago, English Girls approximately et This house is not for Sale. Les émotions remontent, les souvenirs également...

Il y a quelque chose de touchant de voir un artiste qui a compté, tenter de repartir à la conquête de son public malgré les stigmates bien visibles de sa récente déchéance. Est ce de la nostalgie, une certaine pitié inavouée ou tout simplement ce plaisir de retrouver quelqu'un qui a compté et peut encore compter en nous connectant à une partie de nous mêmes qui reste intangible malgré l'impermanence?...

A lire également Ryan Adams au Trianon, à la Cigale et en Best Song Ever


lundi 23 septembre 2024

Suuns au Trabendo (17/9/24)


N'ayons pas peur des mots, l'un des groupes les plus marquants (et donc important) des ces 15 dernières années était de passage au Trabendo. Depuis le début des années 2010, Suuns, le groupe de Montréal, aura réussi la prouesse de nous surprendre et de nous émerveiller à chaque sortie d'albums.

Difficile d'étiqueter ce groupe et le rattacher à un quelconque genre. Suuns utilise des guitares, des boites à rythmes, des synthés, des samplers... Voilà ce à quoi se rattacher concernant ce combo totalement à part. Meme si leur 1er LP était d'obédience Rock Electro, Suuns a su brouiller les pistes et se remettre en question sur chaque disque, dessinant un parcours sonique qui lui est propre.


Leur 6ième album, The Breaks, repousse une nouvelle fois les limites. A la 1ere écoute, on est peut être mois soufflé que les fois précédentes, faute certainement à une attente grandissante de nouveauté, devenant certainement trop encombrante pour le groupe comme pour ses auditeurs.

The Breaks semble plus doux en terme de sonorités, certains diront plus pop, plus accessible avec l'utilisation de synthés atmosphériques et d'arpégiateurs donnant une impression de voyage cotonneux à l'ensemble. On retiendra plutôt la notion de son plus lumineux mais les structures, encore plus chaotiques des chansons avec de nombreux changements de rythmes et d'intensité au cours d'un même morceau tordent le cou à toute approche plus mainstream ou popisante... Le disque se révèle un peu plus à chaque écoute et il faut du temps pour se retrouver dans le labyrinthe des structures des chansons... Les Suuns font ce qu'il veulent, hors de tout schéma de carrière. Ils continuent leurs explorations et c'est ce qui les rend fascinants.


Au trabendo, pas complètement rempli, Suuns débute son show de manière iconoclaste avec le morceau de cloture et celui d'ouverture de son 2nd album, Images du Futur. Démarrer avec l'aérien et magnifique Music won't save you ressemble à un clin d'oeil de la part d'un trio totalement dévoué à son art. Le puissant et redoutable Powers of Ten rend la fosse hystérique...

Les morceaux issus de The Breaks sonnent en live encore mieux que sur disque. Fish on a String et son chant détaché envoute, tandis que Road Signs and Meanings enchainé amène un premier moment d'extase, que les classiques Instrument et Look no Further ne feront que confirmer... Les corps se déhanchent dans la fosse et une certaine frénésie envahie la salle... "Blink twice, let me know you're there" chante Ben Shemie sur Overture, le morceau élégiaque de The Breaks... Un beau résumé de cette soirée...

Tout en faisant la part belle au nouvel album, Suuns pioche des classiques dans chacun de ses disques, à l'exception notable du précédent The Witness... On aura droit à 2 rappels et à un final heroique avec l'un des premiers morceau de bravoure du groupe, Gaze, issu du 1er LP...

Un groupe fantastique, vraiment...

A lire également, Suuns à la Maroquinerie, à la Gaite Lyrique ou dans nos best of et Ben Shemie avec DJ Chloé en Live


lundi 16 septembre 2024

King Hannah à la Maroquinerie (12/9/24)


Très clairement l'un des évènements de la rentrée que ce passage à Paris des liverpuldiens de King Hannah. On avait pris une grosse claque en les découvrant sur scène lors de l'ouverture de la Route du Rock 2022 à la Nouvelle Vague.

A l'époque de ce 1er album (I'm not sorry i was just being me), Hannah Merrick et Craig Whittle avaient cette capacité, si prégnante et intense de rendre l'atmosphère de trip hop moderne de leurs chansons. Entre mélancolie, intimité classieuse et déferlantes de guitares distordues, on était tombé sous le charme. Et que dire de cette voix envoutante, à la fois fragile et puissante... Un grand groupe en devenir...

Le second opus, Big Swimmer remporte également la mise mais dans un registre assez différent du 1er. Le duo a du écouter en boucle, dans le tour bus de leur 1er tournée US le Spiderland de Slint (ils citent eux memes cette référence sur Lily Pad...). On retrouve sur ce second LP les mêmes moments aériens inquiétants, presque anxiogènes, précédant des passages bruitistes libérateurs sauf que les King Hannah rendent cette façon de faire élégante et classieuse lorsque leurs ainés de Slint la projetaient de manière brute, non polie et impulsive...


La voix d'Hannah est pleine de nuances et pétrie d'une force intérieure saisissante. On adore le jeu de guitare de Craig, les soli, loin d'être une démonstration technique, sont au contraire remplis d'émotions et d'une urgence qui prend aux tripes... Un disque indispensable...

Sur scène, King Hannah ne décoit pas, bien au contraire. quelle audace de commencer le concert par Somewhere near El Paso, inquiétante comptine qui se transforme en explosion sonique sous l'impulsion de la guitare de Craig. Le trippant et presque psychédélique The Mattress nous conquit. Des le second morceau on sait que ce concert va etre exceptionnel. Hannah nous donne des frissons avec sa voix lascive et ses tenues de notes d'une telle beauté, surfant sur la distorsion de la guitare... 

Dès la fin de ce second morceau, la chanteuse indique que c'est son concert préféré de la tournée... Déjà... Il se passe quelque chose... L'ambiance Slintienne se poursuit avec Milk Boy avant que le seul morceau du 1er LP joué ne débarque avec Go Kart Kid... Surprenant ce choix de passer à la trappe leur 1er effort pour jouer, au final, la quasi intégralité de Big Swimmer. Un groupe qui ne regarde pas derrière lui?...


Petit moment d'accalmie avec This wasn't intentional et John Prine, 2 chansons douces quasi americana avant le retour aux ambiances inquiétantes, bien que douces en surface, avec Suddenly your Hand, un autre sommet de Big Swimmer. 

La fin du concert sera plus pop sur des tempos rock  (New Yok let's do nothing, Davey says), King Hannah confirmant ses racines pop profondes. Le rappel se fera sur le morceau d'ouverture du second album et qui lui donne son nom : Big Swimmer, chanson pop de l'année... ou pas loin...

Hannah, apparemment très émue dira qu'il s'agit probablement de son meilleur concert, ever... La présence, touchante, de ses parents dans le public de la Maroquinerie (sur les escaliers juste en face de la scène, plein axe) y est surement pour quelque chose.

Des soirées comme on aimerait en vivre plus souvent...

A lire également King Hannah à la Route du Rock 2022 et dans nos TOP 2022 Albums et Concerts ou encore Slint en Best Song Ever

mercredi 28 août 2024

Massive Attack à Rock en Seine (24/8/24)


Pour le 20ième Rock en Seine, les pionniers du festival inaugural de 2003 étaient de retour : PJ Harvey, le dimanche et Massive Attack en tête d'affiche du samedi. Déjà en 2010 et en 2016, on avait fait les louanges du collectif de Bristol et on était tellement impatient de les retrouver sur la grande scène de Rock en Seine.

Massive Attack a joué un rôle crucial dans les années 90 en réussissant l'amalgame des différentes cultures de la très cosmopolite ville de Bristol. En reprenant l'art du sample popularisé par les pionniers du hip hop et en y mélangeant des influences jamaïquaines (reggae, dub) pop et punk, Massive a lancé les prémisses d'un mouvement, vite baptisé trip hop sur 2 premiers albums exceptionnels (Blue Lines et Protection). Avant de redéfinir le son des 90s avec Mezzanine, en noircissant le très et incorporant de profondes influences post punk.


Si le groupe n'a plus sorti d'album depuis 2010 (2 Eps depuis de 4 et 2 chansons), il est resté actif en live, devenant une référence aussi bien sonique que visuelle. Un concert de Massive Attack reste une expérience profonde et intense... On esquivera tout de suite le sujet polémique de la prise de positon politique (Massive a toujours fait celà depuis la guerre en Irak et on vous conseillera la lecture d'un article de Libération sur le sujet ), pour se consacrer à l'aspect artistique de la prestation.

Depuis leur dernière venue à Paris en 2019 pour célébrer les 21 ans de Mezzanine, dont le son et la noirceur collent toujours aussi bien à l'époque, on ne peut pas dire que la situation globale se soit améliorée... D'où un début de concert plus sombre que d'habitude avec d'entrée un Risingson industriel donnant le ton... la légende Horace Andy viendra apporter un peu de lumière dans ce monde de ténèbres avec un Girl I love you au spleen totalement envoutant...

Comme sur la tournée Mezzanine 21, on a l'immense plaisir de retrouver sur scène la légende Liz Fraser (Cocteau Twins) dont le timbre de voix si angélique nous donne à chaque fois des frissons. Même si son entrée se fait sur le très noir Black Milk, la vulnérabilité et la force à la fois de sa voix stellaire irradient d'une lumière éclatante la mélancolie de la musique...


Autres invités de marque, les écossais de Young Fathers, au sommet de notre année de concerts 2023. Ces autres électrons libres à la créativité et à l'intensité fascinantes ne pouvaient que se comprendre avec 3D et Daddy G, c'est évident. Quel bonheur de voir ces 2 immenses groupes jouer ensemble, sous nos yeux ébahis sur la grande scène de Rock en Seine.

La grande force de ce festival est la sono de la grande scène. la puissance sonore alliée à la précision du son rendent l'expérience de certains concerts  totalement fascinante... Et c'est clairement le cas avec Massive Attack, qui apporte un soin tout particulier au mixage des morceaux... De nombreuses fois, les effets donnaient l'impression d'une vraie spatialisation du son. Ajouté à l'effet physique sur nos corps de la puissance du son en façade de la grande scène, et on a l'a une expérience assez singulière...

Elizabeth Fraser revient ensuite sur scène pour un moment élégiaque avec Song to the Siren, une reprise de Tim Buckley... On en a les larmes aux yeux... Très émouvant... La reprise d'Ultravox, RockWrock, donne une impulsion punk au show, qui au final ne détonne pas plus que ça et caractérise assez bien l'éternel état d'esprit frondeur du collectif.

A partir de là, pluie de standards du groupe avec Angel, Safe from Harm, Unfinished Sympathy, Karmacoma et Teardrop... Une fin sonique et toutes guitares hurlantes avec un Group Four extatique...

Une soirée monumentale, qui avait commencé avec des Blonde Redhead magiques et qui se finira avec le DJ Set atomique des 2 Many Dj's...

A lire également Massive à Fourviere en 2008, Rock en Seine 2010 en Best Song Ever et au sommet de notre Top 2019



vendredi 23 août 2024

Slowdive à la Route du Rock (15/8/24)


 Il y a pile 10 ans, à cette même Route du Rock, le comeback inattendu des shoegazers 90s de Slowdive nous avait ébloui. Sacré concert de l'année 2014 en ces pages, le retour de hype d'un groupe mal aimé au milieu des années 90, pouvait nous faire espérer un retour discographique probant. Chose faite en 2017 avec leur album éponyme, Slowdive, qui ravissait par sa fraicheur et le caractère toutjours aussi envoutant de leur musique...

En 2023, rebelotte avec le très bon LP Everything is Alive. Pour promouvoir ce nouveau disque, Slowdive a monté une tournée européenne puis mondiale. Et à ma grande surprise, les places pour leur concert de janvier sont parties en quelques heures... Totalement incompréhensible sur le coup... Que s'est-il passé?, Un ami, chanceux détenteur d'un billet, m'expliquait qu'au concert de Slowdive, il y avait maintenant autant de quadras et quinquas que de vingtenaires...


La faute, ou la grâce, à un succès renversant sur Tik Tok. Alison et When the Sun Hits (extrait de leur second album de 93 Souvlaki, mythique...) devenant virales et vus des centaines de millions de fois, rendant ainsi le quintette extrêmement populaire auprès des nouvelles générations.

Ce n'est certainement pas un hasard si les nouvelles générations sont touchés par la musique aérienne et rêveuse des 5 anglais. Plus que du shoegaze, Slowdive fait de la dream pop, au même titre que The Cocteau Twins, nous transportant dans une dimension spirituelle de la musique...

Pour ce 1er soir de la Route du Rock, il ne faut pas se fier aux apparences, ce n'est pas The Kills, programmé sur le créneau prime de 23h qui fait venir la foule mais bien Slowdive (à 23h on verra beaucoup de monde se diriger vers la sortie...)..


En live, la puissance des guitares, ce mur du son immersif de distorsion mêlée à de grosses doses d'écho et de reverberation, fait mouche. On adore se perdre dans ce dédale de sons stellaires. La magie du live et de l'ineraction avec le public fonctionne à merveille. Les visages dans la fosse sont radieux. On part dans des contrées oniriques desquelles on voudrait ne jamais revenir...

Le set débute par le nouveau et très beau titre Shanty, tout en apesanteur avant un Star Roving, morceau de bravoure du LP de 2017, qui fait chavirer les cœurs. L'enchainement des classiques Catch The Breeze, Crazy for you et Souvlaki Space Station (l'une de nos Best Song Ever) est un régal... Que de beauté, que de belles sensations... l'extase du moment...

Bien sûr, Slowdive jouera Alison et When the sun hits à la fin du show, terminant le set par une reprise sublime du Golden Haire de Syd Barrett... Une filiation tellement évidente...


C'est une histoire folle que celle de Slowdive, qui a fait partie de la fabuleuse aventure du label d'Alan McGee, Creation Records, avec tous nos héros sur ce blog : My Bloody Valentine, Jesus and Mary Chain, Ride, Oasis, Primal Scream... Anecdote intéressante livrée par le groupe à Jenny Beth, McGee a beaucoup soutenu Slowdive, puis après Souvlaki, a disparu des bureaux de Creation pour entamer une réhab... Perdus sans le soutien de leur mentor, comme beaucoup de groupes Creation à l'époque ("where were you while we were getting high, disait Oasis à ce sujet dans Champagne Supernova, directement adressé à Alan...) le 3ieme album du groupe fut baptisé Pygmalion, en référence à McGee...

Une soirée exquise...

A lire également, Slowdive à la Route du Rock 2014 et en Best Song Ever... A lire aussi My Bloody Valentine, Ride, Nick Mason...


jeudi 11 juillet 2024

LCD Soundsystem au Théâtre Antique de Fourvière (8/7/24)


 Une saison au Théâtre Antique de Fourvière en tout point remarquable avec ce 5ième concert. Après les prestations remarquables, et très différentes, de PJ Harvey, Air, Brad Mehldau et Nile Rodgers, on part avec un enthousiasme non dissimulé à la rencontre de James Murphy et de son LCD Soundsystem.

Lors de son 1er passage à Fourvière en 2005, les new-yorkais n'avaient pas fait le plein. Affront lavé avec un auditorium gallo-romain rempli à craquer. J'ai une affection particulière et un profond respect pour James Murphy qui en tant que boss du label DFA, producteur pour The Rapture ou Arcade Fire, DJ émérite et leader d'un groupe incontournable des années 2000 a durablement marqué de son empreinte le son de la pop musique de ce millénaire...


On avait qualifié d'electro-clash la percée de ces groupes new-yorkais gravitant autour de Murphy, de son acolyte de DFA Tim Goldsworthy (lire en ce sens les années 2000 : épisode 5 : la décennie du Cross-Over). Si le terme a disparu des radars, il explicite bien à lui seul la sensation ressentie à l'écoute en live de LCD Soundsystem : une déflagration mêlant l'enthousiasme de la dance music, l'énergie du Rock et la fureur du punk.

La scène du Théâtre Antique ressemble à un laboratoire de savants fous avec un empilement frénétique d'instruments, de percussions, de machines et de synthés. pas moins de 8 musiciens sur scène et cette volonté de reproduire en live avec des instruments analogiques et acoustiques toute la richesse d'une musique conçue de manière numérique... C'est certainement ce qui donne cette force, cette puissance, cette chaleur au son LCD Soundsystem.

Le groupe arrive sur scène avec la musique de Phil Collins, "one more night", ca fait plutôt sourire... Et ca commence fort avec Us v Them et sa progression constante jusqu'au climax, marque de fabrique du groupe et concept meme de la musique electro avec cet empilement successif de pistes... 


La force de frappe du groupe en live est vraiment monumentale. Dès le départ, les rythmiques électro donnent envie de danser, les synthés modulaires et analogiques rendent le son ultra contemporain. Pat Mahoney à la batterie donne la pulsation et le groove au groupe tandis que Al Doyle à la guitare rend le tout très nerveux avec cette façon très post punk d'étouffer les cordes en grattant un groove imparable...

Fourvière est en feu et se transforme en piste de danse géante. On a rarement vu une telle ambiance. Les classiques, On Repeat, You wanted a hit, Tribulations et le punk movement s'enchainent... On est parti loin...

La version surboostée du mythique et précurseur Losing my edge casse la baraque... Et dire que James Murphy nous avait prévenu au début du show qu'il était malade et qu'il ferait de son mieux... Le rappel est carrément jouissif avec l'enchainement divin Dance yourself Clean, New York i love you et la Best Song Ever All my Friends.

Qu'est ce que ca fait du bien un tel concert. On sort vidé et avec un gros smile sur nos faces... Trop content d'avoir recroisé la route d'un des groupes les plus importants des années 2000...

A lire également LCD Soundsystem au Bataclan et en Best Song Ever avec All my friends

 

mercredi 10 juillet 2024

Nick Mason's Saucerful of Secrets à l'Olympia (4/7/24)


 Ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de voir une légende, encore bien vivante, venir faire revivre en son une période cruciale de l'âge d'or du Rock avec l'authenticité et la véracité de ceux qui ont été les acteurs du moment... Nick Mason, le batteur de Pink Floyd, a eu la bonne idée de former il y a quelques années un groupe autour d'amis musiciens pour rejouer les titres des débuts du Floyd, période Syd Barrett...

Avec son Saucerful of Secrets, genre de all stars band avec à la basse Guy Pratt, au CV imposant (une très courte pige dans The Smiths, bassiste sur scène du Pink Floyd post Roger Waters...) et surtout à la guitare et au chant Gary Kemp (leader du groupe New Wave Spandau Ballet qui a eu son hit avec True dans les 80s). 


Rejouer les morceaux de Syd Barrett en live n'est pas un mince affaire et l'attente est donc forte. Ce sont des morceaux peu joués par Pink Floyd après le retrait du génie cramé et solitaire qu'était Syd Barrett. En quelques mois, le Floyd version Syd aura embrasé et mis en mouvement la face psychédélique du Rock naissant et influencé des centaines de groupes qui suivirent... Que le combo ait pu se réinventer par la suite, et de quelle manière, après l'abandon de son leader reste une prouesse incroyable...

Ca commence très fort avec Astronomy Domine, ce titre introductif du tout 1er album mythique du Floyd, The Piper at the gates of dawn. L'impression est forte, le son est puissant, les guitares aiguisées et virevoltantes. Les voix de Pratt et Kemp se marient parfaitement pour rendre le coté mystérieux et lunaire du morceau et de la voix de Syd....

Ca enchaine avec 2 autres titres légendaires : Arnold Layne et See Emily play. C'est merveilleux d'entendre ces chansons en live. Nick Mason prend souvent la parole et introduit Remember me, une rareté, l'une des toutes premières chansons écrite par Syd Barrett et qui sera jouée avec l'enregistrement de la voix de Syd... Très émouvant...


Le set défile et on prend un immense plaisir à entendre ces immenses morceaux et à voir les lumières et effets psyché, très réussis, venir approfondir l'univers des titres. La 1ere partie se termine par l'immense Set Control for the Heart of the Sun... que c'est beau...

La seconde partie sera vampirisée par une version épique de Echoes (bon ok on s'éloigne de la période Syd Barrett mais on va pas refuser ce plaisir...)... Morceau fabuleux, entendu pour la 1ere fois en live par mes oreilles subjuguées... Une claque monumentale. Cette chanson vous emporte dans un autre monde, c'est un voyage sidéral dont on ne revient pas intact...

Le concert se termine naturellement par A Saucerful of Secrets pour boucler la boucle... On mesure la chance que l'on a en 2024 de croiser la route de ces passeurs qui incarnent encore une époque révolue dont l'audace et les espoirs étaient les moteurs... Ca va nous fait bizarre lorsque toute cette génération ne sera plus des nôtres

A lire également dans la catégorie grands anciens indispensables : Roger Waters à Bercy, Bob Dylan au Grand Rex, Les Stones à Lyon ou Eric Clapton à Bercy...

vendredi 21 juin 2024

Bar Italia à la Cigale (20/6/24)


 La sensation hype de 2023, le trio londonien Bar Italia, était enfin de passage en France pour promouvoir les 2 excellents albums sortis l'année dernière (Tracey Denim et The Twits), l'occasion de vérifier si l'engouement de la blogosphère était vraiment justifié?

On a rarement vu une telle effervescence autour d'un groupe de rock indé. Il faut dire qu'en sortant 2 très bons disques à guitares à 6 mois d'intervalle, le trio a frappé fort. Magic a placé les 2 disques en tête de son top 2023 et les Inrocks ont également plébiscité. Que la presse écrite s'enflamme, rien de neuf mais lorsque Twitter et la blogosphère dégaine également c'est plus intriguant. D'autant plus qu'après plusieurs disques passés inaperçus (sorti sur le très recommandable label de Dean Blunt, World Music), Bar Italia a été signé par le fleuron indé US Matador. Une accélération de carrière...


Hype surgonflée, imposture, sauveurs du rock? Autant d'interrogations superflues qui nous encombrent l'esprit en rentrant dans la fosse d'une Cigale bien garnie mais pas sold-out... La vérité est certainement entre les 2. C'est très clairement réjouissant de découvrir un jeune groupe qui met en avant les guitares avec des mélodies souvent alambiquées, qu'on pourrait nommer typiquement rock indé, canal Velvet Underground, c'est à dire avec une certaine évidence travestie.

A minima la musique de Bar Italia est rafraichissante. Certains pourront la trouver un peu trop arty, un peu trop intellectuelle mais jamais prétentieuse à nos oreilles.  On notera la production très futée de Marta Salogni, une italienne pour le coup qui donne aux 2 disques ce son mystérieux et envoutant... 


Sur scène, Nina Cristante se place au centre, entre ses 2 compères guitaristes et chanteurs Sam Fenton et Jezmi Tarik Fehmi. Si Sam arbore le plus souvent une Stratocaster, son comparse oscillera entre Gbson Les Paul et Fender Jaguar, la guitare du rock expérimental par excellence.

Le set tournera beaucoup autour du dernier LP en date, The Twits, plus rock que Tracey Denim et qui sied bien à la scène. On sera en perpétuel balancement entre morceaux atmosphériques et plus rentre dedans. On sent que le groupe a un peu de mal à se lâcher au début mais se prend au jeu au fur et à mesure.

C'est plutot plaisant, Bar Italia a du potentiel et on suppose qu'une étincelle pourrait provoquer l'embrasement souhaité. On sent une marge de progression au niveau du chant, en prenant un peu plus confiance et en dépassant le coté nonchalant, typiquement rock indé, le combo pourrait surprendre et passer un cap... En explorant un peu plus encore leurs mélodies en choisissant des chemins de traverse, Bar Italia pourrait devenir irrésistible...

De belles promesses à transformer... A lire également dans le registre révélation rock : Malice K


vendredi 14 juin 2024

Matthew Halsall à la Cigale (12/6/24)


Changement d'ambiance complet par rapport à d'habitude avec le concert soyeux de Matthew Halsall à la Cigale. Concert d'obédience jazz oblige, la Cigale est en configuration places assises dans la fosse et on a la chance de se retrouver au 1er rang du balcon, pile en face de la scène.

J'ai découvert Matthew Halsall en 2020 avec l'album Salute to the Sun. Un disque lumineux et apaisant qui en pleine période covid amenait, littéralement, un rayon de soleil dans la pièce à son écoute. C'est à cette époque que Halsall s'est entouré de jeunes musiciens de sa ville de Manchester pour produire une musique élégiaque aux intersections du Jazz, de l'ambient et des musiques électroniques savantes (IDM).

On peut parler de musique spirituelle, tant cette quête semble irrémédiablement poursuivie par l'artiste. Adepte de la méditation transcendantale, grand fan de John Coltrane, Alice Coltrane ou encore Pharoah Sanders, Matthew Halsall essaie de fondre sa musique dans le moment présent et dans sa sérénité pleine consciente.


Sa musique n'est pas passeiste car imprégnée d'ambient et de samples. On y entend lemeilleur des productions Ninja Tune du début du siècle, ou les DJ émerites du label samplaient le jazz pour illuminer leurs beats et blips électroniques. On pense à Mr Scruff, à The Herbaliser ou à The Cinematic Orchestra. Et ce n'est pas un hasard si le groupe reprend en live un morceau de The Cinematic Orchestra...

Sur scène, en plus de Matthew Halsall à la trompette, on a droit à une harpe, un clavier, une batterie, des congas et un saxophone/flute traversière. Le rendu est d'une beauté émouvante. On ressent beaucoup d'apaisement, de compassion et de sérénité à l'écoute en Live de ces morceaux.

On aura droit à 2 sets d'une heure à peu près et donc à l'entracte que l'on ne voit plus que dans les concerts de Jazz. On aura pas vu le temps passé. Un délice de soirée, une dose d'optimisme et de beauté qui fait un bien fou. 

On ressort de la Cigale revigoré, apaisé et avec un sentiment de béatitude tellement précieux. La musique de Matthew Halsall devrait être prescrite par les médecins et remboursée par la sécurité sociale... D'utilité publique...

A lire également dans la veine jazz Erik Truffaz ou The Cinematic Orchestra en Best Song Ever