samedi 31 décembre 2022

Best of 2022 : le classement MRM des 10 meilleurs concerts


Encore une année assez géniale niveau concerts. Après 2 ans de chaos, on a enfin pu regouter à l'extase du Live sur une année presque pleine (reprise des concerts mi février 2022). Qu'est ce que ca fait du bien et comme c'est essentiel dans nos vies! 

Au sommet, on retrouve The Smile. Dans l'enceinte mystique du Théatre antique de Fourvière, Thom Yorke, Jonny Greenwood et Tom Skinner s'amusent et nous réjouissent. Leur bonheur de jouer retrouvé a rendu la soirée magique. 

Magique, comme la soirée passée avec les Rolling Stones à Lyon. Sous une canicule étouffante, les vieux rockeurs ont donné une démonstration magistrale et procuré des émotions intenses à un public conquis..

Autre légende, dans un registre différent, Tool a réuni sa Tool Army dans un Bercy incandescent. Superbe show visuel, superbe prestation et une aura incroyable...

Peter Milton Walsh est lui aussi légendaire et tellement précieux. L'intensité émotionnelle des concerts de The Apartments est tellement belle. Encore une soirée mémorable...

La nouvelle génération a également été à la hauteur des vieux briscards cette année, Fontaines D.C. est venu récolter à la Route du Rock les lauriers d'une progression constante vers les sommets alors que King Hannah nous aura impressionné la veille dans la petite salle de la Nouvelle Vague en ouverture de la RDR.

Eternels The Cure et Bob Dylan, à la hauteur de leurs légendes eux aussi, tandis que les #1 de notre top albums 2022, Sorry, auront enflammé la très petite scène du Pop Up du label. Pour conclure un trio impossible à départager : Midnight Oil pour leurs adieux, LIFE pour leur confirmation et Bed pour un retour inespéré et qu'on espère pérenne.

1. The Smile au Théâtre antique de Fourvière (8/6/22) 

2. The Rolling Stones au Groupama Stadium Lyon (19/7/22)

3. Tool à Bercy (12/5/22)

4. The Apartments à Petit Bain (14/3/22)

5. Fontaines D.C. à la Route du Rock (18/8/22)

6. King Hannah à la Route du Rock (17/8/22)

7. The Cure à Bercy (28/11/22)

8. Bob Dylan au Grand Rex (13/10/22)

9. Sorry au Pop-up du Label (15/10/22)

10. Midnight Oil au Théâtre antique de Fourvière (14/7/22)

10. LIFE au Point Ephémère (30/9/22)

10. Bed à l'Olympic Café (16/6/22)

Pas très loin du Top 10 : Aldous Harding et Yard Act à la Route du Rock, The Liminanas, Nick Cave, Trentemoller et Diiv à Rock en Seine, Wu-Lu à la Maroquinerie, Ride à l'Elysée Montmartre et Michel Cloup à Petit Bain.

A lire également le TOP 10 ALBUMS 2022 et les TOP précédents...

samedi 17 décembre 2022

Best of 2022 : le classement MRM des 10 meilleurs albums


Après deux années de crise sanitaire on enchaine avec une année de crises géopolitiques et économiques (quelle époque formidable!). 2022 fut une année riche en émotions, en rebondissements et en traquenards mais au moins plus positive en terme de liberté de déplacement et de rassemblement. Le retour des concerts à partir de mi-février puis le retour des festivals aura embelli nos vies.

Niveau disques, le cru 2022 est assez bon. Paradoxalement, beaucoup de groupes anglais tous neufs auront marqué notre année. C'est comme si, les anglais réussissaient la prouesse de transformer la merde ambiante (Bexit, covid, inflation, guerre) en or, en transcendant leurs souffrances par le prisme de l'art musical! Ne serait-ce pas là la raison d'être de cet art mineur qu'est la chanson que de nous aider à surmonter les obstacles, entraves et peines de nos vies...martiennes...?

Au sommet de notre Olympe, un groupe londonien formé par 2 amis d'enfance, Asha Lorenz et Louis O'Bryen : SORRY. Avec ce 2nd LP étourdissant, Anywhere but here, Sorry raffle la mise grâce à un songwriting brillant et ultra efficace. Leurs mélodies pop imparables se déploient autour de structures superbement ouvragées et d'une production précise et réjouissante (l'apport de Adrian Utley de Portishead est indéniable). Ce disque respire la fraicheur, la sincérité et fonctionne comme une catharsis pour le groupe et son public!

Leur dauphin dans ce TOP 10, leurs compatriotes de Hull, LIFE, reprennent l'histoire sur les cendres de l'Angleterre de la fin des années 70 et de l'explosion post-punk qui s'en suivit. En conviant Johnny Rotten, les Clash et les Specials à leur cabaret pop, LIFE prend aux tripes en prenant comme sujet principal leurs vies dans leur ville de Hull pendant et après la pandémie... Là encore une disque cathartique indispensable...

Retour à Londres avec le duo King Hannah, sur la 3ième marche de notre podium. En alliant des guitares noisy dans le fond en contrepoint d'ambiances trip-hop et portées par une voix féminine marquante, le groupe nous envoute et nous transporte dans leur univers en clair obscur.

Les Irlandais de Fontaines D.C., produits par l'incontournable Dan Carey (Wet Leg, Squid, Black Country New Road...) changent de braquet avec Skinty Fia. Plus sombre, plus lent, ce 3ieme effort est presque d'un psychédélisme noir, certainement le reflet de notre époque. Indispensable.

On n'attendait rien d'un nouvel enregistrement du duo Thom Yorke / Johnny Greenwood en mal de Radiohead. Et pourtant, leur rencontre avec le batteur de jazz Tom Skinner engendre un disque réjouissant, où leur bonheur retrouvé de jouer simplement ensemble dégouline et nous réjouit. The Smile éclaire nos visages d'un sourire radieux...

Le groupe des frères O'Kelly, Silverbacks sort avec Archive Material un second album sous influence Pavement/Talking Heads du meilleur effet. Mélodies, détachement, guitares entrelacées, tout ce qu'on aime.

Liam Gallagher continue sa belle carrière solo avec un disque plus aventureux aux sonorités entre classicisme beatlesien et modernité froide des percussions. Wilco revient aux sources et au dépouillement du folk originel de Woody Guthrie et nous émerveille toujours autant. Dominique A sort son disque aérien à la Talk Talk, superbe et les Arctic Monkeys continuent leurs explorations sonores de 2018 mais cette fois avec de bonnes chansons.

MRM TOP 10 ALBUMS 2022

1. Sorry : Anywhere but here (Domino)

2. LIFE : North East Costal Town (The Liquid Label)

3. King Hannah : I'm not sorry i was just being me (City Slang)

4. Fontaines D.C. : Skinty Fia (Partisan Records)

5. The Smile : A light for attracting attention (XL)

6. Silverbacks : Archive Material (Full Time Hobby)

7. Liam Gallagher : Come on you know (Warner)

8. Wilco : Cruel Country (dBpm records)

9. Dominique A : le monde réel (Wagram)

10. Arctic Monkeys : The Car

pas loin du TOP10 : Warpaint, Miles Kane, Michel Cloup, Aldous Harding, Wu-lu, Beach House, Wet Leg, Working Men's Club, Thomas Poli

Petit coup de coeur au retour gagnant et inventif du magazine Magic avec leur formule d'un hebdo au format dépliant et d'un book trimestriel. Très bien écrit, choix judicieux et toujours ce plaisir de nous faire découvrir des pépites! Merci à eux!

A lire également le MRM TOP 10 Concerts 2022... et les Tops 2021 et 2020...

vendredi 9 décembre 2022

Michel Cloup et Sinaive à Petit Bain (6/12/22)


 Après les chaleurs étouffantes de l'été et de l'automne, c'est dans un froid glacial que nous nous rendons sur les quais, à Petit Bain, pour assister au 1er concert solo de Michel Cloup à Paris. Et oh surprise en 1ère partie on découvre le jeune groupe strasbourgeois Sinaive...


Auteur de 2 EP, Sinaive navigue  entre shoegaze, pop psyché française sixties et même coldwave à la Joy Division par moments... Chanté en français avec une naiveté confondante, rarement un nom de groupe a si bien collé aux intentions de leurs protagonistes. C'est frais, c'est brut, c'est noisy mais reste très aérien. Le mélange acidulé des voix douces et d'un son rempli de distorsion et de reverb avec une basse ondulante et une rythmique épurée (boite à rythmes, caisse claire/tom basse) fait mouche.. Une belle découverte, vivement l'album!

Après avoir mis en place son matos et avoir checké le son, Michel Cloup commence le set sans même rentrer en scène, façon café concert et c'est pas plus mal... Cela donne le ton d'une soirée sans chichi mais d'une majesté rare... Michel Cloup en solo, c'est une version augmentée de Michel Cloup Duo. On passe d'un duo à un trio avec l'ajout de Manon Labry à la guitare. Et cela change presque tout... Le combo déploie une force d'une puissance rare. 


La seconde guitare (Jaguar, Telecaster) apporte une profondeur et une puissance mélodique remarquable et l'utilisation de temps à autre de la Fender Bass VI rend l'atmosphère presque curesque... Dans ce nouveau format, le batteur Julien Ruffié nous impressionne carrément. C'est comme si il mettait en action ce lâcher-prise que chante Michel Cloup. C'est puissant, c'est fort et ca structure vraiment l'ensemble...

Le set est sans surprise composé par le 1er effort solo officiel de l'ancien Diabologum. Avec des textures encore plus électroniques sur disque et des textes encore plus personnels, Michel Cloup nous livre un disque bilan dont on saura dans quelques années si il aura été un pivot de sa belle carrière... Affaire à suivre.

Les nouveaux titres sonnent diablement bien dans ce contexte et le groupe nous gratifie de quelques morceaux clés de MC Duo (la classe ouvrière s'est enfouie, ma vieille cicatrice) En ultime chanson, on aura droit à une reprise, rare, du formidable "de la neige en été" de Diabologum

Très belle soirée, de celles qui réchauffent les âmes...

A lire également A la Ligne ou Michel Cloup en Live et en Best of ou en Best Song Ever avec Diabologum

mercredi 30 novembre 2022

The Cure à Bercy (28/11/22)


La bande à Robert de retour à Paris, 3 ans après Rock en Seine et 6 ans après leur dernier passage au POPB... C'est forcément immanquable, surtout que cette fois, The Cure joue de nouvelles chansons, pour la 1ere fois depuis presque 15 ans...

Tant de choses ont déjà été écrites sur ce groupe culte qu'il est difficile d'être original en la matière... 2022 marque les 30 ans de leur dernier vrai bon disque, le Wish enfin ressorti en vinyle et remasterisé pour l'occasion (Robert s'était toujours plaint du mastering de Wish et c'est clair que cette nouvelle édition sonne bien mieux, plus riche, plus précise et rend à l'album ses lettres de noblesse) et les 40 ans du monument Pornography.

2022 aurait aussi pu etre l'année du 14ième LP tant attendu, mais il faudra malheureusement attendre 2023 pour celà... Sans surprise, les places pour ce concert parisien se sont vendues en quelques heures et ce sont des fans maintenant assez âgés qui garnissent les gradins. Sommes-nous tous nostalgiques d'un temps perdu, d'une flamme adolescente pétaradante ou venons nous voir The Cure en 2022 pour revivre un moment fort avec nos anciennes idoles? 


En introduction, The Cure nous gratifie d'un nouveau morceau, Alone et ces premiers mots très curesque "this is the end of every song that we sing". Le ton est donné. S'en suivent de très énergiques versions des classiques Pictures of you, A night like this, superbe et un Lovesong toujours aussi stellaire... Les 4 morceaux suivants, dont 2 inédits moins convaincants, font retomber un peu la ferveur...

Mais dès le génial Burn et sa rythmique tribale toujours aussi réjouissante, le concert redécolle (pile poil comme à Rock en Seine en 2019). C'est marrant de penser que ce titre fut le dernier enregistré par Boris Williams à la batterie avec le seul Robert Smith en studio... A partir de ce moment-là c'est une succession de titres enlevés qui nous réjouissent totalement.

Mention spéciale à l'éternel  Charlotte Sometimes, beau à en pleurer, à un Play for Today qui embrase le public parisien et à un From the Edge of the Deep Green Sea aux guitares shoegaze toujours aussi exaltantes Ce 1er set se conclut magnifiquement avec Endsong, un autre inédit...


Le 1er rappel débute avec "I can never say goodbye", chanson dédiée par Robert à son frère décédé en 2019. On sent beaucoup d'émotions dans la voix du chanteur ce qui rend le morceau beau et très convaincant. Faith est un peu expédié et le tube A Forest est bizarrement un peu loupé (on entend peu les descentes de basse si caractéristiques du morceau).

Déja plus de 2 heures de set et le groupe revient pour un ultime rappel, un peu obligé avec tous les gros tubes de The Cure : Lullaby, The Walk, Friday I'm in love, Close to Me, In Between days, Just Like Heaven, Boys don't cry. Curieusement c'est la partie du concert qui nous laissera un peu de marbre. C'est comme ci ces figures imposées transformaient le groupe en tribute band. Trop d'attente et une énergie pure difficilement tenable en fin de course après près de 3 heures de show au total?

On ressort de ce show heureux et revigoré. Malgré la soixantaine passé The Cure reste un groupe de Live sensationnel... A l'image des Stones, Midnight Oil ou de Dylan vus cette année.

A lire également The Cure en Best Song Ever et en Live

mercredi 9 novembre 2022

Dry Cleaning au Trabendo (8/11/22)


Second passage sur Paris cette année pour les londoniens de Dry Cleaning après la Maroquinerie début mai, mais cette fois ci au Trabendo pour le début de tournée de leur, déjà, second album (à la pochette immonde) Stumpwork.

Un groupe atypique et classieux. Le spoken word imagé et décalé de Florence Shaw est la marque de fabrique du quartet. Sa diction lente, langoureuse et dans le ton semble surfée sur une musique tour à tour entrainante et tourmentée...

On adore le jeu de guitare de Tom Dowse très mélodique tout en étant incisif et énervé... La basse de Lewis Maynard arrive également à tirer son épingle du jeu tandis que le batteur, Nick Buxton garde une sobriété de circonstance pour faire tenir ce mélange hétéroclite du meilleur effet...


Une belle énergie se dégage de l'ensemble. On est vraiment porté tout au long du concert dans un voyage ludique et cérébral à la fois et c'est la grande force de Dry Cleaning. Passé la surprise du 1er album, Stumpwork s'avère etre un solide album rempli de mélodies aventureuses et joueuses, avec la voix de Shaw en contrepoint saisissant...

La quasi intégralité de Stumpwork sera jouée (9 titres sur 11, impasse faite sur les deux derniers morceaux du disque) ainsi que les meilleurs chansons de New Long Leg dont Scratchcard lanyard et Her hippo. En 1h15 de show Dry Cleaning aura emporté le morceau... On a déjà hate d'entendre la suite...

A lire également Dry Cleaning dans notre TOP 10 2021.

mardi 25 octobre 2022

The Libertines au Zénith (24/10/22)


 La bande à Pete Doherty et Carl Barat était réunie pour rendre hommage au 2Oième anniversaire de leur 1er album culte "Up the Bracket" au Zenith de Paris. On a d'abord hésité à prendre part à ce revival qui sentait la naphtaline mais une enième écoute de ce disque frondeur et électrisant aura réveillé assez de souvenirs et de sensations pour finalement se laisser tenter...

Il y a 20 ans, le retour en grâce du Rock permis par l'éclosion soudaine et inattendue d'un groupe new-yorkais racé aux mélodies imparables, The Strokes, trouva sa répercussion au Royaume-Uni avec ce 1er LP des Libertines. Produit par l'ex-Clash, Mick Jones, "Up the Bracket" et son rock foutraque d'obédience punk va marquer les esprits et ouvrir la route à toute une ribambelle de groupes UK qui feront date (The Coral, Franz Ferdinand, Kasabian, The Rakes...).

Les 2 branleurs Pete Doherty et Carl Barat forment un duo de songwriters très complémentaires. Des mélodies pop imparables, des soli de guitares entrelacées foutraques, des voix se répondant et l'énergie folle du rock, telle était la formule gagnante du gang... Malheureusement, les frasques de Doherty auront eu raison de la carrière du groupe qui enregistra tout de meme un second album éponyme en quelques jours, et qui contient quelques titres forts et des remplissages...

A l'époque de leur grandeur, on aura vu les Libertines 3 fois en 2003 et 2004 mais sans jamais voir Doherty absent pour cause de prison ou de cure de désintoxication... C'est certainement un petit miracle que Doherty soit encore en vie et même de retour en forme avec Frédéric Lo cette année, après 10 ans de traversée du désert...


Le concert du Zenith aura fidèle à leur légende, d'abord brouillon avec un son inaudible (on entend pas la voix de Barat sur les premiers morceaux) puis convaincant une fois la machine lancée. Meme avec un son dégeulasse, la puissance pop de chansons comme Death on the Stairs et Time for Heroes font mouche, leurs mélodies ressortant du désastre...

La second partie du set de Up the Bracket est bien meilleure, l'ingé son  réussissant enfin à maitriser la salle... La complicité retrouvée des 2 amis est belle à voir. Doherty semble en forme (et a désormais les formes...) et Barat a toujours la meme dexterité à la guitare... C'est ce qui fait la force de ce disque, tous ces petits soli mélodiques qui enveloppent les chansons... 50 minutes au compteur et un beau rappel de la force de ce LP...

La seconde partie du concert surfera sur cette tendance. Les Libertines sortent leurs hymnes et font chavirer un public ravi et connaissant les paroles par coeur. 2 extraits de l'album des retrouvailles (mollasson) de 2015, Gunga Din et l'émouvant you're my waterloo, et surtout 4 de The Libertines qui mettent le feu à la salle. On aura adoré l'éternel "Music when the lights go out" ou encore "can't stand me now".

Le concert se termine sur le single, hirs album, "don't look back into the sun"... Au final, ce sera de manière surprenante l'un de leur meilleur concert vu... Seul bémol, une salle un peu tiède dans l'ensemble, la fatigue du lundi sûrement... Les Libertines vont ils prolonger l'aventure en essayant de sortir un digne 4ième album? A suivre...

A lire également le role des Libertines dans les années 2000 ou Up the Bracket en Best Song Ever.

lundi 17 octobre 2022

Sorry au Pop-Up du Label (15/10/22)


Etonnant de voir jouer ce jeune groupe londonien ultra prometteur dans une si petite et exiguë salle... , Sorry, le band mené par le duo Asha Lorenz et Louis O'Bryen, amis d'enfance, fait partie des nouvelles sensations venues d'outre manche... 

Encore une... Après les visites récentes de LIFE, Sinead O'Brien, Working Men's Club ou encore Wu-Lu, Sorry dénote, dans un registre plus pop que ses contemporains. En brassant de nombreuses influences dans un maelstrom pop indé de leur sauce, Sorry parvient à faire vibrer la corde sensible. Entre mélancolie, exaltation, doute et optimisme de leur jeunesse, les londoniens proposent une musique attachante et qui prend aux tripes...


Dans un Pop-Up du label plein à craquer, Sorry vient présenter son tout récent second album, "Anywhere but Here", sorti une semaine plus tôt. L'assistance est assez jeune, normal pour un groupe à la moyenne d'âge autour de 24 ans. Le chant et la présence d'Asha sont vraiment le point fort du groupe. Asha prend le public par la main pour l'amener dans un rollercoaster émotionnel passionnant...

Remplies de mélodies vocales catchy, les chansons de Sorry gardent ce côté décalé du DIY et du bricolage. C'est rafraichissant, enthousiasmant... 19 titres joués en un peu plus d'une heure, dont 4 issus de EP et le reste de leurs 2 premiers disques. Sorry est prêt pour prendre toute la lumière dont ils avaient été privés pour leur 1er LP sorti en mars 2020, juste avant les périodes de confinements et d'arrêt des concerts...

A lire également la nouvelle vague UK : LIFE, Wet Leg, King Hannah, Fontaines DC...

vendredi 14 octobre 2022

Bob Dylan au Grand Rex (13/10/22)


 On ne pourrait résumer en quelques lignes la carrière de la légende Bob Dylan (ou la légende de la légende à la lecture des inestimables Chroniques volume 1...). Prix nobel de littérature quand même, ca pose la stature de Monsieur Zimmerman, auquel John Lennon ne croyait pas (God)... 

Dylan qui a donc su donner ses lettres de noblesse à l'écriture rock était de passage pour 3 soirs au Grand Rex à Paris.  Bien que ultra fan de sa période sixties dorée, c'est la 1ere fois que l'on voit l'artiste en concert, il était presque temps...

81 ans au compteur, 60 ans de carrière et une moitié de setlist remplie par son dernier album en date, le 39 ième,  joué en intégralité. Un seul titre des de sa glorieuse décennie sixties : "Most likely you go your way and I'll go mine", issu de Blonde on Blonde. Franchement, quel artiste populaire se permet aujourd'hui de ne jouer aucun de ses hits? Bob Dylan et... c'est tout.... Unique ce mister Bob...

Entouré d'un groupe ultra précis (1 batteur, 1 bassiste,  3 guitaristes dont 1 steel guitar et Dylan au piano), on entend un blues subtile et éternel. une beauté et une authenticité belle à pleurer. Les morceaux du récent Rough and Rowdy ways sonnent tellement juste. L'atmosphère à la fois sereine et contemplative renvoie à la fin de carrière des grands noms du Blues. Ces dieux en fin de route inspirent le respect et l'admiration, non pas pour ce qu'ils ont été mais pour ce qu'ils représentent, construits par une vie d'expériences et de passion...

On aura été marqué par des titres comme "I countain multitudes", tellement il synthétise une vie dylanesque, Black Rider, My own version of you, Cross the rubicon ou encore cet ambigu et touchant "Gotta serve somebody" (de sa période born again).

une soirée exquise et intemporelle... Vraiment... On aura meme eu le temps et la chance de voir Dylan sortir du Grand Rex et rentrer dans le van qui le ramenait à son hotel, à quelques centimètres de la légende, toujours aussi proche et insaisissable... Dylan

Pas de photo puisque les téléphones étaient interdits dans la salle...

A lire également, Bob Dylan en Best Song Ever : "Like a rolling stone"

samedi 1 octobre 2022

LIFE au Point Ephémère (30/9/22)


 Encore un nouveau groupe ultra excitant venu de la terre du Brexit. LIFE (quel nom!) était de passage au Point Ephémère pour soutenir son 3ième opus, le succulent North East Coastal Town sorti cet été du coté de Liquid Label.

LIFE n'est pas le groupe UK dont on parle le plus dans ce déboulé de talents qui s'épanouissent dans le chaos des crises successives... Comme à la fin des années 70, il semble que la crise sévère engendre au Royaume Uni une flopée de rejetons qui transforment la merde ambiante en art! 

Alors que leur 3ieme LP est un grand disque où leurs influences punk nourrissent des mélodies imparables, à moins que ce ne soit l'inverse, on ne comprend pas vraiment que LIFE ne soit pas plus remarqué... 


Pourtant sur scène, l'énergie folle véhiculée est contagieuse. Dès le 3ieme morceau, le chanteur Mez Sanders-Green descend dans la fosse et crée une mini émeute. Les pogo sont lancés et ne s'arrêteront presque plus durant tout le concert. Il faut dire que l'énergie punk du combo ne peut qu'amener son auditoire à se trémousser, à se dépenser, à se libérer et tout ça dans un joyeux bordel.

LIFE jouera la quasi intégralité de son nouvel album et il est clair que ce disque les voit passer un sacré cap. Ce disque regorge d'hymnes aux refrains fédérateurs imparables et aux mélodies qui vous restent scotchées dans le crâne un moment.


La plume est aiguisée et percutante avec des  punch lines qui font mouche (Big Moon Lake, Almost Home, Self Portrait, The Drug). Et avec une chanson du calibre de 'Friends without Names' LIFE tient même son classique instantané. On entend meme du Johnny Rotten ou du Iggy Pop dans la voix de Mez...

Quel bonheur cette soirée, un vrai bon groupe de live qui vient défendre un disque impressionnant et jouissif! Que demander de plus...

A lire également le renouveau rock UK avec Yard Act, Wet Leg, Working Men's Club, Fontaines DC ou encore Sinead O'Brien.

mercredi 28 septembre 2022

Wu-Lu à la Maroquinerie (27/9/22)


 Que de nouveaux talents en quelques semaines à Paris! Après Sinead O'Brien et Working Men's Club, nouvelle pépite avec Wu-Lu, qui vient de signer un premier album prometteur sur l'iconique label défricheur Warp (Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre...).

On ne sait vraiment pas comment définir la musique hybride produite par Wu-Lu. Hip-hop expérimental, rock indé bizarre, jazz vrillé et mutant? Par rapport à l'écoute des disques, on est surpris de voir sur scène une basse, une guitare et une batterie. 

Même si quelques bandes sont lancées de ci, de là, l'essentiel de la musique est joué en live alors même qu'elle s'assimile à un patchwork de sons, d'ambiances et de structures... Etonnant.

Le rendu est exceptionnellement dense et intense. Mention spéciale au batteur dont la dextérité permet de rendre le flow quasi drum'n bass de certains morceaux... Une prouesse... On passe d'une ambiance jazzy dark et groovy à des envolées de saturation typiques rock indé en passant par des apesanteurs hip-hop old school...


En fait la démarche est très punk dans l'esprit... En se foutant des conventions et des règles, Wu-Lu invente son propre répertoire, et ca fait mouche, on adore!!!

Une heure et quart de concert en apnée, passé à une vitesse folle. C'est original, chaotique tout en étant cohérent... C'est infine ultra moderne! un artiste à suivre...

A lire sur la planète Warp: Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre, Seefeel, Prefuse 73, !!!, Squarepusher...

lundi 19 septembre 2022

Working Men's Club à Petit Bain (17/9/22)

On plaçait beaucoup d'attente dans ce concert de Working Men's Club à Petit Bain. Au sommet de notre TOP 10 2020 avec leur tout premier album, éponyme, on a du attendre 2 ans pour les voir enfin sur scène... 

Leur mélange de techno, de house et de rock sonnait comme une bouffée d'oxygène captée au beau milieu d'une noyade atroce symbolisée par la période horrible que nous avons tous traversée, entre confinements et couvre feu... Ce 1er disque, dansant et rempli d'éclairs de génie ('Trapped inside a town inside my mind") a truffé de danses frénétiques dans le salon les longues nuits de couvre feu : un exutoire tellement précieux.

Le second disque, Fear Fear, sorti en juillet sonne encore plus claustrophobe, encore plus synthétique. Plus coldwave que Madchester, plus sombre et moins pop oserions nous dire... Un disque de son temps, exprimant la noirceur de la période tout en essayant de la surpasser...

C'est assez fou de penser que le démiurge du groupe, Syd Minksy-Sargeant n'a que 20 ans... En contraste, on est surpris de voir que dans la fosse la moyenne d'âge est assez élevée. Cette musique serait elle trop radicale et trop dark pour les nouvelles générations? Etonnant.


Sur scène, les Working Men's Club (synthés, guitares et boite à rythmes, pas de batteur) sonnent encore plus rêches et synthétiques que sur disque. Les beats bastonnent, la TB 303 rugit et la voix du chanteur est quelque peu noyée dans le tourbillon sonore claustrophobe qui se déploie. Et pourtant on est entrainé dans une danse frénétique et obsédante.

Dès le 3ieme morceau, Minsky-Sargeant descend dans la fosse et avance presque jusqu'à la table de mixage, en donnant un coup d'épaule à votre serviteur et à ceux en travers de son chemin. Mais, semble-t-il, plus dans une envie de contact physique que dans un geste violent de protection. C'est comme çi il avait eu besoin de sentir le public.. de le réveiller...

L'heure de concert passa assez vite et le groupe partira assez vite de scène, sans dire un mot, comme pendant le reste du concert. La sensation est mitigée, on aura été pris par l'énergie mécanique de l'ensemble et la présence singulière de Syd mais la sentiment de noirceur moite ressentie laisse quelque peu perplexe... 

Working Men's Club écrit certainement la bande son la plus fidèle de l'époque et c'est surement pour cela que l'impression générale est si déroutante. On ne sort pas indemne de l'écoute de ce groupe à part...


On soulignera également la découverte en 1ère partie de Cate Hortl, fascinante avec sa techno d'obédience berlinoise / new wave, On aura passé tout le set à danser ardemment, emporté dans un voyage surprenant.

A lire également Working Men's Club en haut de notre TOP 10 ALBUMS 2020

samedi 17 septembre 2022

Sinead O'Brien au Point Ephémère (16/9/22)


Fascinante prestation de la jeune irlandaise Sinead O'Brien hier soir au Point Ephémère. Entre spoken word et incantations incarnées le trio a fait rugir de plaisir la petite salle parisienne... 

Il est bluffant de voir à quel point la scène rock britannique a la capacité de se regénérer  régulièrement et toujours aux moments les plus inattendus. Après le brexit et ces 2 années de pandémie, c'est en 2022 qu'une nouvelle cuvée de jeunes gens dans le vent débarque en provenance de la perfide Albion pour redonner un nouveau souffle aux musiques à guitares...

Et c'est comme si cette nouvelle vague tournait autour d'une seule et même personne. Au centre de ce cyclone dévastateur, le producteur Dan Carey. Tous les groupes UK du moment sont passés par son studio ces derniers mois : Fontaines D.C., Black Country New Road, Wet Leg, Squid, Black Midi, Geese (groupe de NYC) et donc désormais Sinead O'Brien.


Très vite comparée à Patti Smith pour l'attention toute particulière que l'Irlandaise porte à ses mots, à ses histoires racontées, la jeune femme nous fait penser à PJ Harvey pour l'intensité de ses performances et plus récemment à Billy Nomates. 

Sur scène, O'Brien est entourée d'un batteur, Oscar Robertson, et d'un guitariste, Julian Hanson, avec l'appui d'une boite à rythme  qui donne un élan presque dance à plusieurs titres. La musique est hypnotique, entre rock désincarné, post punk et boucles dance. Sinead O'Brien illumine l'ensemble d'une présence et d'une diction impressionnantes... 

On est emporté au fil des morceaux dans une sorte de transe libératrice... On a vraiment hâte de suivre l'évolution de cette très prometteuse irlandaise!

mardi 30 août 2022

Nick Cave, Arctic Monkeys, Fontaines D.C., Diiv, Jehnny Beth, Yard Act et Trentemoller à Rock en Seine (25/26/27/8/22)


 Enfin! Après 3 ans d'absence on a pu enfin refouler les pelouses du magnifique domaine de Saint-Cloud pour une nouvelle édition de Rock en Seine très attendue. Alors, bien sûr, depuis que François Missonnier et sa bande de potes (Radical prod, Garance) ont vendu leur bébé à M. Pigasse, il n'y a plus de festival Rock indépendant en Ile de France et Rock en Seine (RES) n'est plus le meme depuis 2018...

Avec l'appui du mastodonte AEG (rival mondial de Live Nation), RES a tâtonné 2 ans, avec des résultats de fréquentation mitigée en essayant d'intégrer les musiques dites urbaines (qu'on traduira dans le cas d'espèces en rap mainstream voir variété), la formule à 4 jours de 2022 mise sur 4 têtes d'affiches en exclu pour faire venir le plus grand nombre et une prog d'abord fidèle aux guitares les 2 premiers jours avant de basculer le samedi vers une pop plus mainstream jusqu'au dimanche ou les guitares sont presque absentes et où la maga star mainstream du moment, Stromae, cloture le festival...


Après une prestation pleine d'énergie de la très jeune Gayle en ouverture du festival le jeudi, ce sont les anglais de Yard Act qui font vraiment démarrer RES 2022. Les 4 de Leeds et leur post punk malin aux paroles drôles et incisives ont remporté la mise. Leur leader, James Smith sait comment mettre le public dans sa poche. Ravage sur la petite scène d'Ile de France nous montre que le punk rock n'est pas mort en France tandis que Beabadoobee nous aura fait passer un joli moment avec une pop à guitares 90s sympathique. 


Les Irlandais et les Anglais se sont rués en masse ce jeudi pour voir les Fontaines D.C., qui une semaine après leur set magistral à la Route du Rock ont rappelé tout le bien qu'on pense d'eux même si le son sur la scène de la cascade était un peu brouillon... Quant aux têtes d'affiche, les Arctic Monkeys, ils auront assuré un set maitrisé à défaut de totalement emballant, la faute, peut être à une setlist moins énervé que leur répertoire pré AM pouvait laisser espérer.


Au final, une belle journée Rock mais un chaos organisationnel important avec à partir de 18h30, près d'une demi-heure de queue pour une bière et près de 45 mn pour accéder aux toilettes femmes... 40 000 personnes sur le site de Saint Cloud c'est définitivement trop et ca dégrade l'expérience pour les festivaliers... L'ancienne équipe s'était arrêtée à une jauge max un peu au dessus de 30 000 et c'est déjà beaucoup... La nouvelle direction vise, sans complexe, le profit maximum comme le démontre la polémique sur le Golden Pit (zone réservée sur option payante (plus 20 ou 30 €) ou invitation) sur une large bande devant la grande scène... Là on est clairement dans la négation absolue de ce qu'est un festival Rock avec d'un coté les riches avec une expérience plus belle (emplacement, bar et toilettes réservées) et le reste de la population qui doit se contenter de faire la queue et d'etre loin de la scène ou concassé avec les autres... Odieux!


Le vendredi commence sur les chapeaux de roue avec la prestation tonitruante de Jehnny Beth. En trio et sans aucune guitare, ils réussissent à envoyer un rock rugueux flirtant avec la techno. En hésitant pas à rencontrer le public dans la fosse ou à ses abords, Jenny délivre une prestation intense et charnelle! Superbe début de journée. Dans la foulée Aldous Harding nous charme encore et même si sa pop sophistiquée sied mal aux grands espaces de la Grande Scène. Ensuite, les new yorkais de Diiv font vrombir leur guitares shoegaze, hypnotiques et diablement mélodiques, c'est l'extase... Sans transition ce sont les Liminanas qui prennent possession de la grande scène et émerveillent avec leur rock psyché yéyé ultra efficace.


Petit intermède  instrumental avec Los Bitchos avant la révélation pop indé des hollandais de Klangstof, ca méritera de les revoir... Squid et son math rock impressionnant de maitrise aura fait pulser la scène du Bosquet avant l'arrivée de Nick Cave... Franchement grandiose, tel un chaman ou un prêcheur habité, Nick Cave prend la foule à bras le corps, n'hésitant pas dès l'inaugural "Get Ready for Love" à venir serrer un nombre incalculable de mains ou de poings aux abords de la fosse. Le message est clair, l'australien est là pour embarquer tout le monde dans une communion, une grand messe rock sans retenue... Et ca marche! Monumental! On finira la soirée sur la techno ultra puissante et physique de Trentemoller, une valeur sûre et un défouloir ultime parfait pour terminer cette belle seconde journée.


Alors que les guitares se feront beaucoup plus rares tout au long du samedi, on aura eu la chance de revoir les doués Oracle Sisters, déjà aperçus en 1ere partie de Miles Kane en avril, et leur pop très sixties version Laurel Canyon. Dans la foulée, nos chouchous de Bryan's Magic Tears auront ébloui notre après-midi sous le soleil, même si leur rock évanescent et cramé aurait mérité une petite session nocturne. Sur la scène du Bosquet, November Ultra, que l'on ne connaissait pas nous a soufflé littéralement par l'émotion dégagée par cette jeune femme, seule en scène, drôle, attendrissante et capable de vous filer des frissons.... Un grand moment... De la suite on retiendra que Jamie XX a transformé l'espace de la Grande Scène en piste de danse géante avec sa house aux accents modernes...


On aura snobé le dimanche car vraiment rien ne nous attirait sur cette prog avant tout faite pour attirer le plus grand nombre et loin de l'esprit historique  du festival.


Au global on est content de retrouver Rock en Seine, qui garde ses lettres de noblesse Rock et assimilés sur au moins 2 jours et demi sur 4, ce qui n'est pas rien.... Même si on comprend le désir des organisateurs de renouveler le public en tentant des choses plus mainstream (samedi soir et dimanche), on regrette le gigantisme souhaité (qui dégrade l'expérience de RES) et la volonté de maximiser les profits (prix des places, golden pit et autres options supplémentaires) et certains choix vraiment limite dans le cadre d'un festival Rock (samedi et surtout dimanche).... Espérons que l'expérience Rock en Seine ne sera pas trop dénaturée dans les années à venir et que les nouveaux propriétaires ne vont pas en faire un Disney Land sans aucune aspérité comme le weekend peut le laisser supposer.

A lire également la Route du Rock 2022 et nos revues de Rock en Seine.

dimanche 21 août 2022

King Hannah, Aldous Harding, Wet Leg, Geese et Fontaines D.C. à la Route du Rock (17/18/08/22)


 Retour en configuration traditionnelle à la Route du Rock avec les concerts a Fort Saint-Père. Après une édition 2020 annulée et une édition capsule très réussie en 2021, cette Route du Rock traditionnelle était très attendue. Et pour cette historique 30ième édition, les programmateurs ont su tenir leur réputation en programmant sur les 2 premiers jours tous les groupes excitants du moment et c'est une vraie prouesse dans cette jungle compétitive des festivals d'été. 

Face aux mastodontes Live Nation (lollapalooza) et AEG (Rock en Seine), le festival (réellement) indé malouin se démarque par une recherche de jeunes talents en devenir. Cette année, beaucoup de groupes venant juste de sortir leur 1er album (King Hannah, Wet Leg, Geese, Yard Act) ont dynamité l'édition 2022.

En ouverture, à la Nouvelle Vague le mercredi c'est le duo King Hannah qui nous a totalement bluffé. On croirait voir un mini Portishead en courant alternatif branché sur une prise noise pop... La chanteuse, Hannah Merrick, est totalement envoutante. De sa voix grave et profonde elle dégage une énergie trouble. Sur des tempos lancinants, presque slow core le groupe irradie, avant des envolées noise pop magnifiques insufflées par le compère d'Hannah, Craig Whittle. Superbe groupe.


A la suite de King Hannah, on a eu droit à une performance de l'insaisissable Aldous Harding. Elle a l'air vraiment perchée, à moins que ce ne soit que le reflet de son jeu de composition. C'est comme si, la neo zélandaise jouait un rôle dans une pièce de théâtre qu'elle a elle même écrite sur une musique baroque surprenante et enveloppante... Une artiste définitivement à part.


Le lendemain au Fort Saint Père c'est toute la scène rock indé montante qui est là sous nos yeux ébahis. Prix spécial du jury à Geese, ce groupe de New-York aux accents strokiens plein de fougue et d'énergie. Les jeunots, à peine 20 ans, on mis le feu à la scène des remparts, provoquant un pogo endiablé dans les premiers rangs. On a besoin de ce genre de groupe de jeunes gens modernes qui enthousiasment leur congénères et leurs font découvrir la chose rock... Ils ont deja tout et il ne leur manque que quelques mélodies imparables pour devenir énormes... A suivre...

On aura été déçu par les Black Country New Road qui tentent de survivre au départ de leur chanteur en se répartissant chacun la tache... Malheureusement la magie n'opère plus sans la force évocatrice du chant de leur ancien leader... Les 2 anglaises de Wet Leg auront mis tout le monde d'accord. Elles étaient attendues et ont fait comme elle savent faire : ne pas se prendre la tete et essayer de prendre du bon temps... Et ca marche, la fraicheur pop irrésistible de leur 1er album malin est enthousiasmante sur scène...


Les 4 de Leeds, Yard Act, ont eux aussi mis le feu, grâce au charisme et au partage de leur leader James Smith.... Avant la claque du soir, les Fontaines D.C.... Nos irlandais favoris ont définitivement franchi un cap cette année avec la sortie de leur 3ieme Album Skinty Fia. On les retrouve en tête d'affiche à la Route du Rock. Et il ont tout cassé avec assurance, maîtrise et puissance....

La route du Rock, un festival unique et indispensable...

A lire également la route du Rock 2021 ou 2014... ou encore Fontaines DC à l'Olympia

samedi 23 juillet 2022

The Rolling Stones au Groupama Stadium Lyon (19/7/22)


Evènement planétaire avec la tournée Sixty des légendes vivantes les Rolling Stones. Après 2 années de pandémie et surtout après le décès de Charlie Watts l'année dernière, la série de concerts en Europe (13 villes) pour célébrer les 60 ans de carrière du plus illustre groupe de Rock & Roll de l'histoire revêt un aspect très particulier... 

On ne va pas le cacher, la probabilité de revoir les Stones sur scène pour la dernière fois est grande et l'envie de partager un ultime moment de bonheur avec eux irrésistible... Malgré la canicule qui sévit (39 degrés) la marée humaine qui déferle sur le Stade de Décines n'a qu'une envie : vivre un moment inoubliable avec ses icones...


60 ans de carrière au sommet d'une popularité mondiale jamais contredite, c'est inédit et ca risque de ne jamais plus se reproduire pour un groupe de musique, tout du moins pas dans de telles proportions de succès populaire... C'est un exploit de réussir à faire vivre le mythe aussi longtemps en concert tout en restant crédible...

Un concert des Stones c'est un show monumental où rien n'est laissé au hasard. Dès le début des années 80 ils ont été les pionniers et des innovateurs constants en terme de spectacle musical. C'esr rodé mais c'est surtout porté à bout de bras par Mick Jagger. A 79 ans, il continue de sauter de partout, de déployer une énergie communicative de dingue et surtout, il continue à chanter puissamment et avec justesse... C'est surnaturel... Chapeau bas Sir!


Keith, l'âme du groupe, veille au grain et Ron délivre de beaux soli sur sa guitare Les Paul. Mick parle en français et se met brillamment le public lyonnais dans la poche en lançant "on m'a dit que les lyonnais chantaient bien... mieux que les stéphanois".  Eclats de rire rire et applaudissements soutenus...

La setlist est quasi parfaite, on se croit dans un rêve... Ca commence par le pre-punk Street Fighting Man, toujours aussi percutant depuis mai 68... Le très vieux 45T "Let's spend the night together" (67) nous replonge dans les débuts des Stones avant un Tumbling Dice envoûtant... Avec "Out of Time" les Stones reprennent un titre issu de Aftermath (66) qu'ils n'ont probablement pas joué en live depuis cette époque... Surprenant...

On est pas au bout de nos surprises avec Dead Flowers (Sticky Fingers) l'un de leurs meilleurs titres country-folk et l'épatant Angie, pas joué tous les soirs... C'est beau... "Living in a Ghost Town" et son reggae vaporeux nous ramène aux heures sombres de la pandémie mais amène un souffle (re)nouveau salvateur...


Après le rituel intermède Keith Richards au chant avec l'inusable Happy notamment, c'est Miss You et son gimmick ravageur qui enflamme le Parc OL. Juste avant le morceau de bravoure, Midnight Rambler et ses presque 10 minutes de Blues originel, de soli, d'impro... Magique... On part loin...

Se suivent un quatuor de hits ultimes : Paint it Black, Start me up, Sympathy for the Devil (ouh ouh) et Jumping Jack Flash... Prévu dans la setlist originelle, Gimme Shelter ne sera pas joué en rappel (tout le monde étant rincé par la canicule) et le concert se terminera donc sur le mythe absolu Satisfaction...

Quelle claque, quel concert, quel groupe!!! 

A lire également les Stones en Best Song Ever avec Paint it Black et Sympathy for the Devil...

samedi 16 juillet 2022

Midnight Oil aux Nuits de Fourvière (14/7/22)


Dernière occasion de voir la légende australienne Midnight Oil en concert en France! Et encore plus dans le merveilleux cadre du théatre antique de Fourvière! Il était temps... Cette tournée mondiale 2022 est en effet leur dernière. Suite au décès de leur bassiste en 2020, les australiens, reformés en 2017 après 15 ans d'absence ont décidé de mettre un terme aux harassantes tournées. 

Leur avancée dans l'âge est aussi une raison et pourtant, en ce Bastille Day, les 5 australiens ont démontré que le Rock conserve bien et qu'avec la flamme cette musique peut s'exécuter, avec brio, à tout âge... Une belle leçon de vie.

Midnight Oil a été précurseur dans les années 80/90 en défendant avec force et passion la lutte pour la sauvegarde de l'environnement, les droits des aborigènes australiens et en dénonçant sans vergogne toutes les forces annihilantes qu'elles soient étatiques (US Forces  sur 10,9,8,7,6,5,4,3,2,1) ou privées (Blue Sky Mine). Après des années de punk sauvage dans les bars australiens et une poignée d'albums incendiaires, Midnight Oil a connu un succès mondial à la fin des années 80 avec des albums devenus cultes ; Diesel and Dust et Blue Sky Mining.


Pour une fois, ce ne fut pas un militantisme de façade puisque Peter Garrett, le chanteur charismatique du groupe) a suivi son engagement d'actes, tout d'abord au sein d'ONG puis en se lançant en politique et devenant ministre de l'environnement puis de l'éducation du gouvernement australien entre 2007 et 2013.

Après avoir quitté la politique, Peter a rappelé ses vieux amis pour un dernier tour de chant (le groupe s'était arrêté en 2004 au moment de l'entrée en politique de Garrett), conclu avec la sortie d'un nouvel album, Resist, il y a quelques mois et cette tournée finale.

Surprise au début du concert, les musiciens entrent sur scène et commencent à jouer le récent morceau Rising Seas sans Peter Garrett, qui apparait en haut des gradins et commence à chanter en descendant les marches abruptes du théatre gallo romain... Quelle entrée en matière! Le reste du concert est au cordeau. Le groupe puise dans presque chacun de ses albums au moins un titre. Il garde la part belle pour les 2 monuments Diesel and Dust et Blue Sky Mining bien sur (5 et 3 titres).

Plusieurs chansons filent des frissons comme Dead Heart, Put down that weapon, My Country ou US Forces. L'intensité est là, Peter Garrett transmet une énergie incroyable. Le groupe est au taquet. Le batteur Rob Hirst nous gratifie d'un petit discours en français, rendant la soirée encore plus poignante...

C'est fort, intense, ca a du sens. Cette musique fait chavirer les coeurs tout en mettant en ébullition nos consciences... C'est ça l'ADN du rock... Les 5 derniers morceaux enchainés sont une explosion qui sonnent comme une éruption... Blue Sky Mine et son intro d'harmonica légendaire, Power and Passion, le hit ultime Beds are burning, King of the Mountain et l'energie Punk de Forgotten Years pour finir...

Les dernières notes retentissent à peine que le feu d'artifice lancé de la colline de Fourvière surgit... Une soirée mémorable...

vendredi 17 juin 2022

Bed à l'Olympic Café (16/6/22)


C'était certainement l'un des évènements de ces derniers mois : le retour à la scène du groupe rennais Bed! Dans un monde idéal, le projet porté par Benoit Burello aurait eu une renommée internationale tellement méritée.

Dès l'album inaugural, The Newton Plum, sorti en 2001, Bed  signe sa singularité en osant les silences, les chemins de traverse et les atmosphères éthérées. Spacebox, balancé deux ans plus tard en 2003 enfonçait le clou. En 2005, surprise et enchantement avec New Lines qui résonnent encore de milles harmonies lunaires et soniques...


Benoit Burello aura passé les années 2010 à revenir à une simplicité confondante avec 2 EP en solo mais toujours sous le nom de Bed... A l'Olympic Café c'est une formation en trio avec Thierry Chompré à la batterie et le génial Olivier Mellano à la guitare que l'on retrouve, une première depuis 7 ans! Et Oh miracle, la moitié du set sera constitué de nouvelles compositions, qui laissent présager la sortie prochaine d'un nouvel album de Bed en formation groupe!!!


Les 3 musiciens forment un trio d'une remarquable musicalité. Thierry Chompré réussit à caresser sa batterie pour se mettre au diapason du jeu de basse à la fois rond et très technique de Benoit Burello, on est dans un groove presque jazz. On est émerveillé par le jeu aérien et mélodique d'Olivier Mellano, c'est un véritable prodige de l'arpège.


On aura droit à une surprenante reprise de Gil Scott Heron : Lady Day and John Coltrane, ainsi qu'à un morceau composé par Burello en 2008 pour un ciné concert d'un film Ukrainien de l'ère soviétique... La setlist est variée, les atmosphères belles et envoutantes! On a face à nous 3 brillants musiciens en pleine possession de leurs moyens. 

Il émane  une vraie sérénité de ce trio, un mélange d'élégance gracieuse et de maitrise. C'est beau et on aurait tant aimé que le concert dure plus que cette petite heure, arrêtée en plein vol par l'organisation pour laisser la place au groupe suivant... C'était tellement plaisant que personne ne s'était rendu compte que le temps alloué était dépassé...

On espère que ce retour scénique n'est qu'un prémisse !