mardi 31 décembre 2024

Best of 2024 : le classement MRM des meilleurs Concerts


Encore une année super excitante sur le front des concerts. On ne répétera jamais assez, l'expérience live est certainement la dernière possibilité qu'il nous est donné à tous de partager un moment collectif de transcendance. C'est tellement puissant, tellement essentiel, tellement vital...

Et dans ce contexte c'est sans surprise la grand messe païenne de Nick Cave and the Bad Seeds qui nous aura le plus remué cette année. Une expérience quasi spirituelle. Le show Massive Attack à Rock en Seine est à placer dans le même registre... Sur le podium, le couple King Hannah sait atteindre nos petits coeurs dans des ambiances bien plus intimistes...

Slowdive à la Route du Rock a confirmé que son shoegaze réveur et ethéré avait peu d'équivalent et permettait aux spectateurs de s'évader totalement le temps du concert... Remarquable... James Murphy et sa machine à danser, LCD Soundsystem, n'a rien perdu de sa verve et de sa puissance collective.

Les Pixies auront réussi l'exploit de nous emballer 3 soirs de suite avec le meme set, on aurait pu y rester des semaines tellement ce fut intense et glorieux... Indispensables les vieux bostoniens...

Bdrmm, quelques  mois après une prestation remarquée au point Ephémère nous aura fait littéralement décoller. Et que dire du retour de Aur, rejouant Moon Safari en intégralité: du rêve et du bonheur... Tout l'inverse des Mary Chain dont la pop noire est toujours aussi indispensable à nos yeux. Enfin Suuns au Trabendo et les Fontaines D;C. au Zenith complètent le tableau d'une année 2024 Live de haute volée...

Vivement les concerts 2025... 


MRM TOP 10 Concerts 2024

1. Nick Cave and the Bad Seeds à Bercy (17/11/24)

2. Massive Attack à Rock en Seine (24/8/24)

3. King Hannah à la Maroquinerie (12/9/24)

4. Slowdive à la Route du Rock (15/8/24)

5. LCD Soundsystem au Théatre Antique de Fourvière (8/7/24)

6. Pixies à l'Olympia (25/26/27/3/24)

7. Bdrmm à Petit Bain (28/2/24)

8. Air à l'Olympia (7/3/24)

9. Jesus and Mary Chain à l'Elysée Montmartre (13/4/24)

10. Suuns au Trabendo (17/9/24)

10. Fontaines D.C. au Zenith (13/11/24)


A lire également le TOP ALBUMS 2024 et les TOP CONCERTS 2023 et 2022.

dimanche 22 décembre 2024

Best of 2024 : Le classement MRM des 10 meilleurs albums


 Une nouvelle année se termine et le marasme existentiel des années 20 continue son chemin, inexorablement... Dans tout ce chaos, la musique reste notre boussole, notre oasis, notre port altier. Mardi dernier il y avait sur France 5 un documentaire très intéressant sur les interactions entre santé et musique. On y voyait notamment un musicien dont le seul moyen de communiquer avec sa grand-mère atteinte de la maladie d'Alzheimer était de lui jouer des morceaux à la guitare. On voyait alors sa grand-mère revivre, se souvenir des paroles, chanter avec lui en bougeant son corps... Saisissant, vraiment... Les pouvoirs de la musique sont immenses...

Cette année il aura encore été difficile de dresser une liste tant l'actualité musicale fut riche et de qualité. Et c'est finalement les irlandais de Fontaines D.C. qu'on place au sommet. En s'associant à James Ford qui a produit les albums récents de Blur, Beth Gibbons ou Depeche Mode, les DC ont franchi un palier et font désormais une pop assez sophistiquée. les trouvailles au niveau des arrangements, les prises de risque en voix de tête de Grian Chatten et la qualité des compos font de Romance le disque incontournable de 2024.

Nos protégés de King Hannah auront réussi à se réinventer en groupe à guitares incandescentes après un brillant 1er album qui lorgnait du coté du trip hop. La Voix de Hannah  Merrick nous donne des frissons tandis que les parties de guitares de Craig Whittle sont parmi les plus marquantes qu'on ait entendu ces dernières années.

Nick Cave, de retour avec les Bad Seeds nous offre une grande messe païenne avec Wild God. Une disque d'une grande spiritualité. 

Quelle surprise de retrouver The Cure à son sommet, Songs of a Lost World étant le meilleur album du groupe depuis Wish en 1992... En magnifiant les moments tristes de l'existence, Robert Smith ayant perdu récemment ses parents et son frère, le groupe retrouve son essence même. Tellement indispensables...

Mustang continue son chemin pour notre plus grand plaisir, la plume de Jean Felzine étant l'une des plus brillantes et acérées de la "Chanson française" (quel morceau). La pop noire de The Jesus and Mary Chain nous réchauffe toujours le coeur, Belle découverte avec Nilüfer Yanya, récemment signée sur Ninja Tune, sa pop moderne aux accents intimistes nous réconforte et nous emporte.

Les Indiens de Peter Cat Recording Co reviennent avec un disque lumineux et rempli d'une sérénité qui fait un bien fou. En convoquant les Mary Chain, My Bloody Valentine et le meilleur du shoegaze, Sinaive nous offre une Pop Moderne en français qui nous bluffe littéralement... Une belle réussite.

Bryan's Magic Tears nous offre l'album baggy, acid house, qui nous permet de nous évader et de prendre du bon temps. The The revient après 24 ans d'absence et le regard de Matt Johnson est toujours aussi indispensable. Enfin les français d'Alcest fascinent avec leur metal presque spirituel.

MRM TOP 10 ALBUMS 2024

1. Fontaines D.C. : Romance (XL)

2. King Hannah : Big Swimmer (City Slang)

3. Nick Cave & The Bad Seeds : Wild God (Pias)

4. The Cure : Songs of a Lost World (Fiction)

5. Mustang : Megaphenix (Vietnam)

6. The Jesus & Mary Chain : Glasgow Eyes (Fuzz Club)

7. Nilüfer Yanya : My Method Actor (Ninja Tune)

8. Peter Cat Recording Co : Bêta (Muddy Water)

9. Sinaive : Pop Moderne (Anti Matière)

10. Bryan's Magic Tears : Smoke and Mirrors (Born Bad)

10. The The : Ensoulment (Cineola)

10. Alcest : Les chants de l'Aurore (Nuclear Blast)

Il auront été par loin du TOP 10 : The Smile, Matthew Halsall, Kim Gordon, Beth Gibbons, English Teacher, Suuns...

A lire également le MRM TOP 10 Concerts 2024 et les top 2023, ou 2022

mardi 10 décembre 2024

Alcest à l'Olympia (6/12/24)


 Alcest est un groupe totalement singulier dans l'univers metal. Inclassables et assez loin des stéréotypes du genre. Pour leur 1er Olympia, le groupe a livré une prestation envoutante... 

On a découvert Alcest sur le tard en les voyant jouer à la Machine du Moulin Rouge le 7 mars 2020, dernier concert avant de longs mois suite au shutdown lié au covid. A l'époque, leur 6ième album, Spiritual Instinct, les avait définitivement placé dans la catégorie des groupes incontournables de la scène metal...

Elan brisé par la pandémie et la longue attente d'une demie décennie avant la sortie d'un nouveau disque, Les Chants de l'Aurore... Et donc la consécration avec un Olympia sold out et enfin prophète en son pays... Après Gojira, déjà énorme mais encore plus visible depuis leur participation à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 (le tableau révolutionnaire sanglant à la conciergerie a marqué les esprits), Alcest démontre, à son tour, que succès international et Made in France font bon ménage et pas que dans l'electro...


La french touch pour Alcest serait d'amener de l'onirisme (même si le leader, Neige, n'aime pas ce terme et pense que ce n'est pas un monde imaginaire mais une croyance bien réelle) et de la rêverie dans un univers de saturation et de distorsion propres aux guitares aiguisées du metal. C'est une invitation au voyage que nous soumet Alcest. En reprenant les bases du metal (chant guttural, grosse caisse façon mitraillette) tout en puisant dans le shoegaze pour l'évanescence des guitares ou la rêverie de la dream pop, le combo délivre une musique singulière.

Avec ce nouvel opus, le groupe écrit une sorte de BO de film imaginaire et le rendu sur scène n'en est que plus éloquent. Autour d'une lune dont la lumière berce 2 oiseaux qu'on croirait sortis d'une mythologie ancestrale, les lumières sont vives et chaudes (jaune, violet). la scénographie nous plonge dans un univers fait de songes et de rêveries.


La musique nous transporte littéralement entre moments aériens et déflagrations soniques d'une réelle intensité. C'est puissant et beau à la fois. La setlist fait la part belle aux Chants de l'Aurore avec en ouverture et en enfilade Komorebi, l'envol et Améthyste (quartz violet associé au calme et à la sérénité). Spiritual Instinct sera bien représenté avec 3 titres au compteur (Mirroir, protection, sapphire).

En rappel, Alcest terminera la soirée avec son interprétation en son du poème d'Apollinaire "l'Adieu", magnifique récital de fin à la douceur apaisante...

Cette fin d'année semble se faire sous le signe de la spiritualité, et ce de manière assez variée, que ce soit avec Alcest, Nick Cave ou encore Peter Cat Recording Co...Un besoin de transcendance?...


vendredi 6 décembre 2024

Peter Cat Recording Co au Bataclan (3/12/24)


 La magie de la mondialisation c'est de pouvoir voir sur scène à Paris un groupe indien, originaire de New Delhi, qui revisite la musique occidentale avec le prisme de leur propre culture... On avait découvert Peter Cat Recording Co à Rock en Seine en 2019 et on avait été ébloui par tant de fraicheur, de sérénité et juste de good vibes devenues tellement rares...

A tel point que leur second opus, Bismillah, finira en tête de notre TOP 10 2019... C'est donc peu dire qu'on attendait avec impatience leur retour en France. Chose faite ce mardi au Bataclan pour la tournée de leur tout récent disque, le 3ième, nommé Bêta, qui veut dire fils en hindi.


Dans la salle, le public est assez jeune. Pas de traces des vieux rockeurs comme moi que je vois dans la plupart des concerts parisiens. Mais c'est vrai que les styles abordés sont tellement variés. Peter Cat Recording Co semble à l'aise aussi bien dans la soul, le funk, le rock tweedé et même le disco.

C'est vraiment cela qui est le plus surprenant, le plus exaltant. La salle peut se transformer en un instant en piste de danse. C'est de la feel good music et ca fait tellement bien. C'est jamais racoleur, c'est toujours d'une grande sincérité. Leur musique touche directement le coeur... C'est fascinant.

Le leader du groupe, Suryakant Sawhney, a une voix de crooner américain qui sonne totalement hors du temps. Cette voix contribue énormément à tisser le lien avec le public. Elle nous guide dans les méandres, les détours stylistiques empruntés par le groupe. Les musiciens utilisent les instruments classiques du rock (guitares, basse, batterie, synthés) mais n'hésitent pas à y rajouter des instruments et des sonorités indiennes sans que cela ne paraisse superflu ou à coté de la plaque... C'est tellement rafraichissant.


Le concert débute par les trois premiers morceaux de Bêta : Flowers R booming, People never change et Suddenly. Le ton est donné. "People never change, but i will", cela résumé totalement la philosophie du groupe : une approche réaliste mais humaniste, positive et volontariste de la vie.

Quel plaisir de ré-entendre les classiques à nos oreilles que sont Soulless Friends, Heera, Floated by ou encore I'm this. Les visages illuminés des spectateurs ne trompent pas, on passe un moment d'extase collective captivant...

Et tout ceci ne pouvait que se terminer sur le tube disco ultime du groupe : Memory Box, qui avait déjà transformé le parvis de la scène de l'industrie à Rock en Seine en véritable boite de nuit!

Une nouvelle très belle soirée!

A lire également Peter Cat Recording Co à Rock en Seine et dans notre TOP 10 2019.


mardi 3 décembre 2024

Nilüfer Yanya à la Bellevilloise (29/11/24)


En récupérant in extremis une place pour le concert de Nilüfer Yanya à la Bellevilloise, j'ai eu la chance de découvrir une artiste en pleine ascension qui a certainement un bel avenir devant elle.

Dans la salle feutrée du club de la Bellevilloise, la britannique venait défendre son 3ieme album : My Method Actor. La signature récente sur le mythique label Ninja Tune attire forcément notre attention. Paradoxalement, c'est au moment où le songwriting de Nilüfer Yanya devient un peu plus maitrisé et moins expérimental en terme de sonorité qu'elle rejoint l'écurie, souvent avant gardiste, des précieux Ninja Tune.

C'est certainement le résultat de l'association avec le producteur anglais Will Archer, encore plus évidente sur ce 3ième disque. les compositions sont signées du duo, comme la plupart des morceaux du précédent disque, Painless, mais cette fois, Nilüfer, semble s'être dédiée aux parties vocales lors des sessions d'enregistrement. 


Il en résulte un album d'une grande cohérence. L'atmosphère est très intimiste, la chanteuse réussit à nous bercer dans son univers où l'introversion y joue un rôle crucial. On est touché par sa candeur et sa sincérité. Et c'est exactement ce que l'on ressent en la voyant, elle et son groupe, en live.

On sent une artiste d'une grande sensibilité et qui ose dévoiler sa vulnérabilité sur scène. C'est beau, voire même poignant. On est emporté par le flow de son récit. La guitare joue un rôle majeur, lorgnant tantôt vers un folk atmosphérique avec guitare acoustique reverberée, tantôt vers un rock dansant à la sauce grunge pour les distorsions sibyllines. 


Les influences sont perceptibles en filigrane, on pense aux Pixies, à PJ Harvey dont Nilüfer reprendra le Rid of Me en rappel mais également à The Cure des débuts pour l'approche minimaliste (on entend aussi du Daughter). Mais ce n'est jamais un copié collé, d'ailleurs on aura mis du temps avant de reconnaitre la chanson de PJ Harvey. 

Sans vraiment savoir dans quel style de musique on baigne, on passe une soirée très agréable. Nilüfer Yanya fait preuve d'une vraie personnalité à la fois rayonnante et attachante.

Une très belle découverte.

A lire également dans les découvertes de l'année : Malice K.