vendredi 24 octobre 2025

Johnny Marr à L'Elysée Montmartre (22/10/25)


Succession de légendes cette semaine à Paris, après Patti Smith rejouant le mythique Horses à l'Olympia la veille, voici que Monsieur Johnny Marr s'accapare l'Elysée Montmartre pour sa 1ere venue à Paris depuis 2019 et sa prestation remarquée à Rock en Seine. 

Autant le dire tout de suite, j'ai une profonde admiration pour Johnny Marr. Pour l'artiste et sa carrière exceptionnelle avec The Smiths, The The, Electronic, The Pretenders, The Talking Heads, Modest Mouse et depuis une quinzaine d'années en solo, mais aussi pour l'homme qui a toujours su mettre son ego de côté pour se mettre au service des autres, suivre son propre chemin et vivre totalement sa passion pour la musique.


Une source d'inspiration infinie... Une icone, une légende que l'on a la chance de voir dans une salle à taille humaine, antre du Rock & Roll depuis des décennies. La carrière solo de Johnny Marr, en tous les cas au seul nom de JM, n'a vraiment commencé qu'il y a une quinzaine d'années et on se demande pourquoi l'artiste a mis tant de temps a enfin prendre le lead vocal. Une question de Karma certainement...

Le show démarre fort avec un morceau du 1er album, Generate! Generate ! qui pose la marque Johnny Marr : groove, mélodie et décontraction avisée. Avant la 1ere reprise des Smiths, Panic... Magique... Johnny réussit la prouesse de faire revivre les trésors des Smiths, en reprenant la mélodie vocale de Morrissey mais en le faisant à sa propre manière, sans vouloir singer l'inimitable chant de Morrissey, impossible. 


Marr incarne The Smiths de la plus belle manière. Les chansons de The Smiths c'était de l'amour, la générosité de Johnny Marr s'y engouffre.

Marr jouera 3 nouvelles chansons : it's time, Spin et Ophelia en rappel. 3 très beaux titres, avec ce talent de mélodiste toujours aussi évident. Cela augure d'un chouette 5ieme album solo l'an prochain (le groupe rentrera en studio à la fin de la tournée européenne dixit son frontman). 

A partir de Hi Hello, le concert bascule dans une autre dimension. "This one is for the one you love, if there is none, it's for yourself", splendide, tout est dit... Please, please, please let me get what i want, magnifique en version acoustique épurée. 


Walk into the sea et son coda envoutant et transcendant où Johnny semble parti, tête en arrière, caressant sa Jaguar, la faisant hurler de bonheur. Big Mouth strikes again et son "Now i know how Johnny Marr felt", splendide... encore... Easy Money, How soon is now, ce chef d'oeuvre sonique qui ne cesse de se bonifier au fil des années, et en final le morceau d'Electronic (son projet avec Bernard Sumner de New Order), getting away with it...

On est en extase, tous ensemble. La communion avec le public est exceptionnelle. En rappel, Johnny reprend le Passenger d'Iggy Pop, de son époque berlinoise avec Bowie. Tout aussi crédible que l'original. Cette soirée dantesque ne pouvait que se terminer par l'hymne smithien, There is a light that never goes out. Réussir à nous faire chanter le refrain, comme si on était dans un stade, et ca marche... Magnifique...

Une soirée magique...

A lire également The Smiths en Best Song Ever et Johnny Marr au Trabendo. ou Morrissey à la salle Pleyel. ou pour la peine The The au Bataclan ou New Order au Zenith.

mercredi 15 octobre 2025

Jehnny Beth à la Maroquinerie (13/10/25)


Serait-ce les prémisses d'un retour inespéré du Rock? Du gros son, de ses décharges d'adrénaline, de rage, d'expression de frustrations profondes, d'un mal être consubstantiel à ces années 20 flippantes et désabusées? Après un 1er effot solo d'obédience electro indus, Jehnny Beth sort un 2ieme album percutant et ravageur aux sons distordus et incisifs des guitares.

Avec son Partner in crime, Johnny Hostile, Jehnny Beth crêve littéralement l'écran sur un You Heartbreaker You d'une radicalité et d'une énergie qui font du bien. On navigue ici entre Nine Inch Nails, Turnstile et Idles. Et en plus le disque est sorti par Fiction Record, le label historique de The Cure, un tampon prestigieux dont il faut être à la hauteur.


Jehnny Beth hurle ici ses tourments, ses peurs, comme si elle tentait de faire sauter tous les verrous des relations humaines par une expérience sonore qui se transforme vite en expérience physique tant le déferlement de rage et de sincérité crue prend au corps.

Et c'est totalement ce que l'on a ressenti à la Maroquinerie lundi soir. Ce fut une expérience physique enivrante. On est vite emporté par la fougue, la puissance et l'intensité d'un groupe en pleine extase sonique. Ca tabasse les corps, ca percute les tympans et ca fait du bien.

Vite embarqués par la force du combo et l'implication pleine et entière de la maitresse de cérémonie, on se donne totalement à cette musique puissante qui, à ce moment là, dans cette salle là, avec ces gens là procure un formidable élan de lacher prise... Salvateur.

L'intégralité de You Heartbreaker You sera joué par le groupe. On retiendra les énormes Broken Rib, No good for people, Obsession ou encore Reality... Il y aurait eu aussi une reprise du Army of Me de Bjork (qu'on avoue ne pas avoir reconnu) et une autre de Quicksand... Une petite heure de déferlement sonore et de joyeux partage...

Une soirée qui fait du bien avec une artiste aux multiples talents dont la générosité nous émeut et nous ravi...

A lire également Jehnny Beth à Rock en Seine.


jeudi 2 octobre 2025

Kruder & Dorfmeister : The K&D Sessions Live au Trianon (1/10/25)


Le retour du duo mythique de remixeurs DJ du début des années 2000,  Peter Kruder et Richard Dorfmeister en 2020 avait été une agréable surprise. Ils ont sorti, à l'époque, un prétendu album perdu des années 90 surlequel ils travaillaient sans finalement parvenir à le sortir... La tournée de reformation qui suivit et passa par le Bataclan fut une totale réussite et une mise à jour indispensable de dub lancinant, de house minimaliste et d'electronica laidback...

La surprise fut encore plus grande avec cette tournée 2025 pour fêter les 25 ans de la compilation de remixes qui fut leur renommée : les intemporelles et mystiques K&D Sessions. Au détour des années 2000, les stars étaient les DJ et les remixeurs et le duo s'est magistralement imposé en proposant des relectures totalement neuves des standards de cette fin de siècle.


Leur technique était assez originale, ils ne gardaient que les pistes vocales de la chanson initiale et recomposaient autour un tout nouveau morceau avec leur sensibilité propre. C'est ce qui donne le caractère unique aux K&D Sessions. C'est un album de Kruder & Dorfmeister, avec leur musique mais en partant de la mélodie vocale et des intentions d'autres artistes... Très casse gueule sur le papier mais une réussite absolue avec une cohérence d'ensemble et une patte K&D perceptible.

Encore aujourd'hui, ce disque sonne neuf, frais et dans l'ère du temps. Ce mélange de hip pop, de dub, de trip hop, de jazz et de bossa nova, ces beats lancinants, ce son chaleureux sont l'elixir contre la négativité ambiante qui prend nos corps et nos coeurs en ces années 20 de plomb...

Avoir la chance d'entendre, en live, pour la 1ere fois, ces K&D Sessions était le rendez vous immanquable de cette rentrée... 


1ere surprise, le concert commence par un morceau interprété par les 2 compères sur le devant de la scène, Peter jouant sur ce qui s'apparente à un petit synthé/sampler et Richard jouant de la guitare... Inattendu comme départ... Et on continue notre enchantement lorsque, à peine cette intermède terminé, 4 musiciens rejoignent la scène... On va vraiment avoir droit à une interprétation live des K&D Sessions : un batteur, un percussionniste, une basse, un synthé et le duo en arrière plan aux manettes mais aussi à la guitare où à la flute traversière pour Richard... Bluffant...

Et ca sonne d'enfer. C'est une véritable prouesse que réussissent les 6 artistes, rendre organique et live un disque conçu avec des boites à rythmes, des samplers et des synthés... La musique est totalement hypnotisante, on se retrouve littéralement transporté aux grandes heures enfumées de l'époque. Chill, laidback mais groovy à souhait.


Peter explique que ca faisait des décennies que le gens leur demandaient quand est ce qu'ils joueraient live ces K&D Sessions et toujours la meme réponse du duo, c'est impossible. Mais il leur fallait juste trouver le bon groupe... et en plus chez eux à Vienne...

On prend un plaisir fou à se déhancher et à vibrer sur ce groove puissant. Les grands moments du show, sont, comme sur le disque le replay du Heroes de Roni Size, le Speechless de Count basic, le Going Under de Rockers Hi-Fi... Et bien sûr, le monumental Timeless de Depeche Mode en rappel, totalement jouissif.

La salle est en feu, on a rarement vu une telle standing ovation au Trianon, c'est furieux et émouvant à la fois. Le groupe prend le micro pour remercier Paris, la ville de l'amour et pour tout l'amour reçu ce soir... Salutations théâtrales et baisser de rideau pour un show inoubliable...