mardi 16 septembre 2025

caroline à Petit Bain (15/9/25)


caroline à Petit Bain. Comment se douter que sous cette sentence d'une apparente banalité se cachait une soirée aussi mémorable qu'étonnante?

caroline est un octuor originaire de Manchester qui vient de sortir son second album, appelé caroline 2 (un nom  d'album qui fait penser tout de suite aux groupes initiateurs du krautrock comme Neu!) qui est un véritable ovni.


Un album pastoral, envoutant et qui sonne tellement neuf (Neu! encore... ✋). On navigue ici entre le 1er album de Grizzly Bear (Yellow House) pour les voix éthérées et en choral, Atlas Sound pour le coté ambient et bricoleur, Godspeed You Black Emporor pour les envolées telluriques et même l'esprit des premiers Arcade Fire avec ce mélange inspiré d'instruments multiples et variés (saxophone, violons, guitares seches, ... 

Mais caroline est unique et dépasse toutes ces références. Leur gestion des silences et de la dynamique d'une chanson est totalement sublime. On passe de moments en apesanteur d'un calme et d'une sincérité confondante à des polyrythmies, arythmies surprenantes jusqu'à un déluge bruitiste saisissant...


On sent que le mixage du disque est vraiment très étudié et que caroline vise une expérience sonore (effets de stéréo, utilisation de l'auto tune à certains moments (alors que personnellement je déteste l'auto tune utilisé sur tout et n'importe quoi dans les musiques urbaines). Un contre exemple parfait que l'utilisation des techniques modernes peut servir le propos et le transcender...

Sur scène, on est surpris de constater une grande maitrise. caroline se rapproche assez du son du disque. Le semblant de chaos que l'on peut ressentir à l'écoute de caroline 2 laisse la place à une parfaite cohérence, à des morceaux superbement structurés qui déroutent nos oreilles formatées à des formules plus évidentes...


C'est vraiment beau. L'émotion est palpable, la cohésion du groupe et son énergie bienveillante et enveloppante est terriblement sensible. Caroline jouera l'intégralité de son 2nd album et chaque chanson est un petit miracle... Song 2, When i get home, Tell me i never knew that, Two riders down, Total Euphoria, tout est sublime.

Le chanteur principal du groupe nous expliquera dans un français impeccable, que la chanson Coldplay Cover (c'est drôle ce nom...) a été enregistrée dans la maison d'un de leur pote à Londres, avec la moitié du groupe jouant une chanson dans le salon et l'autre moitié jouant une chanson différente dans la cuisine et avec un micro passant d'une salle à l'autre... Et ca sonne divinement, c'est fou...

C'est beau de voir des musiciens se foutant des normes, des attentes pour produire une musique qui leur ressemble (et à personne d'autre) et tout ça sans prétention, avec beaucoup d'humilité et de passion...

On sort ébahi, apaisé et conscient d'avoir vécu un moment hors du temps...

Un petit miracle cette soirée... Total Euphoria...

A lire également Atlas Sound, Godspeed, Grizzly Bear, Arcade Fire

vendredi 5 septembre 2025

Matt Berninger à l'Elysée Montmartre (2/9/25)


 C'est toujours intéressant de suivre les projets solo de membres de groupe que l'on suit depuis de longues années et dont on attend avec impatience le prochain disque, censé sauvé nos vies, une nouvelle fois... Ces pas de coté, sont toujours difficiles à négocier pour les artistes et leur public. Trop se rapprocher du groupe originel avec le risque d'en incarner un ersatz sans consistance ou bien s'en éloigner en perdant tout le monde en chemin?

C'est un peu le point médian qu'a emprunté Matt Berninger, le chanteur de The National, avec sa carrière en solo. Son second effort, Get Sunk, sorti en mai, 5 ans après un premier disque remarqué, ne fera pas fuir les fans de The National. On reste ici en terres pop mais le tout semble plus simple, plus naturel et cela convient certainement mieux à la voix de Matt Berninger.


En live avec The National, groupe qu'on adore, il y a toujours des moments où la voix de Matt dérape, il hurle et perd un peu le fil... C'est comme ci, la musique si sophistiquée de The National obligeait son chanteur à des contentions vocales et spirituelles éprouvantes pour etre à la hauteur des compositions du combo. 

Le matériel solo de Berninger est plus direct, plus simple en apparence et permet peut etre à Matt de délivrer des prestations vocales plus spontanées. En tous les cas, à l'Elysée Montmartre, à part sur une deux chansons un peu plus rock, Berninger fut impérial. L'entrée sur scène du groupe au son du Sexy Boy de Air est assez drôle....


La quasi intégralité de Get Sunk sera jouée. On retiendra Frozen Oranges, breaking into acting, Nowhere special et Little by Little, superbe. On aura droit à deux reprises de The National : Gospel (le morceau cloturant le chef d'oeuvre Boxer) et unTerrible Love qui enflamma littéralement la salle, sa batterie virevoltante emportant tout sur son passage. Quelle énergie ressentie, waouh...

Matt est notamment épaulé sur scène par son principal partner in crime dans cette aventure solo : le guitariste Sean O'Brien, co compositeur des trois quarts du nouveau matériel mais également réalisateur du disque.

L'univers solo de Matt est très personnel, il exprime ses doutes, sur lui meme, ses tendances dépressives, son insécurité mais transmet une énergie positive et chaleureuse qui fait chaud au coeur... Et sur scène, le chanteur est toujours aussi magnétique, il prend l'espace et y met une énergie folle...

On aura meme droit en rappel à une version très originale et vraiment chantée du Blue Monday de New Order avec une guitare omni présente... Un vrai régal...

1h30 intense et pleine de classe et de good vibes...

A lire également The National à la salle Pleyel et dans nos Tops 2017 et 2010.