Rock en Seine a toujours été une réjouissance, s'y rendre fin aout chaque année est synonyme de fin d'été et d'une dernière salve de bonheur et de liberté avant de reprendre le collier de la rentrée... Je vais à Rock en Seine depuis 2004 et c'est la 1ere année depuis cette date que j'ai n'ai pas pas pris de pass mais uniquement un billet à la journée... Faute à une programmation surprenante, compte tenu du passé de ce festival, où la Rock se voit cantonner à la dernière des 5 journées du festival.
Bizarre pour un festival s'appelant Rock en Seine... C'est un peu comme si l'Adn du festival était reniée et par la même son existence et sa raison d'être initiale. Bien sûr, les temps ont changé et la situation en 2025 n'est plus la meme qu'en 2003 où le retour du Rock (voir la série d'articles sur les années 2000) créait le besoin d'un festival francilien indépendant autour de cette musique.
Si l'ancienne équipe de Rock en Seine (équipe indépendante, non liée à des mastodontes de l'événementiel rappelons le) a passé la main à M. Pigasse et au géant américain du divertissement AEG, c'est qu'ils sentaient bien le changement structurel en mouvement dans les années 2010, la ringardisation du Rock auprès du jeune public, l'avenement commercial des musiques dites urbaines (rap mainstream) et donc la difficulté de renouveler le public de Rock en Seine.
Si on ajoute à cela l'explosion des cachets des artistes et des coûts d'organisation (énergie, pénurie de mains d'œuvre...) on comprend toutes les difficultés à batir un model de festival pérenne. Depuis 2019, la nouvelle équipe a tenté de changer l'orientation du festival en introduisant plus de rap et d'electro mainstream pour attirer un public plus jeune. En 2025, c'est certainement l'année où ils sont allés le plus loin dans leur processus de changement en réduisant le Rock à guitares à la seule journée de dimanche.
Résultat des courses, une fréquentation en baisse. 32 000 spectateurs en moins en 2025 par rapport à 2024 (148k versus 180k). Dans le détail, 34k le mercredi, 24k le jeudi, 22k le vendredi, 32k le samedi et 36k le dimanche sur une capacité journalière maximum de 40k. On remarque, bien sûr, que la meilleure affluence aura été le dimanche Rock...
On pourra toujours rétorquer que les annulations du jeudi n'ont pas aidé (Asap Rocky et Doechi) mais la vérité est que la seule journée cohérente par rapport à l'Adn du festival était le dimanche...
Il y a quand même eu cette belle journée de Dimanche pour nous rappeler tout l'amour que l'on porte à ce festival, cher à nos coeurs...
King Hannah a la redoutable tâche d'inaugurer la scène de la cascade (maintenant renommée par un sponsor....) à 15h, en plein caniard. Sur cette scène face au soleil une bonne partie de l'après-midi, c'est difficile pour les artistes mais aussi pour les spectateurs. Et pourtant, fidèles à eux-memes, nos chouchous délivrent une belle prestation. La voix d'Hannah nous remplit toujours autant d'émotions et les saillies de guitares de Craig nous transportent loin. la journée commence parfaitement.
On ira faire un tour ensuite au concert de Stereophonics, très pro, très efficace mais un peu lisse pour aller voir l'attraction du jour : les irlandais de Kneecap. Beaucoup de monde autour de la scène du Bosquet, on comprend que la publicité faite au groupe des suites de la polémique sur leur présence, y est pour beaucoup. Rock en Seine a perdu plus de 300 000 euros de subventions en les maintenant au programme et c'est tout à leur honneur d'avoir resisté à la volonté de censure de certains... Le set des irlandais est énergique mais leur fusion rap/electro/rock n'a rien de révolutionnaire...
A l'heure de l'apéro débarquent sur la Grande Scène, la sensation Rock des dernières années : les Fontaines D.C. les numéros 1 de notre Top 2024 triomphent pleinement. Vainqueurs à plate couture du nombre de t shirts siglés dans l'assistance, les D.C. jouent devant une foule conquise d'avance et enflamment Rock en Seine.
On part un peu avant la fin du set pour se placer pour le concert de Suuns. Comme tout le monde est encore devant la Grande Scène on se retrouve au 1er rang et on prend une énorme claque. la musique des montréalais est vraiement étrange, libre et inspirée. Leur mélange d'electro et de Rcok sonne tellement moderne. Leur univers à la fois onirique et terrifiant est totalement fascinant...
On est en transe pendant l'heure et des poussières d'un show envoutant et bluffant (on vous recommande le replay sur francetv, très bien filmé et au son conforme à ce que l'on a entendu en live). Définitivement l'un des groupes les plus passionnants de l'époque... (A lire aussi le live report de Suuns au Trabendo).
On finit cette belle journée par la tête d'affiche de la soirée: les Queens of the Stone Age. On a tellement de souvenirs mémorables de concerts du groupe de Josh Homme. Rien qu'à Rock en Seine leurs prestations de 2005 et 2010 restent parmi les meilleurs concerts vus à Saint Cloud. Il faut dire que pendant les années 2000, le groupe marchait sur l'eau, sortant 3 chefs d'oeuvre : rated R, Songs for the Deaf et Lullabies to Paralyze. Era Vulgaris qui suivit fut encore de bonne facture mais on avoue que les albums des années 2010 et après nous ont souvent ennuyé.... Leur show de 2025 est un peu à cette image, les vieilles chansons nous enchantent pendant que les plus récentes nous font bailler... Heureusement le Song for the Dead final (avec le sacrifice d'une paire de lunettes dans le feu de l'action) permet un ultime défouloir émotionnel et physique. Tour se que l'on attend de Rock en Seine chaque année en somme...
On part content de la journée mais déçu qu'il n'y ait pas d'autres journées à suivre et pour lesquelles se passionner comme c'était le cas ces 20 dernières années.... Une page se tourne peut etre... la boucle est bouclée?
A lire également Suuns, King Hannah, Fontaines DC. Queens et les Rock en Seine 2024, 2023, 2022