mardi 26 août 2025

Suuns, King Hannah, Fontaines D.C et Queens of the Stone Age à Rock en Seine (24/8/25)


Rock en Seine a toujours été une réjouissance, s'y rendre fin aout chaque année est synonyme de fin d'été et d'une dernière salve de bonheur et de liberté avant de reprendre le collier de la rentrée... Je vais à Rock en Seine depuis 2004 et c'est la 1ere année depuis cette date que j'ai n'ai pas pas pris de pass mais uniquement un billet à la journée... Faute à une programmation surprenante, compte tenu du passé de ce festival, où la Rock se voit cantonner à la dernière des 5 journées du festival. 

Bizarre pour un festival s'appelant Rock en Seine... C'est un peu comme si l'Adn du festival était reniée et par la même son existence et sa raison d'être initiale. Bien sûr, les temps ont changé et la situation en 2025 n'est plus la meme qu'en 2003 où le retour du Rock (voir la série d'articles sur les années 2000) créait le besoin d'un festival francilien indépendant autour de cette musique. 

Si l'ancienne équipe de Rock en Seine (équipe indépendante, non liée à des mastodontes de l'événementiel  rappelons le) a passé la main à M. Pigasse et au géant américain du divertissement AEG, c'est qu'ils sentaient bien le changement structurel en mouvement dans les années 2010, la ringardisation du Rock auprès du jeune public, l'avenement commercial des musiques dites urbaines (rap mainstream) et donc la difficulté de renouveler le public de Rock en Seine.

Si on ajoute à cela l'explosion des cachets des artistes et des coûts d'organisation (énergie, pénurie de mains d'œuvre...) on comprend toutes les difficultés à batir un model de festival pérenne. Depuis 2019, la nouvelle équipe a tenté de changer l'orientation du festival en introduisant plus de rap et d'electro mainstream pour attirer un public plus jeune. En 2025, c'est certainement l'année où ils sont allés le plus loin dans leur processus de changement en réduisant le Rock à guitares à la seule journée de dimanche.

Résultat des courses, une fréquentation en baisse. 32 000 spectateurs en moins en 2025 par rapport à 2024 (148k versus 180k). Dans le détail, 34k le mercredi, 24k le jeudi, 22k le vendredi, 32k le samedi et 36k le dimanche sur une capacité journalière maximum de 40k. On remarque, bien sûr, que la meilleure affluence aura été le dimanche Rock...

On pourra toujours rétorquer que les annulations du jeudi n'ont pas aidé (Asap Rocky et Doechi) mais la vérité est que la seule journée cohérente par rapport à l'Adn du festival était le dimanche...

Il y a quand même eu cette belle journée de Dimanche pour nous rappeler tout l'amour que l'on porte à ce festival, cher à nos coeurs...


King Hannah a la redoutable tâche d'inaugurer la scène de la cascade (maintenant renommée par un sponsor....) à 15h, en plein caniard. Sur cette scène face au soleil une bonne partie de l'après-midi, c'est difficile pour les artistes mais aussi pour les spectateurs. Et pourtant, fidèles à eux-memes, nos chouchous délivrent une belle prestation. La voix d'Hannah nous remplit toujours autant d'émotions et les saillies de guitares de Craig nous transportent loin. la journée commence parfaitement.

On ira faire un tour ensuite au concert de Stereophonics, très pro, très efficace mais un peu lisse pour aller voir l'attraction du jour : les irlandais de Kneecap. Beaucoup de monde autour de la scène du Bosquet, on comprend que la publicité faite au groupe des suites de la polémique sur leur présence, y est pour beaucoup. Rock en Seine a perdu plus de 300 000 euros de subventions en les maintenant au programme et c'est tout à leur honneur d'avoir resisté à la volonté de censure de certains... Le set des irlandais est énergique mais leur fusion rap/electro/rock n'a rien de révolutionnaire...


A l'heure de l'apéro débarquent sur la Grande Scène, la sensation Rock des dernières années : les Fontaines D.C. les numéros 1 de notre Top 2024 triomphent pleinement. Vainqueurs à plate couture du nombre de t shirts siglés dans l'assistance, les D.C. jouent devant une foule conquise d'avance et enflamment Rock en Seine.


On part un peu avant la fin du set pour se placer pour le concert de Suuns. Comme tout le monde est encore devant la Grande Scène on se retrouve au 1er rang et on prend une énorme claque. la musique des montréalais est vraiement étrange, libre et inspirée. Leur mélange d'electro et de Rcok sonne tellement moderne. Leur univers à la fois onirique et terrifiant est totalement fascinant... 


On est en transe pendant l'heure et des poussières d'un show envoutant et bluffant (on vous recommande le replay sur francetv, très bien filmé et au son conforme à ce que l'on a entendu en live). Définitivement l'un des groupes les plus passionnants de l'époque... (A lire aussi le live report de Suuns au Trabendo).


On finit cette belle journée par la tête d'affiche de la soirée: les Queens of the Stone Age. On a tellement de souvenirs mémorables de concerts du groupe de Josh Homme. Rien qu'à Rock en Seine leurs prestations de 2005 et 2010 restent parmi les meilleurs concerts vus à Saint Cloud. Il faut dire que pendant les années 2000, le groupe marchait sur l'eau, sortant 3 chefs d'oeuvre : rated R, Songs for the Deaf et Lullabies to Paralyze. Era Vulgaris qui suivit fut encore de bonne facture mais on avoue que les albums des années 2010 et après nous ont souvent ennuyé.... Leur show de 2025 est un peu à cette image, les vieilles chansons nous enchantent pendant que les plus récentes nous font bailler... Heureusement le Song for the Dead final (avec le sacrifice d'une paire de lunettes dans le feu de l'action) permet un ultime défouloir émotionnel et physique. Tour se que l'on attend de Rock en Seine chaque année en somme...

On part content de la journée mais déçu qu'il n'y ait pas d'autres journées à suivre et pour lesquelles se passionner comme c'était le cas ces 20 dernières années.... Une page se tourne peut etre... la boucle est bouclée?

A lire également Suuns, King Hannah, Fontaines DC. Queens et les Rock en Seine 2024, 2023, 2022


jeudi 21 août 2025

Pulp et Tropical Fuck Storm à la Route du Rock (15/8/25)


Pulp qui se reforme, ressort un album magnifique, le 1er depuis 24 ans et Pulp en tête d'affiche de la Route du Rock, on aurait jamais imaginé il y a 1 an que tout cela puisse se réaliser... 

Et pourtant, la seule date française de l'année pour ce groupe sacré, associé pour l'éternité au mouvement britpop des années 90 (meme si ils étaient plus que cela...). Ils étaient très certainement les rejetons érudits et classieux de la bande, étant plus vieux mais pas plus sages...

Dès l'arrivée sur le site du Fort Saint Père, on sent une certaine effervescence.  C'est la seule date sold out des 3 jours de festival. On entend beaucoup parler anglais autour de nous, les britanniques se sont déplacés en masse pour voir les cultissimes Pulp enfin de retour. Les t shirts Pulp sont partout... L'attente va etre longue jusqu'à 23h30...


Meme si on aura assisté à de sympathiques concerts de Biche, Porridge Radio ou Yard Act, on trépigne d'impatience à l'idée de voir Pulp sur scène (oui c'est la 1ere fois). Et juste avant le concert du combo de Sheffield, l'épiphanie, la claque monumentale : Tropical Fuck Storm.

Originaires de Melbourne, et formés sur les braises de The Drones par le couple Gareth Liddiard et Fiona Kitschin, le quatuor nous prend aux tripes sur scène. Ca semble être un chaos sans nom mais c'est d'une maitrise et d'une intensité remarquable. Il y a tout ce que l'on adore : les mélodies, les voix féminines et les arrangements dissonants improbables qui rendent le tout à la fois lunaire et évident... Fantastique...

Quelle baffe, on est reste ébahi, scotché. On ne cesse de se rapprocher de la scène, attiré par cette présence, cette force, cette émotion... Enorme baffe...


Ce sublime concert nous met dans les meilleures conditions pour le clou du spectacle. Tant bien que mal, on réussit à se frayer un chemin jusqu'au devant de la scène, malgré la foule dejà amassée et impatiente... 

Et ca démarre fort avec deux titres emblématiques de Different Class, le disque de la consécration de 95, avec Sorted for E's and Wizz et surtour Disco 2000. Jarvis Cocker est en grande forme, dès le départ il monte sur les retours en front de scène et y restera une bonne partie du set. Haranguant la foule avec ces déhanchés improbables de Dandy britannique.


Sa grande silhouette dégingandée semble n'avoir pas pris une ride, la chant est affirmé, la fougue toujours aussi intense. 'We don't want no trouble, We just want the right to be different', cette assertion incluse dans le livret de A Different Class semble plus que jamais d'actualité. Pulp est un groupe différent. Leur pop est riche, complexe et portée par le phrasé inimitable de Cocker et ses textes tour à tour incisifs et d'un humour d'une finesse toute britannique...


Les chansons du nouvel opus, Spike Island et Farmers Market sonnent admirablement bien dans l'ensemble. This is Hardcore, magnifique, sa puissance est toujours aussi frappante. Do you remember the First Time embrase la foule comme il se doit avant que Mis-Shapes ne finisse de combler un public ravi et heureux d'etre là... 

Bien sûr Common People fait se déverser des vagues de plaisir sur le Fort Saint Père... Et c'est dejà le temps de A Sunset et de la fin d'un concert épique d'où on ressort avec la banane...

Une soirée d'une classe différente...

A lire également : la Route du Rock 2024, 2023, 2022, 2021...


vendredi 15 août 2025

AC/DC au Stade de France (13/8/25)


 Les groupes capables de réunir plusieurs générations ne sont pas légions. Il leur faut pour celà avoir obtenu un statut de groupe de légende, acquis en voyage au long cours d'une carrière qui s'étend sur plusieurs décennies. Pour survivre à toutes les modes, il faut, soit se réinventer en permanence en absorbant la sève du présent et en représentant le Zeitgeist à la façon d'un Bowie ou d'une Madonna ou bien en incarnant un idéal, une utopie originelle à la manière de gardiens du temple moderne...

C'est cette seconde option qui aura permis aux australiens d'AC/DC de rester au firmament près de 50 ans après leurs débuts. Il n'y a plus que les Rolling Stones, Dylan, pour incarner, comme eux, l'esprit originel d'un mouvement, d'une identité, d'une façon de vivre...


Meme si, ne soyons pas dupes, on parle ici de gros business, avec 2 stades de France remplis en quelques heures, des fans dévoués qui lachent des centaines d'euros pour des places et encore autant en merchandising ou bières sur place. Après tout, entre adultes consentants où est le problème?

La 1ere chose qui saute aux yeux en arrivant au abords du Stade de France est le nombre de spectateurs arborant fièrement un t shirt du groupe. Et quelle phénoménale impression en rentrant dans le stade en voyant cette pluie de lumières clignotantes rouges qui rendent l'atmosphère totalement lunaire ou infernale, c'est selon...

A 20 balles la paire de cornes clignotantes on comprend tout de suite les enjeux financiers et la dévotion des fans d'AC/DC... Si on se prend au jeu, on est assuré de passer une soirée assez incroyable et c'est clairement ce que l'on a fait (on passera sur les relexeions sociologiques qui nous faisaient remarquer que l'assistance était très blanche et pas très bigarrée, on se concentrera sur l'approvisionnement en bière, le vrai enjeu de la soirée...).


AC/DC arrive sur scène, comme prévu à 20h30 pile, et dès les premières notes, il se mit à pleuvoir averse, une bénédiction en cette journée de canicule à 35 degrés. C'est à la fois drôle et heureux d'etre rafraichi par la pluie sur "if you want blood (you've got it). Ca démarre fort et part encore plus loin avec l'immense Back in Black, intemporel, jouissif et puissant...

On est déjà bien. et Shut down in flames nous aspire. Meme si on a l'impression que papie Angus joue l'intro de Thunderstruck au ralenti, les soli nous reconnectent tout de suite à la légende. Hells bells, bien sûr, la cérémonie noire et culte avec cette énorme cloche si symbolique du groupe australien... On en a des frissons...


On est surpris de retrouver Highway to Hell en plein milieu du set et on vivra ce moment de bravoure dans la queue du bar (car il faut bien garder la distance pour etre à la hauteur de la légende). Suit ensuite une pluie de classiques du hard rock qui remplit le stade de bonheur : Shoot to Thrill, Sin city, Dog eat dog, Dirty deeds done dirt cheap, Let there be rock et son solo final à rallonge...

On nage dans l'extase, comme tout le reste du stade. Il n'y a qu'à observer les visages des gens autour de nous, tout le monde est heureux de vivre ce moment de communion, en se disant que c'est peut etre la dernière fois qu'on aura l'occasion de voir AC/DC sur scène en France...

Final dantesque avec TNT et Those about to Rock et ses tirs de canon et pyrotechnies...

Une soirée back to basics qui fait du bien (beaucoup moins la geule de bois du lendemain).

A lire également AC/DC au SDF en 2010,  les Stones à Lyon, Dylan au Grand Rex