mardi 25 février 2025

Jack White à la Cigale (21/2/25)


 C'est certainement l'évènement Rock de ce début d'année 2025 : la venue de Monsieur Jack White pour 3 soirées consécutives à Paris. Forcément sold out en quelques minutes, un premier concert à la Cigale et 2 au Trianon, un pop up store Third Man Records à Pigalle et une ferveur collective rarement ressentie, tous les ingrédients essentiels pour vivre un moment inoubliable.

On passe au Pop up store dans l'après-midi pour y retrouver les vinyles Third Man Records (notamment The Music of Heatmiser, les premiers enregistrements du groupe punk rock d'Elliot Smith), les pédales de guitares made in Third Man et même une émission de Oui FM en direct... Tout ça dans 15 mètres carrés... Bonne ambiance et joie de vivre sont déjà présentes...


Et le soir à la Cigale, c'est une effervescence. Le groupe commence à 20h30 dans une ambiance surchauffée. Avec No Name, son album surprise de l'an dernier, sorti  dans un premier temps en vinyle sans aucune promo et sans signe distinctif (pochette bleu foncé sans indication), renforçant un effet de surprise et de mystère totalement perdus en ces temps modernes où tout va si vite, où tout se vaut, se partage et s'oublie, Jack White revient à l'essence même de son amour pour un rock primaire et direct.

Il ressuscite, en quelques sortes, l'esprit White Stripes qui nous a tant passionné et nous passionne encore en ces pages. Mister White nous avait un peu perdu ces dernières années avec son rock/folk sophistiqué. Ce retour aux sources, le demi siècle passé est salvateur pour lui et son public. La présence de la jeune génération au concert montre certainement la pertinence du propos.


J'ai un respect immense pour Jack White, guitariste incroyable, chanteur authentique, patron de label, entrepreneur engagé et ayant œuvré énormément pour le retour du vinyle dans les années 2010. Une parcours remarquable.

Le concert débute de manière frontale et volcanique avec 2 extraits de No Name : Old Scratch Blues et That's how i'm feeling, l'ambiance est survoltée et monte encore d'un cran avec Fell in love with a Girl des White Stripes. Little Bird ou Hotel Yorba ne referont pas descendre la température. Il y a de la joie sur les visages, l'énergie est palpable et enivrante, c'est un vrai plaisir partagé par tous ce show de Jack White. Ca fait tellement de bien... 


Broken Boy Soldier des Raconteurs et Cut like a Buffalo de Dead Weather enfoncent le clou alors que What's the Rumpus, extrait de No Name, sonne comme un hit immédiat à  nos oreilles. Une première partie de concert clôt en 45 minutes... C'est déjà la fin? Non quand même pas...

Jack White et ses acolytes reviennent sur scéne pour 40 minutes supplémentaires avec la même énergie avec notamment Screwdriver des Stripes, Lazaretto, l'incandescent Tonight (was a long time ago) et bien sûr le final sur le mythique Seven Nation Army, what else to finish? Ambiance stade de foot, joie collective et bonheur d'une soirée réjouissante...

A lire également Jack White à l'Olympia il y a quelques années... ou encore the White Stripes et les Raconteurs en Best Song Ever

jeudi 6 février 2025

Frank Black au Trianon (4/2/25)


Cela faisait plus de 10 ans que Frank Black n'avait pas fait de tournée en solo en dehors des Pixies. Depuis le retour discographique des lutins en 2013, les Pixies et leur machine à cash étaient devenus le job à plein temps de Charles Thompson alias Black Francis. C'est donc avec surprise et une joie non dissimulée que l'on se rend au Trianon pour un concert en hommage aux 30 ans du second album solo de Frank Black, l'ambitieux "Teenager of the Year".

3 ans après avoir implosé les Pixies, Black Francis prend le nom de Frank Black pour livrer le second chapitre de sa carrière solo. Avec un titre pareil, on pense tout naturellement à un clin d'oeil au "smells like teen spirit" qui renversa la table pour imposer l'indie rock US dans le mainstream, mais non... Charles Thompson aurait reçu, au lycée à la fin des années 80, 50 dollars et une médaille au titre de "Teenager of the Year". Amusant...


Encore soutenu par sa maison de disques, Frank Black a pu passer du temps en studio avec notamment Eric Drew Feldman (ex Pere Ubu qui produit ce 2nd disque après avoir produit le 1er éponyme 2 ans auparavant), le fantastique guitariste Lyle Workman et même son compère des Pixies Joey Santiago par intermittence. Les protagonistes se sont amusés comme des fous et ont enregistré un double LP, soit pas moins de 22 chansons. Chose rendue plus simple avec l'avènement du CD dans les années 90, les limites des 40 minutes du LP vinyle se transformant en 70  minutes de musique sur un Compact Disc, pour le meilleur et pour le pire selon les cas...

Black explore, s'amuse, laisse libre cours à son imagination, amenant synthés, ambiances dub ou country à sa palette punk rock version Pixies. Certainement, Frank Black conclue en 95 sa période dorée (87/95) où tout se qu'il produit devient un classique... La suite de sa carrière (les Catholics, les albums post reformation des Pixies) sera souvent très en dessous de tout ce qui sera sorti pendant ces 9 années dorées.


Revisiter Teenager of the Year est donc une belle idée. Entouré du line up presque originel (avec Feldman et Workman notamment) on sent que Frank Black s'amuse sur scène. Les fans des Pixies seront surpris d'entendre le son de sa voix entre les morceaux (dans un concert des Pixies ni lui ni ses acolytes ne prononcent un mot). Il annonce même le nom de chaque morceau...

Cette tournée est certainement comme une récréation entre potes, entre deux tournées des Pixies et la pression d'un groupe culte redevenu son gagne pain quotidien. Les morceaux sur scène reprennent cette veine fun et décontractée. Le slogan publicitaire de l'époque était flatteur en proclamant qu'il s'agissait du meilleur album que les Pixies n'avaient jamais fait (the best album Pixies never made), mais il y a du vrai dans cette assertion.

La dynamique punk rock des Pixies est toujours sous jacente mais les arrangements sont plus indés, plus sophistiqués et donc un peu moins pop que les gimmicks si évidents (et donc pop dans le beau sens du terme) de Joey Santiago (un grand guitariste trop sous estimé). 


Teenager of the Year regorge de perles qui prennent toute leur essence en live. Le début du show est un récital, punk avec Whatever happened to Pong, rêveur Abstract Plain ou pop rock qui tue avec Calistan. Sans oublier la pop song ultime sous influence Beach Boys  : Headhache (les choeurs dans la seconde partie entourant la voix de tête de Black sont à tomber...), certainement l'une des toutes meilleures chansons écrites par Frank Black... 

Et le filet de perles grossit au fur et à mesure du concert avec Olé Mulholland, Freedom Rock, Two Reelers, Fazer Eyes... On en prend plein les oreilles, l'ambiance est bon enfant dans la salle avec un pogo sympathique devant la scène sur tous les morceaux un peu mordants. Sans surprise la moyenne d'âge est assez élevée, encore plus que pour un concert des Pixies.

Teenager of the Year est donc joué en intégralité et dans l'ordre du disque. Le show se terminera par 3 titres du 1er album de Frank Black (album éponyme) dont le superbe Los Angeles, 1er single solo de l'ancien Pixies, une tuerie en live...

Les vibes sont super bonnes, on passe un excellent moment, trop contents de voir Frank Black au sommet de son art...

A lire également les Pixies rejouant Bossa Nova/Trompe le Monde à L'Olympia. ou encore Frank Black à la Cigale