dimanche 30 novembre 2025

R/A/D, Troy Von Balthazar et France de Griessen à Petit Bain (26/11/25)


Une vraie et belle soirée indépendante à Petit Bain, de celles qui réchauffent les coeurs et nous font dire que rien n'est perdu, encore... 

Organisée par le label Prohibited Records des frères Laureau, cette soirée fêtait la sortie du premier album de R/A/D, le nouveau projet de Brisa Roché et de Nicolas Laureau (à ne pas confondre avec Nicolas Leroux, leader d'Overhaed et producteur de Moslyve, dont on a abondamment parlé en ces pages) avec la participation de l'immense Troy Von Balthazar et de France de Griessen.

Prohibited Records vient de fêter ses 30 ans. C'est un véritable exploit en soi, pour un label, et encore plus pour un indé, d'être toujours actif après ces 3 dernières décennies, marquées par des bouleversements sans précédent du marché du disque (mp3, streaming, réseaux sociaux, effondrement des ventes physiques...). 

Les frères Laureau sont toujours ces musiciens hors-pairs, ces passionnés pour qui la musique est plus qu'un métier mais bien un besoin vital. Ils ont su attirer auprès d'eux des artistes et des mélomanes ayant la même vision, le même besoin viscéral de musique. 


Et c'est exactement ce en quoi ressemblait cette soirée : une célébration de la musique dans son coté nécessaire et indispensable à nos vies. France de Griessen ouvrit le bal avec un set acoustique, seule à la guitare. Sa très belle voix et sa sincérité nous auront touché. Et quelle magnifique final, que cette reprise de Daniel Johnston, (don't give up until) True love will find you in the end. Une belle métaphore de la quête des artistes indépendants et de leur public.

On ne peut que reconnaitre qu'on adore Troy Von Balthazar en ces pages. Numéro 1 de notre Top 10 Albums deux fois, en 2010 et 2021 et toujours bien placé les autres années. Le revoir sur scène est toujours un évènement, et c'est toujours différent. Cette fois-ci, Troy, blessé au bras, était aidé de son ami Pédro... un mannequin en plastique. L'ancien chanteur de Chokebore, a décidé de théâtraliser son spectacle et de mettre en scène, de façon assez humoristique, une discussion avec Pédro, censé jouer de la guitare sur les morceaux (en vérité une bande lancée par l'ingé son).


C'est une démarche très courageuse et qui caractérise tellement l'acte indépendant. Faire de son mieux avec peu de moyens et souvent les moyens du bord. En assumant pleinement sa situation et son incapacité à jouer de la guitare (sauf sur 2 morceaux), Troy a réussi à embarquer le public avec lui. Son chant y a gagné en intensité, et l'interaction avec les spectateurs fut renforcée par le dialogue plein de dérision instauré avec Pédro.

Le dernier album de TvB, Aloha Means Goodbye, est tellement rempli de résilience. Troy, très malade, l'enregistrait par petits bouts, lorsque son corps lui laissait un peu de répit. Comme un besoin vital, une bouée de sauvetage à laquelle se raccrocher. Une étincelle à préserver. Ce disque représente tellement cette force vitale que procure la musique que sa présence ce soir embrasse totalement le propose de cette soirée.


On aura droit aux perles du dernier album, Hammertime, Her american, Aloha means goodbye mais aussi deux perles du repertoire de Chokebore : Valentine et Days of Nothing. Une très belle prestation.

En cloture, R/A/D vient présenter son debut album, Outta Sight. Là, on est dans le Zeitgeist de l'indépendance. Un disque expérimental où les deux artistes se lâchent totalement. Sans aucune considération mercantile, sans cible commerciale. Juste l'envie d'aller au plus profond et d'en sortir quelque chose d'authentique, de pure, exempt de corruption.


Nicolas Laureau est un magicien, il sort des sons totalement improbables de sa guitare, tel un peintre impressionniste. Dans ce chaos rêveur, la voix de Brisa Roché est un phare. Alternant spoken word et chant, ses mélodies vocales sont l'aiguillon qui nous permet de faire le voyage, tel un passeur, pour nous emmener sur une autre rive. Un concert de R/A/D c'est une expérience sonore... Un très grand moment.

Un soirée unique.

A lire également : F/lor en concert, Overhead en concert, Troy dans notre Top 2021, 2010 et en concert aux Trois Baudets ou encore Chokebore.

mardi 4 novembre 2025

Wet Leg à l'Olympia (30/10/25)


 Certainement l'un des évènements de cet automne, la venue de Wet Leg à Paris. Et ce n'est pas pour un mais deux Olympia, à guichets fermés. Une sorte de consécration pour les 2 anglaises de l'Isle de Wight, Rhian Teasdale et Hester Chambers.

Elles ont été les figures de proue de tous ces nouveaux groupes venus du Royaume Uni qui ont illuminé notre période post covid. Avec Chaise Longue, fin 2021, elles détenaient le tube pop rock qui alluma la mèche. Dans la foulée en 2022, leur 1er album, enregistré par le magicien Dan Carey, faisait sensation.

Dans le même temps, plein de jeunes groupes enregistrés par l'indispensable Dan Carey cassaient la baraque et remettaient le Rock au gout du jour. On citera les Fontaines D.C., Squid, Black Midi et d'autres groupes qu'on adore mais pass enregistrés par Carey, comme Sorry dont on attend avec impatience le nouvel album pour cette fin de semaine (le 7 novembre).


Après le succès fulgurant de ce 1er album éponyme, Wet Leg revient en 2025 avec Moisturizer et le toujours difficile second album. Tellement de groupes à succès se sont brulés les ailes avec ce second effort. L'inspiration est elle toujours là? Le tourbillon du succès a-t-il fait tourner les têtes? Quand votre passion devient votre métier, comment s'adapter? Comment garder la foi et la spontanéité nécessaire lorsque les questions d'argent se posent? Eternelles questions. Doit-on changer la formule qui a marché ou la faire évoluer?

A cette dernière question, Rhian et Hester ont préféré la seconde option. Elles composent désormais en groupe et non plus en duo. Elles ont intégré les membres de leur groupe de scène à Wet Leg (des amis de l'Isle de Wight) et ont donc composé ensemble les nouveaux morceaux.

Entre temps, Rhian s'est transformée physiquement. Elle est désormais très affutée et tout en muscle. Elle a jeté ses jupes de la 1ere tournée et arbore une tenue sportive et extrêmement sexy. On comprend à l'écoute des paroles qu'elle a trouvé l'amour. Le disque tourne autour de cette passion et ca donne un disque ultra énergique, aux mélodies accrocheuses. On est loin de la pop indé nonchalente du 1er album, on retrouve un groupe de pop rock efficace et sexy.


Et c'est exactement ce que l'on voit sur scène. Le groupe dégage une énergie et une maitrise impressionnante. Hester se cache en fond de scène et joue le plus souvent le dos tourné au public, sauf sur les morceaux où elle assure les choeurs. On sent qu'elle a du mal avec leur succès...

Rhian, quant à elle, est rayonnante. Elle s'est transformée en bête de scène. La métamorphose est impressionnante. Elle dévore la scène et le public. Ses déhanchements sont très explicites, elle se roule par terre, se contorsionne. On sent une personne épanouie et contente de jouer le jeu du spectacle.

Les nouveaux morceaux marchent super bien en live : liquidize, catch these fists, pokemon, Davina Mccall. On oscille entre morceaux hard rock et ballades aériennes. Ca marche bien. Le final Chaise Longue, CPR, Mangetout casse la baraque.

On ressort euphorique et convaincu... Peut etre que le plus dur sera le 3ieme album...

A lire également Wet Leg à la Route du Rock, Fontaines DC au ZenithSorry à Petit Bain et au sommet de notre TOP 2022.