jeudi 31 mars 2022

Lloyd Cole au Bataclan (29/3/22)


 On enchaine les légendes en ce printemps 2022. Après Damon Albarn, Paul Personne et The Apartments, voilà le grand Lloyd Cole de passage au Bataclan.

C'est un artiste au destin singulier. D'abord idole des jeunes avec une belle gueule, une dégaine et un charisme réél, avec d'incroyables mélodies intemporelles en poche, que ce soit avec ce magnifique "Rattlesnakes" ("Forest Fire", éternel), 1er album de pop tubesques avec les Commotions ou ce 1er album solo éponyme composé et enregistré dans l'effervescence new-yorkaise avec l'aide d'un producteur au sommet (sortant tout juste des sessions du New-York de Lou Reed), Fred Maher. 

Après un second effort solo, "Don't get weird on me baby", réussi et ambitieux, la trajectoire de golden boy de l'ancien étudiant en philosophie, dévie quelque peu. Il se prend les pieds dans le tapis avec le bien nommé Bad Vibes. Malgré le très réussi "Love Story", la major qui l'accompagne se lasse et le laisse partir (après avoir refusé un album entier, "Smile if you want to").

A partir de là, Cole, père de famille, quitte ses aises citadines, devient banlieusard et un véritable artisan de la pop song. Méticuleux, souvent touchant au plus juste mais dans l'anonymat relatif du circuit indépendant. On entend peu parler de Lloyd Cole malgré quelques disques sublimes (Music in a Foreign Language ou plus récemment Guess Work). Il part souvent sur les routes, gagner sa croute, en solo, armé de sa guitare folk et de sa superbe voix, toujours rayonnante malgré les années.


C'est donc un Lloyd Cole classique que l'on retrouve dans un Bataclan presque plein, en configuration assise pour un public aux cheveux grisonnants ou éparpillés c'est selon... L'hôte du soir fait sa propre première partie, seul en piste. Il revient ensuite avec un ancien comparse des Commotions pour des mélopées à 2 guitares acoustiques du plus bel effet.

Lloyd Cole, n'a pas oublié ses racines anglaises en blaguant nonchalamment entre deux chansons. C'est un régal cet humour typiquement british. Le respect et l'écoute de la salle rendent la soirée très intimiste. Tous les plus grands morceaux des Commotions y passent bien sur : Lost Weekend, are you ready to be heartbroken, Perfect Skin... 

Beaucoup de morceaux des 2 plus récents albums, Standards et Guess Work qui prouvent toute la pertinence d'un artiste qui est devenu un orfèvre de la pop. Vraiment on ne comprend pas comment Lloyd Cole n'est pas dans le Panthéon moderne pop, comme d'autres artistes oubliés, heureusement suivis par une poignée des fans fidèles et inconditionnels (Peter Milton Walsh ou Matt Johnson pour ne citer qu'eux...).

Le rappel, bien entendu le clou du spectacle avec les immortels No Blue Skies et Forest Fire... Magiques...

mardi 15 mars 2022

The Apartments à Petit Bain (14/3/22)


Quelle joie de revoir Peter Milton Walsh sur scène. C'est toujours un moment précieux rempli d'émotions. Ca faisait 6 ans, et le concert au Café de la Danse, que l'on avait pas revu The Apartments sur scène (on n'avait pas pu assister à son dernier show parisien en 2018).

Dans l'intimiste et toujours enthousiasmante salle de Petit Bain, ce fut une nouvelle fois un régal. Beaucoup plus électrique et rock que les fois précédentes, de par la présence d'un batteur et d'un bassiste au coté des habituels petits frenchies, Antoine Chaperon à la guitare et Natasha Penot au clavier et chant et le fait que Peter a souvent troqué sa guitare acoustique Martin pour une magnifique Jazzmaster.


La setlist puise quasiment dans tout les albums du groupe, sauf peut etre Apart, album fin de cycle de 97, un peu étrange avec ses arrangements quasi trip hop... Si le début du concert est un peu poussif et brouillon à cause d'un reglage son pas encore au point, le show décolle vraiment à partir "knowing you were loved", interprétée dans une version ralentie encore plus mélancolique... Un bijou.

Peter Milton Walsh est un artiste rare mais qui a encore ce feu intérieur si émouvant et si parlant. Ce gars file vraiment la chaire de poule. Après un "On every corner" toujours aussi joyeux et entrainant, The Apartments nous cloue sur place avec "what's left our your nerve", un bijou de Drift, indie pop rock song ultime à fleur de peau... Que c'est beau.


Le 1er rappel nous offre le monumental "No song, no spell, no madrigal" ou Peter décroche la lune... Le second rappel le placide "Mr Somewhere" avant d'enflammer la salle une nouvelle fois avec l'hymne Goodbye Train. 

Superbe, émouvant, inspirant... Comme à chaque fois!

A lire également The Apartments au Café de la Danse et à la Gaite Lyrique

jeudi 10 mars 2022

Damon Albarn à la Philharmonie (4/3/22)


 Le magnifique Damon Albarn en solo dans la splendeur acoustique de la Philharmonie de Paris et qui plus est pour le retour des concerts sans masques, c'était immanquable!

L'insaisissable anglais exilé en Islande où il a enregistré son officiel second effort solo (si l'on ne compte pas le recueil de démos de 2003 Democrazy) qu'il est venu présenter à la Philharmonie. "The Nearer the fontain, more pure the stream flows" est un véritable concept album à l'ancienne. Il puise son origine à la fois dans un poème de John Clare (love and memory) et dans le désir d'Albarn de décrire en musique les magnifiques paysages islandais contemplés depuis sa maison de campagne sur place.

Enregistré pendant les divers confinements dans cette maison islandaise, le disque est un délicieux mélange de genres. Atmosphérique, pop par moments, expérimental et flirtant parfois avec la musique concrète, ce deuxième album solo est ambitieux. Il réussit à rester accessible même si il n'a pas l'immédiateté pop des autres projets du Monsieur (Gorillaz, Blur notamment).

L'album est joué dans son intégralité et quasiment dans le même ordre sur scène que sur disque. En formation classique guitare, basse, piano, batterie, le groupe est accompagné de 2 violons, un alto et un violoncelle pour rendre au plus près les orchestrations hypnotiques et légères, parfois bruitistes du disque.

Dans cet écrin acoustique léché, c'est un pur régal. On adore se perdre dans cet univers foisonnant où de multiples émotions sont appréhendées. Tour à tour intimiste, expressif et submergeant, ce concert nous ravit...

En ces temps troublés et incertains, c'est une fenêtre hors du temps précieuse qui nous est offerte... Dans le chaos des infos et de cette guerre indicible à nos portes, la nouvelle, le même jour du rachat de Bandcamp par l'éditeur de Fortnite (Epic Games) est passée quasi inaperçue. Et pourtant, Bandcamp était le dernier bastion pour les artistes indépendants qui pouvaient mettre en ligne leur musique et vendre leurs disques sans intermédiaire et sans passer par les plateformes de streaming qui n'ont rien à faire d'une rémunération juste pour les artistes et encore moins pour les plus petits... Le monde de l'indé ne peut que craindre la suite des évènements...

A lire également Damon Albarn à la salle Pleyel ou avec Gorillaz ou Blur.