dimanche 20 décembre 2009

Les années 2000: Une décennie musicale décevante?, Episode 7 Bis: La Fin...


Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...

Et voilà, on termine la saga avec la deuxième partie consacrée à la conclusion...


Episode 7 Bis: La Fin...



Autre souci, malgré la facilité à enregistrer en home studio à l’heure actuelle, l’enregistrement, l’arrangement et la production d’un album restent un savoir faire artisanal. Trouver le son pour un groupe, une composition, une guitare, une caisse claire demande un savoir faire, on serait presque tenter de dire reste un métier. Il faudra donc toujours des moyens financiers, des relais, des défricheurs de talents, des Disc Jockeys promouvant le rock aux détours des années 50 et 60, des Radios libres jouant du punk, des George Martin produisant les Beatles (et en devenant le cinquième membre officieux), des Quincy Jones libérant l’inspiration d’un Michael… Les Musiciens auront donc toujours besoin de soutien.

Ainsi la gratuité de la musique est-elle donc un mirage, sans rémunération des acteurs point de production musicale et donc plus de nouvelle musique à échanger. La question reste donc de savoir comment réorganiser ce flux d’argent. Payer 20 euros un disque a toujours été indécent (surtout en sachant que moins de deux euros vont dans la poche de l’artiste). 10 euros pour obtenir des Mp3 de mauvaise qualité tout autant. Ne rien payer du tout suicidaire pour tout mélomane. Certains diront qu’il reste les concerts pour gagner de l’argent. C’est sûr que de nombreux artistes ont récupéré un peu de ce qu’ils perdaient en royalties par ce biais. Mais là aussi, ce sont les musiciens déjà établis qui ont profité du mouvement, ainsi que les grandes firmes de la promotion scénique, telles Live Nation, qui n’ont pas hésité à faire exploser le prix des places (on notera dans ce sens les reformations lucratives mais réussies et uniquement sur scène des Pixies ou Rage Against The Machine notamment). En dix années, trente pourcents d’augmentation en moyenne. Quand on voit qu’il faille désormais payer cent euros pour voir certains groupes ca fait assez mal. Et au final de tels tarifs tueront d’autres artistes car la bourse des fans n’est pas extensible, surtout en période de crise… Grande décennie de concerts tout de même et une fréquentation des salles qui n’a cessé d’augmenter pendant que les ventes de CD déclinaient.

Cette période d’incertitudes est donc passionnante car tout est remis en cause, tout est à reconstruire. On ne sait pas aujourd’hui quel modèle l’emportera. La licence Globale (prélèvement sur le montant des abonnements internet d’un pourcentage pour la création artistique) pose le problème de sa redistribution aux artistes, surtout dans un contexte globalisé. La percée d’un Deezer en France ou d’un Spotify aux Etats-Unis et dans le nord de L’Europe est une réelle avancée. Grâce à ces plates formes il est possible d’écouter en streaming et gratuitement l’intégralité du catalogue d’un artiste et ensuite de passer à l’achat si on le souhaite. L’idée de ces entreprises est de proposer des abonnements donnant accès à tout moment et n’importe où, avec son mobile, à l’intégralité du catalogue. Par ce biais, plus besoin de stocker quoique ce soit, on loue la musique, on paie un accès à la musique… L’âge de l’accès comme le soutenait dès 2001 Jeremy Rifkin ? Peut-être.

A l’opposé, le succès des coffrets Collector à des prix importants (une centaine d’euros pour les superbes coffrets In Rainbows de Radiohead ou Dig Out Your Soul d’Oasis par exemple) lors des sorties d’albums (des coffrets comprenant CD, CD Bonus, Vinyles, Posters, autres Goodies) est indéniable et montre que malgré le prix, certains sont toujours attachés à l’objet physique tant que celui-ci garde une réelle valeur ajoutée. Metallica est allé encore plus loin avec Death Magnetic, leur triomphal album de 2008 puisqu’ils proposaient à leurs fans moyennant abonnement une véritable expérience sonore et visuelle durant l’enregistrement avec chat, webcams en studio et avancement de l’enregistrement avec au final l’envoi d’un imposant coffret. On le voit, il reste beaucoup à faire dans cette relation exclusive avec le fan, beaucoup d’idées à exploiter pour satisfaire tout le monde. L’amorce du bouleversement semble indiquer que la chaine d’intermédiaires entre un artiste et son public va se réduire considérablement, ce qui ne peut être qu’une bonne chose…

Le prochain modèle émergent sera peut-être un mixte savant de toutes ces tendances, on mettra quelques pièces sur une évolution vers plus de liberté pour chaque acteur et un recentrage des fonctions autour de l’artiste et de son public avec l’émergence de labels devenant de véritables coachs apportant leur savoir faire médiatique et artistique (moyens de production) à leurs poulains. A ce titre, la gratuité pourrait devenir la norme pour la mise à disposition en streaming d’une partie du catalogue de l’artiste et l’accès payant individuel ou collectif (abonnement) à des contenus exclusifs prolongeant la relation entre l’artiste et son public (éditions physiques Collector, concerts exclusifs en salle et sur le web, communauté…). Ce qui est sûr en tous les cas c’est que les années 2010 seront les années d’une profonde transformation du monde de la musique et de son écosystème. J’ai hâte d’y être…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je recherchais un compte-rendu des annees 2000 sur le Rock et l'etat de l'industrie musicale en general et votre analyse m'a semblee tres pertinente, d'autant plus que je connais la plupart des groupe cites ce qui me rassure quant a ma culture :) Merci

MRM a dit…

Merci d'être passé par là et pour ce commentaire élogieux qui fait bien plaisir! ;)