samedi 19 décembre 2009

Les années 2000: Une décennie musicale décevante? Episode 7: Et Donc...!


Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...

Après la décennie du coté de chez nous, on termine la saga avec une conclusion en deux temps...

Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 7...


Et donc…

Les années 2000 ont donc été des années qui ont laissé la musique vivre et s’exprimer dans un environnement difficile et complexe. Au final, certaines tendances se dessinent: le retour du rock, son développement continu vers des formes plus savantes, plus exigeantes, la crise d’adolescence de la musique électronique et le mariage, pour le meilleur comme pour le pire, de plusieurs mouvements, chapelles ou domaines (le cross-over comme on a schématiquement essayé de le nommer dans cet article).

Mais ce qui semble ressortir le plus, c’est l’absence de réel nouveau mouvement venant apporter nouvelle et indéniable inflexion à la musique moderne. Non, durant cette décennie, pas de rock comme dans les années 50, de pop music ou de fusion comme dans les années 60, pas non plus de punk, de reggae ou de hard rock comme dans les années 70, ni de ska ou de cold wave comme dans les années 80, ni d’électro ou de rock indé comme dans les années 90… Peut-être parlera-t-on, dans quelques années, du Cross-over comme d’un nouveau mouvement fondateur ? Le doute est permis aujourd’hui car on ne semble voir les répercussions profondes apportées et la reconstruction d’une certaine idée de la musique autour.

Non on semble être en présence d’une excellente synthèse musicale plus que de l’annonciation d’une nouvelle tendance, d’une nouvelle façon de voir, de composer et d’écouter la musique… Et c’est certainement ce qui manquera aux années 2000, une nouvelle flamme, un nouvel élan… Un nouvel espoir ? Ces années laisseront derrière elle de très bons albums, c’est indéniable, mais plus dans la continuation de tendances élaborées les décennies précédentes. Alors peut-être que le prochain grand mouvement des années 2010 est déjà en gestation, peut être même du côté de Brooklyn et de MGMT et surtout d’Animal Collective, et que la crise du disque a empêché d’éclater au grand jour ? L’avenir nous le dira…

Cette période est intéressante car indécise. L’industrie du disque, telle que nous l’avons connue, vit ses dernières heures. La chute a été vertigineuse et rapide… Après l’effondrement de l’empire romain, souhaitons que le Moyen-âge soit le plus court possible avant l’avènement de la Renaissance. L’ancien Business Model est obsolète, son successeur attendu.

A cet égard, l’onde de choc créée par Radiohead en Octobre 2007 avec la sortie par leur propre moyen, sans l’aide de maison de disques, de leur septième album, le bien nommé In Rainbows, est éloquente. En proposant aux internautes de fixer eux-mêmes le prix du téléchargement de cette nouvelle œuvre, avec la possibilité de donner zéro euro pour récupérer les précieux Mp3, ils ont posé sans tabou la grande question de la valeur de la musique. Ils ont affolé les maisons de disques du monde entier et pour certains proclamer l’avènement de la distribution directe au public de son œuvre par l’artiste, sans besoin d’intermédiaire. Adieu les maisons de disques et les labels donc… Cette affirmation a forcément quelque chose de séduisant. L’idée d’un lien direct, exclusif et instantané entre l’artiste et ses fans est un rêve fabuleux mais certainement utopique. Car ce qui est vrai pour Radiohead ou Nine Inch Nails (qui eux mirent en téléchargement libre leurs morceaux tout en proposant un CD complet qui s’est très bien vendu, les fans pouvant écouter chez eux l’album en mp3 avant de décider de le posséder physiquement) ne l’est pas pour un débutant. Les Oxfordiens ont une visibilité, une image, un public fidèle… Tout ceci s’est gagné après des années de labeur, de tournées incessantes… Et de promotion et d’effort marketing de la part de leur label. Et c’est bien là le souci, la question de la rémunération bien entendu, mais aussi du soutien financier des artistes pour leur permettre de se développer et de rencontrer leur public. Et c’est le rôle qu’ont joué les labels et maisons de disques jusqu’à présent. Avant de faire des millions et de devenir une industrie constipée et vorace, les artisans promoteurs d’artistes des années 50,60 ont permis à de fabuleux artistes de percer et à de nouveaux mouvements d’émerger.

Malgré l’incroyable pouvoir de promotion que peut être internet, chaque nouvel artiste continuera à se galérer pour obtenir un peu de visibilité et réussir à trouver des personnes qui prendront le temps d’une écoute attentive, qui donneront sa chance à sa musique de s’exprimer et de trouver une résonnance auprès d’un public à construire… Aujourd’hui, il est impossible de s’y retrouver sur le net et dénicher un nouvel artiste qui nous plait non signé sur un label. L’offre est trop importante, pléthorique et le temps nous manque pour partir en explorateur de cette nouvelle Amazonie. Ces dernières années, combien de vrais artistes ont été découverts par internet ?

Les premiers à avoir vraiment éclaté par ce biais ont été les fabuleux Arctic Monkeys, qui grâce aux blogs et à My Space ont réussi à sortir de nulle part pour balancer début 2006 un formidable premier album (Whatever People Say I am That’s What I am not) qui devint le ‘Debut album’ le plus vendeur de tous les temps en Grande Bretagne. Leur Leader, Alex Turner, se sera imposé comme l’un des meilleurs nouveaux songwriters de la décennie, que ce soit avec les Monkeys ou son side project de pop orchestrée romantique The Last Shadow Puppets. Au même moment perceront de l’autre côté de l’Atlantique le groupe de Brooklyn Clap Your Hands Say Yeah avec un excellent premier album de pur rock indé. On pourrait citer dans le même registre Vampire Weekend en 2007, fortement soutenu par la blogosphère. Mais pour ces quelques groupes chanceux et qui se comptent sur les doigts d’une main, combien de perles perdues ?


A suivre: la suite de la fin avec l'épisode 7 Bis...

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