mercredi 9 juillet 2025

Nine Inch Nails à l'Accor Arena Paris Bercy (7/7/25)


Trent Reznor de retour à Paris pour la 1ere fois depuis le concert à l'Olympia de juin 2019... Ca faisait longtemps. Avec l'Accor Arena, on est loin de la proximité et du caractère intimiste de l'Olympia, mais pour une musique qui convoque autant d'énergie, de hargne et de punch, les grandes messes tentaculaires sont peut etre le meilleur écrin?

Dans l'immensité de la fosse de Bercy se positionne, en plein milieu, un petite scène carrée avec en son centre une sorte de QG de la Nasa avec ordinateurs, tables de mixage et synthés. Reznor débute le concert seul sur cette scène avec une version piano voix bouleversante du morceau de cloture de l'album de 2005 With Teeth : le sublime Right where it belongs. On continue dans l'ambient éthérée avec une version en partie acoustique de Ruiner, puis une version dépouillée et très groovy de Piggy. 


Pendant que la chanson se termine, le groupe traverse la foule pour rejoindre les entrailles de l'Arena pour monter illico sur la grande scène et nous fracasser les têtes et les corps avec cette puissance et cette force ancrée profondément dans la musique de NIN et qui percute frontalement tous ses auditeurs. Wish, March of the Pigs, Reptile s'enchainent et nous enivrent... On en redemande, on est secoué, on adore ça...

C'est vraiment la grande force de NIN, être capable de moments en apesanteur, d'une beauté sans nom, avant de passer sans transition à une énergie brute, frontale et sans concession aucune. Tout en étant bluffant de vérité et de sincérité dans les 2 moods... C'est prodigieux... Le génie de Trent Reznor...

En terme de spectacle on en prend plein les yeux, c'est une show explosif avec pas mal de surimpression d'images comme si le groupe jouait dans un cube translucide. Le son est léché, ce qui n'est pas courant dans une si grande salle. Il est meme spatialisé avec des murs d'enceintes aux 4 coins de la salle... C'est fin malgré la force dantesque du tout...


Après Copy of A et Gave Up, retour sur la petite scène avec Boys Noize, qui assura la 1ere partie, pour des versions remixées par cet invité de prestige à la sauce techno. Ca pulse, ca sonne frais et c'est totalement dans l'esprit.

Après 4 chansons, retour sur la grande scène pour un final pied au plancher avec un arsenal de titres forts du répertoire NIN : Heresy, Closer, Perfect Drug (pensées à David Lynch), Burn, Head like Hole. Bien sur, Reznor termine avec ce set d'anthologie avec la beauté intemporelle de Hurt...

Une soirée divine...

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mardi 1 juillet 2025

The The au Bataclan (26/6/25)


Je ne pensais jamais voir Matt Johnson en concert un jour. Et pourtant, 3 jours après la venue des immenses Wilco à Paris c'est au tour des mythiques The The de débarquer dans la ville lumière, après 25 longues années d'absence... Rien que ça... Quelle joie...

The The, c'est le talent d'un songwriter hors pair, Matt Johnson dont la musique et encore plus les paroles, auront marqué leur temps. Avec Soul Mining au début des années 80, The The s'invite dans la cour des grands. Johnny Marr ne s'y trompe pas en rejoignant le groupe après la séparation de The Smiths, il enregistra avec eux 2 disques dont le chef d'oeuvre Dusk, sorti en 93.


Après un surprenant album de reprises de Hank Williams (une légende de la country), Matt Johnson va progressivement se désintéresser de la musique pop et laisser The The en jachère au début du siècle. Jusqu'à 2024 et un album, Ensoulment, que meme les fans les plus ardus n'espéraient plus... 

Matt Johnson a toujours su porter une regard aiguisé, incisif mais toujours rempli d'humanisme sur notre monde moderne. La résilience d'un "Love is stronger than death" écrit après la mort de son jeune frère ou l'emotion à la fois distante et tellement touchante de "Slow emotion replay" ou le décalage de The Beat(en) generation l'attestent...

Et on ne peut pas écrire Some days i drink my coffee by the grave of William Blake ou Kissing the ring of Potus sans une grande érudition et un sens de la formule avéré...  

Dans la salle du Bataclan, l'attente est studieuse. Sans surprise le public est assez agé, après une demi siècle d'absence, le monde de la musique a changé. Difficile à un groupe, aussi talentueux soit il, de survivre à l'ère du streaming sans un hit avéré et vénéré...

Le concert démarre avec le 1er titre d'Ensoulment, Cognitive Dissident, Sans surprise, le dernier album est largement joué avec 5 titres, mais The The puise dans son répertoire à toutes les époques. Le plus vieux titre joué date des tous débuts, Icing up, époque Burning Blue Soul, et sa longue outro instrumentale façon impro presque ambient. Un régal. S'enchaine une version revisitée de Slow Emotion Replay, malheureusement sans l'harmonica et les arpèges angéliques de Johnny Marr mais reste cette voix et ces paroles toujours aussi brillantes de lucidité...

Les chansons de Soul Mining engendrent l'enthousiasme de la salle (This is the day, Uncertain Smile). L'atmosphère, malgré une chaleur accablante est remplie de joie, chacun mesurant la chance de voir ou revoir enfin Matt Johnson et The The sur scène...

L'une des ces soirées où l'on sent vraiment privilégié...

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