Pour tous ceux que ca peut interesser, une version intégrale de notre saga sur les années 2000 est téléchargeable en PDF sous licence Common Creatives à l'adresse suivante:
http://www.archive.org/details/LesAnnes2000UneDecennieMusicaleDecevante
mercredi 23 décembre 2009
Les années 2000: Une décennie musicale décevante?, Episode 7: La Bande Son
Voilà, on en termine avec notre petite analyse de la décennie musicale... Et on finit avec une superbe sélection sur Youtube uniquement...
Enjoy et passez de bonnes fêtes...
Et pour revivre notre saga sur les années 2000, relisez notre introduction.
Enjoy et passez de bonnes fêtes...
Et pour revivre notre saga sur les années 2000, relisez notre introduction.
2005 Nine Inch Nails: With Teeth, Album: With Teeth
2006 Arctic Monkeys: I Bet You look Good on the Dancefloor, Album: Whatever People say I am That's what I'm not
2007 Radiohead: Jigsaw Falling into Place, Album: In Rainbows
2007 Arctic Monkeys: 505, Album: Favourite Worst Nightmares
2008 Oasis: The Shock of the Lightning, Album: Dig Out Your Soul
2009 Arctic Monkeys: Crying Lightning, Album: Humbug
2006 Arctic Monkeys: I Bet You look Good on the Dancefloor, Album: Whatever People say I am That's what I'm not
2007 Radiohead: Jigsaw Falling into Place, Album: In Rainbows
2007 Arctic Monkeys: 505, Album: Favourite Worst Nightmares
2008 Oasis: The Shock of the Lightning, Album: Dig Out Your Soul
2009 Arctic Monkeys: Crying Lightning, Album: Humbug
dimanche 20 décembre 2009
Les années 2000: Une décennie musicale décevante?, Episode 7 Bis: La Fin...
Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...
Et voilà, on termine la saga avec la deuxième partie consacrée à la conclusion...
Episode 7 Bis: La Fin...
Autre souci, malgré la facilité à enregistrer en home studio à l’heure actuelle, l’enregistrement, l’arrangement et la production d’un album restent un savoir faire artisanal. Trouver le son pour un groupe, une composition, une guitare, une caisse claire demande un savoir faire, on serait presque tenter de dire reste un métier. Il faudra donc toujours des moyens financiers, des relais, des défricheurs de talents, des Disc Jockeys promouvant le rock aux détours des années 50 et 60, des Radios libres jouant du punk, des George Martin produisant les Beatles (et en devenant le cinquième membre officieux), des Quincy Jones libérant l’inspiration d’un Michael… Les Musiciens auront donc toujours besoin de soutien.
Ainsi la gratuité de la musique est-elle donc un mirage, sans rémunération des acteurs point de production musicale et donc plus de nouvelle musique à échanger. La question reste donc de savoir comment réorganiser ce flux d’argent. Payer 20 euros un disque a toujours été indécent (surtout en sachant que moins de deux euros vont dans la poche de l’artiste). 10 euros pour obtenir des Mp3 de mauvaise qualité tout autant. Ne rien payer du tout suicidaire pour tout mélomane. Certains diront qu’il reste les concerts pour gagner de l’argent. C’est sûr que de nombreux artistes ont récupéré un peu de ce qu’ils perdaient en royalties par ce biais. Mais là aussi, ce sont les musiciens déjà établis qui ont profité du mouvement, ainsi que les grandes firmes de la promotion scénique, telles Live Nation, qui n’ont pas hésité à faire exploser le prix des places (on notera dans ce sens les reformations lucratives mais réussies et uniquement sur scène des Pixies ou Rage Against The Machine notamment). En dix années, trente pourcents d’augmentation en moyenne. Quand on voit qu’il faille désormais payer cent euros pour voir certains groupes ca fait assez mal. Et au final de tels tarifs tueront d’autres artistes car la bourse des fans n’est pas extensible, surtout en période de crise… Grande décennie de concerts tout de même et une fréquentation des salles qui n’a cessé d’augmenter pendant que les ventes de CD déclinaient.
Cette période d’incertitudes est donc passionnante car tout est remis en cause, tout est à reconstruire. On ne sait pas aujourd’hui quel modèle l’emportera. La licence Globale (prélèvement sur le montant des abonnements internet d’un pourcentage pour la création artistique) pose le problème de sa redistribution aux artistes, surtout dans un contexte globalisé. La percée d’un Deezer en France ou d’un Spotify aux Etats-Unis et dans le nord de L’Europe est une réelle avancée. Grâce à ces plates formes il est possible d’écouter en streaming et gratuitement l’intégralité du catalogue d’un artiste et ensuite de passer à l’achat si on le souhaite. L’idée de ces entreprises est de proposer des abonnements donnant accès à tout moment et n’importe où, avec son mobile, à l’intégralité du catalogue. Par ce biais, plus besoin de stocker quoique ce soit, on loue la musique, on paie un accès à la musique… L’âge de l’accès comme le soutenait dès 2001 Jeremy Rifkin ? Peut-être.
A l’opposé, le succès des coffrets Collector à des prix importants (une centaine d’euros pour les superbes coffrets In Rainbows de Radiohead ou Dig Out Your Soul d’Oasis par exemple) lors des sorties d’albums (des coffrets comprenant CD, CD Bonus, Vinyles, Posters, autres Goodies) est indéniable et montre que malgré le prix, certains sont toujours attachés à l’objet physique tant que celui-ci garde une réelle valeur ajoutée. Metallica est allé encore plus loin avec Death Magnetic, leur triomphal album de 2008 puisqu’ils proposaient à leurs fans moyennant abonnement une véritable expérience sonore et visuelle durant l’enregistrement avec chat, webcams en studio et avancement de l’enregistrement avec au final l’envoi d’un imposant coffret. On le voit, il reste beaucoup à faire dans cette relation exclusive avec le fan, beaucoup d’idées à exploiter pour satisfaire tout le monde. L’amorce du bouleversement semble indiquer que la chaine d’intermédiaires entre un artiste et son public va se réduire considérablement, ce qui ne peut être qu’une bonne chose…
Le prochain modèle émergent sera peut-être un mixte savant de toutes ces tendances, on mettra quelques pièces sur une évolution vers plus de liberté pour chaque acteur et un recentrage des fonctions autour de l’artiste et de son public avec l’émergence de labels devenant de véritables coachs apportant leur savoir faire médiatique et artistique (moyens de production) à leurs poulains. A ce titre, la gratuité pourrait devenir la norme pour la mise à disposition en streaming d’une partie du catalogue de l’artiste et l’accès payant individuel ou collectif (abonnement) à des contenus exclusifs prolongeant la relation entre l’artiste et son public (éditions physiques Collector, concerts exclusifs en salle et sur le web, communauté…). Ce qui est sûr en tous les cas c’est que les années 2010 seront les années d’une profonde transformation du monde de la musique et de son écosystème. J’ai hâte d’y être…
Et voilà, on termine la saga avec la deuxième partie consacrée à la conclusion...
Episode 7 Bis: La Fin...
Autre souci, malgré la facilité à enregistrer en home studio à l’heure actuelle, l’enregistrement, l’arrangement et la production d’un album restent un savoir faire artisanal. Trouver le son pour un groupe, une composition, une guitare, une caisse claire demande un savoir faire, on serait presque tenter de dire reste un métier. Il faudra donc toujours des moyens financiers, des relais, des défricheurs de talents, des Disc Jockeys promouvant le rock aux détours des années 50 et 60, des Radios libres jouant du punk, des George Martin produisant les Beatles (et en devenant le cinquième membre officieux), des Quincy Jones libérant l’inspiration d’un Michael… Les Musiciens auront donc toujours besoin de soutien.
Ainsi la gratuité de la musique est-elle donc un mirage, sans rémunération des acteurs point de production musicale et donc plus de nouvelle musique à échanger. La question reste donc de savoir comment réorganiser ce flux d’argent. Payer 20 euros un disque a toujours été indécent (surtout en sachant que moins de deux euros vont dans la poche de l’artiste). 10 euros pour obtenir des Mp3 de mauvaise qualité tout autant. Ne rien payer du tout suicidaire pour tout mélomane. Certains diront qu’il reste les concerts pour gagner de l’argent. C’est sûr que de nombreux artistes ont récupéré un peu de ce qu’ils perdaient en royalties par ce biais. Mais là aussi, ce sont les musiciens déjà établis qui ont profité du mouvement, ainsi que les grandes firmes de la promotion scénique, telles Live Nation, qui n’ont pas hésité à faire exploser le prix des places (on notera dans ce sens les reformations lucratives mais réussies et uniquement sur scène des Pixies ou Rage Against The Machine notamment). En dix années, trente pourcents d’augmentation en moyenne. Quand on voit qu’il faille désormais payer cent euros pour voir certains groupes ca fait assez mal. Et au final de tels tarifs tueront d’autres artistes car la bourse des fans n’est pas extensible, surtout en période de crise… Grande décennie de concerts tout de même et une fréquentation des salles qui n’a cessé d’augmenter pendant que les ventes de CD déclinaient.
Cette période d’incertitudes est donc passionnante car tout est remis en cause, tout est à reconstruire. On ne sait pas aujourd’hui quel modèle l’emportera. La licence Globale (prélèvement sur le montant des abonnements internet d’un pourcentage pour la création artistique) pose le problème de sa redistribution aux artistes, surtout dans un contexte globalisé. La percée d’un Deezer en France ou d’un Spotify aux Etats-Unis et dans le nord de L’Europe est une réelle avancée. Grâce à ces plates formes il est possible d’écouter en streaming et gratuitement l’intégralité du catalogue d’un artiste et ensuite de passer à l’achat si on le souhaite. L’idée de ces entreprises est de proposer des abonnements donnant accès à tout moment et n’importe où, avec son mobile, à l’intégralité du catalogue. Par ce biais, plus besoin de stocker quoique ce soit, on loue la musique, on paie un accès à la musique… L’âge de l’accès comme le soutenait dès 2001 Jeremy Rifkin ? Peut-être.
A l’opposé, le succès des coffrets Collector à des prix importants (une centaine d’euros pour les superbes coffrets In Rainbows de Radiohead ou Dig Out Your Soul d’Oasis par exemple) lors des sorties d’albums (des coffrets comprenant CD, CD Bonus, Vinyles, Posters, autres Goodies) est indéniable et montre que malgré le prix, certains sont toujours attachés à l’objet physique tant que celui-ci garde une réelle valeur ajoutée. Metallica est allé encore plus loin avec Death Magnetic, leur triomphal album de 2008 puisqu’ils proposaient à leurs fans moyennant abonnement une véritable expérience sonore et visuelle durant l’enregistrement avec chat, webcams en studio et avancement de l’enregistrement avec au final l’envoi d’un imposant coffret. On le voit, il reste beaucoup à faire dans cette relation exclusive avec le fan, beaucoup d’idées à exploiter pour satisfaire tout le monde. L’amorce du bouleversement semble indiquer que la chaine d’intermédiaires entre un artiste et son public va se réduire considérablement, ce qui ne peut être qu’une bonne chose…
Le prochain modèle émergent sera peut-être un mixte savant de toutes ces tendances, on mettra quelques pièces sur une évolution vers plus de liberté pour chaque acteur et un recentrage des fonctions autour de l’artiste et de son public avec l’émergence de labels devenant de véritables coachs apportant leur savoir faire médiatique et artistique (moyens de production) à leurs poulains. A ce titre, la gratuité pourrait devenir la norme pour la mise à disposition en streaming d’une partie du catalogue de l’artiste et l’accès payant individuel ou collectif (abonnement) à des contenus exclusifs prolongeant la relation entre l’artiste et son public (éditions physiques Collector, concerts exclusifs en salle et sur le web, communauté…). Ce qui est sûr en tous les cas c’est que les années 2010 seront les années d’une profonde transformation du monde de la musique et de son écosystème. J’ai hâte d’y être…
samedi 19 décembre 2009
Les années 2000: Une décennie musicale décevante? Episode 7: Et Donc...!
Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...
Après la décennie du coté de chez nous, on termine la saga avec une conclusion en deux temps...
Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 7...
Après la décennie du coté de chez nous, on termine la saga avec une conclusion en deux temps...
Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 7...
Et donc…
Les années 2000 ont donc été des années qui ont laissé la musique vivre et s’exprimer dans un environnement difficile et complexe. Au final, certaines tendances se dessinent: le retour du rock, son développement continu vers des formes plus savantes, plus exigeantes, la crise d’adolescence de la musique électronique et le mariage, pour le meilleur comme pour le pire, de plusieurs mouvements, chapelles ou domaines (le cross-over comme on a schématiquement essayé de le nommer dans cet article).
Mais ce qui semble ressortir le plus, c’est l’absence de réel nouveau mouvement venant apporter nouvelle et indéniable inflexion à la musique moderne. Non, durant cette décennie, pas de rock comme dans les années 50, de pop music ou de fusion comme dans les années 60, pas non plus de punk, de reggae ou de hard rock comme dans les années 70, ni de ska ou de cold wave comme dans les années 80, ni d’électro ou de rock indé comme dans les années 90… Peut-être parlera-t-on, dans quelques années, du Cross-over comme d’un nouveau mouvement fondateur ? Le doute est permis aujourd’hui car on ne semble voir les répercussions profondes apportées et la reconstruction d’une certaine idée de la musique autour.
Non on semble être en présence d’une excellente synthèse musicale plus que de l’annonciation d’une nouvelle tendance, d’une nouvelle façon de voir, de composer et d’écouter la musique… Et c’est certainement ce qui manquera aux années 2000, une nouvelle flamme, un nouvel élan… Un nouvel espoir ? Ces années laisseront derrière elle de très bons albums, c’est indéniable, mais plus dans la continuation de tendances élaborées les décennies précédentes. Alors peut-être que le prochain grand mouvement des années 2010 est déjà en gestation, peut être même du côté de Brooklyn et de MGMT et surtout d’Animal Collective, et que la crise du disque a empêché d’éclater au grand jour ? L’avenir nous le dira…
Cette période est intéressante car indécise. L’industrie du disque, telle que nous l’avons connue, vit ses dernières heures. La chute a été vertigineuse et rapide… Après l’effondrement de l’empire romain, souhaitons que le Moyen-âge soit le plus court possible avant l’avènement de la Renaissance. L’ancien Business Model est obsolète, son successeur attendu.
A cet égard, l’onde de choc créée par Radiohead en Octobre 2007 avec la sortie par leur propre moyen, sans l’aide de maison de disques, de leur septième album, le bien nommé In Rainbows, est éloquente. En proposant aux internautes de fixer eux-mêmes le prix du téléchargement de cette nouvelle œuvre, avec la possibilité de donner zéro euro pour récupérer les précieux Mp3, ils ont posé sans tabou la grande question de la valeur de la musique. Ils ont affolé les maisons de disques du monde entier et pour certains proclamer l’avènement de la distribution directe au public de son œuvre par l’artiste, sans besoin d’intermédiaire. Adieu les maisons de disques et les labels donc… Cette affirmation a forcément quelque chose de séduisant. L’idée d’un lien direct, exclusif et instantané entre l’artiste et ses fans est un rêve fabuleux mais certainement utopique. Car ce qui est vrai pour Radiohead ou Nine Inch Nails (qui eux mirent en téléchargement libre leurs morceaux tout en proposant un CD complet qui s’est très bien vendu, les fans pouvant écouter chez eux l’album en mp3 avant de décider de le posséder physiquement) ne l’est pas pour un débutant. Les Oxfordiens ont une visibilité, une image, un public fidèle… Tout ceci s’est gagné après des années de labeur, de tournées incessantes… Et de promotion et d’effort marketing de la part de leur label. Et c’est bien là le souci, la question de la rémunération bien entendu, mais aussi du soutien financier des artistes pour leur permettre de se développer et de rencontrer leur public. Et c’est le rôle qu’ont joué les labels et maisons de disques jusqu’à présent. Avant de faire des millions et de devenir une industrie constipée et vorace, les artisans promoteurs d’artistes des années 50,60 ont permis à de fabuleux artistes de percer et à de nouveaux mouvements d’émerger.
Malgré l’incroyable pouvoir de promotion que peut être internet, chaque nouvel artiste continuera à se galérer pour obtenir un peu de visibilité et réussir à trouver des personnes qui prendront le temps d’une écoute attentive, qui donneront sa chance à sa musique de s’exprimer et de trouver une résonnance auprès d’un public à construire… Aujourd’hui, il est impossible de s’y retrouver sur le net et dénicher un nouvel artiste qui nous plait non signé sur un label. L’offre est trop importante, pléthorique et le temps nous manque pour partir en explorateur de cette nouvelle Amazonie. Ces dernières années, combien de vrais artistes ont été découverts par internet ?
Les premiers à avoir vraiment éclaté par ce biais ont été les fabuleux Arctic Monkeys, qui grâce aux blogs et à My Space ont réussi à sortir de nulle part pour balancer début 2006 un formidable premier album (Whatever People Say I am That’s What I am not) qui devint le ‘Debut album’ le plus vendeur de tous les temps en Grande Bretagne. Leur Leader, Alex Turner, se sera imposé comme l’un des meilleurs nouveaux songwriters de la décennie, que ce soit avec les Monkeys ou son side project de pop orchestrée romantique The Last Shadow Puppets. Au même moment perceront de l’autre côté de l’Atlantique le groupe de Brooklyn Clap Your Hands Say Yeah avec un excellent premier album de pur rock indé. On pourrait citer dans le même registre Vampire Weekend en 2007, fortement soutenu par la blogosphère. Mais pour ces quelques groupes chanceux et qui se comptent sur les doigts d’une main, combien de perles perdues ?
A suivre: la suite de la fin avec l'épisode 7 Bis...
Mais ce qui semble ressortir le plus, c’est l’absence de réel nouveau mouvement venant apporter nouvelle et indéniable inflexion à la musique moderne. Non, durant cette décennie, pas de rock comme dans les années 50, de pop music ou de fusion comme dans les années 60, pas non plus de punk, de reggae ou de hard rock comme dans les années 70, ni de ska ou de cold wave comme dans les années 80, ni d’électro ou de rock indé comme dans les années 90… Peut-être parlera-t-on, dans quelques années, du Cross-over comme d’un nouveau mouvement fondateur ? Le doute est permis aujourd’hui car on ne semble voir les répercussions profondes apportées et la reconstruction d’une certaine idée de la musique autour.
Non on semble être en présence d’une excellente synthèse musicale plus que de l’annonciation d’une nouvelle tendance, d’une nouvelle façon de voir, de composer et d’écouter la musique… Et c’est certainement ce qui manquera aux années 2000, une nouvelle flamme, un nouvel élan… Un nouvel espoir ? Ces années laisseront derrière elle de très bons albums, c’est indéniable, mais plus dans la continuation de tendances élaborées les décennies précédentes. Alors peut-être que le prochain grand mouvement des années 2010 est déjà en gestation, peut être même du côté de Brooklyn et de MGMT et surtout d’Animal Collective, et que la crise du disque a empêché d’éclater au grand jour ? L’avenir nous le dira…
Cette période est intéressante car indécise. L’industrie du disque, telle que nous l’avons connue, vit ses dernières heures. La chute a été vertigineuse et rapide… Après l’effondrement de l’empire romain, souhaitons que le Moyen-âge soit le plus court possible avant l’avènement de la Renaissance. L’ancien Business Model est obsolète, son successeur attendu.
A cet égard, l’onde de choc créée par Radiohead en Octobre 2007 avec la sortie par leur propre moyen, sans l’aide de maison de disques, de leur septième album, le bien nommé In Rainbows, est éloquente. En proposant aux internautes de fixer eux-mêmes le prix du téléchargement de cette nouvelle œuvre, avec la possibilité de donner zéro euro pour récupérer les précieux Mp3, ils ont posé sans tabou la grande question de la valeur de la musique. Ils ont affolé les maisons de disques du monde entier et pour certains proclamer l’avènement de la distribution directe au public de son œuvre par l’artiste, sans besoin d’intermédiaire. Adieu les maisons de disques et les labels donc… Cette affirmation a forcément quelque chose de séduisant. L’idée d’un lien direct, exclusif et instantané entre l’artiste et ses fans est un rêve fabuleux mais certainement utopique. Car ce qui est vrai pour Radiohead ou Nine Inch Nails (qui eux mirent en téléchargement libre leurs morceaux tout en proposant un CD complet qui s’est très bien vendu, les fans pouvant écouter chez eux l’album en mp3 avant de décider de le posséder physiquement) ne l’est pas pour un débutant. Les Oxfordiens ont une visibilité, une image, un public fidèle… Tout ceci s’est gagné après des années de labeur, de tournées incessantes… Et de promotion et d’effort marketing de la part de leur label. Et c’est bien là le souci, la question de la rémunération bien entendu, mais aussi du soutien financier des artistes pour leur permettre de se développer et de rencontrer leur public. Et c’est le rôle qu’ont joué les labels et maisons de disques jusqu’à présent. Avant de faire des millions et de devenir une industrie constipée et vorace, les artisans promoteurs d’artistes des années 50,60 ont permis à de fabuleux artistes de percer et à de nouveaux mouvements d’émerger.
Malgré l’incroyable pouvoir de promotion que peut être internet, chaque nouvel artiste continuera à se galérer pour obtenir un peu de visibilité et réussir à trouver des personnes qui prendront le temps d’une écoute attentive, qui donneront sa chance à sa musique de s’exprimer et de trouver une résonnance auprès d’un public à construire… Aujourd’hui, il est impossible de s’y retrouver sur le net et dénicher un nouvel artiste qui nous plait non signé sur un label. L’offre est trop importante, pléthorique et le temps nous manque pour partir en explorateur de cette nouvelle Amazonie. Ces dernières années, combien de vrais artistes ont été découverts par internet ?
Les premiers à avoir vraiment éclaté par ce biais ont été les fabuleux Arctic Monkeys, qui grâce aux blogs et à My Space ont réussi à sortir de nulle part pour balancer début 2006 un formidable premier album (Whatever People Say I am That’s What I am not) qui devint le ‘Debut album’ le plus vendeur de tous les temps en Grande Bretagne. Leur Leader, Alex Turner, se sera imposé comme l’un des meilleurs nouveaux songwriters de la décennie, que ce soit avec les Monkeys ou son side project de pop orchestrée romantique The Last Shadow Puppets. Au même moment perceront de l’autre côté de l’Atlantique le groupe de Brooklyn Clap Your Hands Say Yeah avec un excellent premier album de pur rock indé. On pourrait citer dans le même registre Vampire Weekend en 2007, fortement soutenu par la blogosphère. Mais pour ces quelques groupes chanceux et qui se comptent sur les doigts d’une main, combien de perles perdues ?
A suivre: la suite de la fin avec l'épisode 7 Bis...
mercredi 16 décembre 2009
Les années 2000: Episode 6, La Bande Son
Pour aller plus loin, une petite sélection des 120 songs indispensables de la décennie... Et ca continue avec la Bande Son du sixième épisode pour célébrer ce qui vient de chez nous...
A écouter sur Deezer pour les titres dispos, c'est ici:
http://www.deezer.com/fr/#music/playlist/les-annees-2000-part-6-35669458
Et bien entendu à voir et revoir sur youtube...
2000 M: Je dis Aime, Album: Je dis Aime
2001 Noir Désir: Des Visages Des Figures, Album: Des Visages Des Figures
2001 Alain Bashung: Faites Monter, Album: L'imprudence
2002 Dionysos: Song for a Jedi, Album: Western sous la Neige
2002 High Tone: Bad weather, Album: ADN
2003 Agoria: Organic, Album: Blossom
2003 Alexandre Varlet: Espece de chien, Album: La Dragueuse de fond
http://www.youtube.com/watch?v=XPTrrQ8QNXQ&feature=related
2003 Eiffel: Les yeux fermés, Album: Le Quart d'heure des Ahuris
2003 Benjamin Biolay: Nuits Blanches, Album: Négatif
http://www.youtube.com/watch?v=D6sCH_GlcfQ
2004 Air: Alone in Kyoto, Album: Talkie Walkie
http://www.youtube.com/watch?v=dJ4Gb8k_2Lc
2005 Daft Punk: Robot Rock , Album:Human After All
http://www.youtube.com/watch?v=fusNUbjpj2E
2007 Luke: Paradis Rouges, Album: Les Enfants de Saturne
mardi 15 décembre 2009
Les années 2000: Une décennie musicale décevante? Episode 6: Du coté de chez nous... Et ailleurs...
Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...
Après la décennie du Cross-over, on continue notre quête avec ce sixième épisode qui vient explorer ce qu'il se passe du coté de chez nous... Et ailleurs...
Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 6...
Du côté de chez nous...
Au pays des Gaulois, on passera vite fait sur cette résurgence, marrante au début puis très rapidement lassante, de la chanson française chantée par des artistes sans voix… Miossec avait brillamment ouvert la voie mais engendra malheureusement quelques horreurs… Bref, on retiendra plus les talents de compositeur d’un Benjamin Biolay (responsable avec Keren Ann du joli retour d’Henri Salvador en 2000), tout du moins pour ses productions de la première partie de la décennie et surtout d’un Alexandre Varlet qui signe en 2003 un fabuleux album avec la Dragueuse de fond. D’un lyrisme absolu, ses chansons sont d’une rare beauté.
Côté rock, la décennie commence avec la sortie le 11 septembre 2001 du nouvel album du plus grand groupe de rock français : Noir Désir. Un album de grande qualité qui voit le groupe tenter avec à propos et culot de se réinventer. Le tempo ralentit, les arrangements se font plus variés, plus complexes, les textes toujours aussi incisifs… Un album sorti le jour le plus noir de la décennie, pour annoncer le désastre de Vilnius, le choc et la mise en sommeil forcée des héros de la France Rock… Dans la veine des bordelais, on aura vu apparaitre le groupe de Romain Humeau (responsable des arrangements sur le morceau ‘Des Visages Des Figures’ de Noir Désir) Eiffel. Un très bon groupe de rock qui sort en 2003 un album percutant : Le Quart d’heure des Ahuris. En 2007, Luke reprendra le flambeau avec Les Enfants de Saturne.
Le hold-up de la décennie sera à mettre du côté de Dionysos qui éclate au grand jour en 2002 avec le jouissif single ‘Song for a Jedi’. Avec des prestations Live à couper le souffle et remplies d’une énergie incroyable, Mathias Malzieu et ses compères dionysiens rencontreront un succès amplement mérité. Autre talent scénique exceptionnel Mathieu Chedid dit M. Trois albums qui resteront, des collaborations intéressantes (notamment avec Vanessa Paradis) et des shows endiablés font de Monsieur Chedid un incontournable de la décennie. On regardera avec amusement l’émergence d’une scène rock parisienne ado passéiste sous influence rock français bon chic, bon genre années 60… A noter, le succès outre-Atlantique naissant des versaillais de Phoenix.
Comment ne pas mentionner le maitre absolu de la scène française : Alain Bashung qui sort en 2001 son disque le plus complexe, le plus audacieux et certainement le plus réussi : L’imprudence. Un album inventif, inclassable, intemporel. Il nous laissera en cadeau un dernier écrin plus pop en 2008 avec Bleu Pétrole. Côté musique électronique, comme nous l’avons vu Air (à écouter la BO de Virgin Suicides pour son romantisme mélancolique électro, le poppy Talkie Walkie de 2004 ou le joli Love2 de 2009), Daft Punk (on appréciera plus le âpre et très instinctif Human After All au son eighties un peu criard de Discovery) et Laurent Garnier garderont le haut du pavé. On retiendra l’émergence du label électro Ed Bangers à partir de 2006, dont la tête de gondole sera les surestimés Justice, qui, bien que possédant quelques bons morceaux, ne font que resservir la sauce élaborée dix ans auparavant par les Daft Punk. Sans oublier le raz de marée planétaire réalisé par St Germain avec l’électro jazz bien senti de Tourist sorti en 2001 (depuis plus aucune nouvelle de Ludovic Navarre…).
Enfin, mention spéciale à la scène lyonnaise qui, avec Agoria, Le Peuple de L’Herbe et High Tone porte haut les couleurs d’une électro décomplexée et aventureuse renouant avec un son techno acide house expérimentale pour le premier (à écouter son premier LP Blossom de 2003) et une vague dub rythmée et sauvage pour les deux autres groupes. Lyon centre névralgique de l’électro grâce à l’émergence du merveilleux festival des Nuits sonores lancé en 2003 et qui a l’originalité d’être un festival complètement urbain qui fait la part belle à la découverte de lieux insolites et monumentaux (Usines désaffectées re-décorées en Berlin postindustriel, Opéra de Lyon, Piscine du Rhône, Ancienne Caserne avec les Subsistances). Un évènement qui a gagné ses lettres de noblesse pour venir même détrôner le monument Sonar de Barcelone : un exploit et une belle surprise de cette ville bourgeoise et trop souvent endormie par le passé.
Et ailleurs…
Du côté du jazz, on remarquera l’accointance avec le rock pour des artistes comme Brad Mehldau, qui entre deux reprises de classiques du jazz, n’hésite pas à donner sa version des plus grands titres des Beatles, Radiohead ou même Nirvana (j’ai encore le souvenir vivace d’une reprise solo piano, à l’espace Châtelet, bluffante d’énergie et de vérité du Lithium de Nirvana). Jamie Cullum aura également su dépoussiérer le jazz en le rapprochant de la pop ou de la soul lors de prestations scéniques phénoménales. Dans le même esprit on se saura régaler avec Patricia Barber et ses musiciens hors pair. Coté Hip-hop, les Beastie Boys auront passé la décennie à conforter leur légende et Kayne West et Outkast auront repris le flambeau outre atlantique d’un rap exigeant, pop et futuriste, créneau dans lequel s’engouffreront les Black Eyed Peas. En France, à part I AM, pas grand-chose à signaler, si ce n’est bien sûr la reformation uniquement scénique de NTM, sans nouveau son malheureusement. En Grande Bretagne c’est le récit du quotidien du lads fait par The Streets qu’il faudra retenir (à écouter son premier album Original Pirate Material).
A suivre la conclusion de l'enquête avec l'épisode 7...
Après la décennie du Cross-over, on continue notre quête avec ce sixième épisode qui vient explorer ce qu'il se passe du coté de chez nous... Et ailleurs...
Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 6...
Du côté de chez nous...
Au pays des Gaulois, on passera vite fait sur cette résurgence, marrante au début puis très rapidement lassante, de la chanson française chantée par des artistes sans voix… Miossec avait brillamment ouvert la voie mais engendra malheureusement quelques horreurs… Bref, on retiendra plus les talents de compositeur d’un Benjamin Biolay (responsable avec Keren Ann du joli retour d’Henri Salvador en 2000), tout du moins pour ses productions de la première partie de la décennie et surtout d’un Alexandre Varlet qui signe en 2003 un fabuleux album avec la Dragueuse de fond. D’un lyrisme absolu, ses chansons sont d’une rare beauté.
Côté rock, la décennie commence avec la sortie le 11 septembre 2001 du nouvel album du plus grand groupe de rock français : Noir Désir. Un album de grande qualité qui voit le groupe tenter avec à propos et culot de se réinventer. Le tempo ralentit, les arrangements se font plus variés, plus complexes, les textes toujours aussi incisifs… Un album sorti le jour le plus noir de la décennie, pour annoncer le désastre de Vilnius, le choc et la mise en sommeil forcée des héros de la France Rock… Dans la veine des bordelais, on aura vu apparaitre le groupe de Romain Humeau (responsable des arrangements sur le morceau ‘Des Visages Des Figures’ de Noir Désir) Eiffel. Un très bon groupe de rock qui sort en 2003 un album percutant : Le Quart d’heure des Ahuris. En 2007, Luke reprendra le flambeau avec Les Enfants de Saturne.
Le hold-up de la décennie sera à mettre du côté de Dionysos qui éclate au grand jour en 2002 avec le jouissif single ‘Song for a Jedi’. Avec des prestations Live à couper le souffle et remplies d’une énergie incroyable, Mathias Malzieu et ses compères dionysiens rencontreront un succès amplement mérité. Autre talent scénique exceptionnel Mathieu Chedid dit M. Trois albums qui resteront, des collaborations intéressantes (notamment avec Vanessa Paradis) et des shows endiablés font de Monsieur Chedid un incontournable de la décennie. On regardera avec amusement l’émergence d’une scène rock parisienne ado passéiste sous influence rock français bon chic, bon genre années 60… A noter, le succès outre-Atlantique naissant des versaillais de Phoenix.
Comment ne pas mentionner le maitre absolu de la scène française : Alain Bashung qui sort en 2001 son disque le plus complexe, le plus audacieux et certainement le plus réussi : L’imprudence. Un album inventif, inclassable, intemporel. Il nous laissera en cadeau un dernier écrin plus pop en 2008 avec Bleu Pétrole. Côté musique électronique, comme nous l’avons vu Air (à écouter la BO de Virgin Suicides pour son romantisme mélancolique électro, le poppy Talkie Walkie de 2004 ou le joli Love2 de 2009), Daft Punk (on appréciera plus le âpre et très instinctif Human After All au son eighties un peu criard de Discovery) et Laurent Garnier garderont le haut du pavé. On retiendra l’émergence du label électro Ed Bangers à partir de 2006, dont la tête de gondole sera les surestimés Justice, qui, bien que possédant quelques bons morceaux, ne font que resservir la sauce élaborée dix ans auparavant par les Daft Punk. Sans oublier le raz de marée planétaire réalisé par St Germain avec l’électro jazz bien senti de Tourist sorti en 2001 (depuis plus aucune nouvelle de Ludovic Navarre…).
Enfin, mention spéciale à la scène lyonnaise qui, avec Agoria, Le Peuple de L’Herbe et High Tone porte haut les couleurs d’une électro décomplexée et aventureuse renouant avec un son techno acide house expérimentale pour le premier (à écouter son premier LP Blossom de 2003) et une vague dub rythmée et sauvage pour les deux autres groupes. Lyon centre névralgique de l’électro grâce à l’émergence du merveilleux festival des Nuits sonores lancé en 2003 et qui a l’originalité d’être un festival complètement urbain qui fait la part belle à la découverte de lieux insolites et monumentaux (Usines désaffectées re-décorées en Berlin postindustriel, Opéra de Lyon, Piscine du Rhône, Ancienne Caserne avec les Subsistances). Un évènement qui a gagné ses lettres de noblesse pour venir même détrôner le monument Sonar de Barcelone : un exploit et une belle surprise de cette ville bourgeoise et trop souvent endormie par le passé.
Et ailleurs…
Du côté du jazz, on remarquera l’accointance avec le rock pour des artistes comme Brad Mehldau, qui entre deux reprises de classiques du jazz, n’hésite pas à donner sa version des plus grands titres des Beatles, Radiohead ou même Nirvana (j’ai encore le souvenir vivace d’une reprise solo piano, à l’espace Châtelet, bluffante d’énergie et de vérité du Lithium de Nirvana). Jamie Cullum aura également su dépoussiérer le jazz en le rapprochant de la pop ou de la soul lors de prestations scéniques phénoménales. Dans le même esprit on se saura régaler avec Patricia Barber et ses musiciens hors pair. Coté Hip-hop, les Beastie Boys auront passé la décennie à conforter leur légende et Kayne West et Outkast auront repris le flambeau outre atlantique d’un rap exigeant, pop et futuriste, créneau dans lequel s’engouffreront les Black Eyed Peas. En France, à part I AM, pas grand-chose à signaler, si ce n’est bien sûr la reformation uniquement scénique de NTM, sans nouveau son malheureusement. En Grande Bretagne c’est le récit du quotidien du lads fait par The Streets qu’il faudra retenir (à écouter son premier album Original Pirate Material).
A suivre la conclusion de l'enquête avec l'épisode 7...
vendredi 11 décembre 2009
Les années 2000: Episode 5, La Bande Son
Pour aller plus loin, une petite sélection des 120 songs indispensables de la décennie... Et ca continue avec la Bande Son du cinquième épisode pour célébrer la décennie du Cross-over...
A écouter sur Deezer pour les titres dispos, c'est ici:
http://www.deezer.com/fr/#music/playlist/les-annees-2000-part5-35483250
A écouter sur Deezer pour les titres dispos, c'est ici:
http://www.deezer.com/fr/#music/playlist/les-annees-2000-part5-35483250
Et comme à l'accoutumé, à voir et revoir sur youtube:
2000 Radiohead: Everything in its right Place, Album: Kid A
http://www.youtube.com/watch?v=fSpJEuNZxIk&feature=related
2000 Radiohead: Idiotheque, Album: Kid A
2001 N.E.R.D.: Run to the Sun, Album: In Search of
http://www.youtube.com/watch?v=8DxGltvsZ1s
2001 Bugge Wesseltoft: Change, Album: Moving
2002 DJ Shadow: 6 Days, Album: The Private Press
http://www.youtube.com/watch?v=WQIzjbnDKXg&feature=fvst
2002 LCD SoundSystem: Losing my Edge, Album: LCD Soundsystem
http://www.youtube.com/watch?v=6xG4oFny2Pk
2002 The Cinematic Orchestra: All things to all Men, Album: Every Day
http://www.youtube.com/watch?v=S-rZdfZfMPw
2002 The Streets: Has it come to this?, Album: Original Pirate Material
http://www.youtube.com/watch?v=KTS6INVmZGI
2003 Radio 4: Dance to the Underground, Album: Gotham!
2003 The Rapture: House of Jealous Lovers, Album: Echoes
2003 Radiohead: There There, Album: Hail to the Thief
2004 !!!: Me And Giuliani Down By The School Yard (A True Story), Album: Louden up Now
http://www.youtube.com/watch?v=XHaISGF_49o
2004 N.E.R.D.: She wants to move, Album: Fly or Die
http://www.youtube.com/watch?v=mXC3h95PtDY&feature=fvst
2005 Dangerdoom: Benzi Box, Album: The Mouse & The Mask
http://www.youtube.com/watch?v=ZM7yVtd32LQ
2005 Gorillaz: Dare, Album: Demon Days
http://www.youtube.com/watch?v=x-wcuNBaZsg&feature=fvst
2005 Border Crossing: More to Life, Album: Ominous
http://www.youtube.com/watch?v=4oCThWjPgSI
2006 Gnarls Barkley: Crazy, Album: St Elsewhere
http://www.youtube.com/watch?v=bd2B6SjMh_w&feature=fvst
2006 Kasabian: Shoot the Runner, Album: Empire
http://www.youtube.com/watch?v=yfSMoKOJlVc
2007 The Good, The Bad and The Queen: Kingdom of Doom, Album: The Good, The Bad and The Queen
2007 LCD SoundSystem: All My Friends, Album: Sound of Silver
http://www.youtube.com/watch?v=IYO0h2QhkZA
2008 MGMT: Time to Pretend, Album: Oracular Spectacular
http://www.youtube.com/watch?v=_DSS-ZYdquU
2008 Portishead: We Carry On, Album: 3
2008 Fleet Foxes: Blur Ridge Mountains, Album: Fleet Foxes
2009 Animal Collective: Summertime Clothes, Album: Merriweather Post Pavillion
2009 Danger Mouse & Sparklehorse: Little Girl, Album: Dark Night of the Soul
http://www.youtube.com/watch?v=0ZfgMrhUMGU
jeudi 10 décembre 2009
Les années 2000: Une décennie musicale décevante? Episode 5: La décennie du Cross-over
Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...
Après l'électro et la fin de son âge d'or, on continue notre quête avec ce cinquième épisode consacré au vrai coup de force de la décennie: le Cross-over.
Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 5...
Après l'électro et la fin de son âge d'or, on continue notre quête avec ce cinquième épisode consacré au vrai coup de force de la décennie: le Cross-over.
Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 5...
La décennie du Cross-over
Déjà dans les années 70 la fusion avait marié Jazz et Rock grâce au génie d’un Miles Davis notamment. Dans les années 90 la fusion engloutissa Rock, Funk, Metal et Reggae. Dans les années 2000 on assiste à un grand maelstrom tout azimut. L’idée est au collage, au copier-coller, à la collision des genres. Le grand succès rencontré par les Too Many DJ’s en est éloquent. Avec leur mix bootleg superposant chansons de styles opposés (the Stooges/Salt ’n pepa, Dolly Parton/Royksopp…) ils sont dans la parfaite mouvance du moment. Cette explosion des genres et des frontières a pris naissance à New-York avec l’electro-clash, mélange de musique électronique, de rock et de punk sous l’impulsion des magiques producteurs du label DFA : James Murphy et Tim Glodworthy (ex-Unkle).
Ils produisent au début de la décennie le tubesque premier single du génial groupe de James Murphy : l’ovni ‘I’m losing my Edge’ de LCD Soundsystem. Sur une rythmique à la Lil Louis, Murphy y raconte l’évolution récente de la scène rock et électro et y expose son spleen de se sentir larguer par ces petits jeunes qui en deux temps, trois mouvements achètent sampler, ordinateurs pour les revendre et racheter des guitares, pour les revendre par la suite… etc. Brillant, décalé et annonciateur des productions suivantes du label. Avec Radio 4 et The Rapture notamment, DFA produit le son électro-clash et tente le rapprochement ultime de l’electro et du rock dansant sous influence punk. Avec les deux albums de LCD Soundsystem (LCD Soundsytem en 2003 et Sound of Silver en 2007) ils enfoncent le clou… De nombreux suiveurs leur emboiteront le pas.
De manière plus que symbolique, les années 2000 avaient d’ailleurs commencé par la sortie en septembre 2000 du nouvel album du plus grand groupe de rock des années 90 : Radiohead. Avec le déconcertant Kid A, ils furent les premiers à bâtir une solide passerelle entre électro et rock. Très influencés par les productions atmosphériques du label Warp (Aphex Twin, Autechre, Boards of Canada), ils font entrer leur rock dans l’univers des synthés analogiques, des sons éthérés, des samplers. La voix de Thom Yorke devient un réel instrument, les compositions énigmatiques et surréalistes. Radiohead sort un très grand album de cross over et annonce en précurseur le contenu de la décennie. Ils enfonceront le clou et leur passage du côté électro avec Amnesiac en 2001 avant de revenir à une synthèse plus équilibrée entre les deux univers avec Hail to the Thief en 2003 et In Rainbows en 2007.
Ces derniers mois, il faut aller du côté de Brooklyn pour y trouver une scène en effervescence, qui sous la coupe de MGMT et des fabuleux Animal Collective, essaie de repousser les barrières d’une électro pop rock atmosphérique sous grande influence psychédélique. Plus que MGMT, Animal Collective semble être la véritable tête chercheuse de cette fin de décennie. Après une poignée d’albums expérimentaux novateurs mais parfois difficile d’accès, ils sortent en janvier 2009 Merriweather Post Pavillion, un album de pop électronique avant-gardiste, hautement influencé par les harmonies vocales du légendaire Pet Sounds des Beach Boys. Un album qui deviendra très certainement légendaire.
Pour le cross-over Jazz/electro on retiendra Bugge Wesseltoft, Jagga Jazzist, Squarepusher et pour le cross-over hip-hop électro les géniaux Prefuse 73 et DJ Shadow qui signe avec The Private Press en 2002 un album décisif de la décennie et pour l’électro dance pop rock festive l’incontournable Damon Albarn qui, après le rock indé brillant de Blur, nous sert avec le deuxième album de Gorillaz, Demon Days, un disque protéiforme et génial en totale osmose avec son temps… Prodigieux. En termes d’innovation en ce qui concerne la production il faudra aller chercher du côté de Dan the Automator (Kasabian) ou des Neptunes (Chad Hugo et Pharell Williams) et de NERD (Neptunes + Teddy Riley), qui avec deux albums brillants et bouillonnants d’inventivité (In Search of en 2001 et Fly or Die en 2004) vont fusionner allègrement Rap, RnB, rock, funk et électro pour faire danser la planète.
Côté production encore, l’un des grands talents de ces dix dernières années restera Danger Mouse qui avec Dangerdoom (Danger Mouse et MF Doom pour un projet électro hip-hop barré), Gnarls Barkley, The Good The Bad and The Queen (encore un projet du génial Damon Albarn avec Paul Simonon à la basse et Tony Allen à la batterie) ou Dark Night of the Soul (projet avec Sparklehorse et David Lynch) va réussir à créer un son aventureux et ultra moderne. Un must…
dimanche 6 décembre 2009
Les années 2000, Episode 4: L'électro ou la fin de l'âge d'or, La Bande Son
Pour aller plus loin, une petite sélection des 120 songs indispensables de la décennie... Et ca continue avec la Bande Son du quatrième épisode pour célébrer l'électro et la fin de son âge d'or...
A écouter sur Deezer pour les titres dispos, c'est ici:
http://www.deezer.com/fr/#music/playlist/les-annees-2000-part-4-35307042
Et comme à l'accoutumé, à voir et revoir sur youtube:
2001 Plaid: Eyen, Album: Double Figure
http://www.youtube.com/watch?v=VU5eR6OJNUc
2001 Bjork: Pagan Poetry, Album: Vespertine
2001 Kylie Minogue: Can't get you Out of my Head, Album: Fever
http://www.youtube.com/watch?v=Rfr9bhSmfXc&feature=fvst
2001 Royksopp: So Easy, Album: Melody A.M.
http://www.youtube.com/watch?v=RST4R1CEgLQ
2001 Readymade: Funiculaire, Album Bold
2002 The Chemical Brothers: Star Guitar, Album: Come With Us
http://www.youtube.com/watch?v=0S43IwBF0uM
2002 Amon Tobin: Back From Space, Album: Out From Out Where
http://www.youtube.com/watch?v=IzOgoO2-FLs
2002 Underworld: Two Months Off, Album: A Hundred Days Off
2002 Autechre: Gantz Graf, Album: Gantz Graf
http://www.youtube.com/watch?v=nfwD05XA2YQ
2003 Boom Bip: Roads must roll, Album: Seed to Sun
http://www.youtube.com/watch?v=UojuA7v2bio&feature=related
2003 LFO: Freak, Album: Sheath
http://www.youtube.com/watch?v=53Zq1I5_WAA
2003 Prefuse 73: Perverted Undertone, Album: One Word Extinghisher
http://www.youtube.com/watch?v=wpSHMgJ-L50
2003 Luke Vibert: I love Acid, Album: Synthax / I love Acid
2003 Ellen Allien: Alles Sehen, Album: Berlinette
2005 Boards of Canada: Dayvan Cowboy, Album: The Campfire Headphase
2006 Trentemoller: Take me into Your Skin, Album: The Last Resort
2007 Bjork: The Dull Flame of Desire, Album: Volta
2007 Digitalism: Pogo, Album: Idealism
2007 Apparat: Not a Number, Album: Walls
http://www.youtube.com/watch?v=iWHUNIHiDj4
2007 Nathan Fake: The Sky was Pink, Album:Drowning in a Sea of Love
2007 Burial: Ghost Hardware, Album: Untrue
http://www.youtube.com/watch?v=_MigURCQQA0&feature=PlayList&p=CA5C06EDCE56BE3C&playnext=1&playnext_from=PL&index=5
A écouter sur Deezer pour les titres dispos, c'est ici:
http://www.deezer.com/fr/#music/playlist/les-annees-2000-part-4-35307042
Et comme à l'accoutumé, à voir et revoir sur youtube:
2001 Plaid: Eyen, Album: Double Figure
http://www.youtube.com/watch?v=VU5eR6OJNUc
2001 Bjork: Pagan Poetry, Album: Vespertine
2001 Kylie Minogue: Can't get you Out of my Head, Album: Fever
http://www.youtube.com/watch?v=Rfr9bhSmfXc&feature=fvst
2001 Royksopp: So Easy, Album: Melody A.M.
http://www.youtube.com/watch?v=RST4R1CEgLQ
2001 Readymade: Funiculaire, Album Bold
2002 The Chemical Brothers: Star Guitar, Album: Come With Us
http://www.youtube.com/watch?v=0S43IwBF0uM
2002 Amon Tobin: Back From Space, Album: Out From Out Where
http://www.youtube.com/watch?v=IzOgoO2-FLs
2002 Underworld: Two Months Off, Album: A Hundred Days Off
2002 Autechre: Gantz Graf, Album: Gantz Graf
http://www.youtube.com/watch?v=nfwD05XA2YQ
2003 Boom Bip: Roads must roll, Album: Seed to Sun
http://www.youtube.com/watch?v=UojuA7v2bio&feature=related
2003 LFO: Freak, Album: Sheath
http://www.youtube.com/watch?v=53Zq1I5_WAA
2003 Prefuse 73: Perverted Undertone, Album: One Word Extinghisher
http://www.youtube.com/watch?v=wpSHMgJ-L50
2003 Luke Vibert: I love Acid, Album: Synthax / I love Acid
2003 Ellen Allien: Alles Sehen, Album: Berlinette
2005 Boards of Canada: Dayvan Cowboy, Album: The Campfire Headphase
2006 Trentemoller: Take me into Your Skin, Album: The Last Resort
2007 Bjork: The Dull Flame of Desire, Album: Volta
2007 Digitalism: Pogo, Album: Idealism
2007 Apparat: Not a Number, Album: Walls
http://www.youtube.com/watch?v=iWHUNIHiDj4
2007 Nathan Fake: The Sky was Pink, Album:Drowning in a Sea of Love
2007 Burial: Ghost Hardware, Album: Untrue
http://www.youtube.com/watch?v=_MigURCQQA0&feature=PlayList&p=CA5C06EDCE56BE3C&playnext=1&playnext_from=PL&index=5
samedi 5 décembre 2009
Les années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 4: L'électro ou la fin de l'âge d'or
Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...
Après le Rock et ses chapelles, on continue notre quête avec ce quatrième épisode consacré à la fin de l'âge d'or de l'électro.
Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 4...
L’electro ou la fin de l’âge d’or...
La musique électronique entre dans la décennie en reine victorieuse qui aura, en quelques années euphoriques, réussi à s’imposer à un large public, rendant désuet, presque ringard la scène rock classique. Cette sur cette lancée que le mouvement va s’évertuer dans les premières années de ce début de siècle à conserver ce nouveau leadership absolu. La scène parisienne est, au début des années 2000, encore furtivement le centre névralgique de l’électro, les mondialement adulés Daft Punk sortent leur second album ‘Discovery’ et les princes de Air fournissent une BO en apesanteur, romantique et mélancolique au premier film de Sofia Coppola (Virgin Suicide) avant de sortir un album ambitieux mais inégal (10 000 Hz legend) où ils tenteront sans succès de devenir une sorte de Pink Floyd électro. Les Daft Punk décevront les premiers fans avec un album presque pop au son très influencé années 80. Ils auront tout de même un succès grand public retentissant, mais déjà, les explorations sonores qu’ils portèrent au nu pour aboutir au phénoménal premier album Homework, référence absolue pour beaucoup de musiciens, ont été mises de côté. L’ambition est autre, le succès grisant…
Tout un symbole de l’essoufflement de l’électro qui sera graduel durant ces premières années de la décade. Autre symbole, le seul album sorti par Aphex Twin, icône flamboyante de l’avant-gardisme électro, durant ces années restera Drukqs, paru en 2001 sur Warp. On retrouvera également cette perte de vitesse, ce délitement final, dans l’histoire même du plus gros label français F-Com, monté par Laurent Garnier et Eric Morand au milieu des années 90, il sera au sommet de son art entre 98 et 2002 avec des productions recherchées et des artistes convaincants (Ready Made FC, Mr Oizo, Alexkid, Aquabassino, Scan X, Frederic Galliano), avant d’amorcer un déclin irréversible, autant économique que créatif pour finalement se mettre en sommeil fin 2008.
Beaucoup de labels de musique électronique connaitront une seconde partie de décennie très difficile avec le recul du mouvement et ceux qui sauront tirer leur épingle du jeu auront été ceux qui auront réussi à se remettre en cause et réorienter leur production. Le meilleur exemple en la matière restera l’évolution du label Warp, tête chercheuse pointue électro ambient durant les années 90 ; ils auront réussi à fédérer et faire émerger un grand nombre d’artistes incontournables qui a eux seuls auront révolutionné le genre (on pense à Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre, Squarepusher, LFO, Plaid…), qui aura amorcé une ouverture vers des zones mixtes, aux frontières entre l’électro et le rock, en signant des groupes comme Maximo Park, Battles ou Flying Lotus, qui pour les deux derniers portent haut une sorte de free post rock sous grave influence electronica, ou en cherchant aux frontières du Hip Hop avec la signature du génie Préfuse 73 (qui en 2003 avec One Word Extinguisher va sortir un album ébouriffant et d’une fraicheur créative déconcertante, un must de la décennie) ou encore le génial crooner Jamie Lidell qui en live utilise sa voix comme source de sample pour créer sous nos yeux ébahis une rythmique électro dantesque, un grand moment, une fraicheur inouïe. Dans une moindre mesure, le label Ninja Tune résista artistiquement avec quelques signatures de qualité (Amon Tobin, Boom Bip, Jaga Jazzist…), mais perdant tout de même l’influx créatif intense du début des années 2000.
En électro pure, la source de jouvence se tarit donc inexorablement faute d’un renouvèlement créatif suffisant, on parlera certainement de première crise de croissance du mouvement, la fin de l’âge d’or en sorte, comme en son temps le vécut le rock à la fin des années 50. On notera quand même un certain rebond artistique amorcé aux détours des années 2006, 2007 avec l’émergence d’une nouvelle scène et de nouveaux artistes talentueux souvent venus du nord (Nathan Fake, Trentemoller, Lindstrom, Digitalism) et surtout le triomphe d’un ilot électro recentré sur son cœur, tel le petit village gaulois luttant farouchement contre l’envahisseur romain, avec la constance du mouvement minimaliste de Berlin et l’immense rôle joué par la DJ homérique Ellen Allien, fondatrice d’un des labels les plus excitants de la décennie Bpitch Control (on écoutera avec délectation son premier LP Berlinette et son fabuleux album avec Apparat ‘Orchestra of Bubbles’).
On mentionnera également la scène Dub Step londonienne avec entre autres le rafraichissant Burial ou encore Martyn. Heureusement quelques valeurs sures du mouvement techno/house béni des années 90 vont nous faire hurler de plaisir tout au long de ces dix années : on notera la constance des Chemical Brothers et de Laurent Garnier qui excelleront en live/DJ Set pour rester de véritables attractions dont on ne finira jamais par se lasser…
Au rayon des habitués de l’electro pop expérimentale Bjork et Tricky sortent une nouvelle fois leur épingle du jeu. Avec le sublime et éthéré Vespertine de 2001, formidable comptine hivernale ou le parfait mariage de sons électro recherchés et décalés, de chœurs monumentaux, d’une orchestration classique impériale avec la beauté mélodique et romantique de l’Islandaise, Bjork poursuit ses explorations sonores à la recherche d’une harmonie entre avant-gardisme électro et pop music. Elle prendra une nouvelle direction tout aussi courageuse et innovante en 2004 avec l’album Medulla, uniquement orchestré par des voix humaines. Une nouvelle grande réussite pour ce petit génie…
Mais en réalité, le vrai coup de force de la décennie est à chercher du côté du mélange des genres, de l’entremêlement de différents styles, de différents mouvements autour d’une idée du groove et de son expression.
A suivre l'épisode 5: La décennie du Cross-over...
Après le Rock et ses chapelles, on continue notre quête avec ce quatrième épisode consacré à la fin de l'âge d'or de l'électro.
Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 4...
L’electro ou la fin de l’âge d’or...
La musique électronique entre dans la décennie en reine victorieuse qui aura, en quelques années euphoriques, réussi à s’imposer à un large public, rendant désuet, presque ringard la scène rock classique. Cette sur cette lancée que le mouvement va s’évertuer dans les premières années de ce début de siècle à conserver ce nouveau leadership absolu. La scène parisienne est, au début des années 2000, encore furtivement le centre névralgique de l’électro, les mondialement adulés Daft Punk sortent leur second album ‘Discovery’ et les princes de Air fournissent une BO en apesanteur, romantique et mélancolique au premier film de Sofia Coppola (Virgin Suicide) avant de sortir un album ambitieux mais inégal (10 000 Hz legend) où ils tenteront sans succès de devenir une sorte de Pink Floyd électro. Les Daft Punk décevront les premiers fans avec un album presque pop au son très influencé années 80. Ils auront tout de même un succès grand public retentissant, mais déjà, les explorations sonores qu’ils portèrent au nu pour aboutir au phénoménal premier album Homework, référence absolue pour beaucoup de musiciens, ont été mises de côté. L’ambition est autre, le succès grisant…
Tout un symbole de l’essoufflement de l’électro qui sera graduel durant ces premières années de la décade. Autre symbole, le seul album sorti par Aphex Twin, icône flamboyante de l’avant-gardisme électro, durant ces années restera Drukqs, paru en 2001 sur Warp. On retrouvera également cette perte de vitesse, ce délitement final, dans l’histoire même du plus gros label français F-Com, monté par Laurent Garnier et Eric Morand au milieu des années 90, il sera au sommet de son art entre 98 et 2002 avec des productions recherchées et des artistes convaincants (Ready Made FC, Mr Oizo, Alexkid, Aquabassino, Scan X, Frederic Galliano), avant d’amorcer un déclin irréversible, autant économique que créatif pour finalement se mettre en sommeil fin 2008.
Beaucoup de labels de musique électronique connaitront une seconde partie de décennie très difficile avec le recul du mouvement et ceux qui sauront tirer leur épingle du jeu auront été ceux qui auront réussi à se remettre en cause et réorienter leur production. Le meilleur exemple en la matière restera l’évolution du label Warp, tête chercheuse pointue électro ambient durant les années 90 ; ils auront réussi à fédérer et faire émerger un grand nombre d’artistes incontournables qui a eux seuls auront révolutionné le genre (on pense à Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre, Squarepusher, LFO, Plaid…), qui aura amorcé une ouverture vers des zones mixtes, aux frontières entre l’électro et le rock, en signant des groupes comme Maximo Park, Battles ou Flying Lotus, qui pour les deux derniers portent haut une sorte de free post rock sous grave influence electronica, ou en cherchant aux frontières du Hip Hop avec la signature du génie Préfuse 73 (qui en 2003 avec One Word Extinguisher va sortir un album ébouriffant et d’une fraicheur créative déconcertante, un must de la décennie) ou encore le génial crooner Jamie Lidell qui en live utilise sa voix comme source de sample pour créer sous nos yeux ébahis une rythmique électro dantesque, un grand moment, une fraicheur inouïe. Dans une moindre mesure, le label Ninja Tune résista artistiquement avec quelques signatures de qualité (Amon Tobin, Boom Bip, Jaga Jazzist…), mais perdant tout de même l’influx créatif intense du début des années 2000.
En électro pure, la source de jouvence se tarit donc inexorablement faute d’un renouvèlement créatif suffisant, on parlera certainement de première crise de croissance du mouvement, la fin de l’âge d’or en sorte, comme en son temps le vécut le rock à la fin des années 50. On notera quand même un certain rebond artistique amorcé aux détours des années 2006, 2007 avec l’émergence d’une nouvelle scène et de nouveaux artistes talentueux souvent venus du nord (Nathan Fake, Trentemoller, Lindstrom, Digitalism) et surtout le triomphe d’un ilot électro recentré sur son cœur, tel le petit village gaulois luttant farouchement contre l’envahisseur romain, avec la constance du mouvement minimaliste de Berlin et l’immense rôle joué par la DJ homérique Ellen Allien, fondatrice d’un des labels les plus excitants de la décennie Bpitch Control (on écoutera avec délectation son premier LP Berlinette et son fabuleux album avec Apparat ‘Orchestra of Bubbles’).
On mentionnera également la scène Dub Step londonienne avec entre autres le rafraichissant Burial ou encore Martyn. Heureusement quelques valeurs sures du mouvement techno/house béni des années 90 vont nous faire hurler de plaisir tout au long de ces dix années : on notera la constance des Chemical Brothers et de Laurent Garnier qui excelleront en live/DJ Set pour rester de véritables attractions dont on ne finira jamais par se lasser…
Au rayon des habitués de l’electro pop expérimentale Bjork et Tricky sortent une nouvelle fois leur épingle du jeu. Avec le sublime et éthéré Vespertine de 2001, formidable comptine hivernale ou le parfait mariage de sons électro recherchés et décalés, de chœurs monumentaux, d’une orchestration classique impériale avec la beauté mélodique et romantique de l’Islandaise, Bjork poursuit ses explorations sonores à la recherche d’une harmonie entre avant-gardisme électro et pop music. Elle prendra une nouvelle direction tout aussi courageuse et innovante en 2004 avec l’album Medulla, uniquement orchestré par des voix humaines. Une nouvelle grande réussite pour ce petit génie…
Mais en réalité, le vrai coup de force de la décennie est à chercher du côté du mélange des genres, de l’entremêlement de différents styles, de différents mouvements autour d’une idée du groove et de son expression.
A suivre l'épisode 5: La décennie du Cross-over...
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