dimanche 29 novembre 2009

Les années 2000, Episode 3: Le Rock et ses chapelles abrasives, La Bande Son


Pour aller plus loin, une petite sélection des 120 songs indispensables de la décennie... Et ca continue avec la Bande Son du troisième épisode pour célébrer le Rock et ses chapelles abrasives, parfois déviantes...

A écouter sur Deezer pour les titres dispos, c'est ici:
http://www.deezer.com/fr/#music/playlist/les-annees-2000-part-3-34938880

Et comme d'habitude, à voir et à revoir sur youtube. Enjoy.


2000 The Smashing Pumpkins: Stand Inside Your Love Machina, Album: The Machines of God http://www.youtube.com/watch?v=OrXVoIOSoN8

2000 Oasis: Go Let it Out, Album: Standing on the Shoulder of Giant

2000 Sigur Ros Svefn - G - Englar Ágætis Byrjun

2000 PJ Harvey & Thom Yorke: This Mess We're in, Album: Stories From the City, Stories From the Sea

2001 The Divine Comedy: Time Stretched, Album: Regeneration http://www.youtube.com/watch?v=Wc7fIHcgNbo

2002 Oasis: Songbird, Album: Heathen Chemistry

2002 Brian Jonestown Massacre: When Jokers Attack, Album: And this is Our Music
2002 Queens of The Stone Age: A Song for the Dead, Album: Songs for the Deaf
2002 Wilco: I am Trying to Break Your Heart, Album: Yankee Hotel Foxtrot
2002 Beck: The Golden Age, Album: Sea Change

2003 Blur: Out of Time, Album: Think Tank

2004 The Warlocks: It's Just like Surgery, Album: Surgery

2004 TV on the Radio: Staring at the Sun, Album: Desperate Youth, Blood Thirsty Babes http://www.youtube.com/watch?v=y6FUTNa6WJk

2005 Deus: Bad Timing, Album: Pocket Revolution

2005 The Arcade Fire: Neighbourhood #2 (Laika), Album: Funeral

2005 Queens of The Stone Age: Tangled up in Plaid, Album: Lullabies to Paralyze

2005 Black Rebel Motorcycle Club: Complicated Situation, Album: Howl http://www.youtube.com/watch?v=QhuIkfx27Tc

2006 Sonic Youth: Pink Steam, Album: Rather Ripped

2006 Mogwai: Glasgow Mega Snake, Album: Mr Beast
2006 TV on the Radio: Wolf Like Me, Album: Return to Cookie Mountains

2006 Sparklehorse: Don't take my Sunshine away, Album: Dreamt for Light Years

2006 Placebo: One of a Kind, Album: Meds

2007 Wilco: Impossible Germany, Album: Sky Blue Sky

2007 Liars: Clear Island, Album: Liars

2007 Cold War Kids: We used to vacation, Album: Robbers & Cowards http://www.youtube.com/watch?v=8rfDvpfC2bw&feature=related

2007 Black Rebel Motorcycle Club: American X, Album: Baby 81
2009 Sonic Youth: What We Know, Album: The Eternal

2009 The Warlocks: Standing between the lovers of Hell, Album: Mirror Explodes

2009 Wilco: You and I, Album: Wilco (the album)

samedi 28 novembre 2009

Les années 2000: Une décennie musicale décevante? Episode 3: Le Rock et ses chapelles abrasives, parfois déviantes...


Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...

Après le Retour du Rock, on continue notre quête avec ce troisième épisode autour du Rock et de ses chapelles abrasives, parfois déviantes...

Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 3...


Le Rock et ses chapelles abrasives, parfois déviantes...


Du côté du rock plus brutal, il faudra encore une fois regarder de l’autre côté de l’atlantique, avec, malheureusement, la continuation du mouvement Nu Metal (Limp Bizkit, Sum 41 et autres horreurs mais avec une seule réussite System of A Down) qui ne fait que servir une mixture édulcorée pompée sur les racines Fusion emblématiques des années 90 (Red Hot Chili Peppers, Rage Against the Machine, Korn…) et l’évolution brillante du Stoner Rock californien grâce, notamment, au génial Josh Homme, ancien de Kyuss précurseur du mouvement, qui avec Queens of The Stone Age apporte une vraie fraicheur avec ce rock lourd et abrasif aux accents psychédéliques enfumés. Leur troisième album ‘Songs for the Deaf’ (2002), qui marque le retour à la batterie du cultissime Dave Grohl (Nirvana), restera l’un des monuments de la décennie.


Dans le même temps qu’émergera le Stoner rock, un autre versant du rock psychédélique se développera en Californie autour de la scène de San Francisco et des barrés Brian Jonestown Massacre du génie démiurge et démoniaque Anton Newcombe qui aura réussi à faire grandir autour de lui toute une scène underground de qualité depuis le milieu des années 90 (les éminents représentants en seront les Dandy Warhols, Black Rebel Motorcycle Club et les Warlocks…). C’est seulement avec la sortie en 2004 de l’incroyable documentaire DIG, devenu culte, filmé sur sept années, montrant l’évolution de deux groupes emblématiques de cette scène (Brian Jonestown Massacre et The Dandy Warhols), que les BJM éclateront à la face du monde et commenceront à recevoir les lauriers tellement mérités d’un groupe culte maudit qui refusa obstinément que le succès ne s’impose à lui et vienne corrompre sa musique de quelque façon que ce soit.


En Europe, à noter les formidables petits frères belges de Radiohead version The Bends : dEUS qui avec Pocket Revolution en 2005 puis The Vantage Point en 2009 ont sorti deux brillants disques de rock indé toutes guitares hurlantes. Quelques valeurs sûres continueront d’épater durant ces dix années (PJ Harvey, Beck, Ben Harper et REM à un degré moindre) ou amorceront même un grand retour inspiré dans la seconde moitié de la décade après des débuts de décennie catastrophiques (Oasis, Metallica, ACDC). D’autres encore effectueront un retour inutile (Guns ‘N Roses) lorsque Portishead réussira un come back divin en se réinventant totalement (l’album ‘3’ sorti en 2008).


Au-delà du Rock où le retour de l’émergence d’un mouvement post-rock ?


Les années 2000 auront certainement été les années du mélange des genres, du mixage compulsif de plusieurs mouvements, de maintes influences, on y reviendra dans la seconde partie de l’article avec l’électro. Aux frontières du rock et de la pop se sera développé un songwriting exigeant mêlant diverses influences pour faire émerger, presque de manière expérimentale de nouveaux genres ou tout au moins de nouvelles formes d’interprétation de la grande scène pop rock. En fer de lance des ces défrichages sonores, on retiendra le groupe de Chicago Wilco, qui aura tout au long de la décennie su marier rock, folk, country et brillamment réconcilier mélodie, expérimentation et vision progressiste. Des albums comme ‘Yankee Hotel Foxtrot’ (2002) ou ‘A Ghost is Born’ (2004), réalisés avec l’apport des talents d’expérimentation de Jim O’Rourke (que l’on retrouvera également du côté de Sonic Youth) restent des modèles d’invention d’arrangements originaux au service d’une mélodie d’une rare beauté. Wilco ou le pendant américain de Radiohead.


En termes d’expérience sauvage et tous azimuts les New Yorkais de Liars ne sont pas en reste. Flirtant avec la dissonance, la bizarrerie mélodique et la folie pure, ils réinventent un rock tête chercheuse et tentent d’explorer de nouveaux territoires. Des aventuriers dont l’écoute des albums éponymes Liars, sorti en 2007 et ‘Drums not Dead’ de 2006 (tout un programme) raviront les adeptes de recherches soniques jamais loin d’une certaine idée de l’avant-garde.
De la scène New Yorkaise, on ne pourra passer à côté des maitres absolus du bruit maitrisé, de l’improvisation sonique débridée depuis plus de 20 ans : les cultissimes Sonic Youth. Ils ont commencé la décennie par l’incroyable tournée ‘Goodbye 20th Century’, du nom de l’album sorti sur leur propre label où ils y réinterprétaient des morceaux de compositeurs contemporains du 20ième siècle. Leur passage à l’Olympia en juin 2001 restera à jamais gravé comme un moment historique de maitrise sonore, bruitiste, mélodique qui n’avait rien à envier aux improvisations sauvages et toujours à propos des maitres du free jazz. Côté discographie officielle, les Sonic Youth connurent une véritable cure de jouvence, une véritable renaissance avec la sortie de Rather Ripped en 2006 et The Eternal en 2009, deux albums où ils réussirent comme jamais à trouver la parfaite alchimie entre mélodies lumineuses et expérience bruitiste. A noter la sortie en 2007 d’un excellent album solo du leader de Sonic Youth Thurston Moore (Trees Outside the Academy) qui donne une version acoustique sublime des inventions du groupe, à écouter d’une oreille attentive.

La Scène New Yorkaise aura également vu l’apparition des ambitieux TV on the Radio, qui auront su importer un son nouveau en mixant influences rock indé à la My Bloody Valentine, Soul Music et arrangements d’obédience électro grâce à la production inventive de leur leader David Sitek (à écouter leurs deux premiers albums (Desperate Youth, Blood Thirsty Babes de 2004 et Return to Cookie Mountain de 2006). On pourra également citer les défricheurs lunaires d’Oklahoma City les Flaming Lips ou les cousins écossais de Sonic Youth : Mogwai, mais le bouillonnement de la seconde partie de la décennie est à aller chercher en dehors des Etats-Unis, du côté de Montréal où une scène exigeante et en avance sur son temps s’est développée autour de collectifs comme Silver Mount Zion ou Godspeed You Black Emporor en repoussant toute idée de songwriting rock classique.
Mais ce sont bien sûr les incomparables Arcade Fire qui seront pour le monde entier les représentants les plus emblématiques de cette effervescence créative. Ils arrivent en 2005 telle une météorite en provenance d’un univers inconnu avec leur premier album Funeral. On reste encore émerveillé par ce lyrisme à fleur de peau, cette émotion intense véhiculée et ce grand maelstrom mélodique ou viennent se catapulter guitares, accordéons, violons, instruments à vent, synthé, pianos et bien d’autres encore. Leurs concerts sont presque une expérience chamanique, ils réussissent à emporter dans leur transe émotionnelle tout un public conquis et ravi de s’adonner à tant de chaleur humaine réconfortante… Certainement l’un des groupes phares de la décennie qui aura apporté quelque chose de totalement revigorant. Autre scène intéressante en terme d’exploration, l’Islande avec les atmosphériques Sigur Ros, sorte de Pink Floyd enneigé sous influence post-rock (Tortoise notamment) musique classique et rock progressiste.

jeudi 26 novembre 2009

Eiffel à la Cigale (17/11/09): 'De la lumière a en déchirer la nuit...'

Eiffel: le meilleur Groupe de rock français de la décennie, ni plus, ni moins... Avec 4 albums pied au plancher, ils ont su reprendre le flambeau laissé par leurs amis bordelais après le drame de Vilnius. Avec un son rock puissant et qui n'a rien à envier aux anglo-saxons (le leader du groupe, Romain Humeau, multi instrumentiste doué produit lui-même les disques du groupe) et surtout un véritable talent d'écriture avec une plume exigeante, lettrée et raffinée.

Quel plaisir d'entendre ces textes de bravoure, en français, qui font honneur à la langue de Molière. Souvent engagés, toujours à fleur de peau, les mots d'Eiffel restent dans la lignée d'un rock contestataire qui sait par moments s'égarer vers les cimes lyriques d'un romantisme post-industriel dévoyé...

Pourquoi ce groupe n'a-t-il donc pas le succès qu'il mérite? Pas assez consensuel et certainement dénigré car chantant du rock en français et donc non rattaché à la grande scène prétentieuse de la chansonnette française...

Ce fut un vrai plaisir de revoir ce groupe à la Cigale, dans une ambiance électrique et surchauffée. Avec un joli kaleidoscope de leur carrière, les meilleurs songs que sont Sombre, il Pleut des Cordes, Tu vois Loin, Ma part d'ombre ou encore le tout nouveau A tout moment la rue font mouche... En rappel on a même droit à un classique de leurs prestations live: un texte de Boris Vian (Je voudrais pas crever) brillamment mis en musique et chanté... Un grand moment...
Un groupe à découvrir de toute urgence...

Et sur Deezer, les 13 titres d'Eiffel à avoir écouté avant de mourir: http://www.deezer.com/fr/#music/playlist/eiffel-13-to-be-heard-34868513







lundi 23 novembre 2009

Les Années 2000, Episode 2: Le Retour du Rock, la Bande Son


Pour aller plus loin, une petite sélection des 120 songs indispensables de la décennie... Et ca commence avec la Bande Son du second épisode pour célébrer le Retour du Rock...

A écouter sur Deezer pour les titres dispos, c'est ici:

http://www.deezer.com/fr/#music/playlist/les-annees-2000-part-2-34455610

Et bien entendu à voir et à revoir sur Youtube... Enjoy...

2000 At the Drive-in: One Armed Scissor, Album: Relationship of Command
2001 The Strokes: Last Nite, Album: Is this it?
http://www.youtube.com/watch?v=sd0o3R0C1r0

2001 The Strokes: Hard to Explain, Album: Is this it?


2001 Weezer: Island in the Sun, Album: Green Album
http://www.youtube.com/watch?v=WcWPy-e_TJE

2002 The Libertines: Up the Bracket, Album: Up the Bracket


2002 The Libertines: Death on the Stairs, Album: Up the Bracket
http://www.youtube.com/watch?v=zReDDTpRi6g&feature=related

2002 Ryan Adams: Nuclear, Album: Demolition
http://www.youtube.com/watch?v=aSFVi0FhLcc&feature=related

2002 Coldplay: Politik, Album: A Rush of Blood to the Head
http://www.youtube.com/watch?v=AMgjtreFoEs

2002 Interpol: Say Hello to the Angels, Album: Turn on the Bright Lights
2002 The Coral: Bad Man, Album: The Coral


2003 The White Stripes: Seven Nation Army, Album: Elephant
http://www.youtube.com/watch?v=psbs_8kkWqg

2003 Ryan Adams: So Alive, Album: Rock & Roll


2003 The Kills: Cat Claw, Album: Keep on your Meanside
http://www.youtube.com/watch?v=R7O1jkHYkcA

2004 Franz Ferdinand: Take me Out, Album: Franz Ferdinand


2004 Bloc Party: Banquet, Album: Bloc Party EP
http://www.youtube.com/watch?v=nk-Ou05Kz1I

2004 The Libertines: Music when the Lights Go Out, Album: The Libertines http://www.youtube.com/watch?v=P-Q1GUa3cUk

2005 Editors: Munich, Album: The Back Room
http://www.youtube.com/watch?v=-6HHqkRKMq0

2005 The Rakes: Open Book, Album: Capture / Release


2005 Babyhambles: Fuck Forever, Album: Down in Albion
http://www.youtube.com/watch?v=dGBGs9GVsuQ

2006 Dirty Pretty Things: Bang Bang You're Dead, Album: Waterloo to Anywhere http://www.youtube.com/watch?v=DfWeAsqfIkQ&feature=related

2006 The Kooks: Sofa Song, Album: Inside In/ Inside Out
http://www.youtube.com/watch?v=IAVE0PCMWPg

2006 The Raconteurs: Together, Album: Broken Boy Soldiers
http://www.youtube.com/watch?v=YJ89GcR-gGY

2006 The Raconteurs: Steady as She goes, Album: Broken Boy Soldiers


2007 Babyhambles: Delivery, Album: Shotter's Nation
http://www.youtube.com/watch?v=X1JQc-tYaDg&feature=related

2007 The White Stripes: Little Cream Soda, Album: Icky Thump
http://www.youtube.com/watch?v=moSYKuZ7mxY

2008 The Last Shadow Puppets: Standing next to Me, Album: The Age of the Understatement

2009 The Dead Weather: 60 Feet Tall, Album: Horehound

Les années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 2: Le Retour du Rock


Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...

Après la mise en perspective, on rentre dans le vif du sujet avec ce deuxième épisode et le Retour du Rock...

Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 2...



Le Retour du Rock

Le rock a été le principal perdant de la fin de la décennie précédente avec l’avènement de la musique électronique en général (techno, house, lounge etc…) qui mit à mal la suprématie du vieux mouvement quarantenaire. A chaque fois que l’on a cru le rock mort et enterré, il ressurgit et renait de ses cendres, tel un phénix légendaire. Cette nouvelle vie prit forme à la veille du 11 Septembre avec la sortie fin aout 2001 du premier album d’un jeune groupe de New Yorkais issus de la classe plutôt aisée : The Strokes. Avec ‘Is this it’ ils signent un brillant album de rock qui marie de manière subtile et intelligente pop et rock indé US à la sauce punk. Aidés en cela par une production sublime au son vintage, les Strokes remettent au goût du jour un songwriting rock exigeant et un retour à l’énergie salvatrice du rock. Ils ramènent sur le devant de la scène cette urgence, cette incandescence propre à la musique rock qui retrouvera un écho sans pareil dans ce monde post 11 septembre rempli de paranoïa, de malaise, de peur et de désarroi. En ces temps troublés, un retour à l’énergie basique, contestataire et instinctive du rock semble devenir un réconfort indispensable, une bouée de sauvetage éternelle. C’est ainsi que des milliers d’ados laisseront de côté l’hédonisme festif de la house et de la techno qui avait bercé la seconde partie euphorique de la décennie précédente, pour revenir à une simplicité tribale et émotionnelle provoquée par la musique rock.

En ce sens, l’émergence des White Stripes à la fin de 2001 avec leur troisième album ‘White Blood Cells’ parait inévitable. Le retour à l’essence même du blues et du rock, le dévouement à la pureté de l’émotion viscérale provoquée de par leur parti pris de jouer en duo guitare / batterie en remisant de coté l’apport d’une basse, fait mouche. Ils exploseront définitivement au niveau mondial en 2003 à la sortie de leur quatrième album, le bien nommé ‘Elephant’. Le leader du groupe, Jack White, restera comme l’un des musiciens indispensables de la décennie, que ce soit avec les White Stripes ou ses Side Projects, les Raconteurs avec Brendan Benson (ils forment un duo de songwriters assez incomparable qui pourrait devenir l’égal des plus grands) ou encore The Dead Weather avec Alison Mosshart des Kills où Jack se retrouve derrière les fûts pour déverser un blues rock épais, crasseux et viscéral, l’essence même du rock… En Europe, la réponse aux américains, se prépare, une nouvelle fois en Angleterre, avec l’émergence des Libertines de Pete Doherty et Carl Barat. Signé sur l’historique label indé Rough Trade, la production du premier album de ce groupe prometteur est confiée à l’ancien Clash Mick Jones (Up the Bracket sorti en 2002). Il saura trouver le son parfait pour rendre le meilleur des compositions pop/punk du nouveau duo de songwriters rois. Les Libertines apportent une énergie nouvelle et rafraichissante à la scène londonienne.

Les Strokes et les Libertines ont redonné un second souffle au rock en suscitant un intérêt nouveau et surtout bon nombre de vocations auprès des ados musiciens en herbe. Nombre de groupes se sont formés dans la foulée, alimentant le retour annoncé d’une attitude, d’un mouvement qui une fois de plus reprenait le devant de la scène à coup de riffs incendiaires et de cris furieux toujours au service d’une mélodie efficace et instantanée. Les White Stripes auront engendré l’arrivée des duos abrasifs Kills (les concerts de The Kills restent les shows les plus sexy et émotionnellement intenses de la décennie) ou Black Keys. Les Libertines entraineront derrière eux une nouvelle scène britannique (Franz Ferdinand, Futurehead, Hard-Fi, Bloc Party, Servants, The Coral, Razorlight…) et la même chose se produira Outre-Atlantique avec les Strokes (Killers, Ryan Adams) et aura même des échos jusqu’en Australie (The Vines, Jet).

Le retour du rock dans un contexte noir et de dépression ouvrira la porte au comeback d’une musique sombre, largement influencée par la new wave et cold wave des années 80. Dans un environnement médiatique propice à la propagande régressive vers la mode eighties, des groupes brillants comme Interpol vont continuer les explorations de leurs ainés et proposer une relecture personnelle d’une grande intensité d’un héritage noir de guitares saturées à l’extrême dans un flot de réverbération abyssal, le tout enrobé par une batterie martiale et une voix grave apocalyptique. Le premier album d’Interpol, ‘Turn on the Bright Lights’ en est le fer de lance. Malheureusement, le groupe semblera avoir du mal à digérer leur succès et leur musique claustrophobique aura du mal à s’adapter à l’espace des grandes salles.

Nombre de groupes s’engouffreront dans cette brèche, avec beaucoup de malice et d’inspiration souvent, parfois sauvés par une vraie authenticité, une urgence, un dont de soi (voir en ce sens le premier album des Editors ‘The Back Room’, la suite sera beaucoup moins convaincante, également à écouter le premier album The Rakes : Capture / Release) mais de trop de fois noyés dans un son à la mode et des chansons pas vraiment à la hauteur (Death Cab for Cutie, Killers, Superbus… etc). A cet égard, l’évolution d’un groupe comme Coldplay est assez symptomatique. Après un sympathique premier album en 2000 (Parachutes) ils enchainent avec un second album en 2003 souvent brillant (A Rush of Blood to the Head) qui les fait exploser mondialement avant qu’ils ne sortent en 2005 un troisième album insipide totalement dévoué au son années 80 version Grands Stades. Une grande déception pour un album inaudible et qui sent la guimauve. Il faudra bien le recours au génial Brian Eno pour leur rendre un peu de crédibilité en 2008.

A suivre l'épisode 3 : Le Rock et ses chapelles abrasives, parfois déviantes...

dimanche 15 novembre 2009

Les Années 2000: Une décennie musicale décevante? Episode 1: Une mise en perspective...


Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...

On commence notre aventure avec un premier épisode qui tente de mettre en perspective ces années 2000...

Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 1...

Les années 2000 se terminent, enfin diront certains. Il est vrai que l’on n’a pas été souvent à la fête pour cette première décennie du vingt et unième siècle. Que d’espoirs insensés, de doux rêves partagés qu’avait fait naitre dans l’inconscient collectif le changement de millénaire, comme une nouvelle page blanche à écrire, en tirant un trait définitif, pour le meilleur, sur les ravages du siècle le plus meurtrier de la courte existence de l’humanité sur terre. Passée l’euphorie du réveillon du millénaire et de la victoire de bleus au championnat d’Europe à Rotterdam au terme d’une finale d’anthologie au scénario Hitchcockien, le réveil fut terrible. On est entré de plein pied dans cette décennie avec la tragédie du 11 septembre 2001 qui jeta un voile noir définitif sur ces dix années. Commencée par ce choc planétaire, la décennie se poursuivra avec la présence de l’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle du pays de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen pour se terminer avec la plus grave crise financière depuis celle de 1929… Que de réjouissances !

La musique étant un reflet perpétuel de son temps et de l’évolution de la société, c’est dans ce contexte que nos oreilles ont du évoluer pour un voyage difficile et périlleux… Il n’est pas facile d’élaborer un retour distancié à chaud, mais essayons tout de même de jeter les bases d’un premier bilan de cette décennie musicale.

Les années 2000 resteront très certainement comme une décennie paradoxale où l’industrie du disque telle qu’elle s’était construite depuis l’avènement du rock et de la pop music dans les années 60 s’est complètement effondrée, faute d’avoir su se remettre en cause et anticiper la fin du Business Model sur lequel elle s’était construite : la production industrielle de média physiques (vinyle puis CD) pour vendre la musique produite de leurs artistes. L’arrivée de Napster (première plate forme de partage de fichiers musicaux entre ses utilisateurs : premier Peer to Peer à succès) à la fin du siècle dernier fut précurseur de ce qui allait se passer tout au long de la décennie. Les maisons de disques n’ont pas pris au sérieux, à l’époque, l’étendue de la révolution engendrée par la démocratisation d’internet et de la dématérialisation du support à la musique. En passant d’un support physique à un fichier électronique la musique a retrouvé une nouvelle liberté en devenant affranchie de tout objet que produisait l’industrie du disque. L’ironie du sort, selon la légende urbaine qui semble être bien plus qu’une légende, veut que les grands patrons des maisons de disques fussent sur le point, dès 2000, de passer un accord avec Napster, pour rendre son contenu légal et amorcer un partenariat financier. Ils eurent finalement peur et décidèrent de poursuivre Napster en justice. On ne saura jamais ce qu’il serait advenu de l’histoire si les majors avaient décidé de contrôler ce phénomène émergent en s’associant avec Napster qui était en train de devenir la référence mondiale en terme de distribution dématérialisée de fichiers musicaux. Qui sait, Napster serait peut être aujourd’hui l’équivalent d’un Yahoo ou d’un Google et les autres réseaux Peer to Peer qui suivirent : Kazaa, Emule et consorts n’auraient peut être jamais eu l’occasion d’avoir le succès qu’ils ont eu… On ne saura jamais, mais on pensera longtemps que le point de basculement pour les maisons de disques se situe à ce moment là. Elles se sont délibérément sabordées et ont enclenché leur inévitable déclin de par leurs manques visionnaires…

Les ventes de disque en France sont passées d’un pique historique en 2002 de 171 millions de disques vendus à 96 millions en 2006 (source lemonde.fr) sans que les ventes en téléchargement légal ne soient venues compenser ces pertes. On parle aujourd’hui d’un marché divisé par 2.5 depuis 2002 (en chiffre d’affaire vente physique). Durant cette décennie, les maisons de disque n’ont cessé de crier au loup en montrant du doigt le téléchargement illégal, cause de tous les maux selon leurs dires. Elles oublient de mentionner leur manque d’anticipation des changements amorcés avec la dématérialisation de la musique et ainsi le retard considérable pris en matière d’offre de téléchargement légal. Elles n’ont réagi qu’une fois que le téléchargement illégal était rentré dans les mœurs. Elles oublient également de regarder de leurs côtés et leurs manquements en termes de diversité et de qualité de leur production. A force de marketer leurs artistes, de vouloir s’insérer sur un marché, de répondre à la tendance du moment, elles ont le plus souvent produit des artistes faciles, ou chargés à copier tel artiste ou tel mouvement à la mode, quand elles ne mettaient pas en avant le recyclage facile de leur catalogue avec un abondance de Best of, compilations ou autres. Elles ont trop réagi en ayant en tête une segmentation de marché frileuse et n’ont su repérer de nouveaux talents et renouveler en profondeur leur offre musicale. Cette décennie est aussi une crise de l’offre, qui a empiré avec la perte de moyens financiers des labels rendant leur frilosité et leur manque de goût du risque encore plus flagrant et rédhibitoire. Les artistes et les consommateurs sont les premières victimes de cette politique désastreuse.

Le paradoxe de cette décennie réside dans le fait qu’avec les progrès techniques et les développements du Home Studio à moindre coût (aujourd’hui il est facile de produire une musique de qualité plus qu’honorable avec un bon ordinateur, une bonne carte son et un logiciel de musique adéquate style Pro-Tools, Cubase, Reason ou autres…) la production musicale individuelle n’a jamais été aussi importante. Il n’y a qu’à voir le succès phénoménal, en quelques années, d’un site comme My Space qui voit des milliers d’artistes, musiciens amateurs, venir partager leurs compositions sur leur page personnelle. My Space est même devenu un vecteur de communication important pour les artistes professionnels signés par les maisons de disques. Paradoxe donc d’une production amateur florissante et d’une offre professionnelle en décroissance, très peu renouvelée et d’une qualité moyenne en baisse. D’un côté une offre pléthorique, où se côtoient excellence, bon et moins bon, parfois très mauvais, où il est très difficile de se retrouver et de l’autre une offre pro beaucoup moins excitante et qui ne peut plus donner sa chance à des groupes qui mériteraient un vrai soutien.

Ainsi se pose la vraie question du soutien financier au développement des artistes. C’est le véritable cœur du problème, mais nous reviendrons sur cette question plus tard dans notre récit. Après cette introduction fondamentale sur l’environnement particulier de cette décennie, revenons sur les enseignements à tirer de la production musicale des années 2000.

A suivre l'épisode 2: Le Retour du Rock...

mercredi 11 novembre 2009

Massive Attack au Zénith (10/11/9)

C'est toujours un immense plaisir de retrouver sur scène ce groupe légendaire dont le son léché, sombre et monumental reste d'une modernité totale. Ils ont révolutionné le son des années 90 par deux fois, en magnifiant l'utilisation des premiers samplers pour créer, avec Blue Lines, un nouveau mouvement mélangeant soul, rap, dub, appelé trip hop par la critique. Avec Mezzanine en 98 ils réinventent une cold wave post punk lancinante en alliant guitares noires, rythmiques industrielles et sons électro pour produire la musique du futur forcément claustrophobe, noire mais tout empreinte d'une force vive profonde et inaltérable...

Encore aujourd'hui ce son est d'une acuité confondante. Au Zénith, ce qui surprend d'entrée de jeu c'est le caractère massif, puissant de l'ensemble tout en restant net et distinct. Pour ce lieu c'est une véritable prouesse. On est embarqué dès le départ dans un monde sombre et ultra moderne. Sur des écrans à l'arrière de la scène défilent tous azimuts, des chiffres, des slogans et des citations qui mettent en exergue certaines incongruités de notre époque... Saisissant...

Un Immense Groupe.




Et à lire sur ce site Best Song Ever épisode 41: http://mindriotmusic.blogspot.com/2009/09/best-song-ever-episode-41.html
ainsi que Massive Attack à Fourvière en 2008:
http://mindriotmusic.blogspot.com/search/label/a

Arctic Monkeys au Zénith (6/11/9)

Difficile d'écrire un article sur le passage des Arctic Monkeys au Zénith de Paris. J'adore ce groupe, qui avec trois albums vraiment réussis sortis en l'espace de quatre ans, a ranimé une certaine flamme rock et est devenu l'un des groupes les plus intéressants de cette seconde partie de décennie.

La première fois que je les ai vus c'était en 2006 au Metro de Chicago (salle mythique où a notamment été filmée l'unique prestation live de Jeff Buckley sortie en DVD à ce jour) lors de leur seulement seconde date en terre américaine. J'en garde un excellent souvenir, j'avais été bluffé par tant d'assurance et de fraicheur pour ce jeune groupe propulsé par la blogosphère mondiale sur le devant de la scène en quelques semaines. Il faut dire que l'écriture des chansons était déjà brillante dès ce debut album de tous les records: 'Whatever People Say I am, That's What I am not'. Enchainer le brut de décoffrage 'The View from the Afternoon', le tubesque et génial 'I bet You look Good on the Dancefloor' et le très sixities 'Fake Tales From San Francisco' réside du génie pour un premier album... Et la conclusion de ce premier effort n'est pas en reste. Le second album, plus lourd, plus sombre, moins dansant impose la bande à Alex Turner comme l'un des nouveaux détenteurs du sceptre rock. L'adoubement de Josh Homme qui produisit le récent album du groupe sonne comme un consécration...

Mais voilà, après ce nouveau passage parisien au Zénith, je reste sur la même impression que lors de leur venue en juillet 2007. Il y a de très bons moments mais il manque quelque chose... Cette petite étincelle de folie, de présence qui fait basculer un bon concert vers un moment de légende... Ce groupe a le talent pour nous emmener à ce niveau là mais il lui manque encore ce petit supplément d'âme... Larguer les amarres et partir en croisade avec leur public comme moussaillon: le prochain défi pour les Monkeys...