mercredi 28 août 2024

Massive Attack à Rock en Seine (24/8/24)


Pour le 20ième Rock en Seine, les pionniers du festival inaugural de 2003 étaient de retour : PJ Harvey, le dimanche et Massive Attack en tête d'affiche du samedi. Déjà en 2010 et en 2016, on avait fait les louanges du collectif de Bristol et on était tellement impatient de les retrouver sur la grande scène de Rock en Seine.

Massive Attack a joué un rôle crucial dans les années 90 en réussissant l'amalgame des différentes cultures de la très cosmopolite ville de Bristol. En reprenant l'art du sample popularisé par les pionniers du hip hop et en y mélangeant des influences jamaïquaines (reggae, dub) pop et punk, Massive a lancé les prémisses d'un mouvement, vite baptisé trip hop sur 2 premiers albums exceptionnels (Blue Lines et Protection). Avant de redéfinir le son des 90s avec Mezzanine, en noircissant le très et incorporant de profondes influences post punk.


Si le groupe n'a plus sorti d'album depuis 2010 (2 Eps depuis de 4 et 2 chansons), il est resté actif en live, devenant une référence aussi bien sonique que visuelle. Un concert de Massive Attack reste une expérience profonde et intense... On esquivera tout de suite le sujet polémique de la prise de positon politique (Massive a toujours fait celà depuis la guerre en Irak et on vous conseillera la lecture d'un article de Libération sur le sujet ), pour se consacrer à l'aspect artistique de la prestation.

Depuis leur dernière venue à Paris en 2019 pour célébrer les 21 ans de Mezzanine, dont le son et la noirceur collent toujours aussi bien à l'époque, on ne peut pas dire que la situation globale se soit améliorée... D'où un début de concert plus sombre que d'habitude avec d'entrée un Risingson industriel donnant le ton... la légende Horace Andy viendra apporter un peu de lumière dans ce monde de ténèbres avec un Girl I love you au spleen totalement envoutant...

Comme sur la tournée Mezzanine 21, on a l'immense plaisir de retrouver sur scène la légende Liz Fraser (Cocteau Twins) dont le timbre de voix si angélique nous donne à chaque fois des frissons. Même si son entrée se fait sur le très noir Black Milk, la vulnérabilité et la force à la fois de sa voix stellaire irradient d'une lumière éclatante la mélancolie de la musique...


Autres invités de marque, les écossais de Young Fathers, au sommet de notre année de concerts 2023. Ces autres électrons libres à la créativité et à l'intensité fascinantes ne pouvaient que se comprendre avec 3D et Daddy G, c'est évident. Quel bonheur de voir ces 2 immenses groupes jouer ensemble, sous nos yeux ébahis sur la grande scène de Rock en Seine.

La grande force de ce festival est la sono de la grande scène. la puissance sonore alliée à la précision du son rendent l'expérience de certains concerts  totalement fascinante... Et c'est clairement le cas avec Massive Attack, qui apporte un soin tout particulier au mixage des morceaux... De nombreuses fois, les effets donnaient l'impression d'une vraie spatialisation du son. Ajouté à l'effet physique sur nos corps de la puissance du son en façade de la grande scène, et on a l'a une expérience assez singulière...

Elizabeth Fraser revient ensuite sur scène pour un moment élégiaque avec Song to the Siren, une reprise de Tim Buckley... On en a les larmes aux yeux... Très émouvant... La reprise d'Ultravox, RockWrock, donne une impulsion punk au show, qui au final ne détonne pas plus que ça et caractérise assez bien l'éternel état d'esprit frondeur du collectif.

A partir de là, pluie de standards du groupe avec Angel, Safe from Harm, Unfinished Sympathy, Karmacoma et Teardrop... Une fin sonique et toutes guitares hurlantes avec un Group Four extatique...

Une soirée monumentale, qui avait commencé avec des Blonde Redhead magiques et qui se finira avec le DJ Set atomique des 2 Many Dj's...

A lire également Massive à Fourviere en 2008, Rock en Seine 2010 en Best Song Ever et au sommet de notre Top 2019



vendredi 23 août 2024

Slowdive à la Route du Rock (15/8/24)


 Il y a pile 10 ans, à cette même Route du Rock, le comeback inattendu des shoegazers 90s de Slowdive nous avait ébloui. Sacré concert de l'année 2014 en ces pages, le retour de hype d'un groupe mal aimé au milieu des années 90, pouvait nous faire espérer un retour discographique probant. Chose faite en 2017 avec leur album éponyme, Slowdive, qui ravissait par sa fraicheur et le caractère toutjours aussi envoutant de leur musique...

En 2023, rebelotte avec le très bon LP Everything is Alive. Pour promouvoir ce nouveau disque, Slowdive a monté une tournée européenne puis mondiale. Et à ma grande surprise, les places pour leur concert de janvier sont parties en quelques heures... Totalement incompréhensible sur le coup... Que s'est-il passé?, Un ami, chanceux détenteur d'un billet, m'expliquait qu'au concert de Slowdive, il y avait maintenant autant de quadras et quinquas que de vingtenaires...


La faute, ou la grâce, à un succès renversant sur Tik Tok. Alison et When the Sun Hits (extrait de leur second album de 93 Souvlaki, mythique...) devenant virales et vus des centaines de millions de fois, rendant ainsi le quintette extrêmement populaire auprès des nouvelles générations.

Ce n'est certainement pas un hasard si les nouvelles générations sont touchés par la musique aérienne et rêveuse des 5 anglais. Plus que du shoegaze, Slowdive fait de la dream pop, au même titre que The Cocteau Twins, nous transportant dans une dimension spirituelle de la musique...

Pour ce 1er soir de la Route du Rock, il ne faut pas se fier aux apparences, ce n'est pas The Kills, programmé sur le créneau prime de 23h qui fait venir la foule mais bien Slowdive (à 23h on verra beaucoup de monde se diriger vers la sortie...)..


En live, la puissance des guitares, ce mur du son immersif de distorsion mêlée à de grosses doses d'écho et de reverberation, fait mouche. On adore se perdre dans ce dédale de sons stellaires. La magie du live et de l'ineraction avec le public fonctionne à merveille. Les visages dans la fosse sont radieux. On part dans des contrées oniriques desquelles on voudrait ne jamais revenir...

Le set débute par le nouveau et très beau titre Shanty, tout en apesanteur avant un Star Roving, morceau de bravoure du LP de 2017, qui fait chavirer les cœurs. L'enchainement des classiques Catch The Breeze, Crazy for you et Souvlaki Space Station (l'une de nos Best Song Ever) est un régal... Que de beauté, que de belles sensations... l'extase du moment...

Bien sûr, Slowdive jouera Alison et When the sun hits à la fin du show, terminant le set par une reprise sublime du Golden Haire de Syd Barrett... Une filiation tellement évidente...


C'est une histoire folle que celle de Slowdive, qui a fait partie de la fabuleuse aventure du label d'Alan McGee, Creation Records, avec tous nos héros sur ce blog : My Bloody Valentine, Jesus and Mary Chain, Ride, Oasis, Primal Scream... Anecdote intéressante livrée par le groupe à Jenny Beth, McGee a beaucoup soutenu Slowdive, puis après Souvlaki, a disparu des bureaux de Creation pour entamer une réhab... Perdus sans le soutien de leur mentor, comme beaucoup de groupes Creation à l'époque ("where were you while we were getting high, disait Oasis à ce sujet dans Champagne Supernova, directement adressé à Alan...) le 3ieme album du groupe fut baptisé Pygmalion, en référence à McGee...

Une soirée exquise...

A lire également, Slowdive à la Route du Rock 2014 et en Best Song Ever... A lire aussi My Bloody Valentine, Ride, Nick Mason...