vendredi 21 juin 2024

Bar Italia à la Cigale (20/6/24)


 La sensation hype de 2023, le trio londonien Bar Italia, était enfin de passage en France pour promouvoir les 2 excellents albums sortis l'année dernière (Tracey Denim et The Twits), l'occasion de vérifier si l'engouement de la blogosphère était vraiment justifié?

On a rarement vu une telle effervescence autour d'un groupe de rock indé. Il faut dire qu'en sortant 2 très bons disques à guitares à 6 mois d'intervalle, le trio a frappé fort. Magic a placé les 2 disques en tête de son top 2023 et les Inrocks ont également plébiscité. Que la presse écrite s'enflamme, rien de neuf mais lorsque Twitter et la blogosphère dégaine également c'est plus intriguant. D'autant plus qu'après plusieurs disques passés inaperçus (sorti sur le très recommandable label de Dean Blunt, World Music), Bar Italia a été signé par le fleuron indé US Matador. Une accélération de carrière...


Hype surgonflée, imposture, sauveurs du rock? Autant d'interrogations superflues qui nous encombrent l'esprit en rentrant dans la fosse d'une Cigale bien garnie mais pas sold-out... La vérité est certainement entre les 2. C'est très clairement réjouissant de découvrir un jeune groupe qui met en avant les guitares avec des mélodies souvent alambiquées, qu'on pourrait nommer typiquement rock indé, canal Velvet Underground, c'est à dire avec une certaine évidence travestie.

A minima la musique de Bar Italia est rafraichissante. Certains pourront la trouver un peu trop arty, un peu trop intellectuelle mais jamais prétentieuse à nos oreilles.  On notera la production très futée de Marta Salogni, une italienne pour le coup qui donne aux 2 disques ce son mystérieux et envoutant... 


Sur scène, Nina Cristante se place au centre, entre ses 2 compères guitaristes et chanteurs Sam Fenton et Jezmi Tarik Fehmi. Si Sam arbore le plus souvent une Stratocaster, son comparse oscillera entre Gbson Les Paul et Fender Jaguar, la guitare du rock expérimental par excellence.

Le set tournera beaucoup autour du dernier LP en date, The Twits, plus rock que Tracey Denim et qui sied bien à la scène. On sera en perpétuel balancement entre morceaux atmosphériques et plus rentre dedans. On sent que le groupe a un peu de mal à se lâcher au début mais se prend au jeu au fur et à mesure.

C'est plutot plaisant, Bar Italia a du potentiel et on suppose qu'une étincelle pourrait provoquer l'embrasement souhaité. On sent une marge de progression au niveau du chant, en prenant un peu plus confiance et en dépassant le coté nonchalant, typiquement rock indé, le combo pourrait surprendre et passer un cap... En explorant un peu plus encore leurs mélodies en choisissant des chemins de traverse, Bar Italia pourrait devenir irrésistible...

De belles promesses à transformer... A lire également dans le registre révélation rock : Malice K


vendredi 14 juin 2024

Matthew Halsall à la Cigale (12/6/24)


Changement d'ambiance complet par rapport à d'habitude avec le concert soyeux de Matthew Halsall à la Cigale. Concert d'obédience jazz oblige, la Cigale est en configuration places assises dans la fosse et on a la chance de se retrouver au 1er rang du balcon, pile en face de la scène.

J'ai découvert Matthew Halsall en 2020 avec l'album Salute to the Sun. Un disque lumineux et apaisant qui en pleine période covid amenait, littéralement, un rayon de soleil dans la pièce à son écoute. C'est à cette époque que Halsall s'est entouré de jeunes musiciens de sa ville de Manchester pour produire une musique élégiaque aux intersections du Jazz, de l'ambient et des musiques électroniques savantes (IDM).

On peut parler de musique spirituelle, tant cette quête semble irrémédiablement poursuivie par l'artiste. Adepte de la méditation transcendantale, grand fan de John Coltrane, Alice Coltrane ou encore Pharoah Sanders, Matthew Halsall essaie de fondre sa musique dans le moment présent et dans sa sérénité pleine consciente.


Sa musique n'est pas passeiste car imprégnée d'ambient et de samples. On y entend lemeilleur des productions Ninja Tune du début du siècle, ou les DJ émerites du label samplaient le jazz pour illuminer leurs beats et blips électroniques. On pense à Mr Scruff, à The Herbaliser ou à The Cinematic Orchestra. Et ce n'est pas un hasard si le groupe reprend en live un morceau de The Cinematic Orchestra...

Sur scène, en plus de Matthew Halsall à la trompette, on a droit à une harpe, un clavier, une batterie, des congas et un saxophone/flute traversière. Le rendu est d'une beauté émouvante. On ressent beaucoup d'apaisement, de compassion et de sérénité à l'écoute en Live de ces morceaux.

On aura droit à 2 sets d'une heure à peu près et donc à l'entracte que l'on ne voit plus que dans les concerts de Jazz. On aura pas vu le temps passé. Un délice de soirée, une dose d'optimisme et de beauté qui fait un bien fou. 

On ressort de la Cigale revigoré, apaisé et avec un sentiment de béatitude tellement précieux. La musique de Matthew Halsall devrait être prescrite par les médecins et remboursée par la sécurité sociale... D'utilité publique...

A lire également dans la veine jazz Erik Truffaz ou The Cinematic Orchestra en Best Song Ever