jeudi 4 septembre 2008

RATM à Rock en Seine

Ils arrivent sur scène en blouse jaune de détenus de Guantanamo avec un sac sur la tête comme parés pour une éxecution imminente: celle de notre société capitaliste et propulsent affublés de la sorte un 'Bombtrack' jouissif qui nous remet illico 15 années en arrière... On se prend à se remémorrer la baffe monumentale prise lors de l'écoute du premier album du groupe en 93 qu'un ami chercheur de son nous avait copié sur K7...

On pourra dire ce que l'on veut: que la section rythmique (Timmy C., Brad Wilk, Tom Morello) après avoir engrangé des millions de dollars en 3 albums mielleux, honteux de leur passé, avec une autre légende des années 90, Chris Cornell chanteur des fantastiques Soundgarden (l'un des groupes les plus vénérés du Seatlle sound pré- éclosion Nirvana) ne mérite plus notre respect, que le groupe revient juste pour empocher les larges cachets proposés par les gros festivals, que depuis les années 90 rien n'a changé et que donc leurs compositions n'ont aucun effet et que c'est juste de la regression post ado pour bobos trentenaires qui veulent se souvenir du temps où ils voulaient faire croire qu'ils étaient de vrais rebels dans l'âme écoutant RATM, les Red Ho, mais pas Public Ennemy car quand même c'est un peu trop dans la violence ghetto et de temps en temps Noir Désir pour la version française du 'Fuck You I won't do what you tell me...'.

Oui, peut-être... Sauf que là, au moment présent où à Rock en Seine on entend ces chansons, on ressent cette force, cette énergie, cette volonté d'éveiller les consciences et bien on est forcé de reconnaitre la vérité du moment et l'incroyable acuité des textes et des sons produits... 15 ans après tout ceci reste d'une actualité déconcertante, comme la reformation de NTM nous le fera ressentir dans quelques semaines à Bercy... Il est grand temps de repenser nos acquis, à la lumière de notre expérience cette fois... Rien n'est jamais perdu, tout reste encore à déconstruire et à réinventer...

On reste sidéré par l'originalité du son RATM, la prédominence de la basse groovy à souhait, la performation constante des fûts et l'extrême inventivité et créativité d'un Tom Morello brillant défricheur de sons à la guitare... Il en joue comme personne et apporte ce côté universel et intemporel à la musique de RATM... Sans oublier les textes au cordeau dévérsés par l'âme activiste du Groupe Zack de La Rocha, le seul dans cette expédition qui ne se soit pas mouillé depuis la séparation du groupe en 2000 dans quelque formation douteuse soucieuse d'engranger du cash plutôt que de grands disques de musique moderne... Bien dommage que la collaboration de la Rocha/DJ Shadow n'ait officiellement accouché que du classique brûlot anti guerre en Irak publié librement sur le net en 2003...

Une telle intense émotion fait complètement revivre, on se sait vivant et prêt à repartir au combat, certainement sans la naiveté et l'insouciance de notre adolescence mais avec la force résolue des experimentés... Et si l'évolution de nos sociétés et de nos mentalités passait par la génération des ados élévés au son RATM?
MRM Crew

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