On parle de Rock en Seine comme d'un festival parisien, hautain, sans ambiance et sans chaleur... C'est sûr que ça n' a pas le côté champêtre des vieilles charrues, ni le côté bucolique de Belfort. Mais celà reste un festival bonne ambiance, dans un décor sublime (le parc national de Saint Cloud), avec une sono parfaite et toujours une programmation léchée qui allie habilement grosses têtes d'affiche, découvertes et des choix 'éditoriaux' sincères et qui vont dans le mille... Une exemple, l'ouverture de la Grande Scène le premier jour par Apocalyptica, un groupe de 'metal classique', une batterie et 4 finlandais qui jouent du métal... avec des violoncelles. Vraiment sidérant d'entendre Seek & Destroy ou Enter Sandman comme si on y était avec la vision de chevelus jouant sur des violoncelles... C'est ça Rock en Seine, un vrai plaisir musical, sensoriel et visuel, un bon esprit... Que du bonheur...
Du premier jour on ressortira la prestation des New Puritans, de la batterie new wave joy divisionienne alimentée par une once d'électro soutenue par une guitare stridante et une voix à propos... Un bon groupe (dont la performance à la Maroquinerie quelques semaines plus tôt m'avait bluffé par sa fraîcheur et son intensité pleine de vérité du moment...). Première baffe de la journée avec Dirty Pretty Things, le groupe de Carl Barat (ex-Libertines), pour un set de vrai rock anglais jubilatoire... Leur second album 'Romance at Short Notice' reprend l'énergie rock post-Clash du premier opus pour y ajouter une teinte de pop qui après une première écoute déconcertante vient irrémédiablement affoler votre cerveau qui en redemande, comme en manque... Une prestation à l'image du groupe: d'une grande sincérité, d'un engagement total... ces gars là se vident les tripes devant nous... c'est ça l'esprit rock... Ensuite on va se divertir quelques minutes devant le show rodé Kaiser Chiefs avant de revenir à une vraie performance hantée, quasi-mystique du grandissime Tricky, qui nous livre un set fiévreux, enfumé comme à l'accoutumé et vraiment trippant... Tel un chef d'orchestre, il va en quelques gestes indiquer la direction à suivre au reste du groupe, initiant solo de basse, de batterie aux endroits clés choisi par le maitre... C'est une expérience quasi mystique, un bel effort... On termine cette belle première journée (chouette ca continue le lendemain) par les dieux vivants de R.E.M. qui nous livrent un concert toutes guitares dehors, à l'image de leur revivifiant dernier album 'Accelerate' le bien nommé... M. Stipe a un tel charisme, une telle présence, Peter Buck un tel son luxuriant bien à lui et Mike Mills un tel complément vocal à Stipe qu'une nouvelle fois la partie est gagnée haut la main, la tête d'affiche a assuré et remplit son contrat...
Deuxième journée de plaisir entamée avec le set bucolique de DB Clifford. Assis dans l'herbe, le soleil baignant nos visages, on se laisse bercer par une douce musique soul d'obédience funk et éléctro. Ca commence plutôt bien. Le premier choc de la journée c'est Jamie Lidell qui l'assène. Avec sa voix de crooner il expérimente sur scène, enregistre en direct des samples de sa voix qu'il va mettre en boucles pour reproduire les mélodies de ses chansons. Sur scène il n'est aidé que d'un exceptionnel batteur. C'est l'esprit électro au service d'une voix chaude et saisissante... C'est juste superbe, un grand artiste innovateur et prenant des risques... The Roots font le boulot, comme d'hab ils enflamment Rock en Seine de leur soul/funk/hip-hop rock, ils mettent le feu. Le sommet de la soirée c'est le hold-up réussi des Raconteurs, où Jack White et Brendan Benson un duo de songwriters hors pairs... Si ils continuent comme ça ils seront les Marr/Morrissey, Lennon/Mc Cartney, Page/Plant du rock folk indé US... D'ailleurs ils sont plus proches du duo de Liverpool que des deux autres, entre autres par cette faculté à se répondre vocalement sur scène... Brendan apporte son aisance pop et harmonique tout en délicatesse, Jack apporte l'énergie dévastatrice du blues et de la simplicité... Vraiment, déjà un grand duo de songwriters, et ils vont faire mieux, je parierai gros la dessus... L'absence de Amy Winehouse une déception? Ouais, mais surtout la chance de donner à The Streets l'honneur de cloturer cette sixième édition, et il s'en tire haut la moins le Skinner, son humour, sa dérision, la précision des ses textes ont fait un malheur, les 'original Pirate materials' ont fait dignement terminer cette belle sixième édition... Et comme d'habitude on quitte le domaine en se disant que l'année prochaine on va revenir et que l'on a déjà hâte d'y être...
MRM CRew