lundi 9 juin 2014

Slowdive à Villette Sonique (7/6/14)


Des récentes réformations des groupes nineties, celle de Slowdive nous fait extrêmement plaisir. Les mal aimés, et incompris à l'époque, du label d'Alan McGee (Creation) n'ont jamais été, durant leur courte carrière, dans le bon timing pour saisir les lauriers qu'ils méritaient de décrocher… Leur passage à Villette Sonique vient rappeler le talent de ces maitres du shoegaze planant et lumineux…

Et dire que leur leader, Neil Halstead, est passé à l'Espace B en septembre dernier dans une indifférence quasi-générale alors que son talent de songwriter n'a cessé de briller depuis toutes ces années… Avec Souvlaki, Slowdive signa en 93, en pleine période grunge, une album mur du son élégiaque et fascinant… Et torpillé par une critique promptement passée à la mode disto sale et bermuda… En 95, le groupe sort une autre fantastique album : Pygmalion, totalement lunaire… Un disque visionnaire au tempo lent et précurseur d'une vague chill-out electro qui sévira quelques années plus tard…  2 albums qui en 2014 n'ont pas pris une ride et méritent amplement une réhabilitation…

Sur la scène de la Grand Halle de la Villette, la part belle est faite à leur second LP Souvlaki avec pas moins de 5 titres inoubliables. Une "Souvlaki Space Station" habité et tranchant, un "when the sun hits" dont les premières notes furent rugir de plaisir l'assistance et le tube "Alison"… Les débuts ne sont pas oubliés avec le titre éponyme "Slowdive" ou encore "Morningrise"… L'introduction d'une batterie débonnaire sur "Crazy For you" amène la chanson issue de Pygmalion dans une toute autre dimension… surprenant et réjouissant…

On aura vraiment plané durant cette heure et quart de concert grandiose. Et que dire de ce son de guitare massif et chaleureux qui amène l'esprit dans des contrées ensoleillées et radieuses… Indémodable, tout simplement…

A lire également Slowdive en Best Song Ever et Neil Halstead à L'Espace B.

jeudi 5 juin 2014

Arcade Fire au Zénith (3&4/6/14)


C'est affublé par la presse du titre honorifique de meilleur groupe de rock du moment qu'Arcade Fire aborde cette double date au Zénith, sold out en quelques minutes... Malgré l'immense déception suscitée par le dernier album (déception à la hauteur de la vénération passée du groupe en ces pages) on arrive Porte de Pantin avec plein d'espoirs, mais aussi son lot d'interrogations...

Depuis la sortie de The Suburbs, et plus encore avec "Reflektor", les montréalais sont passés du statut de groupe culte indé à celui de mastodonte tête de pont des plus gros festivals... A ce niveau, peu de groupes ont réussi à gérer les immenses attentes placées en eux sans perdre un peu de leur identité. La tentation est grande de se transformer en entertainer grand public et de donner dans le show à l'américaine qui en met plein la vue mais qui perd en émotion ce qu'il gagne en sensationnalisme...

Le dernier LP est définitivement dansant et fait pour la fête. D'où l'idée initiale du groupe de demander à leurs fans de venir déguiser aux spectacles... Les auditeurs récemment conquis par le phénomène Arcade Fire (un buzz infernal et une presse unanime et dithyrambique, ce qui n'est jamais bon signe...) s'y sont prêtés de bonne grâce... Les fans plus anciens, séduits par la folie et la force émotionnelle des montréalais depuis l'inaugural "Funeral" s'y sont moins retrouvés... Et on en fait partie...

Fort heureusement, Win and co ont réussi sur ces 2 soirées à trouver le bon dosage entre nouveautés pétaradantes et titres forts et puissants des 3 premiers opus. Le premier soir fut plus électrique et peut etre plus constant lorsque le second fut plus en dents de scie mais avec des pics de communion, avec leur public, d'un niveau olympien.

Quelques petits changements dans la setlist entre le mardi (Month of May, Rococo, My Body is a Cage, Controversy de Prince,) et le mardi (Laika, Keep the car running, le rare Headlights look like Diamonds, Crown of Love) qui justifient à eux seuls la présence aux deux soirées. Et petit happening qui aura fait le buzz le mardi, la présence des (faux?) Daft Punk (tout de blanc vêtus comme au Grammy Awards) juste avant la pause pour un remix au ralenti de leur tube "Get Lucky"... Drôle et inattendu...

Les titres du premier album restent épiques et toujours aussi attendus par la foule. Power Out, Rebellion, Tunnels, Haiti et l'immense Wake Up... On en a encore des frissons. Neon Bible restera le parent pauvre des setlists du groupe avec seulement 3 chansons par soir dont l'indispensable No Cars Go, sublime le mercredi soir. The Suburbs est présent en bonne position avec le titre éponyme enchaîné avec sa version 2 (Continued), le springsteenien Ready to Start ou le très electro pop 80's Sprawl II... Malgré quelques titres emballants (Reflektor) c'est bien le dernier opus qui fait redescendre un peu la fusée (Orpheus, Flashbulb Eyes, l'horrible Joan of Arc..)

Au final, Arcade Fire s'en sort haut la main! Malgré le gigantisme de leur succès le groupe reste uni et réussit toujours à nouer un lien privilégié avec son public. L'émotion transmise est là, intense, grisante et chavirante à la fois... Bien sûr la naïveté, la candeur et la chaleur des débuts a disparu, mais la sincérité est toujours là et nous touche encore... Un groupe définitivement important...

A lire également Arcade Fire au Zénith en 2011, à Rock en Seine 2010 ou encore en Best Song Ever...