lundi 31 août 2009

Le cas Oasis

Vendredi 28 aout 2009, une Guitare Gretsch vénérée par Noel Gallagher vole en éclat dans les loges de Rock en Seine sous les assauts de son frangin Liam... C'en est fini... Le groupe annule in extremis son passage à Rock en Seine, Noel quitte le groupe qui se dissout du même coup... La colère gronde, des milliers de festivaliers étaient venus uniquement pour voir le combo légendaire des lads de Man, pour la seule date à guichets fermés de ces trois jours de Rock en Seine. La déception est palpable, compréhensible et légitime.

Pendant que les fans sèchent leurs larmes, on assiste à un grand lynchage médiatique sur fond de Oasis ancien groupe à succès qui aura mis du temps avant d'en finir alors qu'ils ont déjà tout dit il y a plus de dix ans avec des articles franchement laids et presque insultants... Insultant déjà pour les nombreux fans. Ce sont souvent les mêmes qui affirment maintenant que seuls Definitely Maybe et Morning Glory étaient de bons albums qui encensaient le troisième album Be Here Now à sa sortie en 97, annonçant même un album meilleur que le précédent... Les vestes se retournent facilement... Et pourquoi, de manière triviale et inepte, vouloir comparer Oasis à Radiohead? Deux groupes diamétralement opposés aux aspirations divergentes! Bien sûr qu'en fan transi de Radiohead je m'étais pris à rêver, à la fin des nineties, à un album d'Oasis expérimental qui se serait engouffré sur le titre électro composé par Noel pour la BO du premier film X-Files. Mais voilà, Oasis reste un groupe rock de branleurs magnifiques et authentiques et c'est pour cela qu'on les adore.

Ils n'ont jamais triché, ils ont réussi à transmettre cette émotion viscérale qui vient des trippes, cette énergie romantique intense et sur d'elle même. Les songs d'Oasis c'est avant tout une célébration du présent, un voyage émotionnel partagé, une envie d'exister et de transmettre une putain d'energie salvatrice. Noel a sans doute été l'un des meilleurs songwriters des années 90. Bon allez, on concèdera peut-être aux esthètes du genre qu'il fait au moins partie du top 5. Qui peut se prévaloir d'avoir écrit des chansons légendaires et aussi évidentes que Live Forever, Whatever, Slide Away, Wonderwall, Supersonic, Don't Go Away, Don't look back in Anger? Des songs rock intrépides, lunaires et épiques comme Champagne Supernova, Columbia, Do you know What I Mean?, The Shock of the Lightning Des pop songs jubilatoires comme Go Let it Out, The Importance of being Idle ou encore Stand by Me? Et des Faces B exceptionnelles que beaucoup de groupes ne rêvent même pas d'écrire un jour comme Talk Tonight, The Masterplan ou Half the World Away?

Oasis c'était avant tout une honnêteté et une puissance émotionnelle d'une rare intensité qui éclataientt au grand jour lors de leurs concerts (ce qui explique qu'ils aient toujours rempli des stades même à des périodes moins prolifiques comme après la sortie du maillon faible de leur discographie Standing on the Shoulder of Giants).

Après deux premiers albums où comme le dit Noel il était en lévitation, le troisième Be Here Now finit une trilogie légendaire d'ascension vers les sommets avec toutes les éxagérations inhérentes à ce type d'escapade. Une prise continue et plus qu'excessive de Cocaine en studio donne à Noel des envies de grandeur, il souhaite continuer à surfer tout là haut et tente d'ériger une mur du son tout en strates inombrables de guitares saturées. Cet album va trop loin dans tout et aurait pu être le bande son de la décadence d'un empire flamboyant. il n'en reste pas moins qu'une pièce indispensable de la trilogie fondatrice. Standing sorti en 2000 est l'album sans idée, sans âme mais qui réussit tout de même à sortir deux titres introductifs brillants, avant que tout ne se tarisse malheureusement. Heaten Chemistry est un album de transition qui incropore pour la première fois en studio les deux nouveaux talentueux membres du groupe Andy Bell et Gem. Noel ouvre pour la seconde fois la porte aux compositions de ses comparses et Liam nous offre le fantastique 'Songbird' (après l'horrible Little James sur Standing...). Don't Believer the Truth marque le retour en grande forme qui trouvera sa plénitude sur 'Dig Out Your Soul' pour ainsi refermer la seconde trilogie du Groupe, celle de la reconquête.

A Rock en Sein on vient peut-être de perdre l'un des groupes majeurs de ces deux dernières décennies (combien de groupes se revendiquent d'Oasis aujourd'hui? Une véritable légion....). Bien sûr on pourra hurler à l'égoisme des frères Gallagher et le fait qu'ils avaient des obligations en venant à Rock en Seine... Oui, bien sûr, mais on rappelera que Oasis est un groupe de rock, pas une multinationale... Ils auront été honnêtes et directes jusqu'à bout. Maintenant on attendra avec impatience la sortie très attendue de l'album solo de Noel (des sad songs enjouées à la Neil Young?) et peut-être une reformation exemplaire dans 5 ou 6 ans d'un groupe majeurs des 90's et 00's.

A lire aussi, Best Song Ever (épisode 9): Live Forever
http://mindriotmusic.blogspot.com/2009/07/best-song-ever-episode-9-live-forever.html

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bel article.

En matière de retournement de veste, la palme est incontestablement à remettre aux "Inrockuptibles" après la sortie de "Be Here Now".

Après avoir encensé le groupe les 2années précédentes, puis l'album avant même sa sortie, ils démolirent celui-ci lamentablement 2 ou 3 mois voyant que le public n'accrochait pas.

Le bouquet étant d'avoir publié fin 2000 un article d'un lecteur d'une rare sauvagerie, ledit-lecteur qui nous annonçait au passagela séparation du groupe.

Je n'ai plus jamais acheté ce torchon depuis.

Laurent

MRM a dit…

C'est clair c'est assez odieux et opportuniste la réaction des Inrocks à l'époque... Et ils ont continué après en écrivant des articles et des news sur Oasis parce que ca faisait vendre...

Merci pour le compliment et ton passage.

MRM