mercredi 30 juillet 2008

'Steve Mc Queen' par Prefab Sprout

Demandez à de vrais mélomanes passionnés de musique pop d'établir leur top 10 des albums pop parfaits et, invariablement, 90% d'ente-eux référenceront 'Steve Mc Queen' de Prefab Sprout. L'album pop presque parfait, l'une des plus belles réussites pop depuis le 'Rubber Soul' des Beatles, et Paddy Mc Aloon, le plus génial songwritter des années 80.

Produit par Thomas Dolby, qui sera ici le 5ième membre du groupe, choisissant parmi des dizaines de démos de Paddy, les morceaux qui seront travaillés lors des sessions studio fin 84, début 85. Curieusement Dolby choisira des morceaux datant de 79 et réussira à les transcender par une production innovante, inventive et féériquement cristalline. Les 10 morceaux qui composent 'Steve Mc Queen' sont d'une élégance rare, d'une beauté mélodique imparable, portés par la voix sublime et emportée de Paddy, backée par la subime voix de la choriste Wendy Smith.

Les textes restent d'une justesse et d'une profondeur déconcertante... Il faut écouter absolument les monuments que sont 'Bonny' (Save your speeches, flowers are for funerals ou encore: All my silence and my strained respect, Missed chances and the same regrets) 'Desire As' (I've got six things on my mind you're no longer one of them, Desire as a sylph figured creature who changes her mind) ou encore 'Goodbye Lucille #1' (Life's not complete till your heart's missed a beat, And you'll never make it up, or turn back the clock, No you won't, no you won't, Johnny Johnny Ooh).

Un album d'une beauté déconcertante qui vient d'être ré-édité en version Deluxe avec en prime une remasterisation par Dolby et un second CD de reprises acoustiques réarrangées en 2006 pour l'occasion par Paddy Mc Aloon Himself, du grand art nous faisant redécouvrir la beauté originelle de ses fabuleuses chansons.

Prefab Sprout, porté par son créateur de génie, eut un succès commercial d'estime en Grande-Bretagne, malheureusement en deça du phénoménale concert de louanges de la part des rock-critics. Paddy Mc Aloon: un talent unique qui restera en bonne place parmi les plus grands au Panthéon de la pop musique.

MRM crew
lien intéressant: http://www.prefabsprout.net/

mardi 29 juillet 2008

En vrac...

En vrac quelques impressions de moments musicaux récents... Petit détour par le Théatre antique de Vienne (près de Lyon) cette fois... Dans le même esprit que celui de fourvière mais en deux fois plus grand (4000 places contre 2000). On s'y rend en ce samedi de juillet pour y voir deux groupes français dont la réputation scénique n'est plus à faire... Les Têtes Raides pour commencer: un bon concert d'un rock franchouillard qui nous rappelle qu'en France aussi cette musique peut avoir une certaine résonance. Il ont su habiller cette énérgie originellement anglo-saxone d'acointances typiquement d'ici (accordéons, chansons de geste, poèsie, musique de brasserie)... Je reste subjugué par la mise en musique d'un texte de Boris Vian (je voudrais pas crever, dont le groupe Eiffel avait d'ailleurs enregistré une superbe version live piano/cordes à la Maroquinerie fin décembre 2003... à écouter absolument sur le live: Les yeux fermés) et surtout par celle d'un poème radical d'une justesse étonannte de Stig Dagerman (http://pagesperso-orange.fr/chabrieres/texts/consolation.html)... Saisissant... Ensuite entrent dans l'arêne Dionysos, le groupe de la pile éléctrique Mathias Malzieu... Un leader hors du commun qui a une énergie époustouflante, il transforme chaque concert du groupe en une expérience sonore et physique... Le petit bémol se situera au niveau du set-list qui fait la part belle à un dernier album conceptuel difficile à égrener sur scène... Mais on restera encore uen fois sans voix sur les 10 minutes de surf-crowding que Mathias entreprenant, réussissant à monter presque tout en haut du Théâtre, porté par les spectacteurs... un défi physique...

Dimanche 27 juillet, retour à fourvière avec une première prestation folk rock convaincante de l'anglais Fink qui se met le public dans la poche... Ensuite vient la déception du jour avec The Do... En fait c'est la version scène plutôt rock brute de leur album pop moelleux qui perd au change... La voix, la musique, les arrangements sont pop et ne donnent pas le même rendu en version live rock... Vraiment décevant... On finit par Camille. Plutôt enthousiasmé pendant une bonne demi-heure... C'est original (une seul instrument sur scène: un piano, le reste de l'orchestration est faite par une dizaine de voix), les premières chansons sonnent éléctroniques et c'est vraiment bluffant de voir que toutes les instrumentations sont faites par des voix... La seconde partie du set m'a moins transporté, je suis moins arrivé à rentrer dans cette univers excentrique et enfantin... Que l'on aime ou pas le personnage, on ne peut lui enlever son originalité et louer les paris artistiques tentés... Dans une scène française souvent suiveuse et conservatrice on ne peut que louer une telle démarche aventureuse...

MRM Crew

Keith Jarrett, Gary Peacock, Jack de Johnette à Fourvière

On change d'ambiance, d'univers musical, de sensations ressenties... Dans le cadre idyllique du Théâtre Antique de Fourvière on revient avec une joie non dissimulée retrouver ce Trio légendaire du Jazz... Se déplacer voir Jarrett/Peacock/De Johnette c'est aller à la rencontre d'une équipe de virtuoses dont chaque membre met son sens de la mélodie, de la nuance, de l'écoute au service de ses deux compères dans le partage artistique et créatif d'un free jazz ambitieux et généreux qui frôle la perfection.

Il est difficile d'expliquer la sensation de plénitude, d'extase matrisée, de paix intérieure communiquée par ces trois artistes sur scène. Ils sont complices, se connaissent sur le bout des doigts et partagent avec nous cette formidable joie créatrice de jouer ensemble dans de rares endroits triés sur le volet... Fourvière est vraiment unique, c'est la 3ieme fois en quatre ans que ces monstres sacrés décident de s'y produire...


Cette fois-çi, point de ciel etoilé réveur et protecteur comme en 2005 pour leur toute première venue dans ce lieu de magie totalement au diapason de ces sorciers du jazz... Ce soir c'est un ciel gris et menaçant qui se propose de donner la réplique aux artistes et à leurs admirateurs... Et pour honorer pleinement ce moment de grâce les cieux nous gratifieront de premières gouttes alors que Keith était au beau milieu de son introduction solo au piano lors du tout premier morceau... Elles ne nous quitteront plus de la soirée pour se retirer quelques minutes seulement après le départ des artistes après un troisième rappel incendiaire... Malgré des conditions d'écoute difficiles on reste subjuguer par la beauté qui réussit à transpercer la pluie puis nos âmes... Une telle soirée nous rappelle que rien n'est gagné d'avance, ce soir, la musique et encore peut-être plus son écoute, demande efforts, bravour et ténacité... La recherche de la beauté est à ce prix...

MRM Crew

mardi 15 juillet 2008

Résurrection apocalyptique de My Bloody Valentine au Zénith

Beck, R.E.M et My Bloody Valentine en 3 soirées successives mémorables... Quelle intensité, quel effroi sensationnel, une cure de jouvence salutaire et enjouée... C'est vraiment une chance inespérée de pouvoir voir le groupe du génialissime Kevin Shields renouer avec le scène après plus de 16 ans d'absence... Les héros fondateurs et frondeurs de la noisy pop et précurseurs du Shoegazing ont eu une telle influence sur le milieu indé qu'ils ont été élevés au statut de Dieux Vivants après la sortie de leur second opus Loveless en 1990... Depuis pas de son, pas d'images et l'arlésienne d'un successeur à la mythique oeuvre...

Une grande attente et une immense inquiétude: comment vont-ils pouvoir reproduire le son démentiel et ultra travaillé de Loveless en live? Comment éviter la bouillie sonore informe et irritante? Et bien comme par magie, après un début tout en douceur, les strates de guitares prennent leur envol et réellement possession de la salle et de nos oreilles... Nous voilà lancé dans un trip supersonic, un trip acide psychédélique... C'est comme planer à vive allure, toujours à la limite mais toujours sous contrôle... Saisissant... C'est vraiment en live que cette musique démoniaque prend toute son ampleur, on est transporté, hapé vers une horizon inconnu, sauvage, excitant et libérateur... Un voyage dans l'inconscient qui garde toute son acuité... On termine par une impro bruitiste tout en larcens qui est à deux doigts de me faire suffoquer et rendre l'âme avant que les baffles du Zénith ne rendent l'âme une première fois sous les assauts puissants des 4 cavaliers de la renaissance...

Un grand soir, un grand retour... Et on se met à rêver désormais d'une fin à la trilogie inachevée...

MRM Crew

jeudi 10 juillet 2008

Fire in Fourvière

Cette période est vraiment fantastique, c'est un tel bonheur de voir une tripoté de légendes se produire en France en l'espace de quelques semaines... Après un formidable concert d'un Beck des grands soirs à L'Olympia lundi 7 juillet, direction le plus bel endroit pour voir un concert: le Théâtre Gallo-romain perché sur la colline de Fourvière à Lyon. Cet espace est merveilleux, l'acoustique est bien entendu extraordinaire, le Théâtre sublime, le décor laisse rêveur et surtout l'atmosphère y est ici magique... C'est tellement revigorant de se retrouver en ces lieux chargés d'histoire pour partager un moment de grâce... Ce lieu transcende les artistes ainsi que les spectateurs... Je ne me lasserai jamais de revenir chaque année dans cette antre du bonheur... Et pour voir R.E.M. ca méritait bien un aller-retour en pleine semaine de Paris... L'excellence se mérite...

Ce qui frappe ce soir c'est l'énergie déployée par un groupe qui a déjà tout connu... Le dernier tonitruant album est à l'honneur, ça va vite, ça pète, ça embrase une arêne qui n'attend que celà... 'I forgive but don't forget', 'Living well is the best revenge', des phrases qui résonnent de tout leur sens et de toute leur pertinence en ces lieux d'histoire... Michael est dans un grand soir, il amuse la foule, il ne se prend pas au sérieux mais communique sa joie d'être parmi nous et irradie l'endroit de sa présence charismatique... Au milieu du concert on a même droit à une version acoustique et intimiste du 'Let me in' écrit en mémoire de Kurt Cobain, les 5 musiciens se regroupant en cercle autour du piano... L'un des nombreux moments de magie d'un concert qui restera dans nos âmes revitalisées pour un bon moment...

Fourvière setlist 8/7/8

1. Living Well Is the Best Revenge 2. These Days 3. What’s the Frequency, Kenneth? 4. Man-Sized Wreath 5. Ignoreland 6. West Of The Fields 7. Finest Worksong 8. Drive 9. Time After Time 10. Hollow Man 11. The Great Beyond 12. Driver 8 13. Houston 14. Electrolite 15. Imitation Of Life 16. The One I Love 17. I’ve Been High 18. Let Me In 19. Star 69 20. Horse To Water 21. Bad Day 22. I’m Gonna DJ
Encore: 21. Supernatural Superserious 22. Losing My Religion 23. Country Feedback 24. Orange Crush 25. Man On The Moon

lundi 7 juillet 2008

Joel & Anton in Paris

Le Grand Brian Jonestown Massacre de retour en France, au Bataclan cette fois-ci, pour un concert jusqu'au boutiste dont ils ont le secret... J'ai énormément de respect pour ce groupe et son leader démiurgique Anton Newcombe. Voir une telle attitude, un telle intégrité, un tel refus du compromis le plus minime sur l'autel de la marchandisation, c'est devenu de nos jours une totale incongruité, une véritable épopée que l'on ne se lasse de voir sous nos yeux ébahis se prolonger. Anton est un Ulysse contemporain sauf que contrairement à ce dernier il ne semble ne jamais pouvoir revenir à bon port... La faute à une recherche perpétuelle et vaine d'une perfection sonique cramée et sentimentaliste que lui seul semble entendre tout en croyant dur comme fer qu'il réussira à retranscrire cette idée aux mortels insouciants, inconstants et inconscients que nous sommes...
C'est sûr que par rapport au concert de The Independent en septembre 2006 à San Francisco, chez eux, c'était moins... Moins long (3 heures de furie jusqu'à 1h30 du matin avec le propriétaire de la salle qui montait sur scène pour les éjecter de la scène à coup de savate), moins d'insultes (Anton passait son temps entre les chansons à raconter des fables incompréhensibles entre deux insultes, à Paris Anton n'a harangué la foule qu'en toute fin de concert... Jouissif quand même) mais plus de réglages de pédales et temps mort psychédélique, autant de bruit, d'énergie psychotique sans concession et de trip spatio temporel... Et Joel, l'éternelle mascotte du groupe, le garant de l'esprit BJM... Un monument et un entertainer hors pair qui reussit, non sans humour, à meubler les pertes de conscience et absence scénique du maestro Anton...

Tous les classiques du groupe y sont passés avec quelques incursions psychédéliques dans l'antre du 13ième album... Une tuerie... Et un final apocalyptique sur l'extraordinaire 'Swallowtail'...
On est en gâté en ce moment, les légendes défilent, s'entrchoquent en France... Tonite le génial Beck à L'Olympia le jour de la sortie du nouvel Opus, demain REM au fabuleux Théâtre Antique Gallo-romain de Fourvière à Lyon et mercredi le retour improbable des mythiques 'My Bloody Valentine' au Zénith... Incroyable...
MRM Crew


Ajout: A lire aussi Best Song Ever (épisode 17): Swallowtail par le BJM
http://mindriotmusic.blogspot.com/2009/07/best-song-ever-episode-17-swallowtail.html