jeudi 26 mai 2016
Radiohead au Zénith (23 et 24/05/16)
Ca fait plus de 20 ans que ca dure! A chaque fois c'est la même sensation ou presque. La sortie d'un nouvel album de Radiohead provoque une sorte d'excitation frénétique teintée d'une angoissante question existentielle : seront-ils à la hauteur de leur légende? Et à chaque fois les oxfordiens réussissent à nous surprendre et au final à nous passionner comme au premier jour...
Bien entendu, A Moon shaped Pool, 9ième opus du groupe, ne déroge pas à la règle. Pas moins que cette double soirée mythique au Zenith de Paris les 23 et 24 mai 2016! En chanceux titulaires de tickets pour ces deux soirées événements on aura eu la chance de voir Radiohead pour la première fois dans une salle à taille humaine (après 5 Bercy et un Belfort). Pouvoir distinguer les expressions sur les visages des musiciens donne une impression de proximité qui facilite l'abandon dans la musique céleste du combo... Tout simplement.
Les deux soirées débutent de la même manière avec les 5 premiers titres du nouveau disque, enchaînés dans l'ordre. Sans l'apport du London Contemporary Orchestra, des titres comme "Burn the Witch" ou "Decks Dark" prennent une dimension organique et viscérale confondantes par l'entremise des guitares maltraitées par Johnny et Ed... Que dire du magnifique "Daydreaming" interprété dans un silence de cathédrale, quasi religieux... Les fans de Radiohead forment une vraie communauté. Ils sont là pour profiter pleinement de la chance qui leur est offerte de communier avec leurs hérauts!
Le premier soir aura été d'une belle intensité et malgré un petit creux en milieu de concert (une version fade de "No Suprises", un "Separator" ennuyeux et un "Gloaming" sans conviction), les belles surprises n'auront pas manqué d'électriser la salle. Tout d'abord avec l'hymne "My Iron Lung" tout en tension et cavalcades libératrices, un "Paranoid Android" toujours aussi bluffant ou un "Weird Fishes" aux aprèges magiques. Mais c'est bien l'éternel "True love waits", joués pour la 1ere fois en 95 et enfin posé sur disque avec ce LP9, joué en version piano par Thom avec les seules aides de Colin et Johnny, qui transperce les coeurs. Quelle beauté... Avant ce rappel final totalement inattendu, "just for the laugh" comme ricane Thom et le lancement de "Creep", plus joué par le groupe depuis 2009. Quoi qu'on puisse en dire ca reste une grande chanson dont la force tellurique et émotionnelle submergea un Zenith fou de bonheur. On termine avec l'immense "Pyramid Song"! Génial...
Le second soir fut plus constant dans l'effort. Pas de baisse d'intensité mais du coup moins de pics euphorisants si ce n'est ce triptyque inattendu et jouissif de titres rares : Airbag, Talk Show Host, Climbimg up the Walls. Le final, là encore est dantesque avec des versions furieuses de 2+2", "There There" et "Bodysnatchers" qui font monter la température d'un cran... Et cette fois on termine avec un "Karma Police" repris en choeur par un public aux anges...
Radiohead est définitivement le groupe le plus important de ces 20 dernières années...
A lire également : Radiohead à Bercy en 2012 (Soir#1 et #2) en 2008, the King of Limbs, le rôle de Radiohead dans les années 2000,
vendredi 13 mai 2016
Troy Von Balthazar au Supersonic (12/5/16)
Quel plaisir de revoir Troy Von Balthazar, le Héraut des temps modernes colportant la parole des vrais artistes dévouant totalement leur vie à leur art, loin de toutes considérations mercantiles. Son très attendu 4ième LP, Knights of Something, vient de sortir chez Vicious Circle et sa tournée française passait hier soir par le Supersonic à Bastille.
Réaménagée sur les cendres encore chaudes de l'Opa Bastille, le Supersonic est la salle indé qui monte. Un peu biscornu et bizarrement agencé (espace très réduit devant la scène, poteau et escalier tout proche...) le Supersonic propose une prog éclectique mélangeant artistes en développement et valeurs sures indé pour des concerts en accès libre. On avait eu l'occasion d'y voir récemment nos protégés de Chinese Robots y mettre le feu...
Comme sur sa précédente tournée, Troy se produit désormais seul sur scène, armé de sa télécaster fétiche, d'une guitare folk et de quelques pédales d'effets. Jouer dans une salle où le public n'a pas payé sa place est toujours un exercice délicat... Il y a ceux qui viennent pour le concert, très nombreux dans le cas de Troy, est ceux qui se posent au bar et continuent de parler durant le show... Autant que dans le cadre d'une prestation intimiste ca devient vite une épreuve pour le musicien mais aussi les spectateurs... Je me souviens d'un concert à l'international avec Moslyve où le set était coupé en deux avec une première partie acoustique qui s'est vite transformée en épreuve avec le brouhaha constant en provenance du bar... Pas facile de se concentrer et de se lâcher pleinement dans un tel contexte... La suite du concert en électrique avait sonné comme une victoire lorsque la furie des guitares et de la batterie couvraient enfin le bruit des jacasseurs...
C'est dans ce climat quelque peu austère que Troy et son public ont du se débattre hier soir... Ne se laissant pas désarçonner, Troy a, comme d'habitude, donné tout ce qu'il avait, touchant la grâce par moments. Cette version du tube 'Astrid' avec passage son clair puis son saturé sur le refrain rappelait presque la hargne de Chokebore. 'Touch is meat' et ses paroles si lucides (everything is industry) aura touché les coeurs. Que dire du classique "I block the sunlight out" ou encore de cette reprise de Léonard Cohen... On aura meme droit à une surprenante reprise de Chokebore, "one easy pieces", sans micro, et qui du coup tomba un peu à l'eau avec le bruit constant en provenance du bar ("you're not listening")... Même chose avec le splendide "The Tigers", sans micro, plein d'émotions mais altéré par le manque de respect de certains...
Au final, Troy réussit l'exploit de donner une performance habitée et sans concession... Mais quelle dommage que ce grand artiste n'ait pas la notoriété qu'il mérite tellement et qui devrait l'amener dans des salles où la communion avec son public puisse se faire dans le respect mutuel que ce digne troubadour de notre temps mérite tant...
A lire également Troy Von Balthazar eu Point Ephémère en 2012 et 2010 et à la Machine du Moulin Rouge en 2011 ou encore dans nos Top 2012 et 2010 ou plus récemment avec the Color Bars Experience en 2015...
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