jeudi 26 décembre 2013

Best of 2013 : le classement MRM des 10 meilleurs Concerts


Depuis 2008 que le blog MRM existe, à coté de la saga impossible de la Best Song Ever, on prend un plaisir fou à vous faire partager les émotions ressenties en concert au contact des artistes. Chaque nouvelle année une nouvelle page blanche excitante s'offre à nous. Et comme de coutume lorsqu’arrive la trêve des confiseurs on se surprend à se remémorer ô combien l'année fut riche et intense en sensations...

2013 ne déroge pas à la règle. On a eu la chance de vivre un paquet de grands moments de live intenses et incandescents. Vieux briscards étonnement au top (Pixies, Chokebore), nouvelles pouces au charme renversant (Arthr Béatrice, Daughter), side-projects plus qu'intéressants (Fuzz, Atoms for Peace) et valeurs sûres de la scène underground Made in France (Marvin, Pneu, Electric Electric, Papier Tigre, Angil and the Hiddentracks, Overhead)... On aura tout eu cette année, et même un #1 de notre TOP 10 Albums (Deerhunter) qui a failli ne pas figurer dans le TOP Concerts : un comble...

MRM 10 TOP CONCERTS 2013

1. Pixies à l'Olympia (30/9/13)
2. Arthur Beatrice à la Boule Noire (9/11/13)
3. Daughter au Café de la Danse (19/4/13)
4. Overhead au Nouveau Casino (31/1/13)
5. Villagers à la Maroquinerie (22/2/13)
6. Chokebore au Trabendo (18/11/13)
7. La Colonie de Vacances à la Gaité Lyrique (22/6/13)
8. Fuzz au Point Ephémère (24/9/13)
9. Atoms for Peace au Zénith (6/7/13)
10. Angil and The Hiddentracks à l'OPA Bastille (25/10/13)
10. Deerhunter au Trianon (22/5/13)

Pas loin du tout du TOP 10 : Parquet Courts à la Maroquinerie, Neil Halstead à l'Espace B, Nine Inch Nails à Rock en Seine et Dirty Beaches et F/LOR à la Flêche d'Or, Venera 4 et Seventeen at this time à l'Espace B, JC Satan à la Maroquinerie...

Les Pixies succèdent donc à Troy Von Balthazar au sommet de nos émotions 2013. Si le premier soir à l'Olympia fut vraiment mou du genou, le second fut sismique. Une intensité, une énergie vitale et un don de soi incommensurables... Une baffe énorme qui nous remplit de joie des mois durant...

Sur le podium 2013, on retrouve 2 révélations dont la pop classieuse et charnelle nous aura séduit au plus haut point. A la Boule Noire, Arthur Béatrice réussit le hold-up parfait. Ces dignes successeurs des Paddy McAloon, Morrissey/Marr et consorts devraient nous enivrer en 2014 avec la sortie de leur premier album... Can't wait... La prestation de Daughter au Café de la Danse, quelques jours après la sortie du debut LP, aura été désarmante...

Seul concert de l'année pour Overhead mais quel concert! En puisant dans les 3 albums d'Overhead mais également quelques pépites de son projet solo "Fugitive Kind", Nicolas Leroux aura magnifiquement ressuscité l'indie rock majestueux d'un groupe que l'on chérit toujours... L'un des meilleurs Made in France...

Conor J. O'Brien est un petit génie qui avec Villagers est capable de communiquer sur scène d'intenses et belles émotions. Dans le cadre intimiste de la Maroquinerie ce fut la surprise de l'année... Superbe.

Troy Von Balthazar réussit l'exploit d'être pour la 4ième année consécutive dans notre TOP 10 Concerts. C'est cette fois ci avec son groupe culte Chokebore qu'il s'illustra pour un live "in your face" jouissif...

Et que dire du show de la Colonie de vacances à la Gaité Lyrique. Cela faisait des années que l'on avait pas été bluffé de la sorte. Avec un dispositif unique et original (4 groupes se faisant face dans un carré mettant le public au centre du spectacle) les 4 meilleurs groupes français de noise rock au sens large (Marvin, Pneu, Electric Electric, Papier Tigre) auront survolté la soirée... Enorme!

L’infatigable Ty Segall aura dynamité le Point Ephémère avec son side-project heavy et psychotique Fuzz, le bien nommé. La salle était en fusion ce soir là... Thom Yorke, Flea et Nigel Godrich livrent une electro exigeante et bien barrée et réussissent quand même à embarquer leur public pour un voyage passionnant...

Dans une toute petite salle parisienne, l'OPA Bastille, Angil and the Hiddentracks auront livré l'un de ces prestations inattendues qui restent gravé un moment dans les mémoires... Et on ne veut pas penser que 2014 puisse être leur dernière année...

Enfin, le #1 de notre TOP Albums, Deerhunter, vient clôturer une classement 2013 de haute volée... Puisse 2014 être du même acabit et on serait aux anges...

A lire également le MRM TOP 10 ALBUMS 2013 et les TOP 10 CONCERTS 2012, 2011 et 2010

dimanche 15 décembre 2013

Best of 2013 : le classement MRM des 10 meilleurs albums


Comme un rituel expiatoire, chaque année à la même époque, on semble avoir besoin de se pencher sur l'année écoulée pour tenter d'en synthétiser la quintessence… Marronnier quelque peu ringard, le Top 10 de l'année a au moins l'avantage de s'obliger à mettre en perspective les 12 derniers mois écoulés… Et juste pour ça on trouve l'exercice intéressant…

Si les autres années, il y avait toujours eu un album évident pour se détacher en pole position de notre classement, on avoue que cette année les 5 premiers de notre Top se seront tenus longtemps dans un mouchoir de poche et on aura eu toutes les peines du monde à les départager… Mais il faut bien trancher.

Et l'heureux élu, succédant à Troy Von Balthazar en 2010, The Horrors en 2011 et Godspeed en 2012 est… Deerhunter. Avec un 6ième opus taillé pour ne surtout pas attirer le mainstream à lui, avec un son crade et low-fi, une énergie punk salutaire mais sous-tendus par des mélodies toujours aussi envoutantes, "Monomania" est un grand disque indé qui résonne comme un manifeste.

Sur le podium, Deerhunter est encadré par la révélation UK de l'année : Daughter avec "If you leave". Une pop ciselée, à fleur de peau dont l'émotivité nous aura touché en 2013. En 3ième position, ce sont les français d'Aline qui nous auront ébloui avec leur premier album "Regarde le Ciel". On a tout simplement jamais entendu un album de pop, en français dans le texte, façon british (The Smiths, The Cure des débuts) aussi bien réussi. Respect.

Le Classement MRM des 10 meilleurs albums 2013 :

1. Deerhunter : Monomania
2. Daughter : If you leave
3. Aline : Regarde le Ciel
4. Arctic Monkeys : AM
5. Alexandre Varlet : Alexandre Varlet
6. Thee Oh Sees : Floating Coffin
7. Prefab Sprout : Crimson/Red
8. My Bloody Valentine : mbv
9. Arch Woodmann : Arch Woodmann
10. Seventeen at this time : Tokkoubana
10. Jessica 93 : Who Cares?

Avec AM, les Arctic Monkeys nous offrent une évolution surprenante. Après la synthèse parfaite entre pop british et rock indé US sur leur précédent effort (Suck it and See #3 de notre top 2011), AM lorgne du coté du R&B et réussit la prouesse d'être follement intéressant.

Avec son 5ième album au titre éponyme, Alexandre Varlet nous livre son disque le plus dépouillé. D'une sincérité désarmante et d'une justesse mélodique et textuelle attendrissante, ce disque mixé avec Nicolas Leroux, notre réalisateur préféré, nous aura bercé toute l'année. A chaque moment difficile de l'année on aura aimé se réconforter avec la chaleur humaniste de ce vinyle…

Après des années de stakhanovisme acharné, John Dwyer semble enfin jouir d'une reconnaissance médiatique que ce grand manie-tout de la scène psyché de San Francisco mérite incontestablement. Non content d'avoir aidé les Ty Segall, Mikal Cronin, White Fence et consorts, son groupe Thee Oh Sees fait désormais presque l'unanimité avec ce énième album "Floating Coffin" à l'aura psyché et garage jouissive.

En #7, on place l'inespéré nouvel album de Prefab Sprout : Crimson/Red. Quel plaisir de re-étendre cette voix et ses orfèvreries pop. Paddy Mc Aloon revient avec un très bon disque et on est heureux! 22 ans d'attente pour enfin écouter la suite du culte "Loveless". Un samedi soir de février 2013, l'annonce est tombée et le disque enfin lancé à la face du monde. Avec mbv, Kevin Shields reprend l'histoire exactement là où il l'avait laissée en 1991. Ce nouveau LP de My Bloody Valentine sonne quelque peu anachronique mais qu'importe, cet univers sonore est toujours aussi fascinant.

Un autre album éponyme en #9 avec ce très bel album pop d'Arch Woodmann. Un disque dont la fraicheur et l'entrain nous auront suivi tout au long de l'année. Et pour finir deux opus ex-aequo en 10ième position : le premier album de Seventeen at this time : Tokkoubana qui sonne comme un The Cure inspiré qui aurait compris le mouvement shoegaze à l'aube des nineties; et le premier LP du parisien Jessica 93 qui résonne dans la même mouvance sombre, froide et viscérale.

Une bonne année 2013, un bon cru… Mais plus encore que les années précédentes il aura fallu prendre son bâton de pèlerin pour dénicher les vraies perles, loin d'une presse musicale française qui est de moins en moins intéressante et aide de moins en moins la scène underground...

Cette année on a franchement l'impression que le fossé entre le mainstream, qui vend quelques disques et la scène underground où se débattent pour exister une flopée de projets cruciaux, n'a jamais été aussi grand. En ce sens, 2013 aura été l'année du rebond des ventes nous dit-on, grâce à la réussite marketing éclatante de quelques artistes qui auront bénéficié d'un buzz planétaire énorme et unanime qui nous aura laissé au mieux songeur…

Le parfait exemple aura été le cas Daft Punk. Plan marketing millimétré, calqué sur les grandes années de l'industrie du disque (années 80 et Michael Jackson), production faramineuse sur plus de deux ans dans les meilleurs studio et avec des session-men aux CV imbattables et un plan media orchestré pour vendre du rêve… Avec la même technique : 2 écoutes exclusives en avant-première dans les locaux de la maison de disques pour quelques journalistes influents triés sur le volet… Et après cela, tous sans exception (à part Libé qui a refusé) y seront allés de leur critique dithyrambique… On peut se poser des questions en terme de déontologie… Surtout que l'album, bien produit certes, est très très loin du compte… Comment penser que ceux la même qui avaient contribuer à l'explosion de la scène électronique avec "Homework" et son coté avant-gardiste et sans concession auront pu produire un album si racoleur… Et le pire c'est que ce fut le carton planétaire annoncé…

Que dire de la ultra hype ayant également entouré le 4ième album d'Arcade Fire? Même cause, mêmes effets? Pourtant,  en ces lignes, on est des ultra fans depuis le début et on aura été très déçus au final, l'album manquant d'âme à nos yeux. La spécificité même du groupe, ce coté lyrique et ultra émotionnel aura été perdu en route dans les soubresauts d'un album disco fait pour danser et oublier… en se voilant la face… Mais là encore, la hype et le succès  colossal sont au rendez-vous… Ca nous rend dubitatif…

Du naufrage médiatique en général de la presse spécialisée on ne sauvera des eaux que Magic et la rubrique vinyle d'Eric Delsart dans R&F. A part ça, on préféra les blogs et webzines vraiment indé que sont Dans le Mur du Son, Requiem pour un Twister, The Drone ou Hartzine, sans oublier les agitateurs des Balades Sonores ou à découvrir absolument...

Allez, en bonus, on vous file notre Top 5 EP Vinyles :

1. Angil and the Fucking Hidden Tracks
2. The Declining Winter : Fragment #5
3. Pixies : Ep#1
4. Arthur Beatrice : Carter Ep
5. Venera 4 : Deafhearts

En vrac nos coups de coeur labels : Requiem pour un Twister, Croque Macadam, Monopsone, Without my Hat, Teenage Menopause, Cranes Records, Vicious Circle, Africantape, Le Turc Mécanique, We are Uniques, Captured tracks...

Et ceux qui ne seront pas passés loin du Top 10 : Fuzz, Darkside, Oiseaux-tempête,  Dirty Beaches, VillagersThe Flaming Lips, Atoms for Peace, Suuns, la Femme, Unknown Mortal Orchestra, Old Mountain Station, Primal Scream…  et ceux que l'on aura pas pu classer faute d'objectivité : Chinese Robots, Moslyve, Lys last Stand

A suivre le Top 10 MRM Concerts 2013 et à lire les TOP 10 2010, 2011 et 2012...

mercredi 4 décembre 2013

Dirty Beaches et F/Lor à la Flêche d'Or (3/12/13)


On finit l'année concert 2013 en apothéose avec la doublette de Freaks F/lor et Dirty Beaches à la Flêche d'Or. Une soirée comme on les aime, pleine de surprises avec la découverte de l'électro analogique de F/lor et d'intensité sombre et lunaire avec le génial Dirty Beaches.

On arrive donc au début du set de F/Lor, alias Fabrice Laureau, pourtant pas un inconnu puisqu'il sévit depuis plus de 20 ans dans la sphère indé (Prohibition, NLF3 en tant que bassiste et producteur de Yann Tiersen, Shannon Wright...) mais qu'on décoouvre sur scène avec son projet solo d'obédience electro. Chez MRM on a usé et abusé des disques estampillés Warp (Aphex Twin, Autechre, Boards of Canada, Prefuse 73, Plaid...) donc on ne pouvait que tomber sous le charme de cette musique pleine de sons analogiques, de bleep and beats bizarres mais si chaleureux, d'envolées rêveuses et passionnantes ou de moments de danse et d'abandon jouissifs... On s'est vraiment senti transporté : Génial! Et ca nous rappelle clairement les laborantins du label MRM que sont A Free Soul et Lys last Stand...

Vient ensuite le passionnant Alex Zhang Hungtai,alias Dirty Beaches. Après le chaos industriel du point ephémère l'an dernier, le set commence par un son de basse violent et ultra agressif. La couleur est annoncée d'entrée : Noir avec quelques gribouillages pastel de ci de là... C'est sombre mais totalement envoûtant, voire tribal et transe par moments. Cette musique ne ressemble à rien de connu, Dirty Beaches a son mode d'expression propre et c'est rare de nos jours de pouvoir fédérer un public avec ces éléments là. Respect pour un artiste indé qui défend farouchement son indépendance et vit à la roots pour défendre son art sur les 4 coins du monde. Une démarche d'homme à la recherche de sa vérité. Un bel exemple!

Même si sur disque on est avouera ne pas être toujours complètement convaincu (sauf avec les impeccables sorties de 2013: Drifters/Love is the devil, Hotel, Water Park Ost) sur scène Dirty Beaches est tout simplement phénoménal. Il y a une vraie prise de risques, une réelle énergie vitale mise sur la table et balancée à la face d'un public déconcerté mais souvent conquis...

Deux artistes rares au sens très noble du terme!

A lire également Dirty Beaches au Point Ephémère. Et pour en savoir plus : une passionnante itw du coté de la Gaite Lyrique...