mercredi 28 septembre 2022

Wu-Lu à la Maroquinerie (27/9/22)


 Que de nouveaux talents en quelques semaines à Paris! Après Sinead O'Brien et Working Men's Club, nouvelle pépite avec Wu-Lu, qui vient de signer un premier album prometteur sur l'iconique label défricheur Warp (Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre...).

On ne sait vraiment pas comment définir la musique hybride produite par Wu-Lu. Hip-hop expérimental, rock indé bizarre, jazz vrillé et mutant? Par rapport à l'écoute des disques, on est surpris de voir sur scène une basse, une guitare et une batterie. 

Même si quelques bandes sont lancées de ci, de là, l'essentiel de la musique est joué en live alors même qu'elle s'assimile à un patchwork de sons, d'ambiances et de structures... Etonnant.

Le rendu est exceptionnellement dense et intense. Mention spéciale au batteur dont la dextérité permet de rendre le flow quasi drum'n bass de certains morceaux... Une prouesse... On passe d'une ambiance jazzy dark et groovy à des envolées de saturation typiques rock indé en passant par des apesanteurs hip-hop old school...


En fait la démarche est très punk dans l'esprit... En se foutant des conventions et des règles, Wu-Lu invente son propre répertoire, et ca fait mouche, on adore!!!

Une heure et quart de concert en apnée, passé à une vitesse folle. C'est original, chaotique tout en étant cohérent... C'est infine ultra moderne! un artiste à suivre...

A lire sur la planète Warp: Aphex Twin, Boards of Canada, Autechre, Seefeel, Prefuse 73, !!!, Squarepusher...

lundi 19 septembre 2022

Working Men's Club à Petit Bain (17/9/22)

On plaçait beaucoup d'attente dans ce concert de Working Men's Club à Petit Bain. Au sommet de notre TOP 10 2020 avec leur tout premier album, éponyme, on a du attendre 2 ans pour les voir enfin sur scène... 

Leur mélange de techno, de house et de rock sonnait comme une bouffée d'oxygène captée au beau milieu d'une noyade atroce symbolisée par la période horrible que nous avons tous traversée, entre confinements et couvre feu... Ce 1er disque, dansant et rempli d'éclairs de génie ('Trapped inside a town inside my mind") a truffé de danses frénétiques dans le salon les longues nuits de couvre feu : un exutoire tellement précieux.

Le second disque, Fear Fear, sorti en juillet sonne encore plus claustrophobe, encore plus synthétique. Plus coldwave que Madchester, plus sombre et moins pop oserions nous dire... Un disque de son temps, exprimant la noirceur de la période tout en essayant de la surpasser...

C'est assez fou de penser que le démiurge du groupe, Syd Minksy-Sargeant n'a que 20 ans... En contraste, on est surpris de voir que dans la fosse la moyenne d'âge est assez élevée. Cette musique serait elle trop radicale et trop dark pour les nouvelles générations? Etonnant.


Sur scène, les Working Men's Club (synthés, guitares et boite à rythmes, pas de batteur) sonnent encore plus rêches et synthétiques que sur disque. Les beats bastonnent, la TB 303 rugit et la voix du chanteur est quelque peu noyée dans le tourbillon sonore claustrophobe qui se déploie. Et pourtant on est entrainé dans une danse frénétique et obsédante.

Dès le 3ieme morceau, Minsky-Sargeant descend dans la fosse et avance presque jusqu'à la table de mixage, en donnant un coup d'épaule à votre serviteur et à ceux en travers de son chemin. Mais, semble-t-il, plus dans une envie de contact physique que dans un geste violent de protection. C'est comme çi il avait eu besoin de sentir le public.. de le réveiller...

L'heure de concert passa assez vite et le groupe partira assez vite de scène, sans dire un mot, comme pendant le reste du concert. La sensation est mitigée, on aura été pris par l'énergie mécanique de l'ensemble et la présence singulière de Syd mais la sentiment de noirceur moite ressentie laisse quelque peu perplexe... 

Working Men's Club écrit certainement la bande son la plus fidèle de l'époque et c'est surement pour cela que l'impression générale est si déroutante. On ne sort pas indemne de l'écoute de ce groupe à part...


On soulignera également la découverte en 1ère partie de Cate Hortl, fascinante avec sa techno d'obédience berlinoise / new wave, On aura passé tout le set à danser ardemment, emporté dans un voyage surprenant.

A lire également Working Men's Club en haut de notre TOP 10 ALBUMS 2020

samedi 17 septembre 2022

Sinead O'Brien au Point Ephémère (16/9/22)


Fascinante prestation de la jeune irlandaise Sinead O'Brien hier soir au Point Ephémère. Entre spoken word et incantations incarnées le trio a fait rugir de plaisir la petite salle parisienne... 

Il est bluffant de voir à quel point la scène rock britannique a la capacité de se regénérer  régulièrement et toujours aux moments les plus inattendus. Après le brexit et ces 2 années de pandémie, c'est en 2022 qu'une nouvelle cuvée de jeunes gens dans le vent débarque en provenance de la perfide Albion pour redonner un nouveau souffle aux musiques à guitares...

Et c'est comme si cette nouvelle vague tournait autour d'une seule et même personne. Au centre de ce cyclone dévastateur, le producteur Dan Carey. Tous les groupes UK du moment sont passés par son studio ces derniers mois : Fontaines D.C., Black Country New Road, Wet Leg, Squid, Black Midi, Geese (groupe de NYC) et donc désormais Sinead O'Brien.


Très vite comparée à Patti Smith pour l'attention toute particulière que l'Irlandaise porte à ses mots, à ses histoires racontées, la jeune femme nous fait penser à PJ Harvey pour l'intensité de ses performances et plus récemment à Billy Nomates. 

Sur scène, O'Brien est entourée d'un batteur, Oscar Robertson, et d'un guitariste, Julian Hanson, avec l'appui d'une boite à rythme  qui donne un élan presque dance à plusieurs titres. La musique est hypnotique, entre rock désincarné, post punk et boucles dance. Sinead O'Brien illumine l'ensemble d'une présence et d'une diction impressionnantes... 

On est emporté au fil des morceaux dans une sorte de transe libératrice... On a vraiment hâte de suivre l'évolution de cette très prometteuse irlandaise!