jeudi 21 avril 2022

Dutronc et Dutronc au Casino de Paris (14/4/22)


12 ans après sa dernière tournée, déjà espacée de 18 ans de sa précédente, Monsieur Jacques Dutronc remonte sur scène à presque 80 ans pour certainement, et malheureusement, un ultime tour de piste. On imagine que c'est sous la pression répétée de son fils, Thomas Dutronc, que Monsieur Jacques a finalement délaissé ses chats en Corse pour venir jouer les saltimbanques sur les routes de France et de Navarre.

Et merci à Thomas! cela aurait été tellement dommage de louper cette opportunité de voir sur scène la famille Dutronc faire revivre le génial répertoire du Père, augmenté de quelques perles de son fils et surtout de son talent de guitariste.

30 ans ont passé depuis le comeback flamboyant de Jacques Dutronc dans cette même salle du Casino de Paris, immortalisé par un enregistrement audio et vidéo devenu culte. Thomas avoue que c'est sur cette scène qu'il a vu en 1992 jouer son Père pour la 1ere fois... Emotion quand tu nous tiens...


C'est seulement leur second concert ensemble et le tout début d'une longue tournée jusqu'à l'automne. On sent que c'est encore le rodage mais ca sonne très bien et encore frais, notamment les interventions impromptues du Père et de son fils. On sent une grande tendresse entre les deux et on est témoin d'un moment de partage unique...

La setlist reprend en grande partie les standards incontournables de Jacques Dutronc, qui sont désormais rentrés dans le Panthéon de la chanson française. L'iconique, "Et moi et moi et moi" en ouverture suivi du classique "la fille du Pere Noêl" avec le retour de hype de "on nous cache tout on nous dit rien" qui fait un peu moins rire de nos jours...

Thomas enchaine le hit de son répertoire, "Jaime plus Paris" mais la légende du paternel reprend vite le dessus avec le magique "Il est cinq heures". Thomas use de ses talents de guitariste pour revisiter certains morceaux et prolonger les parties instrumentales comme sur cette hymne inclassable. Et c'est bien là l'apport classieux du fiston, en plus d'un voix assez complémentaire de celle de son Père.

Le paternel, bien qu'ayant du mal à se déplacer assure pas mal au niveau chant. L'interlude acoustique, autour du bar du décor de studio est imparable. Le magnifique "Petit Jardin" nous mets sur les genoux... "L'opportuniste", "Les plays boys", "Merde in France", tout y passe et c'est très plaisant...

Très beau concert et belle émotion filiale partagée sans génance.... un must.

A lire également Jacques Dutronc en Best Song Ever ou en Live en 2010.

mardi 19 avril 2022

Eiffel au Trianon (15/4/22)


Retour vers le futur! La boucle est enfin bouclée! Le concert d'Eiffel ce satané vendredi 13 mars 2020 a enfin pu avoir lieu plus de 2 ans plus tard... Après moults reports, conséquences des enchainements de confinements et de couvre-feux, Eiffel a enfin pu terminer la tournée de Stupor Machine, son excellent 6ième album publié en 2019!!!

Quelle sensation étrange et quelque peu merveilleuse de se retrouver tous ensemble 2 ans plus tard pour symboliquement boucler la boucle. Ce concert du 13 mars 2020 fut le 1er d'une très (trop) longue série de reports liés à cette foutue crise sanitaire... 


Les souvenirs de ce vendredi 13 reviennent. La veille le Président de la République avait annoncé la fermeture des écoles dès le lundi suivant et les premières restrictions de jauge pour les salles de spectacle. D'abord annoncée à 1000 personnes le vendredi matin, la jauge fut passée dans l'après-midi à 100 personnes, condamnant defacto le concert d'Eiffel. Stupeur et tremblement... Et l'on n'était qu'au début de nos peines...

En ce 15 avril 2022, c'est avec un sentiment de revanche et de fierté qu'on entre dans le superbe théâtre du Trianon à Paris. Rempli d'une envie insubmersible de boucler la boucle. C'est comme ci la tenue de ce concert revêtait des attraits cathartiques indispensables. Fierté que contre vents et marées, Romain Humeau et sa bande aient tenu à honorer cet engagement, devenu presque vital pour les fans. Se besoin de se retrouver tous ensemble pour conjurer le malheur de 2 années épouvantables pour les rapports humains...


Le concert démarre avec un uppercut, le grand titre "Sombre" dès le 2nd morceau. Chanson emblématique du second (et peut etre meilleur) album du groupe, le 1/4 d'heure des ahuris, elle embrasse totalement son titre. Elle prend aux tripes et nous embarque avec elle dans ce road trip noir et exaltant, à la racine même d'Eiffel. Dans la même veine, "Il pleut des cordes" enfonce le clou rouillé du cercueil.

Sans surprise, le setlist fait la part belle à Stupor Machine dont les titres ne dépareillent pas dans l'univers du groupe. Miragine, Hotel Borgne, Cascade, N'aie rien à craindre sont autant de songs d'Eiffel à son meilleur. 

On a droit à la pépite, Tu vois loin, chanson  toujours aussi magnifique et émouvante 20 ans après. On aurait aimé entendre plus de titres de Tandoori qu'on adore (certainement leur album le plus punk) mais on ne va pas faire la fine bouche quand même. Avec un final "Hype" et la reprise inusable de Boris Vian "je voudrais pas crever", on termine le show emballé et plein de vie. Un retour vers le futur tant attendu!

mardi 12 avril 2022

Fontaines D.C. à l'Olympia (11/4/22)


La relève irlandaise du rock, Fontaines D.C. était enfin de passage à l'Olympia à quelques jours de la sortie de leur 3ième album, Skinty Fia. Initialement prévu en avril 2021 pour promouvoir leur second effort, A Hero's Death, le concert parisien a du etre reporté plusieurs fois à cause de cette foutue pandémie... Privé de tournées, le groupe a pu bosser tranquillement et enregistrer des disques. Au moins ils n'ont pas perdu leur temps dans l'histoire.

Après un 1er disque en 2019, Dogrel, rempli de perles pop rock évidentes comme on en trouve plus depuis 10 ans, Fontaines D.C. a bien sur été instantanément estampillés énièmes sauveurs du rock par la presse anglaise. Un fardeau bien trop lourd à porter qui les a laissé exsangues à la fin de leur 1ere vraie tournée de promotion fin 2019... A la fin du monde d'avant...


A Hero's Death, totalement rempli de ce désenchantement vécu par le groupe est sorti au plus mauvais moment, à l'été 2020, juste après les 1ers confinements et juste avant les suivants... Pourtant ce disque salutaire, les voit explorer des versants plus sombres et ombragés. En mêlant post-punk, psychédélisme cramé et indie rock presque dissonant, le groupe surprend et fascine. Fini les tubes indés, place à plus de profondeur et de perspectives...

On découvre donc pour la 1ere fois en live à l'Olympia ces chansons nonchalantes et intenses. Et ca démarre fort avec A Hero's Death, morbide, noir et incandescent à souhait. Le ton est donné. S'ensuivent un extrait de Dogrel, le sautillant Sha Sha Sha, et un extrait du nouvel LP à sortir avec Jackie Down the line. Un résumé de la soirée en ouverture! C'est fort, percutant, à la fois pop et en marge... 


She said poursuit la dynamique avant quelques tubes des débuts, Too Real et Big en tête. Le son est très bon et les méandres de guitares du meilleur effet. On se retrouve souvent à presque 3 guitares lorsque le bassiste utilise une Fender Bass VI six cordes... Le chanteur, Grian Chatten, a une façon très particulière de chanter. On est plus dans l'incantation avec des effets de voix à la Liam Gallagher. Parfois, sur certains titres de Dogrel, ca patine un peu sur les morceaux où la note doit etre choppée et tenue...

En regardant autour de nous, on s'aperçoit que le public est plus agé qu'attendu. On pensait trouver une salle pleine de jeunesse alors que la moyenne d'âge reste assez élevée. Comme si le public rock parisien, bien que passionné et toujours affuté, ne s'était pas beaucoup renouvelé... Le Rock n'est plus à la mode mais ca c'est une autre histoire...

On attend avec impatience la sortie de ce 3ieme LP, dont 4 titres assez convaincants ont été joués hier soir. Avec l'émergence de Wet Leg et d'autres jeunes groupes, les Fontaines D.C. peuvent prendre la tête d'un nouveau peloton rock endiablé. On ferme les yeux et on y pense très fort...