samedi 20 novembre 2021

Nubya Garcia et Sons of Kemet au Bataclan (18/11/21)

 


Grande émotion jeudi soir. C'est la 1ere fois que je retournai au Bataclan depuis 2015... Jusque là j'avais toujours décliné... J'appréhendais, forcément... Et au final, la connection s'est refaite toute seule en un clin d'oeil. J'ai tellement de bons souvenirs de grands moments de communion dans cette salle que ce fut un réel plaisir de renouer avec tous ces souvenirs : Bashung, Oasis, My Bloody Valentine, Tricky, Dandy Warhols, Pete Doherty, Animal Collective, Blur, Wilco, Underworld, New Order, Jack White et tellement d'autres...

Et c'est très clairement cette soirée Jazz UK au Pitchfork festival qui m'a décidé à enfin franchir le pas. Je ne pouvais pas louper l'occasion de voir sur scène Nubya Garcia et Shabaka Hutchings, 2 éminents représentants de cette révolution musicale, la 1ere depuis... 2007 et le Dubstep?

Cette scène appelée Jazz UK est fascinante. On parle d'un Jazz Dance qui se veut aussi spirituel. Ici les instruments Jazz sont joués de façon électro et musique africaine. Le travail sur les percussions et la basse rendent le tout totalement moderne. L'influence de la Jungle s'entend en filigrane (ralentie et réinventée façon Jazz). La pierre angulaire du mouvement est certainement l'album Black Focus de Yussef Kamaal, album à écouter absolument, et sa base de lancement la compilation We out Here, justement élaborée par Shabaka Hutchings en 2017. On y retrouve tous les acteurs majeurs du mouvement : Hutchings mais aussi Ezra Collective, Moses Boyd, Kokoroko et bien sûr Nubya Garcia.

Nubya Garcia, qui se prononce Nubaya, elle a insisté plusieurs fois la dessus pendant le concert, a une joie de vivre et un enthousiasme communicatif. Elle n'a pas arrêté de nous dire entre les morceaux son bonheur d'etre sur cette scène à ce moment précis. Touchant et émouvant, surtout que la musique produit par son quatuor transmet des good vibes qui font du bien, transformant meme la salle en dancefloor. Sur des rythmiques syncopées riches et fournies, la contrebasse swingue façon electro quand le synthé pioche souvent du coté du dub ou du reggae. Le saxophone exalté de Nubya ramène le tout dans une atmosphère puissante et dansante... 


Arrive ensuite sur scène, Shabaka Hutchings et ses Sons of Kemet. 2 batteries, un saxo et un tuba. Alors là on est proche d'un trip tribal. Les 2 batteries mélangent swing jazz et musique africaine, le tuba éructe un bas medium surprenant tandis que la saxo pulse à toute vitesse... Du jazz dance proche de la transe... Le dancefloor est en feu et la jeunesse de l'audience rappelle qu'il se passe quelque chose ici... 

Cette musique profondément moderne, iconoclaste et inclassable nous enlace et nous réjouit. Une révolution musicale, enfin, serait-elle en marche?

lundi 15 novembre 2021

Mendelson à Petit Bain (11/11/21)


 Mendelson la fin... C'est beau de pouvoir programmer sa propre mort sur scène. Et pourquoi pas faire sa propre 1ere partie tant qu'on y est, histoire de vivre le truc à fond jusqu'au bout, de ne pas en perdre une minute, car le temps est compté... Comme dans un rêve, c'est ce qu'a réalisé Pascal Bouaziz à petit bain en ce jour de commémoration de la fin de la guerre... Comme dans un rêve...

On l'a déjà mentionné en ces lignes avec le concert de Bruit Noir, mais Pascal Bouaziz a un vrai talent pour le one man show (en plus de ses talents de musicien, auteur-compositeur, interprète et écrivain) et quel bonheur donc, de le voir faire en solo la 1ere partie de son propre groupe. En mode discussion tout en grattant sa guitare pour créer des nappes hypnotiques, el maestro a conquis son audience avec son humour pince sans rire d'une rare finesse; Quel talent!


Ensuite, Mendelson rentra sur scène pour sa dernière apparition parisienne. Sans surprise, Le Dernier Album, prendra une grande partie de la set-list avec quelques incontournables de leur répertoire (Barbara, L'Ardèche, la force quotidienne du mal). Que ce groupe singulier et totalement à part dans ce paysage Rock France asséché va nous manquer. La poésie noire, réaliste et poignante de Pascal Bouaziz, orchestrée de mains de maitre par un groupe soudé qui tisse de superbes atmosphères vaporeuses de guitares à la fois hurlantes et mélodieuses, est la force centrale du combo.

Une chanson comme Algérie est une sorte de mini chef d'oeuvre dont les paroles nous laissent d'abord sans voix, avant de faire naitre un bouillonnement de nos cerveaux, à la recherche de mille questions posées par ces mots, sincères, forts, émouvants et au final puissants...

Mendelson est à la fois touchant et décapant. Certainement inadapté, car trop radical, pour ce monde d'après et c'est presque en toute logique que cette aventure prend fin sous nos yeux... Heureusement, il nous reste Bruit Noir et les collaborations (A la ligne) d'un Pascal Bouaziz tellement indispensable...



jeudi 11 novembre 2021

Mustang à la Maroquinerie (10/11/21)

 


Enfin! Enfin on voit Mustang en concert. C'est un peu l'histoire des rendez vous manqués avec ce groupe que l'on suit depuis longtemps mais à chaque fois un contre-temps ou un autre concert empêchait la rencontre en live. Et c'est pour la Release party parisienne de leur 4ième LP, le superbe Memento Mori, que le moment tant attendu venu...

Et ca démarre fort avec les "Oiseaux blessés", comptine pince sans rires qui dit tout de l'humour de Jean Felzine, maitre dans l'art du bon mot. Mix d'Elvis et de Danny Brillant, ce gars à la classe, la classe innée des vrais rockab, des puristes, des honnêtes hommes. 

En live, Mustang déploie forcément une énergie rock éternelle qui fait redécouvrir des chansons au son léché sur disque mais qui prennent une ampleur et une force convaincante en concert. Mustang a vraiment un répertoire de haute volée avec des paroles ciselées qui font souvent mouche (Fils de machin, Dissident, Ecran total, loyal et honnête...). Ca sonne comme des chroniques sociales, des scénettes de la vie quotidienne dans notre monde surconnecté... C'est souvent drôle et bien senti.

Ils ont quand meme une chanson dans leur répertoire qui s'appelle "Salauds de pauvres" et c'est d'un second degré vraiment génial. Et que dire du "Sens des affaires", que l'on va integrer à notre saga Best Song Ever, et qui devrait etre l'hymne des musiciens underground... 

Mustang est un groupe indispensable dans le paysage français. Ils ne sont "Pas de Paris" et heureusement pour nous! Ils ont une lucidité et un dévouement à la cause Rock qui fait plaisir à voir et ils ont eu la chance jusqu'à présent de ne pas avoir été polissés ou aseptisés par un succès commercial mal placé...

Une très belle soirée dans une Maroquinerie chauffée à blanc!

Suuns à la Maroquinerie (8/11/21)

 


Revoir les immenses Suuns (prononcé soons) en concert en France est un évènement marquant! Suuns est certainement l'un des groupes les plus interessants de ces 10 dernières années. Leur quête d'un rock joué mais construit sur un édifice de musique électronique est passionnante. En 5 albums, ils n'ont cessé de repousser leurs limites et d'inventer une musique singulière qui leur est propre tout en reflectant parfaitement notre période moderne et technologique à la fois exaltante et anxiogène...

Leur dernier né, The Witness, poursuit l'épure et le minimalisme brandis en étendard depuis Hold/Still (3ieme LP) mais en ralentissant le tempo et en simplifiant au maximum les percussions. Finalisé pendant l'horrible année 2020, The Witness est tout emprunt d'isolement, de retour sur soi subi, d'incertitudes et de peurs profondes mais surtout porteur d'une lumière très profondément ancrée... Il se dégage de ce disque une troublante sensation de plénitude malgré un contexte plombé... 

Sur la scène de la Maroquinerie, Ben Shemie et ses 2 acolytes (le groupe évolue en trio depuis le départ du préposé aux synthés) sont épaulés par 2 autres musiciens (synthés, saxo...). Le setlist fait forcément la part belle à The Witness avec pas moins de 6 titres joués sur 8. Third Stream et Clarity remportent la mise avec l'installation d'un vibe très spéciale. 



Go to my Head et son coté pop ultimement décalée est un pur régal. The Trilogy ferme le ban de belle manière avant un rappel de feu avec 2 hymnes de Suuns issus du 1er LP cathartique (Zeroes QC) : Armed for Peace et Gaze. Le très beau second album, Images du Futur est également brillament représenté avec le brulot punk-post-punk Power of Ten et en guise de bouquet final le clin d'oeil ultime avec 2020 (chanson écrite en 2013...).

Un groupe phénoménal, totalement à part et tellement indispensable...

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