dimanche 25 avril 2021

Best Song Ever (épisode 112) : Cover me (slowly)/Agoraphobia par Deerhunter


On surfe toujours sur les cimes de l'excellence avec cet épisode 112 et cette fantastique introduction au 3ième album de Deerhunter, Microcastle.

Le début de ce disque séminal, commence par un double mouvement décomposé en 2 plages sur le disque : Cover me (slowly) et Agoraphobia, 2 séquences entrelacées qui forment un tout. Ca démarre de manière élégiaque comme dans un rêve sous acide sorti de la boite crânienne de Brian Wilson. Des choeurs à la Beach Boys sous hélium qui se transforment et s'évaporent sous la double lame de fond d'effets de flanger et d'une guitare saturée martelant son empreinte de manière puissante...

Et là, l'extase : la pop à guitares la plus pure prend le relais. Des arpèges cristallins et solaires sous une voix légère et grave à la fois. Après une centaine d'écoutes, j'ai toujours du mal à dire si c'est bien le guitariste Lockett Pundt qui chante ou si c'est le démiurge Bradford Cox chantant comme Lockett...  (en live c'est Coxon qui s'en charge...) C'est génial! Agoraphobia est peut etre la chanson pop à guitares ultime, quelle beauté, quel chemin stellaire emprunté, en quête d'évasion et de frissons! Et bien sur les envolées mélodiques de la seconde partie instrumentale entre psyché et pop indé font des ravages... Quelle pureté!

Deerhunter est certainement l'un des groupes les plus passionnants de ces 15 dernières années pour tout amateur de mélodies pop, de guitares avec plein de pédales d'effets surperposées (le shoegaze et le psychedelisme ne sont jamais loin). J'adore!!!!!

A lire également Deerhunter en concert et #1 de notre Top 2013.



dimanche 18 avril 2021

Best Song Ever (épisode 111) : De la neige en été par Diabologum


Attention Monument! Le 3ieme et dernier album de Diabologum, sobrement intitulé #3 reste une influence majeure de bons nombre de groupes (les Amain Armé par exemple, chers à nos coeurs en ces lignes). En vrais visionnaires Diabologum utilisait déjà le hashtag en 1996 ;-)... Tout est dit.. ou presque.

Ce disque est un ovni dans le paysage français. influencé par le hip-hop, les musiques électroniques, la chanson française et le rock indé dissonnant et dit alternatif (Slint et Sonic Youth en tête), il sonne frais et décalé, et c'est encore le cas 25 ans après, le sceau des grands...

Son titre d'ouverture, "De la neige en été" est tout bonnement phénoménal! Cette entrée en matière avec le spoken word de Michel Cloup est saisissant, ces quelques mots, "quand j'ai ouvert les yeux", à capella, et l'arrivée d'un coup de la musique du groupe pour la fin de la phrase, "le monde avait changé" reste la plus belle entrée en matière jamais enregistrée! C'est surprenant, bouleversant et totalement addictif.

Le son de batterie, brut et incendiaire rappèlerait presque les productions drum and bass de l'époque. Ca sonne tellement pertinent! Le jeu de batterie de Denis Degioanni apporte swing et assurance au morceau. Les guitares de Michel Cloup et Arnaud Michniak se répondent admirablement bien, entre mélodies et notes dissonantes. La basse De Richard Roman est plus en retrait sur ce morceau mais tient toute sa place sur le reste du disque...

Les paroles entre surréalisme et nature morte 1er degré sont la marque de fabrique des 2 moteurs de la locomotive Diabologum. Michel Cloup et Arnaud Michniak créent ensemble un disque étalon et tellement à part dans le barnum du rock français. Séparément, ils pondront par la suite quelques disques indispensables qui redonnent leurs lettres de noblesse à une écriture de chansons à guitares en français...

"on s'est trompé de A à Z mais personne n'a rien dit..."

Longtemps introuvable, #3 a été réédité en vinyle par l'indispensable label indé Ici d'ailleurs.

A lire également, Michel Cloup en Live



mardi 6 avril 2021

Best Song Ever (épisode 110) : Nosferatu Man par Slint


Attention culte! Slint, le quatuor de Louisville, auteur de seulement 2 albums à l'orée des années 90, a eu une profonde influence sur tout un pan du rock underground, déviant et dissonant des 3 décennies suivantes... 

Après un 1er opus, Tweez, bruitiste et expérimental enregistré par le maitre du son, M. Steve Albini, Slint part à Chicago pour enregistrer avec l'aide de Brian Paulson son chef d'œuvre : Spiderland. Slint produit une musique exigeante, inquiétante et hypnotique. De l'abime des profondeurs sur un tempo lent et une orchestration éthérée surgissent des uppercuts de rage et de fureur...

Avec Nosferatu Man, le quatuor nous fait flipper, nous bouscule et nous enivre tout autant... Les jolies arpèges mélodiques à la limite de la dissonance donneraient presque des aires de comptine enfantine à cette chanson parlant de prince et de reine... Mais le parlé-chanté de Brian McMahan nous met sur la voie... Son phrasé est inquiétant, bizarre... Puis les guitares reprennent le contrôle. Par des boucles acides et hypnotiques elles nous embarquent dans un voyage étrange, comme dans un bolide aux commandes duquel un étrange psychopathe semble nous narguer... la tension monte, la tension est à son comble... "there is nothing more to save..."...

Pionnier de ce que l'on nommera plusieurs années plus tard le post-rock mais également du slowcore, Slint engendrera, comme le Velvet Underground en son temps, la formation d'une multitude de groupes qui n'auront de cesse de chercher l'étincelle abrasive et unique tout à la fois contenue dans ce disque initiatique!

Le parcours singulier, post-Slint, des 4 musiciens mérite vraiment d'y prêter attention, notamment celui du guitariste, David Pajo qui sous le nom de Papa M ou Aerial M sortira plusieurs disques à la beauté étincelante, ou encore le batteur Britt Walford derrière les futs du 1er album des Breeders, Pod, là encore enregistré par Steve Albini!