jeudi 31 décembre 2020

Best of 2020 : le classement MRM des 8 meilleurs concerts


Un classement des meilleurs concerts en 2020? Mais sur quelle planète vit-il?..

Les 8 concerts auxquels j'ai pu assister cette année étaient excellents (dont 7 entre fin janvier et début mars ce qui laissait augurer d'une excellente année...) et méritaient qu'on leur rende hommage. Et puis c'est aussi un acte de résistance, (à une très faible échelle ok ;-) ) et une belle leçon : profiter de tous les instants, on ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve...

Sunn O))) trône au dessus de la masse. Majestueux, mystiques et envoutants, ils nous font vivre une expérience sonore intense et presque spirituelle. 

Dans une même veine élégiaque, les français d'Alcest nous attirent dans leur monde à la fois brutal, mélodique et aux accents lyriques. Une beauté cachée de la scène metal.

Seul concert post 1er confinement, le solo piano de Brad Mehldau à la Philharmonie a été une bouffée d'oxygène, certes éphémère, mais tellement indispensable!

Le benjamin des Gallagher, Liam, reste éternel. Avec le support de Bonehead, Liam a enflammé un Zenith tout acquis à sa cause en puisant autant dans un répertoire solo de qualité que dans la discographie riche et intemporelle d'Oasis.

Les jeunes parisiens d'En Attendant Ana n'auront, malheureusement pas eu beaucoup l'occasion de défendre leur très beau second album sur scène mais cette date inaugurale, chez eux, à Paris, était d'une sincérité touchante.

Le maitre anglais d'un blues rock moderne lorgnant une electro dark et down tempo, King Krule, a exposé toute sa grâce à l'Olympia.

Les vétérans du shoegaze, Ride, ont sorti l'année dernière un très bon disque de pop à guitares qu'ils sont venus brillamment défendre au Trianon.

Le Parrain de la scène pop française, le grand Etienne Daho, a eu la bonne idée de revisiter sur scène son album electro jungle de 96, Eden, plutôt incompris à l'époque. Une belle revanche et une retour en grâce salutaire...

MRM TOP 8 Concerts 2020.

1. Sunn O))) à la Gaité Lyrique (31/1/20)

2. Brad Mehldau à la Philharmonie (20/9/20)

3. Liam Gallagher au Zénith (21/2/20)

4. Alcest à la Machine du Moulin Rouge (7/3/20)

5. En attendant Ana à la Boule Noire (1/2/20)

6. King Krule à l'Olympia (4/3/20)

7. Ride au Trianon (13/2/20)

8. Etienne Daho à l'Olympia (25/1/20)

mardi 29 décembre 2020

Best Song Ever (épisode 95) : As Happy as Possible par Les Thugs

 Le temps de réactiver l'impossible saga Best Song Ever est venu. 6 ans après la fin de l'aventure à son épisode 94, l'annus horribilis que nous venons de vivre qui a voulu sonner l'arret de nos désirs, de nos interactions, de nos découvertes, a fait réapparaitre l'envie de reprendre cette quête d'absolu. Un désir ardent de partager, d'écrire et de recentrer le débat sur les choses essentielles en ces temps de privation...

Et quel meilleur retour en grâce qu'avec ce monument d'un groupe légendaire, Les Thugs et cette maxime qui pourrait bien devenir la philosophie de nos vies contraintes :"As happy as possible". Premier et seul groupe français à avoir signé sur  Sub Pop, le mythique label de Seattle, avant meme qu'il ne devienne mythique. Avant l'explosion du grunge, Les Thugs d'Angers sont repérés par les boss du label américain lors d'un festival à Berlin fin 1988 (festival organisé pour les professionnels). Jonathan Poneman et Bruce Pavitt, tombent instantanément amoureux du groupe. Ils sont fracassés par la puissance et l'impact du mur de guitares qu'ils prennent dans la gueule ce soir là et happés par les mélodies envoutantes des compos.

Les Thugs signent sur Sub Pop et y sortiront "Still Angry, still Hungry" puis "As Happy as Possible" en 93 (alors que l'album entre les deux, IABF, sortira sur le label de Jello Biafra, Alternative Tentacles). La quintessence des Thugs réside dans ce titre. D'abord pour l'état d'esprit, malgré l'injustice et la dureté du monde extérieur, on tente d'en tirer le meilleur, ensemble, avec lucidité et voulant toujours aller de l'avant. Une sorte de résistance. en soi. 

L'univers musical est au diapason. Les guitares rentrent en scène de manière successive, la mélodie est reprise en choeur par les guitares et la basse, la batterie enrobe le tout. La voix d'Eric Sourice se conçoit comme un instrument supplémentaire, les backing vocals de Christophe Sourice font penser aux Beach Boys et apportent une bouffée d'oxygène pop au milieu du déluge sonique.

Un must pour un groupe à la carrière exemplaire! L'un des tous meilleurs qui ait évolué sur notre territoire! Une fierté française...


vendredi 18 décembre 2020

Best of 2020 : le classement MRM des 10 meilleurs albums

 


Une belle année de merde, c'est ce que l'on pense tous! Cette année,  je peux dire sans souci que la musique m'a sauvé! Comme elle a du le faire pour tous les passionnés de sa pleine singularité. Vitale, essentielle, primordiale, la musique est le remède aux troubles de l'âme. Cette substance sonore est un antidote, une potion, une source de vie. Sans elle, cette année aurait été impossible...

Privés de concerts et de ce partage émotionnel tellement intense et indispensable, les disques auront été le réconfort, la bouée de sauvetage et l'aiguillon de notre année troublée, déstabilisante et harassante. Et la seconde partie de 2020 aura été passionnante en terme de sorties de disques. Beaucoup de découvertes, de jeunes pousses sortant des premiers albums passionnants qui nous redonnent foi en l'avenir et nous donnent envie de vivre la suite des évènements avec impatience. Clairement pas une sinecure en ces temps où l'on a la sensation de se retrouver dans la peau de Bill Murray dans le film "Un jour sans fin" où il revit inlassablement la meme journée, celle de la Marmotte...

Au sommet de notre classement 2020, règne un groupe de lads anglais originaires de la région de Manchester : Working Men's Club. Ou devrait-on plutot dire le groupe du talentueux Sydney Minsky-Sargeant, 19 ans, qui aura enregistré ce 1er album éponyme quasiment seul avec l'aide du producteur Ross Orton, après avoir viré le reste du groupe et réembauché du nouveau personnel après le mixage. On tient là un personnage hors norme à suivre de près. Working Men's Club serait l'enfant terrible de Joy Division et des icônes de Madchester, soit la fusion ultime entre le post-punk et l'acid-house... Un rêve devenu réalité... Avec ces paroles "The Lukiest Man alive, one day he will die", tout est dit! Ou encore, comment résumer notre année avec cette phrase ouvrant l'album:"Stuck inside a town inside my mind". Un grand disque de Dance et de lacher prise qui fait un bien fou : jouissif et libérateur, on en redemande...

Avec Stillness, Laetitia Sheriff livre un album à coeur ouvert, à la fois réconfortant, spontané et vengeur. Avec une mise en son tout à fait remarquable signée Thomas Poli, Stillness fascine par la richesse des émotions suscitées et des univers voyagés par l'intermédiaire de ce grand disque! Entre Sunn O))) (l'intro phénoménale de Sign of Shirking), Cat Power (Pamper Yourself) et Radiohead (les fabuleux arrangements de People Rise Up ou l'on croirait entendre les ondes Martenot chères à Johnny Greenwood), on est transporté du début à la fin vers des rivages diverses, chaleureux et authentiques... Les nombreuses perles de ce disque sont un ravissement et on ne se lassera jamais d'écouter "Go to big sur", envoutante et sublime!

En troisième position, l'éternel Thurston Moore continue son chemin tout en réussissant à nous étonner encore avec des morceaux expérimentaux où il tente encore de se mettre en danger. Une belle source d'inspiration.

En retrouvant Terry Date le producteur de leurs grandes heures (White Pony) les Deftones semblent avoir retrouvé leurs forces, celles de marier avec brio mélodies, percussions metal et rage frondeuse. Un shoot d'adrenaline indispensable.

Peter Milton Walsh retrouve la foi et sort un album traditionnel de The Apartments, après le poignant opus de 2015, où la mélancolie et la sincérité des émotions émeut toujours autant. LANE, avec son 2nd disque nous fait un plaisir fou : retrouver les guitares aiguisées et mélodiques des nineties tout en sonnant d'aujourd'hui. Dans la même veine, la très jeune Beabadoobee (20 ans) nous montre que la pop à guitares n'est pas morte et qu'une jeune génération arrive pour nous le rappeler : un vrai bonheur! Toutes guitares hurlantes, les canadiens de Metz nous rappellent à leur bons souvenirs en essayant d'adoucir un peu leurs propos, toute proportion gardée pour ce combo punkrock bruitiste ;-)

Le jeune quintette francilien, En attendant Ana, avait dejà eu les faveurs de notre Top 10 avec leur debut LP. Avec Juillet, les protégés du label de Chicago, Trouble in Mind, enfoncent le clou pop ligne claire et livrent un disque pop indé indispensable!

La colombienne Ela Minus nous prend par surprise avec un disque de techno pop mid tempo addictif.

Enfin, pour terminer, une autre jeune pousse, en la personne de la canadienne Helena Deland qui délivre un disque de pop soyeuse, tendre et reconfortante.

Au final, une année musicale pleine de renouveau qui ne peut que nous redonner foi en l'avenir, au moins musical, et après cette anus horribilis c'est tout de meme un bel exploit! L'espoir fait vivre et la musique nous aide à survivre...


MRM TOP 10 ALBUMS 2020

1. Working Men's Club : Working Men's Club (Heavenly)

2. Laetitia Sheriff : Stillness (Yotanka)

3. Thurston Moore : By the Fire (Cargo)

4. Deftones : Ohms (Reprise)

5. The Apartments: In and Out of the Light (Talitres)

6. Lane : Pictures of a Century (Vicious Circle)

7. En attendant Ana : Juillet (Trouble in Mind)

8. Ela Minus : Acts of Rebellion (Domino)

9. Metz : Atlas Vending (Sub Pop)

10. Beabadoobee : Fake it Flowers (Dirty Hit)

10. Helena Deland : Someone New (Luminelle)


Pas loin du Top 10 : Gorillaz, Kruder & Dorfeismter, Romain Humeau, EoB, Fontaines DC...


MRM Top Songs 2020

Lane : Pictures of a Century

Laetitia Sheriff : Go to big sur

Working Men's Club : Valleys

Helena Deland : Confort, Edge

Ela Minus : They told us it was hard but they were wrong

A lire les Best-of précédents ICI.

mardi 20 octobre 2020

Brad Mehldau à la Philharmonie de Paris (20/9/20)


C'était il y a un mois déjà, c'était une renaissance, c'était une délivrance, c'était le 1er concert auquel j'assistais depuis celui d'Alcest le 7 mars, 8 jours avant le report du concert d'Eiffel, quelques jours avant... 

Brad Mehldau en solo piano dans ce parfait écrin acoustique de la Philharmonie de Paris, piochant dans le fabuleux répertoire des Beatles, quoi de plus remarquable pour retrouver le gout, l'odeur, les sensations d'un concert après 6 mois d'abstinence forcée, de renoncement subi, de petite mort surnoise... 

Cette heure et demie, en présence d'un artiste aussi heureux de jouer que le public de l'écouter, fut une bénédiction. Quel plaisir de retrouver ces sensations, ces émotions collectives, cet échange d'energie entre un musicien et son public, que seul un concert peut procurer. Quelle renaissance, quelle joie de se retrouver, quelle incroyable sensation oubliée que de tout simplement frapper dans ses mains, de toutes ses forces, à en sentir vibrer tout son corps et tout son etre... Une cure de jouvence, une ode à la vie, une ode à la poésie!!!

D'entrée de jeu Brad Mehldau bluffe son monde avec un 'I am the Walrus" tout simplement cosmique. Le pianiste explore, étend et défriche l'univers mélodique de ce titre emblématique signé John Lennon, que leurs lointains descendants mancuniens d'Oasis reprenaient en live à leurs débuts pour finir leurs concerts sous un déluge psychédéliques de distorsion et de fureur. Le génie de Mehldau et de de réussir à enrichir les harmonies initiales à sa sauce et selon son savoir faire mais sans jamais dénaturer totalement l'intention initiale des compositeurs...

Tout sera excellent dans la prestation du new-yorkais, "I saw her standing there" très swing jazzy pour l'occasion, un 'For no One" à la beauté exquise et que dire du final "Golden slumbers" d'une dizaine de minutes qu'on aurait voulu ne jamais voir finir...

Une heure en apesanteur et plus d'une demi-heure de rappel sous l'ovation d'un public déchainé, qui fera revenir 7 fois l'artiste. Un Encore sous le prisme des contemporains des Fab Four avec, bien sur les Beach Boys et leur mythique God only Knows mais aussi quelques surprises comme cette reprise des Zombies et l'extase absolue avec "Life on Mars" de Bowie...

Un début de soirée divin qui nous aura revigoré! Un manque presque comblé, une joie rare si délicieuse... On aurait presque revé que le mauvais cauchemar des derniers mois s'était évaporé et que le retour dans les salles de spectacles était à portée de main... D'espoir las en dépression lancinante... Mais l'espoir de revivre de tels moments doit nous aider à braver la tempête... Merci Monsieur Mehldau...

dimanche 8 mars 2020

King Krule à l'Olympia (4/3/20)



King Krule vient de sortir son 3ième Album, Man Alive! et il était de passage à l'Olympia pour le présenter au public parisien...

Voilà encore un artiste que je voulais voir depuis un petit moment. Ca fait du bien de voir de nouvelles pousses encore jouer de la guitare, cet instrument désuet dont on annonce la mort depuis des décennies... Et c'est encore mieux lorsqu'ils réussissent à amener un vent de fraicheur dans le type de musique induit par ce bel instrument....

Archy Marshall a à peine 25 ans et donc déjà 3 disques sublimes à son actif! C'est difficile de décrire la musique de King Krule. On est proche du blues, dans cette manière d'exorciser son existence à travers un ensemble de notes binaires ou ternaires, du rock pour l'intensité du propos mais surtout d'une sorte de trip hop réinventé par l'atmosphère à la fois éthérée, sombre et expiatoire... On vendrait bien l'étiquette de Blues Trip Hop moderne pour parler de l'oeuvre de King Krule...



Dans un Olympia bondé et à la moyenne d'age très jeune, le groupe envoute et sert un set poignant et dévastateur. La voix d'outre tombe de Marshall, alternant éraillements qui vous prennent au tripes et des passages aériens, voir lumineux, est la grande force d'un groupe au diapason de son leader. Les scènettes jazzy succèdent aux envolées métalliques dépouillées qui vous saisissent d'un coup!

King Krule parvient à merveille à synthétiser, avec des guitares, la musique de son temps : anxiogène, belle, émouvante et incitant à une introspection tellement nécessaire...

A lire également King Krule dans notre TOP 10 2017.


dimanche 2 février 2020

En attendant Ana à la Boule Noire (1/2/20)


Soirée totalement différente de la précédente, puisqu' après SunnO))) on part à la Boule Noire pour la Release Party du second album du quintette indie pop parisien En Attendant Ana.

Ils ont signé sur le label indé de Chicago (ville chère à notre coeur) Trouble in Mind. Le meme qui avait sorti les premiers morceaux des Liminanas il y a plus de 10 ans après une écoute sur le défunt Myspace... Une belle histoire qui se répète pour nos frenchies...

Un début de concert tout en douceur et en nuance avec  l'envoutant "From my bruise to an Island" avant d'enchainer avec le déjà classique "Down the Hill", de la pop relevée pleine d'un enthousiasme communicatif. Et c'est bien ce qui plait chez EAA, le groupe donne tout avec candeur et  détermination. Un souffle rafraichissant sur la pop à guitares comme en témoigne les interventions à propos de la trompette  de Camille Fréchou qui éclaire les morceaux d'une lumière différente.



La leader du groupe, Margaux Bouchaudon a une vrai présence scénique, sa voix chaleureuse et intense envoute et sied parfaitement au propos des guitares virevoltantes et chaloupées façon indie pop des grandes heures de la fin des 80's début 90's. Soirée spéciale, puisqu'en plus d'etre la Release Party de l'album "Juillet" c'est aussi le dernier concert de leur bassiste, Antoine Vaugelade qui va etre remplacé par leur ingé son.

Au final, l'heure passée avec En Attendant Ana aura été formidable. Le groupe joue avec ferveur, voire meme avec ses tripes. On pense à Daughter ou Moslyve pour la beauté fragile ou à The Smiths pour cette façon de faire vivre ces mélodies pop tout près du coeur.

On ressort enthousiasmé et en se disant que le groupe a désormais tout ce qu'il faut pour faire une belle carrière (des classiques instantanés comme In/Out, Down the Hill, Do you understand) si ils réussissent à garder cette fraîcheur et cette vérité qui les rend aujourd'hui irrésistibles...

There is a light that never goes out, the light that slept inside...

A lire également En Attendant Ana dans notre TOP 10 2018

samedi 1 février 2020

Sunn O))) à la Gaité Lyrique (31/1/20)



Sunn O))) en concert, ca faisait des années que j'attendais celà... Absents des scènes parisiennes depuis 2012, le groupe de Drone Metal est enfin réapparu dans la capitale, et même pour une résidence de 3 jours à la Gaité Lyrique, dont 2 soirées consacrées à leur dernier album, Life Metal, enregistré et mixé à Electrical Audio Chicago par le maitre Steve Albini...

D'entrée de jeu on est avertit par une affiche à l'entrée de la salle : "le concert de ce soir est une écoute prolongée et immersive avec une intension artistique non violente et non aggressive qui joue sur des niveaux de pression sonore élevés...". On va donc vivre une expérience sensorielle peu banale...



Et c'est clairement le cas... Ce n'est pas fait pour toutes les oreilles, clairement on est loin de la pop et du divertissement. Il faut se laisser porter, se laisser transporter même. Expérience déconcertante au début, on finit par se laisser happer par la puissance des vibrations, la lenteur des envolées sonores, de ces harmonies qui s'entrechoquent dans le larsen prolongé de la distorsion... C'est beau, hypnotisant, étourdissant... On se perd, on voyage, on vit une expérience collective hallucinante...

C'est chamanique, quasi mystique... On ne voit pas le temps passé. On en  ressort enthousiasmé et fatigué tellement l'expérience fut intense... Une belle soirée dont on se souviendra longtemps...

A lire également, Sunn O))) dans notre TOP 2019