mardi 29 juillet 2014

Best Song Ever (épisode 90): Sensitive par The Field Mice

Le rock vraiment indé, ses déferlantes de guitare, son émotion à fleur de peau, son romantisme désuet... C'est toute cette beauté, toute cette pureté que l'on retrouve dans cette immense single des londoniens de The Field Mice : Sensitive.

Fers du lance du label Sarah Records, la courte carrière des Field Mice (3 albums au compteur en 3 années d’existence au détour des années 90) raisonne encore aujourd'hui comme le manifeste d'un rock alternatif au son carillonnant et à la fragilité déconcertante. Certains parleront de twee pop et d'héritage post C86 (la fameuse K7 accompagnant le NME dans son édition du printemps 1986 qui synthétisait ce renouveau rock indé post post-punk initié par The Smiths).

A l'époque simple duo, le groupe n'hésite pas à utiliser une boite à rythme en guise de batteur, donnant un rendu cold wave typiquement 80's... Dans le même esprit, la voix nous fait penser à celle Bernard Sumner de New Order. Les guitares, quant à elles, brillent de mille feu, oscillant entre son clair en arpège et coup de force shoegaze rendant la chanson carrément épique! Et que dire de ce long final de 2 minutes 30 où les guitares mélodiques et saturées à souhait nous entraînent dans un rollercoaster émotionnel dont on ressort avec des frissons et la chaire de poule...

Intense et jubilatoire tout simplement!

A voir sur Youtube


lundi 28 juillet 2014

Best Song Ever (épisode 89): Children Know the Score par Distophia

On reprend notre saga Best Song Ever avec Distophia, un groupe de Birmingham qui au début des années 2000 aurait du exploser à la face du monde et tout balayer sur son passage... Mais voilà, après un premier EP remarqué et quelques clips tournant sur MTV, le tant attendu premier album de Distophia ne vit jamais le jour...

Tout avait pourtant admirablement bien commencé pour Pete, Thomas, John et Sebastian. Quelques démos balancées et hop, première signature du label nouvellement créé Necessary Records. Un premier EP au rock flamboyant (Soda Lake) rempli d'une fougue juvénile alliant le panache de Weezer et la brutalité vocale du hard-core américain, le tout saupoudré de cette incroyable sens inné de la mélodie typiquement british...

Le EP est encensé par la critique outre-manche (9/10 dans le NME) et le retour du rock en 2002 avec la percée des Libertines promet un bel avenir à ce quatuor racé... Les singles "Robert Redford" et "Children Know the Score" font saliver et annoncent un premier album dont les mélodies imparables et l'énergie communicative allaient faire des ravages...

"Children know the Score" est le parfait exemple de la force de percussion des mélodies de Distophia. Le départ à toute barzingue, hurlé par Pete nous laisse penser quelques secondes à une effort metal pétaradant avant que la voix ne s'adoucisse et que la mélodie scintillante n'apparaisse pour repartir de plus bel à la limite de la brutalité jusqu'à l'intervention à propos de John apportant un contraste lumineux tout en finesse...

Une force étonnante, une mélodie entêtante que l'on retient immédiatement, des variations d'humeur et d'atmosphères... Distophia avait tout pour reprendre le flambeau délaissé par Weezer après l'inaugural Blue Album... Mais voilà, le combo rejoigna la longue liste des groupes maudits...

Mais que s'est-il passé? Le premier album, "Beat Dyslexia" enregistré et mixé plait aux 4 musiciens mais pas à la maison disques qui veut du tube immédiat et facile... Jeunes et naifs, le quatuor se laisse persuader que la solution est de confier le mix à un pro chevronné... Qui, bien sûr, découpe, adoucit et dénature le tout que le groupe rejettera en bloc... S'en suit une longue agonie et une sortie repoussée de mois en mois...

Entre temps, Necessary Records misera tout sur une autre signature : les plus mélodiques et dociles Hard-Fi qui en janvier 2006 seront au top des charts anglais avec leur premier album "Stars of CCTV"... La mort dans l'âme, Distophia se séparera en 2007. Pete, John et Thomas formeront Calories et sortiront 3 brillants albums.

En 2012, John et Thomas continuent leur collaboration de longue date, cette fois-ci au sein de Burning Alms dont le titre "So Unreal" figure sur la compilation Mind Riot Music #2 : "Underground Revolution (part 76)". Avec le support de leur ancien comparse de Distophia Sebastian, Burning Alms vient défendre la compilation en Live à Paris en juin 2014 et en tire un très joli documentaire... "In Sequence" leur fantastique Debut Album sort le 4 aout 2014 via Small Town America... Cette fois-ci la réussite pourrait bien être au rendez-vous!

Burning Alms in Paris with Mind Riot Music



Le groupe de Birmingham, Burning Alms, fondé par deux anciens membres de Calories et Distophia, est venu jouer pour la première fois en France en juin 2014.

Invité par le label Mind Riot Music à venir défendre la Face A de la compilation "Underground Revolution (part 76)" le jeudi 26 juin à l'Espace B avec Chinese Robots et Moslyve, le groupe a livré une prestation dantesque et fait sensation...

De ce séjour parisien, Tom, John et Sebastian ont tiré un magnifique documentaire qui retrace l'histoire de leur apparition sur la compilation du label indé parisien Mind Riot Music (avec la participation du boss MRM) et présente leur premier album qui sortira le 4 aout sur le très recommandable label indé Small Town America...

jeudi 10 juillet 2014

Damon Albarn à la Salle Pleyel (9/7/14)


L'immense Damon Albarn est venu irradier la salle Pleyel de sa présence céleste dans le cadre de sa toute première tournée solo assumée! Un grand moment!

Dans ce temple de la musique classique à Paris, ouvert depuis quelques années aux musiques populaires (on se souvient encore du set remarquable de Jeffs Mills avec l'orchestre national d'Ile de France), Damon Albarn est venu défendre son premier effort solo, l'intimiste et captivant "Everyday Robots", dont il aura joué 9 titres.

Mais avec un répertoire foisonnant accumulé au fil de ses nombreuses collaborations, il aurait été dommage que le sujet de sa majesté se contente de ces dernières comptines épurées. Fort heureusement, Damon puisera dans la nappe phréatique constituée ces 15 dernières années de main de maitre. On aura droit à du Gorillaz première génération avec le méconnu "Slow Country", le single "Tomorrow comes today" et le tube ultime "Clint Eastwood" mais aussi des titres issus de Demon days avec le groovy "Kids with Guns" et le plus confidentiel "Don't Get Lost in Heaven"... Un pur régal

Coté Blur, on se souviendra longtemps d'une version piano voix envoûtante de "Out of Time" (il dut s'y prendre à 2 fois). The Good, the Bad and the Queen répondront présents avec les excitants "Three Changes" et "Kingdom of Doom" alors que Tony Allen et M.anifest monteront sur scène pour deux chansons de Rocket Juice and the Moon (Damn et Poison).

Au final, un kaléidoscope finement ciselé de la carrière de Monsieur Damon Albarn dont le talent protéiforme s'est exprimé avec brio dans des styles très variés. Respect pour un artiste qui a su se réinventer à de multiples reprises tout en restant pertinent, innovant et tout simplement irrésistible...

Un grand Monsieur!

Un concert à revoir sur Arte Concerts...

A lire également Blur en Best Song Ever et en Live, Gorillaz en live et dans nos best-of 2010 Albums et Concerts.