jeudi 27 mars 2014

Angel Olsen au Divan du Monde (26/3/14)


Pour sa 17ième édition, le festival les Femmes s'en mêlent a eu la bonne idée d'inviter la nouvelle coqueluche de la presse spécialisée : Angel Olsen et sa voix dorée... Dans un Divan du Monde bien garni, l'américaine en provenance de la Windy City, a hypnotisé l'auditoire...

C'est avec la sortie de son récent second album au titre intriguant (Burn your Fire for no Witness) que l'ancienne serveuse a droit à son lot de louanges critiques qui suscitent autant une immense attente qu'elles lui permettent d'enfin entrevoir la lumière...

Sur scène, la même impression se dégage que sur disque. C'est bien dans les moments de recueillements les plus profonds et dans la plus simple expression d'un chant magistral accompagné par sa seule guitare qu'Angel Olsen prend son envol... Les deux derniers morceaux de son set, chantés seule, auront été le point culminant du show... Un frisson parcourut la salle à ce moment là. Une grande maîtrise, un registre vocal étendu et le petit supplément d'âme qui prend l'auditeur par la main, avec détermination et passion, pour l'emmener dans son univers...

Une belle claque sur ce final bouleversant... Les morceaux folk americana avec son groupe, bien que plaisant, nous auront moins impressionné. Les moments un peu plus tendus à la guitare acérée façon PJ Harvey ou Anna Calvi passeront mieux mais sans commune mesure par rapport à l'intensité de ce final dépouillé...

Une trajectoire à suivre de près...

A lire également PJ Harvey ou encore Anna Calvi.

mardi 25 mars 2014

Darkside à l'Olympia (23/3/14)


Voilà un groupe sacrément étonnant qui a donné une prestation dantesque dans un Olympia bouillant tout acquis à sa cause. Darkside, le bien nommé, projet électro et acoustique à la fois formé par le producteur House émérite Nicolas Jaar et le bassiste/guitariste Dave Harrington est une sorte d'ovni et leur passage à Paris dans cette salle mythique était immanquable...

Il y a dans la démarche de Darkside une approche éminemment punk. En faisant se fracasser electro downtempo, techno extatique et guitares vaporeuses, nos deux acolytes inventent une sorte de Blues ultra moderne... C'est à la fois sombre et chaleureux, dévastateur et intimiste... Ca suit souvent le même schéma avec la mise en place d'une ambiance éthérée et calme, qui petit à petit se transforme, prend de la consistance pour mener l'auditeur jusqu'à un climax d'une grande intensité...

La salle, pleine à craquer, rugit de plaisir. Sur le balcon de l'Olympia, il ne reste pas grand monde assis, les corps se déhanchent de façon frénétique... C'est un vrai triomphe!

Quel plaisir de voir une musique exigeante, tour à tour pop et expérimentale toucher l'âme de tant de personnes... C'est rassurant et ca prouve qu'il y a de la place à coté des productions mainstream formatées dont on nous abreuve à longueur de journée...

A lire également quelques Best Song Ever dans l'esprit avec Aphex, Boards ou Squarepusher

dimanche 23 mars 2014

Pale Spectres à l'International (22/3/14)


C'est dans le cadre d'une soirée Another Sunny Night totalement twee pop que le quatuor parisien Pale Spectres a ouvert pour les revenants de Wolfhunds à l'International. On avait grandement apprécié leur EP "Helen of Troy" sorti l'an dernier par un label espagnol (Little Treasure) sous la forme improbable d'un min CD (3"inch), et on avait hate de les découvrir sur scène…

Ca faisait un moment que l'on n'était pas repassé par l'International, salle incontournable de l'underground parisien… Petits changements avec un peu d'investissement pour relooker la scène et enfin avoir un dispositif lumière digne de ce nom… Sinon ça sent toujours autant le renfermé et la sueur…

On sent que ces jeunes gens modernes ont été bercés par les disques Sarah Records, Field Mice en tête. Qu'ils ouvrent le bal pour un groupe, the Wolfhunds qui figurait sur la mythique K7 du NME, la C86, bientôt ré-éditée en format deluxe 3 CD, est d'une grande évidence.

La salle est bien garnie ce soir, autant par des quarantenaires venus retrouver Wolfhunds que de petits jeunes venus soutenir le combo parisien. Sur scène, le groupe semble plutôt décontracté. Bien en place, leur twee pop reprenant toutes les ficelles des formations de l'époque C86 marche admirablement bien… 12 cordes électrique, Télécaster cristalline et réverbérée, section rythmique efficace et droite…

Bien sûr c'est éminemment nostalgique,  d'aucuns diront passéiste, l'accent anglais n'est pas toujours maitrisé (mais pour ce style de musique ça passe très bien) mais le rendu accords 12 cordes qui brillent alliés à des arpèges mélodiques qui font mouche est un pur régal… Une pop enchantée qui fait du bien… On sera même reparti avec un CD 3-inch publié en quantité ultra limitée (30 exemplaires)… On attend maintenant le premier album!

A lire également The Smiths en Best Song Ever et pour le coté pop évidente et lumineuse Real Estate et en français dans le texte Aline et Cracbooms...

mercredi 12 mars 2014

Thee Silver Mt Zion Memorial à la Cigale (11/3/14)


Voilà un groupe assez singulier qu'il est bien difficile de faire rentrer dans une case! Thee Silver Mt Zion Memorial, fondé il y a 15 ans par des membres de Godspeed You Black Emporor, s'est produit à la Cigale pour célébrer la sortie de leur nouvel effort, au nom interminable comme de coutume...

La Cigale n'a malheureusement pas fait plein et le balcon est donc fermé pour l'occasion. La musique des montréalais n'est certes pas d'une grande évidence et il est clair qu'il faut un peu d'effort pour rentrer pleinement dans leur univers. Mais une fois la porte passée, le monde qui s'offre à nous nous chavire totalement...

Emprunte d'un lyrisme à fleur de peau, d'éléments folk, voire de musique traditionnelle, mâtinée de rock parfois tendu comme un bon vieux morceau punk, la musique de Silver Mt Zion est avant tout tribale. Le voyage qui nous est offert est assez déroutant mais rempli d’émotions fortes et puissantes...

Intransigeance, don de soi et sacrifice, tels sont les vertus humanistes que les canadiens véhiculent par le biais de leurs spectacles intenses et tellement hors normes...

A lire également, Thee Silver Mt Zion à la Maroquinerie en 2008 et Godspeed You Black Emporor en tête de notre Top 10 Albums 2012.

vendredi 7 mars 2014

Breton à la Cigale (6/3/14)


Avec un second album sous le bras plutôt très bien accueilli par la critique, le groupe anglais d'electro rock Breton (patronyme en hommage au pape du surréalisme André du même nom) débarque dans une cigale sold-out depuis des semaines pour présenter au public parisien "War Room Stories".

Le cas Breton laisse perplexe... On avait été happé, comme beaucoup de monde, par la fraîcheur de leur EP Blanket Rule, offert gratuitement aux internautes début 2012 contre un like sur leur page FB (plan marketing gagnant). Le 1er LP qui suivit, plus sombre et moins évident, avait un peu déçu et on avoue que la cohorte de chroniques enthousiastes sur War Room Stories nous avait intrigué...

L'album est efficace, c'est indéniable. Il mixe de manière intelligente electro influencée house (synthé, rythmique) et refrain à reprendre en choeur dans les festivals. C'est plaisant et assez bien fichu. Mais il semble manquer un je ne sais quoi pour permettre à ce disque de rester sur nos platines plus que quelques semaines... Et pourtant le succès semble au rendez-vous...

L'impression se confirme en live. C'est bien mais sans surprise. On passe plutôt un bon moment mais on n'aura pas vraiment vibré... Vu la qualité des concerts récemment vécus (BRMC, Warlocks, Mogwai, Warpaint) les attentes sont forcément assez élevées et la barre à franchir assez haute...

A lire également Breton à la Gaité Lyrique...

lundi 3 mars 2014

The Warlocks à la Maroquinerie (28/2/14)


Les démons du rock psyché et cramé made in SF sont de retour… Bobby Hecksher et ses sbires étaient les invités de la Gonzai XXII à la Maroquinerie avec pour mission de venir hanter nos rêves les plus tordus… Victoire par KO…

Les soirées Gonzai sont donc en train de devenir les soirées indé référence à Paris. C'est top de voir des jeunes gens dynamiques qui se démènent pour faire jouer des groupes underground qui mériteraient beaucoup plus d'attention…

Avant les mythiques Warlocks, c'est Forever Pavot qui a l'honneur d'ouvrir le bal pour les sorciers. A la base projet d'un unique musicien, Forever Pavot est un digne représentant de la scène psyché française qui puise son inspiration dans une amérique sixties baba fantasmée... Ca démarre plutôt bien, c'est entraînant et presque trippant mais de manière curieuse le son se liquéfie au fil des morceaux pour donner une bouillie sonore pleine d'infrabasse qui nous fera redescendre de notre nuage... Dommage...

Viennent ensuite les maitres de la soirée. Leurs sortilèges sont toujours aussi efficaces. Ca surfe sur les vagues de l'enfer. Ca sent la poisse, le renfermé mais ca nous brûle littéralement le cerveau... Un son hypnotique, presque drone avec des envolées qui nous propulsent au dessus du sol... Les Warlocks puisent dans chaque moment de leur, déjà, imposante carrière. On sent très nettement l'évolution entre les cotés presque pop des débuts (Shake the dop out, Surgery, Come save us) et la noirceur assumée des disques suivants (dont le manifeste Heavy Deavy Skull Lover).

Une valeur sûre...

A lire également les Warlocks à la Maro en 2009, et leurs comparses du BJM  de BRMC et des Dandy Warhols