vendredi 30 juillet 2010

Eiffel & Revolver à Fourvière (29/7/10)

Bye Bye Fourvière pour cet ultime concert de la saison avec une soirée consacrée au Rock français... Autant le dire tout de suite, le choix de programmation de cette nuit à Fourvière est vraiment contestable... Comment les organisateurs auront-ils pu décider de réunir 3 groupes, certes rock, aux univers si différents? Revolver et sa pop rythmée, Eiffel et sa fougue entre ombre et lumière... Et Izia donc et son rock rentre dedans et pompier pour moins de 16 ans (ou personne ayant déjà quelques problèmes d'audition)...

Le jeune groupe français Revolver rentre donc le premier sur scène sur les coups de 20h30 pour un joli set qui fera la part belle à ses mélodies pop et ses harmonies vocales sous influence sixties (Beatles en tête assurément). Porté par une section rythmique efficace et subtile (la basse étant jouée sur un violoncelle) Revolver met le feu et amène un enthousiasme et une euphorie bienveillante rappelant l'énergie juvénile des Fab Four à leurs débuts... Un nom qu'ils méritent d'arborer à la vue de leur prestation à Fourvière (on rappellera que l'album du même nom marquera un tournant dans la carrière des Beatles et donc de la pop music).

Eiffel rentre en scène peu de temps après. Ils sont contents et excités de jouer au théatre antique et ca se voit... On pense qu'ils le sont certainement moins de passer avant la nouvelle star marketée relève du rock... Pour un groupe qui a déjà 10 ans de carrière et qui aura connu quelques galères avant un certain regain de succès récent grâce à la diffusion intensive par quelques radios de leur superbe 'A tout moment la Rue' (avec Bertrand Cantat en backing vocals), être casé entre la relève pop et celle plus commerciale a quelque chose d'incongru... Eiffel a toujours été le porte drapeau d'un certain rock français à texte, engagé, rageur et n'hésitant pas à explorer sa face sombre... Tout le contraire de l'insupportable Izia... Un monde les sépare et leur audience n'est juste pas du tout la même...

Les quatre bordelais livreront une prestation intense et sincère, malgré une sono pour une fois pas à la hauteur des lieux (les paroles, pourtant tellement importantes, restant peu audibles)... Ils feront la part belle aux morceaux de leur dernier album qui allie ambiances acoustiques et déversements incisifs de guitares... Une performance courte (1 heure) qui malheureusement occulte les morceaux de bravoure Rock de leurs deux précédents et indispensables LP (le quart d'heure des ahuris et Tandoori) comme il pleut des cordes, Ma part d'ombre, Bigger than the biggest, Tu vois loin, Au néant ou Paris Minuit...
La suite voit l'arrivée d'Izia... On ne sera resté que pour quelques morceaux, histoire d'avoir la confirmation que cette jeune chanteuse pistonnée est bien insupportable... Elle passe son temps à crier, même entre les paroles, et confond énergie, don de soi et suractivité fatigante... C'est du gros son, ca gueule, mais si il suffisait de jouer fort pour faire du bon Rock ca se saurait...

A lire également, Eiffel à la Cigale et le rôle du groupe dans les années 2000 françaises...

mercredi 28 juillet 2010

M à Fourvière (27/7/10)

Mister Mystère, alias M, Aka Matthieu Chedid, était de passage au Théâtre antique de Fourvière pour clore en beauté sa tournée estivale des festivals. Que de temps passé et de changements depuis son dernier et premier passage sur la célèbre colline lyonnaise. C'était en 2000 et en première partie de Beck que la valeur montante M avait déjà conquis un public curieux et enthousiasmé par une prestation animale détonante de son trio de l'époque...

Dix ans plus tard, M revient en star incontestée pour un concert à guichets fermés depuis des mois. Entre ces deux dates, M est devenu le phénomène de la chanson française qui remplit les salles et soulève les foules... Capable de remplir dix Olympia de suite, des Bercy à la pelle ou d'être la tête d'affiche des festivals, M est un artiste qui aime la scène et donne tout ce qu'il a pour créer une relation intense avec son public.

Désormais entouré de sa soeur au chant et de son frère à la guitare, Matthieu Chedid est ses acolytes dispensent un véritable show, bien rôdé, qui prend pour base la quasi intégralité de son dernier album. Chorégraphie des musiciens qui singe les Boys Bands des 90's (et nous rappelle non sans humour le clip de Noir Désir 'un homme pressé), soli de guitares incandescents, mise à contribution du public tout au long du spectacle, crowdsurfing des membres du groupe, tout est orchestré pour donner au concert des allures de grande fête collective... Et ca marche, le public lyonnais aura rarement été aussi participatif et réceptif... L'envie partagée d'échanger est là et bien là... Un formidable moment collectif à vivre...

Le clou du spectacle restera assurément l'habituelle plongée de M dans la foule avec sa guitare, il montera les gradins avant de redescendre fondre dans la fosse... Impressionnant... A moins que ce ne soit le rappel, seul avec sa guitare pour un medley de ses meilleurs titres qui nous rappelle que malheureusement, M a délaissé pour cette tournée ses meilleures chansons, n'en offrant que de courts extraits lors de ce brillant récital en solo... C'est dommage et certainement le seul bémol à une soirée en tout point réussie et revigorante...

lundi 26 juillet 2010

Best Song Ever (épisode 65): Gold Soundz par Pavement

Goldsoundz ou la ritournelle imparable qui nous rappelle l'époque révolue où les groupes de rock indé inventifs et audacieux étaient encore signés et distribués par les maisons de disque. A l'époque où Pavement sort son inoubliable second LP 'crooked rain, crooked rain', Kurt Cobain ne s'est pas encore tiré une balle et l'explosion Nirvana a permis à des tas de combos de sortir du bois...

Pavement ou le groupe laidback par excellence qui compose des songs bricolées et souvent bancales, enregistrées avec les moyens du bord et dans un pur esprit artisanal... Adeptes des dissonnances et amoureux de la scène bruitiste et noisy, ils ne réussissent à dissimuler sous ce vernis le don de composition d'orfèvre pop de leur leader Stephen Malkmus.

Gold Soundz est le meilleur exemple démontrant l'excellence pop d'un groupe à part qui dans un monde idéal aurait connu un succès mondial d'envergure... Sur le même album se trouvent également les immenses chansons pop indé que sont 'Range Life' (le brûlot hilarant se payant les Smashing Pumpkins et les Stone Temple Pilots) et le magnifique 'Cut your Hair'.

Pour tous ceux qui étaient passés à côté du phénomène, une providentielle tournée de reformation est passée par le Zénith en mai... Pour les retardataires il faut se précipiter sur la discographie d'un groupe majeur devenu culte et qui reste une influence de nombreux groupes d'aujourd'hui...

A voir sur youtube en live à Dublin en 2010: http://www.youtube.com/watch?v=OdGX3HNazX8

lundi 19 juillet 2010

The Xx à Fourvière (18/7/10)

Une belle soirée estivale au Théâtre Antique, une de plus. Après le feu d'artifice Iggy & The Stooges le 14 juillet, nous voilà donc de retour en ces lieux chargés d'histoire pour une session éclectique et plus qu'incertaine sur le papier. Réunir Arnaud Fleurent-Didier, The Irrepressibles et the Xx sur la même affiche était un vrai pari...
Si ce n'est une certaine forme de romantisme mélancolique qui les relie, les trois groupes sont tout de même fort différents et ce n'était pas gagné que la mayonnaise prenne... Et bien ce fut un succès probant et remarquable pour une soirée au doux parfum des découvertes imprévues qui vous font pétiller de bonheur.

Arnaud Fleurent-Didier ouvre le bal avec son support band et ses deux superbes musiciennes, brunettes au charme étouffant. Une musique mélancolique, cinématographique et aux forts accents gainsbouriens relevée par des textes souvent tranchants (mais passant tout de même quelque fois à côté de la plaque) et d'un cynisme oublieux du politiquement correct.

The Irrepressibles enchainent et c'est la grande révélation du soir. Autour d'un chanteur théatral à la voix de castra, huit musiciens produisent une musique pop baroque, classique et classieuse à la puissance émotionnelle dévastatrice... Ils ont mis l'arène dans leur poche avec une prestation qui ne pouvait rêver meilleur cadre que le vieux théatre antique... Sublime.

En clou du spectacle, les tant attendus britanniques de The Xx auront réussi la prouesse de hausser encore le niveau de jeu, d'émotion et d'intensité. Ce trio, sensation du moment, délivre la parfaite quintessence de la musique en 2010. Une guitare électrique cristalline tout en réverberation (Les Paul Gibson bien sûr), une basse langoureuse et une rythmique électro tapotée en direct sur des drum pads, voilà l'essence même du son d'aujourd'hui et c'est ce qui explique le succès soudain et inattendu de ce groupe singulier...

Une immense soirée étoilée...
A lire également, les découvertes de Fourvière : Sophie Hunger en 2009 et Charles Lloyd en 2008

jeudi 15 juillet 2010

Iggy & The Stooges à Fourvière (14/7/10)

Iggy Pop, comme Keith Richards est une force de la nature... Après tant d'extravagance, d'alcool, de drogues et de Rock & Roll, c'est un véritable miracle si ces monstres sacrés sont encore là... Beaucoup auront tenté de suivre leur chemin vers l'enfer... Tous auront trépassé en cours de route...

A plus de 60 ans, Iggy Pop reste un phénomène sur scène... C'est incroyable d'avoir à son âge autant d'énergie, d'envie, d'enthousiasme à nous fait revivre la furie et la puissance d'un groupe précurseur qui aura gravé la loi Punk avant tout le monde... The Stooges au théâtre antique de Fourvière c'était d'une telle évidence... Un monument du Rock à la rencontre d'un lieu magique, presque sacré, cela devait bien arriver pour le plus grand bonheur d'une arène archi comble qui se laissa transporter par l'énergie du pape du rock.

C'est dans une ambiance survoltée, euphorique et jouissive que les Stooges explosent d'entrée le théâtre romain avec un Raw Power qui n'aura jamais eu autant de sens... Dès le 5ième morceau du set, Iggy se permet déjà d'inviter sur scène quelques fans des premiers rangs, totalement aux anges de pouvoir partager la scène avec l'iguane... Un grand bordel joyeux et chaotique...

Avec le retour du guitariste James Williamson (qui succède au défunt Ron Asheton) on a bien sûr droit à l'intégralité du surpuissant album Raw Power... 'Penetration', 'Your pretty face is going to hell' et l'hymne 'Search & Destroy' nous éclatent les tympans et électrisent littéralement la foule, qui hurle son bonheur dès les premières notes du standard 'I wanna be your Dog'...

Que de moments célestes inoubliables qui nous rappellent que le rock est une question de trippes, d'envie et de don de son esprit et de son corps à la cause... 1970, 1969 et Death trip atomiseront la foule dans un déferlement tranchant et rageur de soli de guitare et de saxo...

Ce trip d'enfer se termine par un 'No Fun' d'anthologie... Qu'est ce que l'on a pu s'éclater hier soir... Et on a tous envie de vieillir comme Iggy Pop, avec la même pêche, la même envie et cette incroyable faculté à donner le maximum de soi aux autres... Une énorme claque et une belle leçon... Longue vie au César du Rock & Roll...

Photo: Loll Willems

vendredi 9 juillet 2010

Best Song Ever (épisode 64): Narrow par Chokebore


Les années 90 auront été les années de l'explosion du rock indé, notamment au Etats-Unis. En réaction à l'hyper industrialisation de maisons de disque qui s'étaient transformées durant les années 80 en monstres du marketing et des profits en millions de dollars, les labels indé ont pullulé grâce à l'émergence de groupes dissidents décidant de créer la musique qu'ils auraient voulu entendre sur les ondes des Radios FM déjà embourgeoisées...

C'est ainsi que Seattle nous fournit la première vague rageuse au début des années 90: Nirvana, Soundgarden, Mudhoney, Melvins et autres Alice in Chains et Pearl Jam, qui annonçait l'arrivée de Pavement, Faith No More et de Chokebore...

L'un des derniers groupes invité par Kurt Cobain à ouvrir pour Nirvana aura donc été cet immense groupe d'Hawai qui en 5 albums colossaux aura su créer un son et une énergie bipolaire d'une rare intensité (un groupe capable de passer en un éclair d'un état dépressionnaire proche du néant à une conquête enflammée de l'espace sonique).

Extrait de leur troisième album (A Taste for Bitters), Narrow est leur anthem rageur. Harmonieux dans la dissonance, tendu, direct et explosant les tympans, Narrow est un condensé de l'esprit sauvage de Chokebore. Une batterie au groove démentiel et au son lourd et costaud, une basse surfant sur les cymbales, des guitares explosives et stridentes et la voix intense en émotion de Troy Von Balthazar... Du grand ouvrage.

Un titre qui réveille et donne envie de se battre contre la terre entière... pour obtenir la réédition de la discographie d'un groupe majeur et qui a eu l'excellente idée de se reformer cette année...

A lire le compte rendu du concert de reformation à la Maroquinerie en février dernier. Et à voir Narrow en Live lors de ce fantastique concert.



Chokebore - Narrow (live in Paris) from Chokebore on Vimeo.

A voir également Chokebore et Troy Von Balthazar en Vidéo du côté de Zik, Concerts et Vidéos

jeudi 1 juillet 2010

'This place is High Shit' : Jack White & The Dead Weather au Bataclan (30/6/10)

C'est par ces quelques mots bien sentis que Jack White, batteur et âme de Dead Weather, s'est adressé aux propriétaires du Bataclan leur demandant qu'ils se paient une putain de clim... Ca fait des années que cela dure mais rien n'est fait, le Bataclan c'est l'enfer...

Après quelques secondes de présence seulement dans la salle, on est happé par une chaleur atroce et suffocante qui fait immédiatement réagir notre corps et provoque un intense phénomène de transpiration qui ne s'arrêtera qu'une fois dehors et le supplice achevé... Payer entre 30 et 45 € pour une séance de sauna ca commence à bien faire...

Le Bataclan est pourtant l'une des meilleures salles parisiennes, l'acoustique est excellente, la dimension à taille humaine et son décor d'ancien cabaret lui donne un charme fou... Mais le coup de gueule de Jack White nous rappelle que participer à un concert dans cette salle pour les artistes mais aussi pour le public devient un challenge pénible et inapproprié en période estivale...

Oui, les propriétaires du Bataclan doivent investir au minimum dans une ventilation pour arrêter de se foutre de la gueule du public et des groupes...

Pour revenir à la musique, mis à part le côté inhumain de cette soirée, The Dead Weather aura tout de même réussi à nous balancer l'une de ses prestations torrides dont ils ont le secret. Ce blues rock crade et viscéral prend encore plus d'ampleur avec leur second album 'Sea of Cowards'. Plus expérimental (des sons de synthés bizarroides dans tous les sens) et malasain mais toujours aussi hanté et percutant on sent bien que cette musique a été baignée dans l'eau boueuse du Mississippi et arrosée au Jack Daniels...

En un peu plus d'une heure de prestation (on sent que la chaleur les aura coupé dans leur élan et qu'ils étaient pressés de retrouver un environnement supportable) on a droit au meilleur de leurs deux premiers efforts studio: 60 Feet Tall, Die by the Drop, Cut like a Buffalo, So Far from your Weapon, Hang you from the Heavens, Hustle and Cuss, le poignant Will there be enough Water et son langoureux duo White/Mosshart pour finir avec un furieux Treat me like your Mother...

Un bon concert mais une soirée gâchée par l'insoutenable chaleur... Messieurs les proprio du Bataclan bougez-vous Merde!

A lire The Dead Weather à L'Olympia , l'influence de Jack White sur les années 2000, ainsi qu'un article pour redécouvrir en VoD les nombreux talents de Mister White, c'est du côté de Zik, Concerts et VoD