dimanche 14 septembre 2008

Jazz à la Villette

Une fois n'est pas coutûme, commençons ce triptyque par la fin et le concert de la légende Lalo Schifrin dans la Grande Halle Charlie Parker. C'est ce qu'on appelle la Grande Classe. Une acoustique époustouflante (on entend même la maracas au milieu d'une cinquantaine d'instruments) une formation jazz classique piano, batterie, contrebasse aidée par l'orchestre d'Ile de France ainsi que deux solistes jazzmen de haut vol triés sur le volet au saxo et à la trompette pour trois heures de concert magnifique... Une relecture des grands hommes du jazz, revigorés, transcendés par des arrangements subtiles, classieux, presque féeriques de M. Schifrin. Sa patte est reconnaissable, magnifique de douceur et d'intensité, sa clairvoyance mélodique bluffante (on a droit à un échange singulier entre les musiques de Stravinsky et de Charlie Parker, d'une confondante évidence harmonique selon le maître (sic!))... Toutes les légendes du jazz sont resuscitées par le Maître: Gillespie, Monk, Bird... Quel bonheur en ces temps de musique saccagée par la compression, les échanges de fichiers de sous-qualité par rapport aux enregistrements originaux voulus par les artistes, de ré-entendre de la musique acoustique si belle, si pleine de nuances, qui nous caresse l'oreille et met tous nos sens en éveil devant un déferlement de sons variés, distincts et parfaits... La beauté, la vraie...

La veille, les Chicagoens de Tortoise ont su magnifiquement montrer ce que leur post-rock expérimental et explorateur devait aux grands noms du free-jazz... On a ici une filiation naturelle en terme de volonté de créer autrement une musique moderne et en phase avec son temps... Un bel effort... Un groupe qui va de l'avant et tente de faire avancer les choses...

Trois jours plus tôt on entamait ce festival inventif et courageux par une vraie expérience sonore: la rencontre Pierre Henry (fer de lance de la musique concrète) et Eric trufaz pour une relecture d'une oeuvre de Monsieur Henry datant de 1963... Je ne suis pas assez érudit musical pour me permettre une quelconque analyse de la performance et resterai donc cantonner à mes impressions: Après 10 minutes difficiles je suis pleinement rentré dans la musique, la suite de sons concrets a commencé à prendre sens, les interventions de Trufaz ont continué à embellir mélodiquement l'ensemble et le voyage aux contrées de terrains sonores inconnus à pû commencer. C'est déconcertant lorsque l'on s'aperçoit que notre oreille est vraiment formatée à une idée bien précise du beau, de la mélodie, d'un enchainement de notes dites harmonieuses... mais dès que l'on sort des sentiers battus, que les sons ne caressent plus l'oreille on a instinctivement un rejet qui s'insinue et on s'arrête là... Alors qu'en donnant sa chance aux sons, à leur concepteur, en prenant sur soi pour franchir cette première barrière acquise et non înnée on s'aperçoit qu'une autre perception est possible, qu'un autre maelstrom sonore est possible, ouvrant la porte à d'autres sensations, d'autres voyages... Courage, Ouverture d'esprit et envie de découverte, les maîtres mots de la soirée, les indispensables préalables à un basculement en nouvelles contrées pleines de possible... Une révélation...

MRM Crew

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